Près de 200 aviateurs ont rejoint l'Angleterre entre le et le , elles comptent environ 300 aviateurs en Grande-Bretagne et une centaine au Proche-Orient à la fin de 1940[1].
La Royal Air Force ouvrit immédiatement une école pour les pilotes belges et français, la French-Belgian School d'Odiham, dans l'Hampshire. Les cours avaient pour but de former les pilotes chevronnés aussi bien que les novices à la terminologie anglaise et au langage de commandement de la Royal Air Force. Les pilotes français devaient également changer leurs réflexes sur la manette des gaz : en France, ils tiraient vers eux la manette pour augmenter les gaz ; en Angleterre, il fallait pousser la manette[2].
À la mi-juillet, une quarantaine de pilotes furent désignés pour suivre des stages d’adaptation au matériel britannique, douze sous-officiers sur Hawker Hurricane et quinze officiers sur Spitfire I, douze autres sous-officiers faisant un stage de sélection sur avion école. Parmi ces douze derniers pilotes, onze rejoignirent des Squadrons de chasse à partir du 15 septembre 1940 pour participer à la Bataille d'Angleterre dans des escadrons britanniques, les derniers étant mutés début octobre. Trois pilotes vinrent renforcer cet effectif dans le courant du mois d’octobre. Les autres stagiaires, sauf un sous-officier maintenu comme moniteur, affecté en Squadron de chasse en Grande-Bretagne en décembre, furent désignés pour les deux formations mises sur pied pour l’Afrique.
Le Westland Lysander, un avion de reconnaissance à atterrissage court, rejoint également les rangs des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL) lorsque le Groupe Mixte de Combat (GMC) 1, formé à Odiham le 29 août 1940, est envoyé en Afrique du Nord-Ouest française afin de persuader les autorités de pays comme le Gabon, le Cameroun et le Tchad, encore fidèles à la France de Vichy, à rejoindre la cause gaulliste contre les puissances de l'Axe et à attaquer les forces terrestres italiennes en Libye. Comme pour tous les avions FAFL, les Lysanders arboraient l'insigne de la Croix de Lorraine sur le fuselage et les ailes au lieu de la cocarde tricolore française utilisée pour la première fois en 1914, pour distinguer leurs avions de ceux qui volaient pour l'armée de l'air française de Vichy. Les Lysanders étaient principalement employés pour des missions de reconnaissance, mais étaient également utilisés pour mener des attaques occasionnelles. Au total, 24 Lysanders ont été utilisés par les FAFL.
Les FAFL commencent immédiatement leur participation aux combats en Afrique pour la prise de Koufra et du Fezzan.
Le « détachement permanent des Forces aériennes au Tchad » créé avant la guerre est basé à Fort-Lamy. Lorsque l'Afrique Équatoriale française rallie la France libre en 1940, ce détachement rejoint les Forces aériennes françaises libres. Les sept Potez qu'il comporte (quatre 25 et trois Limousine) reçoivent le renfort de plusieurs Westland Lysander en provenance d'Angleterre[3].
À la fin de l'année 1940, le général de Gaulle et le ministère de l'air britannique s'entendent pour que les pilotes de chasses français ayant rejoint la France libre soient dirigés vers l'Égypte et constituent, au sein de la Royal Air Force, une escadrille française[5]. Six pilotes sont ainsi désignés : James Denis, Louis Ferrant, Albert Littolff, Robert Guédon, Noël Castelain et Xavier de Scitivaux. En février 1941, sous le commandement de James Denis, ils suivent un entraînement à Ismaïlia puis le 15 mars suivant sont affectés en Grèce au sein du no 33 Squadron de la Royal Air Force. À bord de Hurricanes, ils participent à la défense d'Athènes[6]. Mais les officiels français présent en Grèce étant plus favorables au régime de Vichy qu'à la France libre, les pilotes français sont contraints de regagner leur base africaine. Après un passage à Alexandrie, les six hommes gagnent Tobrouk où le 9 avril 1941 l'unité prend officiellement le nom d'Escadrille Française de Chasse no 1[7].
Le , au Caire, de Gaulle nomma Martial Valin général de brigade et chef des FAFL, et lui fixa sa première mission : la francisation des noms de Squadrons et de Flights français en leur donnant des noms de provinces françaises. Arrivé à la tête des forces aériennes françaises libres, le colonel Valin procède à une réorganisation et un renforcement de celles-ci[8]. Elles se structurent avec la constitution des premiers groupes de chasse (GC) et groupes de bombardements (GB) essentiellement intégrés dans le dispositif de la RAF. Les Français libres eurent cinq escadrilles, les 340e (Groupe de chasse Île-de-France), 341e (Groupe de chasse Alsace) et 342e (Groupe de bombardement Lorraine), et deux groupes lourds, les 346e (« Guyenne ») et 347e (« Tunisie ») sur le bombardier stratégique quadrimoteur Handley Page Halifax. Parmi les as français, Pierre Clostermann, est l'as des as français[2], totalisant 33 victoires acquises sur Supermarine Spitfire, puis sur Hawker Tempest, aussi bien contre des chasseurs allemands que contre des bombardiers.
Les membres des FAFL participeront à tous les théâtres européens et africains de la guerre, tant dans leurs propres unités qu'en détachement auprès de la RAF ou de l'Armée Rouge.
Le groupe GC3 "Normandie" comprenant 30 aviateurs et 30 techniciens a rejoint le , la base d’Ivanono, à 250 km de Moscou. Les Français se forment sur des Yak-7 et Yak-1 jusqu'au . Sous les ordres du commandant Jean-Louis Tulasne, les pilotes français accomplirent leur première mission de guerre à la fin de février 1943. Au mois d’avril, Normandie faisait partie de la 303e division aérienne de chasse soviétique, commandée par le général Zakharov.
La grande Bataille de Koursk fut déclenchée le 12 juillet 1943. Dès le surlendemain, le groupe Normandie fut chargé de misions de couverture et d’accompagnement de bombardiers.
Au début de 1943, le général Giraud se trouve à la tête de forces françaises rangées aux côtés des Alliés en Afrique. Dès lors des premiers contacts s'établissent entre Giraud et de Gaulle : les deux hommes sont conviés, au mois de janvier, à participer à la conférence alliée de Casablanca. Si les deux généraux acceptent de se serrer la main devant les photographes, ils campent sur leurs positions respectives et ne parviennent pas à s'entendre sur l'organisation politique à mettre en place. L'envoi de missions de liaison chargées de négocier le rapprochement entre Alger et Londres est néanmoins décidé : le général Catroux est chargé de représenter la France libre à Alger[9]. Lors de la conférence et par la suite, Giraud se fait, auprès des Américains, l'avocat de l'Armée d'Afrique qu'il juge capable de fournir une aide décisive aux Alliés pourvu qu'elle soit correctement équipée ; il demande au général Marshall de lui fournir des armes modernes permettant d'équiper 12 divisions, dont 3 blindées, afin de constituer un corps expéditionnaire de 300 000 hommes[10], ainsi qu'un nombre important d'avions de chasse (500), de bombardiers (300) et d'avions de transports (200)[11]
Les FAFL disparaissent officiellement le à la suite de la fusion des forces de la France libre et des forces d'Afrique du Nord commandées par le général Giraud dans les Forces aériennes françaises. Les unités qui en étaient issues en garderont les traditions par delà la fusion.
Dominique Breffort, « Les Forces Aériennes Françaises Libres et la reconstitution de l'Armée de l'air (1940-1945) », Wing Masters, hors série n° 3, Histoire & collections, 2002.
Philippe Chéron, "Bonsoir Nadette, carnet d'un pilote de la France Libre, Marc Hauchemaille 1940-1942", Petit à Petit, 2004.
Didier Corbonnois & Many Souffan, « Les FAFL sur le front autonome du Tchad, 1940-43 », Magazine Ciel de guerre, n° 13, 2007.
Vincent Gréciet, « Combats fraticides en Afrique: Mers-El-Kebir, Dakar, les premiers pas des FAFL en Afrique », revue Batailles Aériennes, n° 26, 2003.
colonel Henry Lafont, Aviateurs de la liberté, mémorial des Forces Aériennes Françaises Libres, SHAA, 2002.
Germaine L'Herbier-Montagnon, Cap sans Retour / Forces aériennes françaises libres - Mémorial des premiers compagnons, Éditions Raoul Solar, Monaco, 1948.
Yves Morieult:
L'Épopée d'un aviateur de la France Libre (1940-1946), Jacques Gaston Tony Murray, Navigateur Bombardier dans la Royal Air Force, Livre, auto-éditions 2007.
Croix de Lorraine sur Dieppe, Livre, Aéro-Editions International, 2002
« Les Français dans la Bataille d'Angleterre », Aéro-journal, n°48, avril-.
Général Martial Valin & François Sommer, Les Sans-culottes de l'Air, Robert Laffont, 1954.