En grec ancien, le iota sert également à la formation de diphtongues. À la suite de voyelles courtes, il est prononcé et écrit normalement (αι, ει, οι). Après une voyelle longue, sa prononciation s'est perdue après l'époque classique ; en orthographe polytonique, cette ancienne présence d'un iota devenu muet est notée par un iota souscrit, un petit « ι » écrit sous la voyelle, par exemple : « ᾳ » (alpha minuscule long + iota souscrit), « ῃ » (êta minuscule + iota souscrit), « ῳ » (oméga minuscule + iota souscrit). En majuscule, on peut aussi mettre un iota souscrit : ᾼ, ῌ, ῼ, mais, le plus souvent, le iota est placé à côté de la majuscule (Αι, Ηι ou Ωι). Il est alors dit « iota adscrit ».
En français, la lettre iota est utilisée pour décrire une petite quantité négligeable. L'expression « pas un iota », c'est-à-dire « pas la plus petite quantité » fait référence à une phrase du Nouveau Testament (Matthieu 5:18) : « tant que le ciel et la terre ne passeront pas, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé ».
Histoire
Origine
La lettre iota tire son origine de la lettre correspondante de l'alphabet phénicien, . Celle-ci provient peut-être de l'alphabet protosinaïtique, une écriture utilisée dans le Sinaï il y a plus de 3 500 ans, elle-même probablement dérivée de certains hiéroglyphes égyptiens ; le hiéroglyphe sur lequel la lettre phénicienne est basée signifierait « main » ou « bras ». L'alphabet phénicien atteint une forme plus ou moins standard vers le XIe siècle av. J.-C. Sa 10e lettre est une consonne (l'alphabet phénicien est un abjad qui ne note pas les voyelles) correspondant probablement au son [j].
La lettre correspondante de l'alphabet sudarabique est , y, correspondant à la lettre የ, yämän, de l'alphasyllabaire guèze. Dans les alphabets sémitiques, la lettre phénicienne a conduit au syriaque ܝ, à l'hébreu י, à l'araméen, à l'arabe ي et au berbère ⵉ.
Alphabets archaïques
À l'époque archaïque, les peuples grecs adaptent l'alphabet phénicien pour écrire leur propre langue. Le yod phénicien est utilisé pour noter le son /i/, proche. Les différentes alphabets grecs archaïques utilisent des symboles divers pour noter le iota, principalement sous la forme d'une ligne verticale droite ou une courbée avec trois ou quatre lignes angulaires, voire plus. La forme courbée est une forme plus ancienne et reste commune dans les variétés de grec où elle ne peut pas être confondue avec sigma, celui-ci étant remplacé par san[2].
En résumé, le iota prend des formes diverses comme[3],[4] :
La forme actuelle de la lettre provient de l'alphabet utilisé en Ionie, qui est progressivement adopté par le reste du monde grec antique (Athènes passe un décret formel pour son adoption officielle en 403 av. J.-C. ; son usage est commun dans les cités grecques avant le milieu du IVe siècle av. J.-C.).
L'alphabet grec reste monocaméral pendant longtemps. Les formes minuscules proviennent de l'onciale grecque, une graphie particulière créée à partir de la majuscule et de la cursive romaine vers le IIIe siècle et adaptée à l'écriture à la plume, et sont créées vers le IXe siècle. Pendant la Renaissance, les imprimeurs adoptent la forme minuscule pour les policesbas-de-casse, et modèlent les lettres capitales sur les formes des anciennes inscriptions, conduisant le grec à devenir bicaméral.
Nom
Tout comme la plupart des noms des autres lettres, « iota » ne signifie rien de particulier en grec et n'est qu'un emprunt direct au nom de la lettre en phénicien. Il est supposé que le nom de la lettre phénicienne correspondante signifierait « main ».
En grec, la lettre est appelée ιώτα (iốta), prononcée /ióta/. En grec ancien, elle est nommée ἰῶτα (iỗta), prononcée /ˈiɔːˌ.ta/.
Dérivés
La lettre iota est transmise à l'alphabet étrusquevia l'alphabet grec employé en Eubée — alphabet que les Étrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près de Cumes — pour transcrire à la fois le son voyelle /i/ et le son consonnantal /j/. Cet usage est conservé dans l'alphabet latin pour donner naissance à la lettre I. La lettre J apparait au XVIe siècle pour différencier les deux sons.
Dans l'alphabet copte, la lettre conduit à la lettre iōta, Ⲓ.
Il est possible que l'alphabet arménien dérive de l'alphabet grec. Dans ce cas, le hi, Յ, et l'ini, Ի, dériveraient du iota.
Yod phénicien
Iota épigraphique grec
Iota grec majuscule moderne
Écriture onciale
Variantes cursives
Variantes minuscules
Iota grec minuscule moderne
I étrusque
I latin
J latin
Iōta copte
Une expression
Le souvenir de la controverse survenue au cours du Premier concile de Nicée est resté dans l'expression « ne pas bouger d'un iota », laquelle utilisait une citation du Nouveau Testament : « Pas un iota, pas un détail de la loi ne passeront avant que tout soit accompli », Mt 5. 18. Les Nicéens soutenaient que le Fils était « de même substance » (ὁμοούσιος, homoousios) que le Père, tandis que les (semi-)ariens, qui furent excommuniés, soutenaient que le Fils était « de substance semblable » (ὁμοιούσιος, homoiousios) au Père. Les deux termes ne se distinguaient en effet que par un iota, mais étaient de sens très différent.
(en) Kieren Barry, The Greek Qabalah : Alphabetic Mysticism and Numerology in the Ancient World, Samuel Weiser, , 296 p. (ISBN1-57863-110-6, lire en ligne)
(en) Lilian Hamilton Jeffery, The Local Scripts of Archaic Greece, Oxford, Clarendon,