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Un pastiche (de l'italien pasticcio, « pâté ») est une imitation du style d'un auteur ou artiste, mais qui ne vise pas le plagiat. Le pastiche est à différencier de la parodie ou de la caricature, bien que le mot « pastiche » puisse être employé comme un synonyme de « parodie »[1].
Le pastiche remplit plusieurs fonctions : mémoire, dérision, hommage (plus ou moins respectueux), voire un pur exercice de style.
Les pastiches se différencient des supercheries, des canulars et des faux montés à des fins vénales ou prosélytes (politiques ou religieux), avec par exemple certains apocryphes ou de fausses œuvres posthumes imitant totalement les productions habituelles d'un créateur disparu (il peut s'agir d'un livre, d'un tableau ou d'un objet d'art, etc.).
Exemples de pastiches littéraires
Ulrich von Hutten (« Lettres d'hommes obscurs », 1515), puis à sa suite Lorenzo Valla (De Insigniis et Armis[2],[3], 1533) ont, par leurs pastiches, tourné en dérision les faiblesses du latin de leurs contemporains lettrés, clercs et universitaires. Dans la littérature française, Rabelais est l’un des premiers à pasticher, dans Le Tiers Livre, les œuvres et les auteurs de son temps.[réf. souhaitée]
Au théâtre, Éric-Emmanuel Schmitt a écrit deux pièces-pastiches, en hommage à des dramaturges qui deviennent l’objet d’une pièce écrite dans leur style. L’une raconte à la Sacha Guitry la vie amoureuse de Sacha Guitry (The Guitrys), l’autre propose un vaudeville à la Georges Feydeau sur Georges Feydeau, explorant la folie de l’auteur (Georges et Georges).[réf. souhaitée]
Le pastiche est également utilisé dans la littérature populaire, comme l’heroic fantasy et la science-fiction. Une grande partie des fanfictions sont des pastiches.
David Lodge, professeur et romancier, dans son roman The British Museum Is Falling Down (1965), narre sur le mode de l'épopée comique la harassante journée d'Adam Appleby, un étudiant en thèse impécunieux et angoissé par la possible troisième grossesse de son épouse, ne contient pas moins de dix pastiches littéraires reflétant les sautes d'humeur du personnage principal : Conrad, Graham Greene, Joyce, Kafka, C.P. Snow, Hemingway, D.H. Lawrence, Frederick Rolfe (Alias le baron Corvo) Henry James et Virginia Woolf[4]. Dans son autre roman, Pensées secrètes (2001) les étudiants d'un atelier d'écriture doivent écrire des textes qui pastichent leurs écrivains préférés, on peut lire ainsi des pseudo-textes de M*rt*n Am*s, Irv*n* W*lsh, S*lm*n R*shd** et S*m**l B*ck*tt.
Le pastiche de tableau est un tableau de peinture dans lequel l'auteur cherche à imiter la manière d'un peintre ou d'une école. Affirmant l'habileté (Sébastien Bourdon, Luca Giordano) et la culture (Augustin Théodule Ribot) de l'artiste, il traduit souvent l'influence d'un maître sur un artiste moins doué ou encore jeune[5].
Un pastiche (ou pasticcio) est aussi un opéra composite formé à partir d'extraits de différentes œuvres ; un exemple en est le pastiche Les Mystères d'Isis, formé à partir de La Flûte enchantée, et largement critiqué par Berlioz dans ses mémoires.[réf. souhaitée]
On peut citer l'Hymne soviétique, qui a fait l'objet de plusieurs versions avec paroles russes doublées par des paroles françaises phonétiquement proches[6].
Dans le domaine du cinéma, le pastiche peut être un hommage rendu par un metteur en scène à un autre en reprenant ses angles de caméra, ses techniques d'éclairage ou de mise en scène, ou l'imitation « utilitaire » d'œuvres antérieures.
↑Mario Speroni, « Lorenzo Valla a Pavia: Il Libellus contro Bartolo », Quellen und Forschungen aus italienischen Bibliotheken und Archiven, vol. 59,
↑Jennifer Kathleen Mackenzie, « Lorenzo Valla's Critique of Jurisprudence, the Discovery of Heraldry, and the Philology of Images », Renaissance Quarterly, vol. 72, no 4 (hiver), , p. 1183-1224 (DOI10.1017/rqx.2019.376)
↑Gilles Gluck, La chute du British Museum (mémoire de maîtrise de traduction littéraire), Paris, Université Paris VII (Institut d'anglais Charles V) (Supervision Mme Tran Van Khaï), , 75 p..