Formose, né vers 816 et mort le , est le 111e pape de l'Église catholique du à sa mort[1]. Impliqué dans diverses querelles successorales, il est connu par la tenue du concile cadavérique durant lequel son corps, préalablement exhumé, fut jugé et condamné.
Biographie
Origines
On ne sait pas grand-chose sur les origines de ce pape. D'après l'Encyclopædia Britannica[2], il apparaît pour la première fois dans l'histoire en tant qu'évêque de Porto, la Catholic Encyclopedia[3] pense qu'il est probablement né à Rome. Certaines personnes émettent l'hypothèse qu'il soit né en Corse et précisent que ce serait « à Vivario en 816 » et « dans le hameau de Perello », mais sans indiquer de source fiable. L'Accademia corsa[4] suggère qu'il pourrait appartenir à une famille corse réfugiée à Ostie pour fuir les raids des Sarrasins sur l'île. Devenu évêque de Porto en 864, il entreprit des missions diplomatiques en Bulgarie (866) et en France (869 et 872) et il persuada le roi de FranceCharles II le Chauve de se faire couronner par le pape.
Sous le pontificat de Jean VIII
Dès 872, il avait été candidat au siège pontifical. Mais cette année-là, Rome et la cour du pape Jean VIII lui créèrent des complications politiques. Jean VIII convoqua un synode et l'ordre fut donné à Formose de revenir sous peine d'être excommunié sous l'accusation d'avoir aspiré à l'archevêché de Bulgarie et la Chaire de saint Pierre, de s'être opposé à l'empereur, d'avoir quitté son diocèse sans autorisation du pape, d'avoir dépouillé les monastères de Rome, d'avoir célébré le service divin malgré une interdiction et d'avoir conspiré avec certains hommes et certaines femmes pour détruire le siège pontifical. La sentence d'excommunication contre Formose et d'autres fut proclamée en . En 878, elle fut levée, après qu'il eut promis de ne jamais retourner à Rome ni d'exercer des fonctions sacerdotales.
Élection au pontificat
Le pape Marin Ier (882–884), qui succède à Jean VIII (872–882) en 883, lui rend son diocèse de Porto (qui appartenait à Santa Rufina, Rome). Après les pontificats de Marin, d'Adrien III (884–885) et d'Étienne V (885–891), Formose est élu le 3 octobre 891, puis consacré pape le 6 octobre 891.
Formose convainc Arnulf de Carinthie de venir à Rome et de libérer l'Italie : dès 894, Arnulf conquît tout le pays au nord du fleuve Pô ; Guy III mourut en décembre laissant le trône à son fils Lambert de Spolète, sous l'œil de sa mère Ageltrude de Bénévent, une adversaire des Carolingiens. À l'automne 895, Arnulf entreprend sa deuxième campagne en Italie et il est couronné empereur d'occident en 896 par le pape à Rome. Le nouvel empereur marche sur Spolète mais, frappé de paralysie en cours de route, il se trouve alors hors d'état de continuer la campagne.
Le , Formose meurt. Lui succèdent les papes Boniface VI[N 1] et Étienne VI ; ce dernier, sous l'influence de Lambert de Spolète et d'Ageltrude de Bénévent met en jugement Formose en 897, dans ce qu'on a appelé le concile cadavérique[5]. Le cadavre de ce dernier est exhumé, revêtu des vêtements d'apparat pontificaux et assis sur un trône pour faire face à toutes les accusations portées autrefois par Jean VIII. Le verdict stipule que le défunt n'était pas digne du pontificat. Toutes ses mesures et ses actes sont annulés et les ordres conférés par lui sont déclarés invalides. Les vêtements de cérémonie pontificaux sont arrachés de son corps, les trois doigts de sa main droite que le pape avait employés dans des consécrations sont coupés et le cadavre jeté dans le Tibre. Selon le National Geographic, « même pour les Romains de l'époque, habitués à des bouleversements politiques interminables, cette décision fut jugée inacceptable »[5].
Formose est retrouvé pris dans des filets de pêcheurs et, après la mort d'Étienne VI, son corps est ré-enterré à Saint-Pierre tandis que le pape Jean IX (898–900) interdit d'intenter à l'avenir des procès contre des défunts[5].
Le pape Serge III (904-911) confirme néanmoins plus tard les condamnations portées contre Formose et exige une nouvelle consécration des nombreux évêques qu'il a nommés. Plus tard la validité des consécrations de Formose est à nouveau reconnue et la décision de Serge III condamnée par l'Église, Serge III ayant par ailleurs été considéré comme grand pécheur et coupable de plusieurs assassinats.
Notes et références
Notes
↑Ce dernier meurt quinze jours après son intronisation[5].
Références
↑Philippe Levillain (direction), Dictionnaire Historique de la Papauté, Fayard, 1994, p. 1246.