La création du groupe « Europe des nations et des libertés » est annoncée le par Marine Le Pen et Geert Wilders[22]. Le groupe rassemble les députés européens de plusieurs partis membres du MENL (le Front national, le FPÖ, la Ligue du Nord et le Vlaams Belang), auxquels se sont joints les députés du PVV néerlandais (trois au moment de la création du groupe), les deux membres du KNP polonais et une élue exclue du UKIP, Janice Atkinson.
Outre la disponibilité d'une exclue du UKIP, la création du groupe a été rendue possible par la mise à l'écart courant 2015 de deux figures historiques de l'extrême droite : celle de Jean-Marie Le Pen au Front national[10] et celle de Janusz Korwin-Mikke du KNP, qui permet à Marine Le Pen et Geert Wilders de s'allier avec deux autres députés de ce parti, ce qu'ils rejetaient auparavant[23],[9]. Au sein de la délégation FN, Bruno Gollnisch choisit de ne pas rejoindre le groupe par solidarité avec Jean-Marie Le Pen. Aymeric Chauprade intègre le groupe le [24].
Le , le député roumain Laurențiu Rebega, élu du Parti conservateur, classé au centre droit de l'échiquier politique roumain, quitte le groupe socialiste S&D pour rejoindre le groupe ENL[25]. En outre, le PVV détient un siège vacant dû à la mort d'un de ses quatre députés, Hans Jansen, qui est remplacé par Auke Zijlstra le ; ce dernier rejoint le groupe ENL le [26]. À partir du , le député européen de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) Marcus Pretzell fait partie du groupe ENL[27]. À la fin de l’année 2017, les députés ayant quitté le FN avec Florian Philippot pour rejoindre Les Patriotes intrègrent le groupe ELDD[28],[29]. Par ailleurs, Laurențiu Rebega quitte le groupe en mars 2018 pour rejoindre les rangs des non-inscrits. Des tensions apparaissent dans le groupe en 2018 au sujet du Rassemblement national et des scandales financiers dont celui-ci fait l'objet. Le coprésident du groupe, le Néerlandais Marcel de Graaff, se déclare « offusqué » des pratiques d’« enrichissement de la part de la délégation française »[30].
Lors des élections européennes de 2019, Matteo Salvini et Marine Le Pen travaillent à l’élargissement du groupe à d’autres partis européens[31]. Une alliance avec le Fidesz du Premier ministre hongrois de Viktor Orbán, le parti Droit et justice au pouvoir en Pologne ou encore le Parti du Brexit au Royaume-Uni est notamment envisagée[32],[33], mais cet élargissement échoue. À la suite d’une Alliance des peuples et des nations plus réduite, les membres du groupe ENL et ses nouveaux alliés se réunissent le et décident de renommer le groupe « Identité et démocratie »[32]. Présidé par Marco Zanni, le groupe devrait compter au moins 73 membres issus de neuf pays, contre 36 élus à la fin de la législature précédente[32].
Positionnement
L'historien Nicolas Lebourg constate qu'au sein d'ENL, « seul le FN adopte une conception économiquement interventionniste de l’État ; leur minima idéologique commun est l’islamophobie, le rejet de l’immigration extra-européenne, la revendication d'une démocratie plus directe »[34].
Les positions des partis membres vis-à-vis de l'Union européenne « peuvent peu ou prou se résumer à deux espaces, l'un au souverainisme ultra (FN, PVV, KNP), l'autre critique envers l'UE mais non isolationniste (LN, VB, FPÖ, AfD) »[34].
Le politologue Jean-Yves Camus considère que « les élus ENL défendent de manière constante les intérêts de la Russie, que ce soit lors de leurs interventions dans les différentes commissions, en séance plénière ou à travers leurs votes : dans 93 % des votes de à , les députés ENL, ont voté contre les résolutions défavorables aux intérêts du Kremlin »[35]. L’« affaire d’Ibiza », qui entraîne en mai 2019 la démission comme vice-chancelier autrichien de Heinz-Christian Strache du FPÖ, accrédite cette thèse[36].
Membres
Avec 36 membres, le groupe est le plus petit du Parlement européen (4,9 % des députés européens). Nicolas Lebourg observe : « La comparaison avec les autres groupes parlementaires formés dès 2014 témoigne d'une banalité sociologique du groupe ENL : le taux de féminisation (34 %) et l'âge moyen en 2014 (51 ans) y sont ainsi exactement les mêmes que pour l'ensemble des députés européens »[34].
Olivier Faye, « Strasbourg, l’autre QG du Front national », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
« Bruxelles : un groupe d’extrême droite », BBC, (lire en ligne, consulté le )
« Marine Le Pen y est parvenue: elle a formé son groupe d’extrême-droite européen… avec le Vlaams Belang », RTL, (lire en ligne, consulté le )
Julie Majerczak, « Marine Le Pen crée son groupe à Bruxelles », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )
(en) Janet Laible, Separatism and Sovereignty in the New Europe : Party Politics and the Meanings of Statehood in a Supranational Context, Palgrave Macmillan, , 272 p. (ISBN978-0-230-61700-1, lire en ligne), p. 215
Alexandre Boudet, « Marine Le Pen sans groupe à Bruxelles : les trois raisons de son échec », Le HuffPost, (lire en ligne, consulté le )
Alexandre Boudet, « Le Front national n'arrive pas à former de groupe parlementaire à Bruxelles et se contente d'une fondation », Le HuffPost, (lire en ligne, consulté le )
Olivier Faye et Jean-Baptiste Chastand, « Marine Le Pen annonce la création d’un groupe au Parlement européen », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
« Parlement européen : le FN forme un groupe sans Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch », France Info, (lire en ligne, consulté le )
« Bruno Gollnisch conditionne sa participation au groupe FN au Parlement européen au sort de Jean-Marie Le Pen », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
(en) Kim Willsher et Ian Traynor, « Marine Le Pen fails to form far-right bloc in European parliament », The Guardian, (lire en ligne)
(ro) Sorina Ionașc, « România se alătură extremiștilor din Parlamentul European. « Problema țigănească este o problemă Bruxellesului. Să și-o asume », Gândul, (lire en ligne)
(nl) « Europese fractie PVV weer compleet », De Telegraaf, (lire en ligne, consulté le )