Bien que géographiquement isolé par son terrain très montagneux, le Kirghizstan a été au carrefour de plusieurs grandes civilisations grâce à la route de la soie et à d'autres routes commerciales. Habité par une succession de tribus et de clans, le Kirghizstan est périodiquement tombé sous la domination de plus grandes puissances, par exemple celle des nomadesturcs, dont les ancêtres remontent à de nombreux États turcs. Il a d'abord été établi sous le nom de Khaganat kirghize du Ienisseï. Par la suite, au XIIIe siècle, le Kirghizstan a été conquis par les Mongols ; il a retrouvé son indépendance, mais a ensuite été envahi par le Khanat dzoungar. Après la chute des Dzoungars, les Kirghizes et les Kiptchaks faisaient partie intégrante du Khanat de Kokand. En 1876, le Kirghizstan est annexé à l'Empire russe et, en 1936, la République socialiste soviétique kirghize est créée pour devenir une république constitutive de l'Union soviétique. À la suite des réformes démocratiques de Mikhaïl Gorbatchev en URSS, le candidat indépendantiste Askar Akaïev est élu président en 1990. Le , le Kirghizstan déclare son indépendance de l'URSS et un gouvernement démocratique est établi. Le Kirghizstan accède à la souveraineté en tant qu'État-nation après l'éclatement de l'Union soviétique en décembre 1991.
Après l'indépendance, le Kirghizistan était officiellement une république présidentielle unitaire ; après la révolution des Tulipes en 2005, il est devenu une république parlementaire unitaire, bien qu'il ait progressivement développé un président exécutif et ait été gouverné comme une république semi-présidentielle avant de revenir à un système présidentiel en 2021 à la suite de la révolution de 2020. Tout au long de son existence, le pays a continué à subir des conflits ethniques, des révoltes, des troubles économiques, des gouvernements de transition et des conflits politiques.
Le Kirghizistan est un pays d’Asie centrale, encadré par le Kazakhstan au nord, la Chine à l'est et au sud, le Tadjikistan au sud-ouest et l'Ouzbékistan à l'ouest. D’une superficie de 198 500 km2, le pays est totalement enclavé et ne possède pas d’accès à la mer.
Paysages du Kirghizistan :
Le parc national de Kyrgyz-ata dans les Monts Alaï.
Le pays est presque entièrement montagneux. Ces zones montagneuses divisent le pays en deux, le Nord-Est et le Sud-Ouest ; ces deux parties ne communiquent que par des cols situés à plus de 2 700 m d'altitude. Les principales villes du Kirghizistan se situent dans les zones les plus basses du pays.
Au nord, la capitale Bichkek se trouve à 800 m d'altitude, très près de la frontière avec le Kazakhstan. C’est dans cette région nord du pays que sont concédées plusieurs bases militaires internationales, essentiellement aériennes, à la Russie (conservées après que le Kirghizistan fut devenu indépendant) et aux États-Unis.
Au nord-est, le lac Yssyk Koul forme une petite mer intérieure de 6 332 km2 à 1 620 m d'altitude. Profond de 702 m, le lac est légèrement salé et ne gèle pas en hiver. Son nom, Yssik Koul, signifie d'ailleurs en kirghize « lac chaud », et il est en partie alimenté par des sources chaudes.
Au sud-est, la chaîne des Tian Shan marque la frontière avec la Chine et culmine à 7 439 m avec le Jengish Chokusu (« indépendance » en kirghize), qui est le point culminant du pays.
À l’ouest et au sud-ouest du pays, la vallée de Ferghana (commune au Kirghizistan, à l’Ouzbékistan et au Tadjikistan) est prise en tenaille par les chaînes du Fergana (au nord-est de la vallée) et du Pamir Alay (ou monts Alaï, au sud). La vallée est notamment le réceptacle de la puissante rivière Naryn, qui traverse la totalité du pays depuis les hauteurs des Tian Shan au nord-est du pays.
Le sud (bordé par le Pamir Alay) de la vallée du Fergana constitue l’autre foyer de peuplement. On y trouve les villes d’Och et de Djalalabad, ainsi que le point le plus bas du Kirghizistan, la vallée du Kara-Darya (la seconde source ou un affluent du Syr-Daria), à 132 m d'altitude.
Dans cette région, le pays entoure également deux enclaves de l’Ouzbékistan et une du Tadjikistan, reliées à ces pays par des droits de passage sur quelques voies de transport internationalisées en direction de la vallée principale au nord. La chaîne du Pamir Alay, qui domine la région, culmine au pic Lénine à 7 134 m et prolonge la frontière sud du pays avec le Tadjikistan, jusqu’à celle avec la Chine.
Hydrologie
Passée en Ouzbékistan, la rivière Naryn devient le Syr-Daria, l’un des deux principaux fleuves nourriciers de l'Asie centrale ; le fleuve traverse ensuite une petite région au nord du Tadjikistan et alimente un petit lac (frontalier avec le sud-ouest du Kirghizistan), avant de traverser à nouveau l’Ouzbékistan, puis de se jeter avec peine dans la mer d’Aral en traversant une grande région au sud du Kazakhstan. Ce fleuve est, avec l’Amou-Daria (qui coule au Tadjikistan et au Turkménistan, mais qui ne parvient plus jusqu’à la mer d’Aral en Ouzbékistan car il sert à alimenter le canal du Karakoum construit au Turkménistan jusque vers la mer Caspienne), l’objet de litiges entre tous ces pays et d’un désastre écologique majeur, à cause du détournement massif pour l’agriculture (durant la période soviétique) de leurs eaux. Le Syr-Daria ne permet plus d’alimenter qu’une toute petite partie au nord de la mer d’Aral, uniquement au Kazakhstan (tandis que le bas du cours de l’Amou-Daria a été complètement asséché, condamnant la plus grande partie méridionale de la mer d'Aral autrefois partagée par le Kazakhstan et l’Ouzbékistan).
Climat
Le climat de cette région est continental et varie selon les régions. Le climat de la vallée du Fergana au Sud-Ouest est subtropical et extrêmement chaud en été, avec des températures atteignant 40 °C. Au Nord, dans les zones de basse montagne, le climat est tempéré. Dans la zone du Tian Shan, le climat varie de continental à polaire selon l'altitude. Dans les zones les plus froides, les températures peuvent rester négatives pendant 40 jours en hiver et certaines zones désertiques connaissent des chutes de neige en continu durant cette saison. Dans les zones de moindre altitude, les températures varient de −6 °C en janvier à 24 °C en juillet.
En été, les journées sont généralement chaudes atteignant facilement les 30 °C. Par contre, la nuit tombée, les températures chutent parfois jusqu'à 10 °C. Le temps peut changer très rapidement.
Le Kirghizistan est divisé en sept régions (oblastary ; au singulier, oblasty) et une ville (shaary). Leurs centres administratifs portent généralement le même nom (dans la liste ci-dessous les exceptions sont notées entre parenthèses) :
Chaque oblasty est divisé en districts (raion), administrés par des officiels nommés par le gouvernement. Les communautés rurales (aiyl okmotu), constituées au plus de vingt villages, ont leurs propres maires et conseils élus.
Histoire
L'histoire ancienne du Kirghizistan est complexe, différents peuples de cultures très différentes y ont vécu au fil du temps. L'arrivée des Kirghizes y est relativement récente, au XVe siècle. L'ethnogenèsekirghiz n'est pas liée à ce territoire, mais à étudier en relation avec les Kirghiz de l'Ienisseï (539 à 1219, en Sibérie), entre autres, mais aussi avec les peuples turcs Kazakhs et Ouzbeks, ainsi qu'avec les Mongols kalmouks (ou Oïrats).
La région correspondant au Kirghizistan est peuplée par les Kirghizes à partir des XVe siècle et XVIe siècle. Ce peuple nomade turcique évoluant originellement, il y a 2 000 ans, dans le nord-est de la Mongolie et qui se serait d'abord déplacé vers le sud de la Sibérie entre le VIe siècle et le VIIIe siècle.
En 840, ils défont le Khaganat ouïgour, centré sur l'actuelle Mongolie, obligeant les Ouïghours à fuir plus au Sud, au Gansu et dans l'actuel Xinjiang en Chine. C'est à cette époque que serait née l'épopée de Manas, écrite bien plus tard. Les Kirghizes migrent ensuite vers la région de Touva dans l'actuelle Russie jusqu'au XIIIe siècle, période de la création de l'Empire mongol fondé par Gengis Khan, qui englobe rapidement les peuples turcs. Les Kirghizes de l'Ienisseï y sont intégrés en 1219. L'islam devient la religion principale de la région vers le XIIIe siècle ; la plupart des Kirghizes sont des musulmans sunnites de l'école hanafite.
Ils s'installent dans la région formant l'actuel Kirghizistan au XVe siècle.
Khanat de Kokand (1709-1876)
Au début du XIXe siècle, le sud du territoire tombe sous le contrôle du khanat de Kokand (1710-1876 ou 1709-1883, ouzbek).
Influence russe (1870-1990)
La partie sud du territoire kirghiz est formellement incorporée à l'Empire russe en 1876, au cours du Grand Jeu (rivalité coloniale anglo-russe).
La répression de plusieurs révoltes pousse un certain nombre d'habitants à émigrer vers l'Afghanistan ou la Chine.
Lors des bouleversements politiques survenus à partir de la fin des années 1980 en Union soviétique, des élections libres sont organisées au Kirghizistan en 1991 qui voient la victoire d'Askar Akaïev au poste de président en octobre de la même année. Le pays devient la République du Kirghizistan en , tandis que Frounzé, la capitale nommée en l'honneur du dirigeant soviétique Mikhaïl Frounzé, reprend son nom présoviétique, Bichkek, en .
Indépendance (1991)
Après l'échec du coup d'État à Moscou qui marque la fin de l'URSS, le Kirghizistan se prononce par un vote en faveur de l'indépendance vis-à-vis de l'URSS le . Le pays adhère à la Communauté des États indépendants à la fin de la même année.
En , des troubles éclatent dans le district d'Aksy lors de manifestations demandant la libération d'un opposant politique. La répression commandée par le Premier ministre Kourmanbek Bakiev tue six personnes[réf. nécessaire]. Peu après, le président Akaïev accepte la démission de Bakiev de ses fonctions et le remplace par Nikolaï Tanaïev. Le président Askar Akaïev lance ensuite une réforme constitutionnelle, à laquelle sont conviées l'opposition et la société civile ; elle se conclut en par un référendum, vraisemblablement entaché d'irrégularités. Les amendements à la Constitution transforment, entre autres, le Parlement bicaméral en un Parlement monocaméral de 75 sièges à compter des élections de .
2005 : Révolution des tulipes
Au cours des années suivantes, le pouvoir, toujours détenu par Askar Akaïev, devient de plus en plus autoritaire. Les élections législatives du et du sont dénoncées comme frauduleuses, particulièrement par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Des troubles débutent vers la fin mars qui se transforment rapidement dans le sud du pays en manifestations appelant à la démission du gouvernement en place. Le , 15 000 manifestants partisans de l'opposition venus du sud du pays se heurtent à la police à Bichkek et prennent d'assaut l'immeuble abritant la présidence après des rumeurs faisant état de la fuite du président Akaïev hors du pays. C'est la « révolution des Tulipes ».
Après la révolution des Tulipes qui suit ces élections, le gouvernement intérimaire promet de développer de nouvelles structures politiques et de régler certains problèmes constitutionnels. La démission forcée de l'ancien présidentAskar Akaïev est acceptée par le Parlement kirghize le .
Les chefs de l'opposition mettent en place un gouvernement intérimaire et promettent d'organiser rapidement de nouvelles élections afin de prétendre à une légitimité définitive. Les luttes au sein de l'opposition sont réglées rapidement, Kourmanbek Bakiev prenant les postes de président et de Premier ministre.
Kourmanbek Bakiev remporte ensuite l'élection présidentielle le organisée trois mois après le soulèvement populaire qui a provoqué la fuite de l'ancien président, Askar Akaïev, en Biélorussie. Le nouveau gouvernement, dirigé par Felix Koulov, est définitivement constitué en .
Un an après les événements de , une nouvelle opposition se structure pour exiger la mise en œuvre des réformes annoncées à l'issue de la révolution des Tulipes. Elle réunit d'anciens alliés de Bakiev et d'anciens partisans d'Akaïev.
Début l'opposition manifeste sur la place centrale de Bichkek pour réclamer une réforme constitutionnelle réduisant les compétences du président Kourmanbek Bakiev, accusé de népotisme et de corruption. Elle réclame, en outre, l'indépendance de la compagnie de radio-télévision et le limogeage de plusieurs hauts responsables. Les opposants et les fidèles du président Kourmanbek Bakiev parviennent finalement à un compromis sur une réforme de la Constitution qui rendrait les institutions du pays plus démocratiques.
Signée le par le président Bakiev, la nouvelle constitution instaure une république présidentielle et parlementaire. Le Parlement, composé de 90 sièges, pourra approuver le gouvernement, dont le Premier ministre sera nommé par le parti vainqueur aux élections, avec l'accord du président.
Cependant, dès le , à la faveur de la crise institutionnelle ouverte par la démission du gouvernement de Felix Koulov, le président obtient des députés le vote d'une nouvelle version de la Constitution qui lui redonne plusieurs des pouvoirs concédés en novembre.
Le , le Parlement approuve la nomination par le président Bakiev d'Azim Isabekov, ex-ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Koulov, au poste de Premier ministre.
Le , Azim Issabekov donne sa démission, le président kirghiz ayant refusé de limoger sept personnes du gouvernement dans le but de les remplacer par des membres de l'opposition. Son remplaçant est Almazbek Atambaev, l'un des représentants du mouvement d'opposition Za reformy (Pour les réformes).
Atambaev démissionne à son tour le . Iskenderbek Aidaralïev assure l'intérim jusqu'aux élections législatives de , qui portent Igor Tchoudinov (du parti Ak Jol(en)) au poste de Premier ministre[5],[6].
Jusqu'en 2009, le président Bakiev dirige le pays en maintenant une relative ouverture politique, loin des normes démocratiques occidentales, mais certains[Qui ?] observateurs étrangers classaient le Kirghizistan comme le pays le plus démocratique d'Asie centrale. À partir de 2009, on note cependant un net virage présidentialiste. La réforme de l'État conduite à l'automne 2009 voit les ministères importants rejoindre l'Institut du président, et les autres être dépossédés d'une grande partie de leurs attributions[réf. nécessaire].
L'opposition politique et les ONG de défense des droits de l'homme sont harcelées avec une intensité croissante. Plusieurs meurtres de journalistes et d'opposants défraient la chronique et provoquent les protestations de l'Union européenne[réf. nécessaire]. Si le Kirghizistan reste alors plus ouvert que ses voisins, comme l'Ouzbékistan ou le Turkménistan, il connaît cette année-là une dégradation rapide du climat politique, et reste classé parmi les pays les plus corrompus du monde[7].
Le , une violente manifestation des opposants au régime du président Bakiev dégénère. On compte 75 morts et 500 blessés dans la capitale, Bichkek. Dans la soirée, des centaines d'opposants assiègent le Parlement situé à proximité de la résidence présidentielle. Le Premier ministre, Daniyar Üsenov, déclare l'état d'urgence et un couvre-feu est instauré. Trois chefs de l'opposition sont interpellés et inculpés pour crimes graves, puis l'un d'eux, Omourbek Tekebaïev, est libéré plus tard dans la journée[8].
Toujours en soirée, le Premier ministre, Daniyar Üsenov, ayant « remis une lettre de démission », après des négociations avec l’un des chefs de l’opposition, celui-ci, Temir Sarïev, l'annonce à la radio kirghize Azattyk. Dans la foulée, l’opposition forme son « propre gouvernement », avec à sa tête l’ex-ministre des Affaires étrangères, Roza Otounbaïeva.
Les États-Unis s'inquiètent de l'instabilité du pays, dans la mesure où ils disposent d'une base militaire aérienne qui leur sert de pont pour faire transiter leurs hommes et leur matériel vers l'Afghanistan. Parallèlement, la Russie propose son aide au gouvernement par intérim.
Le 16 avril 2010, Kourmanbek Bakiev, le président déchu, déjà parti en exil au Kazakhstan, démissionne officiellement dans une lettre télécopiée adressée aux nouveaux dirigeants du pays[réf. nécessaire].
Bakiev étant en exil, Roza Otounbaïeva est chargée de diriger le pays par intérim, et d'écrire une nouvelle Constitution parlementaire.
Depuis la révolution
Après son élection en et entre le et jusqu'au , Almazbek Atambaev est président. Il est le premier président à terminer son mandat.
Après son élection en , Sooronbay Jeenbekov est le président du Kirghizistan.
Le , Sadyr Japarov est élu président du Kirghizistan et succède à Sooronbay Jeenbekov[9].
Le Kirghizistan reste un pays assez pauvre, dont l'économie est essentiellement tournée vers l'agriculture. Juste avant la chute de l'URSS en 1991, 98 % des exportations du Kirghizistan étaient destinées à l'Union soviétique ; l'effondrement de cette dernière a considérablement ralenti la production du pays au début des années 1990. Des réformes importantes furent entreprises qui ont certes permis d'améliorer la performance économique du pays au cours des dernières années (le Kirghizistan fut la première république de l'ancien bloc soviétique à être admise à l'Organisation mondiale du commerce en décembre 1998), mais ses revenus ne sont toujours pas constants et la pauvreté reste très présente.
L'agriculture est un des principaux secteur d'activité du pays, représentant 12,1% au produit intérieur brut et fournissant des emplois à environ 21% de la population active[10]. Le Kirghizistan est montagneux et convient à l'élevage du bétail, la principale activité agricole. Les pâturages couvrent environ la moitié de la superficie du Kirghizistan soit 9 millions d'hectares et l'élevage extensif joue un rôle majeur dans l'économie, la société et la culture du pays. Les productions dominantes incluent le blé, le sucre de betterave, le coton, le tabac, les légumes, les fruits et les noix[11] ; dans une moindre mesure, la laine, la viande et les laitages.
Le Kirghizistan exporte principalement des métaux non ferreux et des minéraux, des produits manufacturés en laine et agricoles, de l'énergie électrique et quelques autres marchandises. La première source de devises est la production d'or de la mine kirghizo-canadienne de Kumtor, dont l'activité représente environ 10 % du PIB. Ses importations comprennent du pétrole, du gaz naturel, des métaux ferreux, des produits chimiques, la plupart de ses outils et machines, du bois, du papier, un peu de produits alimentaires et des matériaux de construction. Ses partenaires commerciaux principaux sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, les États-Unis, l'Ouzbékistan et l'Allemagne.
Le PIB par habitant du Kirghizstan s'élève à 1 146 dollars en 2020, selon les estimations du FMI. En 2020, le Kirghizstan enregistre une baisse de son produit intérieur brut de 8,6%, imputable à la situation sanitaire du pays causée par la pandémie de Covid-19, mais aussi du fait des troubles politiques qui ont affecté le pays en octobre 2020[12]. La pauvreté demeure répandue dans les régions rurales et montagneuses, où 22% des ménages sont en situation d'insécurité alimentaire en 2018. Cependant, les réformes économiques menées après l'indépendance ont eu pour effet global de faire reculer la pauvreté, touchant 52% de la population kirghize en 2000 contre 20 % en 2019[10].
Le transporteur aérien national Kyrgyzstan Airlines(en) (en russe : Кыргызстан Аба Жолдору) était la compagnie aérienne nationale du Kirghizistan, avec son siège social sur les terrains de l'aéroport international de Manas à Bichkek. Il exploitait des vols internationaux et nationaux réguliers, ainsi que des vols charters. Sa base principale était l'aéroport international de Manas, avec un hub à l'aéroport d'Och. Elle a fait faillite en 2005.
Il n’existe qu’une ligne de chemin de fer au Kirghizstan, au départ de la capitale Bichkek. Cette ligne permet aux voyageurs de se rendre soit au Kazakhstan, soit dans la commune kirghize de Balyktchi, près du lac Issyk-Koul[14].
Signée le par le président Bakiev, une nouvelle constitution instaure une république parlementaire. Le Parlement, composé de 90 sièges, pourra approuver le gouvernement, dont le Premier ministre est nommé par le Parti vainqueur aux élections, avec l'accord du président.
En avril 2010, le président Kurmanbek Bakiev est chassé par un mouvement de contestation populaire, prenant racine dans la hausse des prix de l'énergie et dans la corruption endémique sévissant dans le pays. Lors de ces contestations, les confrontations entre les forces de l'ordre et les manifestants font 84 morts et des milliers de blessées[15].
En juin 2010, Och, la deuxième ville du pays, devient le théâtre de violences dirigées envers la communauté ouzbek. Partant d'une simple altercation entre quelques individus, ces violences se transforment rapidement en conflit interethnique, faisant environ 2 000 morts et provoquant le départ du pays de 300 000 ouzbeks[15]. Le 27 juin 2010, un référendum est organisé par les pouvoirs publics kirghizes en réponse à ces violences. La population est appelée à prendre position en faveur ou non d'une réforme constitutionnelle visant à réduire les pouvoirs du président au profit du parlement. La nouvelle constitution est adoptée à la suite du scrutin[16].
En 2016, la population du Kirghizistan était estimée à 5 727 553 habitants[réf. nécessaire] La même année, 30,1 % avaient moins de 15 ans et 5,13 % plus de 65. Le pays est rural à 64,3 %, pour une densité de population assez faible de 29 habitants par km2. La capitale, Bichkek, compte officiellement 589 000 habitants, auxquels il convient d'ajouter de nombreux saisonniers, ainsi que des occupants illégaux de terrains non répertoriés dans les statistiques. L'espérance de vie est en 2016 de 70,7 ans[18], avec une espérance de vie de 75 ans pour les femmes et de 66 ans pour les hommes.
Le taux de natalité de 22,6 ‰ reste élevé, et le taux de mortalité de 6,6 ‰ est faible, avec un solde migratoire de - 30 000 personnes[19]. Le Kirghizistan a un taux d'alphabétisation de 97 % en 2001[réf. nécessaire].
65 % de la population est d'origine kirghize, groupe ethnique turcique présentant des influences mongoles et étant historiquement constitué de bergers semi-nomades, ils sont divisés en quarante clans. La plus grande minorité est celle des Ouzbeks (14,5 % de la population), principalement installés dans le Sud, suivis par les personnes d'origine russe (9,0 %, essentiellement dans le Nord, constamment en baisse du fait de leur émigration), doungane (1,2 %), ouïghoure (1,1 %), tadjike (1,1 %), meskhète (0,9 %), kazakhe (0,7 %), ukrainienne (0,5 %, en baisse) et coréenne (0,3 %). Il existe également de petites communautés d'origine allemande, mais la plupart sont parties dans les années 1990.
Près de 75 % de la population est composée de musulmans sunnites (islam), avec 20 % de chrétiens orthodoxes et quelques milliers de catholiques[réf. nécessaire].
Le Kirghizistan est l’une des trois ex-Républiques socialistes soviétiques, avec le Kazakhstan et la Biélorussie, à avoir conservé le russe comme langue officielle.
Le pays a, en plus de celle-ci, ajouté la langue kirghize peu après l’indépendance en .
Celle-ci appartient au groupe des langues turciques. En 1924, un alphabet basé sur l'alphabet arabe fut introduit, remplacé par l'alphabet latin en 1928. En 1941, l'alphabet cyrillique fut définitivement adopté.
D’après un recensement de 2009, le kirghize se place en tête des langues parlées avec 71 % de locuteurs natifs, l’ouzbek en deuxième position avec 15 %. Malgré son statut de langue officielle le russe n’occupe que la troisième place avec 9 % de locuteurs, les 5 % restants étant partagés par d’autres langues[réf. nécessaire].
Toutefois, selon le même recensement, la langue russe est maîtrisée par 40 % de la population en raison du fait qu’elle constitue encore la langue des affaires et de la politique.
On constate néanmoins une tendance à une arrivée de la langue kirghize sur la place publique. Longtemps considérée comme une langue domestique, la langue kirghize apparaît dans la vie politique et notamment beaucoup de délibérations parlementaires sont menées en cette langue.
L'anglais est une langue présente depuis 1992, et enseignée surtout à l'université. Cette langue est cependant peu répandue, le pays étant situé au milieu de l'Asie centrale, et attire à l'international surtout des touristes fortunés.
La religion principale est l'islamsunnite, de l'école hanafite. Mais la pratique religieuse musulmane est marquée également par les influences du chamanisme, existant antérieurement à l'islam, et du soufisme, dont les missionnaires ont joué un grand rôle dans l'islamisation de la région.
La pratique religieuse est faible, du fait du passé communiste de la république, mais surtout du fait de l'apport de pratiques animistes et chamaniques, et de l'esprit de groupe, tribal et patriarcal, où la figure d'un patriarche (le doyen de la famille) est respectée. L'extrémisme religieux est très rare, et les idées laïques, apportées au temps du communisme, sont très répandues.
Si les chrétiens orthodoxes se retrouvent surtout chez les Russes et autres Slaves, la pratique religieuse est rare. Le protestantisme est récent, et avant l'indépendance du pays, il concernait surtout les Allemands de la Volga, déportés, où on retrouvait aussi une minorité catholique.
Traditionnellement un peuple nomade, les Kirghizes restent attachés à ces traditions. Elles comprennent notamment les artisanats liés à la fabrication et à la décoration de la yourte, faite d'épaisses toiles de feutre[27]. Le cheval occupe une grande place dans l'art, l'imaginaire et la symbolique collective. Ainsi le Kok borou[c] et l'Oulak tartysh, deux variantes du jeu équestre du bouzkachi, sont restés des sports très populaires.
Les trois premières éditions des Jeux mondiaux nomades, qui mettent en valeur ces sports traditionnels kirghizes, se sont déroulés au Kirghizistan, en 2014, 2016 et 2018. Ces jeux ont pris place dans la ville de Tcholponata, au nord du pays.
L'épopée et le poème mélodique improvisé sont les expressions artistiques par excellence. Ce dernier est accompagné au moyen d'un instrument à trois cordes, le komuz, et peut faire l'objet de joutes entre deux orateurs, les aïtysh. L'épopée Manas, phénomène littéraire par son volume et son emphase, transmise et enrichie sur plusieurs siècles par la tradition orale, fait la fierté d'un peuple qui connaît actuellement un processus de réappropriation de ses racines historiques et mythologiques.
Cinéma
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le Kirghizistan s'est illustré par un cinéma poétique nourri de la clarté et de la rigueur des écoles soviétiques, avec une génération de grands cinéastes (qualifiée de « miracle kirghiz ») dont Tolomouch Okeev et Bolotbek Chamchiev. Depuis l'indépendance, il convient de citer avant tout la trilogie d'Aktan Arym Kubat composée des films La Balançoire, Le Fils adoptif et Le Singe.
Littérature
La littérature kirghize reste principalement orale jusqu'au XXe siècle, avec des récits épiques nationaux, guerriers et lyriques, tels que Manas, Kedeï-khan ou Kourmanbek[28].
Dans le domaine de la littérature écrite, se détache la figure de Tchinguiz Aïtmatov, auteur de nombreux livres, traduits en plusieurs langues, notamment Jamilia, Le premier maître, Il fut un blanc navire, Une journée plus longue qu'un siècle et Les rêves de la louve.
Depuis 2012 les voyageurs de quarante pays (dont la France, la Belgique et la Suisse) sont dispensés de visa pour les séjours touristiques et d’affaires de moins de 60 jours. Le Kirghizistan interdit aux personnes étrangères séropositives d'obtenir un permis de travail.
Le Kirghizistan constitue une destination encore peu pratiquée, mais très appréciée pour le tourisme d'aventure et nature : alpinisme, paralpinisme, heliskiing(en), trekking, randonnées à cheval, rafting, VTT, et chasse.
Les principaux sites présentant un attrait touristique sont :
le lac Yssyk Koul à 1 600 m d'altitude, à l'est du pays ;
le lac de haute montagne Son Koul à 3 000 m, région de Naryn ;
↑En russeКиргизия, Kirguizia, ou Кыргызстан, Kyrguyzstan, Кыргызская Республика, Kyrguyzskaïa Respoublika, ou Киргизская Республика, Kirguizskaïa Respoublika
↑borou signifie « loup », l'animal qui était utilisé avant d'être remplacé par un bouc ou une chèvre, et kok désigne la couleur grise du loup.
↑(en) Martin J. Wolf, John W. Emerson, Daniel C. Esty, Alex de Sherbinin, Zachary A. Wendling et al., 2022 Environmental Performance Index, New Haven, Connecticut, États-Unis, Yale Center for Environmental Law & Policy, , 192 p. (lire en ligne [PDF]).
↑ a et bMinistère de l'Europe et des Affaires étrangères, « Kirghizstan- Sécurité », sur France Diplomatie - Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le )
↑Dictionnaire mondial des littératures, Paris, Larousse, (lire en ligne), p. 670
Voir aussi
Bibliographie
Kirghizistan, Éditions du Centre français du commerce extérieur, (ISBN978-2-279-41152-7)
Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Le Guide de l'Asie centrale : Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Paris, Nouvelles Éditions de l'Université, , 313 p.
Ekaterina Lousanova et Zemfira Salpagarova, Kirghizistan. Une république en Asie centrale, Genève, Olizane, (ISBN978-2-88086-263-3)
(en) Cholpon Chotaeva, History of Kyrgyzstan, Bichkek, International University of Kyrgyzstan, , 132 p. (lire en ligne)
(en) Cholpon Chotaeva, Geography of Kyrgyzstan, Bichkek, , 60 p. (lire en ligne)