L'ordre de Saint-Janvier était l'ordre suprême du royaume des Deux-Siciles[2] et n'était à ce titre accordé qu'à la plus haute noblesse napolitaine, sicilienne, européenne et aux membres de familles royales.
Sa devise est In sanguine foedus.
Histoire de l'ordre
L'ordre est créé le par le roi Charles VII de Naples pour célébrer son mariage avec Marie-Amélie de Saxe. L'ordre est réservé à soixante nobles catholiques, même si des non-catholiques ont été exceptionnellement acceptés par les grands maîtres suivants.
En tant qu'ordre suprême du royaume de Naples, son ambition était de rivaliser avec l'ordre de la Toison d'or espagnol, dont Philippe V d'Espagne, père de Charles VII de Naples, était le grand-maître, avec la branche autrichienne de l'ordre de la Toison d'Or dont son oncle l'empereur Charles VI du Saint-Empire, était le grand-maître, ainsi qu'avec l'ordre du Saint-Esprit de son cousin français Louis XV. Le roi d'Espagne, le roi de Naples et le roi de France étant membres de la maison de Bourbon, il était fréquent que les membres de cette famille se voient décerner ces trois ordres, afin de prouver l'unité de la maison de Bourbon.
Les premiers statuts de l’ordre promulgués en 1738 l’établirent en tant qu’institution catholique romaine pour favoriser la vraie chevalerie et la fraternité chrétienne. Le devoir principal des chevaliers était de renforcer la « très sainte religion » et d'« œuvrer vertueusement » pour être un « exemple héroïque de la piété envers Dieu et de la fidélité envers leur Prince »[2]. Les chevaliers devaient jurer fidélité absolue à leur grand maître, d'aller à la messe tous les jours (si possible), de communier à Pâques, de fêter saint Janvier, de faire célébrer une messe lors du décès d'un des chevaliers, de ne pas se battre en duel mais d'en référer à leur grand maître pour qu'il tranche le litige et, enfin, de s'occuper des chapelles de l'Ordre. La préséance était donnée par l'ancienneté dans l'ordre.
Le pape Benoît XIV confirma la création de l'ordre par une bulle papale le . Cette reconnaissance et protection papale permit d'éviter l'abolition de l'ordre lors de la conquête du royaume des Deux-Siciles par Victor-Emmanuel II en 1860.
À la mort sans enfants de son frère Ferdinand VI d'Espagne le , Charles VII hérita du trône d'Espagne et son second fils devint roi sous le nom de Ferdinand IV de Naples (plus tard il transforma son nom en Ferdinand Ier des Deux-Siciles). Un décret du établit alors l'ordre de succession du grand maître de l'ordre. Celui-ci édictait que la succession suivrait la descendance mâle de Ferdinand par ordre de primogéniture ou, en cas de défaut, à son frère cadet et à sa descendance mâle par ordre de primogéniture, sauf dans le cas de la réunion sur la même tête de la couronne d'Espagne et de celle des Deux-Siciles, auquel cas la succession devait passer à un fils, petit-fils ou arrière-petit-fils du roi. Dans le cas de l'extinction de la descendance mâle du roi Charles III, la succession devait passer à l'héritière femme la plus proche du dernier roi des Deux-Siciles.
Structure de l'ordre
L'ordre comptait à la base un maximum de soixante chevaliers, tous nobles et catholiques (même si quelques non-catholiques ont été exceptionnellement acceptés). Une réforme limita ensuite leur nombre à vingt, les membres de la famille royale des Deux-Siciles étant « chevaliers surnuméraires » et ne sont donc pas repris dans ce quota[2].
À l'origine, l'Ordre avait aussi quatre offices chargés de sa gestion quotidienne :
un chancelier ;
un trésorier ;
un maître des cérémonies ;
un secrétaire.
Lors d'une réforme de l'ordre du , ces offices furent limités à un rôle cérémoniel lors de la nomination de nouveaux chevaliers.
Insignes de l'Ordre
L'insigne est composé d’une croix à quatre branches fourchues bordées d’or et d'une bande d’émail blanc, à flammes d’émail rouge, flanquées de quatre fleurs de lis en or. Au centre de la face, l'image de saint Janvier avec les burettes et le bâton pastoral, en or et émaux blancs, rouges, bleus et verts ; au centre du revers, les burettes en or et émail rouge, placées sur le livre des Évangiles en or ; le tout entouré de deux palmiers en émail vert[2].
Le collier est composé de dix-huit liens d'or, entre lesquels s'alternent huit fleurs de lys en or ainsi que deux ornements sur lesquels est écrit en émail blanc "C" (pour Carlo).
Le ruban ondoyant de l'Ordre est rouge. La devise est In sanguine foedus.
Depuis la réforme du , tous les chevaliers ont droit au traitement Son Excellence.
L'ordre aujourd'hui
La famille royale des Deux-Siciles continua à distribuer l'ordre même après sa déchéance.
Entre la mort du roi François II le et celle du comte de Caserte le , seuls trente et un chevaliers furent nommés. Depuis 1934, l'ordre a été attribué moins de quatre-vingts fois.
Aujourd'hui, l'ordre continue d'être attribué par les deux prétendants au trône, Pedro de Borbón-Sicilias (né en 1968), prétendant depuis 2015 pour la branche aînée, et Charles de Bourbon des Deux-Siciles (né en 1963), prétendant depuis 2008 pour la branche cadette. Tous deux se prétendent grands-maîtres de l'ordre. Seule la plus haute noblesse d'Europe et les membres de familles royales (régnantes ou non) peuvent prétendre à être reçus dans l'ordre.
Don Roberto Lucchesi Palli, prince de Campofranco, duc de Grazia († )
Don Edoardo Costa Sanseverino, prince de Bisignano, de San Giorgio, de Sant' Agata, de Luzzi, de Torrenova et de Pietralcina, duc d'Erchie et de Jelzi, marquis de Casalbore, comte de Chiaramonte, ancien chef de la famille Sanseverino († )
le prince Don Filippo Massimo, prince de Arsoli et duc de Anticoli Corrado († )
Franz von Lobstein († )
le duc et comte don Ferdinando Gaetani dell’Aquila d’Aragona, prince de Piemont, duc de Laurenzana, comte d'Alife († )
le duc Francesco d’Avalos, prince du Saint-Empire romain germanique, marquis de Pescara et de Vasto († )
Références
↑Théoriquement, l'Ordre a été aboli à la suite de la chute du royaume des Deux-Siciles, et de son incorporation dans le royaume d'Italie. Mais la protection papale de l'ordre fit qu'il ne fut jamais aboli, et il est toujours décerné par les prétendants au trône des Deux-Siciles