L'ESO est l'acteur principal de l'astronomie observationnelle européenne. Il possède des télescopes allant de 2,2 à 8,20 mètres de diamètre, un parc d'une vingtaine d'instruments, dont 15 à Paranal, permettant des observations en imagerie, photométrie, spectroscopie, interférométrie dans à peu près toutes les longueurs d'onde allant du proche ultraviolet à l'infrarouge thermique (vers 20 micromètres). L'organisation possède également un système complet d'archivage des données, en partenariat avec l'agence de coordination entre l'Europe et le télescope spatial Hubble.
L'idée d'un observatoire européen est l'initiative de Jan Oort et Walter Baade, peut-être dès 1952[3]. Mais celle-ci prend vraiment forme lors d'une conférence sur la « Coordination de la recherche galactique » qui se tient à Groningue aux Pays-Bas en , où sont réunis la plupart des grands astronomes européens. Durant cette conférence, une excursion en bateau est organisée sur l'IJsselmeer et c'est là qu'est discuté plus en profondeur l'établissement de cet observatoire astronomique. Le projet est décrit en détail par Adriaan Blaauw. Jan Oort reste très impliqué durant toutes les années précédents la création de l'ESO, notamment en étant président du comité de lobbying auprès des instances politiques[4].
Dès lors, six pays européens sont impliqués : l'Allemagne de l'Ouest, la Belgique, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède[5]. Une déclaration est établie le , mais il faut attendre le pour que les cinq pays fondateurs (les six pays précédemment cités à l'exception du Royaume-Uni qui ne rejoint l'ESO qu'en 2002) signent la déclaration de l'ESO qui marque la création de l'institution européenne[6].
Le premier site d'observation de l'ESO est officiellement choisi le au Chili et l'emplacement où est établi l'observatoire de La Silla est acquis en [6].
Historiquement, le premier observatoire de l'ESO est de celui de La Silla, à 600 kilomètres au nord de Santiago du Chili, près de la ville de La Serena. Sur le site de La Silla, il existe en 2010 de nombreux télescopes « nationaux ». L'ESO opère les trois plus grands télescopes restants :
le télescope de 2,2 mètres, entré en service en 1984 ;
le New Technology Telescope (NTT), de 3,5 mètres, entré en service en 1989. Ce dernier a notamment servi pour le test de plusieurs technologies aujourd'hui en service sur le Très Grand Télescope.
Le Very Large Telescope (VLT) est un ensemble de télescopes situés également au Chili, dans le désert d'Atacama, à 2 600 m d'altitude, sur le Cerro Paranal, dans une zone qui est la plus sèche de cette région. Le VLT est composé de quatre télescopes principaux de 8,2 mètres de diamètre : Antu, Kueyen, Melipal et Yepun. Il est avec les télescopes Keck sur le Mauna Kea à Hawaii une des installations astronomiques terrestres les plus puissantes. Et cela notamment grâce à la technologie de l'optique adaptative, qui consiste à corriger les défauts atmosphériques en déformant légèrement les miroirs. Le parc instrumental du VLT (et des télescopes de l'ESO en général) est en revanche sans égal.
Au choix, les quatre télescopes peuvent par ailleurs être couplés grâce à l'interférométrie optique (VLTI)[7], ce qui permet d'améliorer le pouvoir de résolution. Cette technique est également utilisée par les 4 télescopes auxiliaires de 1,80 mètre de diamètre, installés sur la plateforme du VLT, et pouvant se déplacer en plusieurs endroits.
Un site à proximité de l'observatoire actuel a été choisi pour y installer l'un des deux réseaux de télescopes de l'observatoire CTA[8].
L'ESO pilote un projet de télescope géant. Au départ, devant faire 100 mètres de diamètre, il fera 39.3 mètres (avec un projet intermédiaire de 42 mètres) et aura un miroir primaire segmenté (comme les miroirs des télescopes Keck, le miroir du HET et du SALT), puisqu'on ne sait pas faire des miroirs d'une pièce de plus de 8-9 mètres, ce qui serait la taille du miroir secondaire pour un tel télescope. Il sera situé sur le Cerro Armazones, à 20 kilomètres du Cerro Paranal.
États membres et associés
Depuis sa création avec cinq membres en 1962, l'ESO s'est élargie à onze autres pays, amenant le total actuel des membres à seize. Lorsque le Parlement brésilien aura ratifié l'accord du , le Brésil deviendra le premier pays non-européen[9] et le dix-septième État membre. En 2017, l'Australie signe un accord de partenariat avec l'ESO. D'une durée de dix ans, il pourra se transformer en pleine adhésion à son issue.
Le , le parlement irlandais vote pour 2018 un budget comprenant le financement nécessaire pour que l'Irlande devienne membre de l'ESO en 2018, adhésion effective le [10].
En plus des dix-huit États sus-mentionnés, douze autres États font partie de l'ESO Science Outreach Network (ESON, soit en français « Réseau de promotion des sciences / de vulgarisation scientifique de l'ESO »). Il s'agit du Chili, l'État hôte des observatoires de l'ESO, ainsi que de l'Albanie, des États-Unis, de la Hongrie, de l'Islande, de la Lettonie, de la Norvège, de la Roumanie, de la Russie, de la Serbie, de la Turquie et de l'Ukraine[17]. Le cœur du site de l'ESO est disponible en 21 langues différentes, les communiqués de presse sont traduits en 18 langues différentes et les photos de la semaine (Pictures of the Week) et les annonces sont également disponibles dans d'autres langues. Les différents nœuds de l'ESON agissent comme contacts locaux pour les médias et la vulgarisation / promotion, avec pour but général de promouvoir la mission de l'ESO et de démontrer les nombreux aspects inspirants de l'astronomie. Ils servent également de contacts entre les médias et les scientifiques dans leur région et peuvent aussi être abordés dans le cadre des projets de l'ESO et d'autres initiatives scientifiques de sensibilisation[17].
Dans le film Don't Look Up : Déni cosmique, c'est un membre de l'Observatoire européen austral au Chili (Michael Marsset) qui double Leonardo DiCaprio pour l'écriture d'équations sur un tableau blanc[18].