Pierre Cochereau, né à Saint-Mandé (commune alors dans le département de la Seine, aujourd'hui dans le Val de Marne) le et mort le [1] à Lyon, est un organiste, un improvisateur, un pédagogue et compositeurfrançais. Il a notamment été titulaire des grandes orgues de la Cathédrale Notre Dame de Paris.
Il fait de cette tribune un lieu d'accueil pour les organistes du monde entier auxquels il cède ses claviers tous les dimanches après-midi pour des auditions d'une heure au cours desquelles tous les styles d'œuvres pour orgue auront droit de cité. Ces concerts présentés par Jehan Revert, maître de chapelle de Notre-Dame, sont à sa demande systématiquement enregistrés, ce qui fait de ces archives un témoignage du « jeu » organistique aux XXe et XXIe siècles. Il fait preuve d'éclectisme pour le répertoire propre à cet instrument, admettant lors de ces auditions les œuvres les plus modernes à son époque d'Arvo Pärt à Iannis Xenakis, en passant par des compositeurs sous-estimés tels Georges Delerue qui lui écrivit (et pour Roger Delmotte) une Sonate pour trompette et orgue.
Au long des trente années qu'aura duré son titulariat, Pierre Cochereau a à cœur d'entretenir puis de relever « son » orgue, chef-d’œuvre (1868) du facteur Aristide Cavaillé-Coll, entre 1963 et 1975[5]. À cette fin, il fait d'abord appel à Jean Hermann puis, à la mort de celui-ci, à Robert Boisseau et Jean-Loup Boisseau. Sous son égide, puis celle de ses successeurs, ceux-ci (auxquels il convient d'associer Bertrand Cattiaux) feront de cet instrument ce qu'il est aujourd'hui. Mais les avis seront très partagés quant aux adjonctions qu'il « subit » dans les années 1960-1970 (impliquant entre autres son électrification et sa réharmonisation et le dépavillonnage des fonds, donc la transformation profonde d'un chef-d’œuvre de Cavaillé-Coll) et aux travaux ultérieurs, qui par certains aspects reviendront d'ailleurs en arrière.
Contrairement à la plupart de ses collègues de l'époque, Pierre Cochereau est, avec les Souberbielle, Jean-Albert Villard et quelques autres organistes un peu plus jeunes, tels Michel Chapuis, Francis Chapelet ou encore Xavier Darasse pour ne citer que les plus emblématiques, très compétent en matière de facture d'orgue, qu'elle soit orientée vers un retour à la « tradition » ou empreinte de modernité. Le travail manuel ne lui est pas étranger, pas plus que ne lui sont étrangères les compétences en matière d'administration.
Il est aussi directeur du Conservatoire du Mans de 1949 à 1956, de celui de Nice[6] de 1961 à 1979 et est enfin chargé de créer ex nihilo à Lyon, à côté du CNR, le second Conservatoire national supérieur de musique en France, dont il reste le directeur de 1980[7],[8] jusqu'à sa mort en 1984.
En plus d'être un grand organiste aux interprétations à la fois brillantes et respectueuses de la tradition du répertoire d'orgue classique, romantique et contemporain, il est réputé pour ses dons exceptionnels et son solide métier d'improvisateur. Du fait de leur richesse d'invention et de leur perfection formelle, nombre de ses improvisations sont publiées en partition et réenregistrées par d'autres interprètes, ce qui est rare (un autre cas connu étant les improvisations de Charles Tournemire).
Pierre Cochereau est aussi un « organiste d'église » aussi présent à sa tribune que sa carrière de concertiste et de pédagogue le lui permet. Sa connaissance du chant grégorien et plus généralement de la musique liturgique font de ses interventions au cours des offices, soit en accompagnant soit en improvisant, d'inoubliables moments de musique. Il inaugure des orgues restaurés, comme à Beauvais[9] ou celui de l'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon[10].
Pierre Cochereau est le premier à sortir « physiquement » l'orgue de ses lieux de prédilection, en faisant des tournées, accompagné le plus souvent de son ami trompettiste Roger Delmotte, avec son orgue « itinérant » à tuyaux, d'une dizaine de jeux (facteur : Philippe Hartmann) qu'il transporte dans une remorque attelée à l'une de ses automobiles.
Pierre Cochereau est aussi avec Pierre Firmin-Didot cofondateur du Grand Prix de Chartres, concours d'orgue de renommée internationale, qui a pour originalité d'instituer à côté du traditionnel prix d'interprétation, un tout aussi important prix d'improvisation.
Même s'il encourage des organistes (comme Jacques Taddei[11]) et inspire des improvisateurs (notamment Pierre Pincemaille[12],[13]), Pierre Cochereau est partiellement méconnu de nos jours. Son œuvre musicale écrite est de qualité, mais peu abondante. Il laisse en revanche, sur des centaines de bandes ReVox bien conservées, une grande quantité d'improvisations (et aussi, mais en moins grand nombre, d'œuvres du répertoire) enregistrées au cours des offices et en concert à Notre-Dame. L'écoute analytique de la somme de ces enregistrements effectués sur une période allant globalement de 1965 à sa mort et réalisés par François Carbou[14] devrait permettre de comprendre et d'apprécier la réalité de cet artiste unique et, malgré les honneurs de son vivant, mystérieusement atypique et particulièrement flamboyant.
Trois Variations sur un thème chromatique (écrit 1963.Paris: Leduc, 1963)
Micro-Sonate en Trio op. 11 (écrit 1969. Paris: Leduc, 1969)
Variations sur "Ma jeunesse a une fin" op. 16 (écrit 1972. Paris: Leduc, 1972)
Orgue avec autres instruments
Concerto pour orgue et orchestre en ut dièse majeur (écrit 1951. Inédit.)
Chœur
Paraphrase de la Dédicace pour chœur, deux orgues, deux ensembles de cuivres et six timbales (écrit 1963. Sankt Augustin: Dr. Josef Butz Musikverlag/Éditions Chantraine. EC 148)
Hymne (Inédit.)
Musique de chambre
Mélodies (Inédit.)
Quintette avec piano (Inédit.)
Transcriptions des improvisations de Pierre Cochereau
Symphonie No 3, orgue Notre-Dame-de-Paris, Berliner Philarmoniker, dir. Herbert von Karajan CD DG 1982
Pierre Cochereau: L'Œuvre écrite.
Symphonie pour grand orgue; Paraphrase de la Dédicace; Trois Variations sur un thème chromatique; Micro Sonate en trio; Thème et Variations sur "Ma jeunesse a une fin".
François Lombard (Symphonie) et Pierre Pincemaille, Orgue. Chœur régional Provence-Alpes-Côte d'Azur. Orchestre philharmonique de Marseille. Jean-Marc Cochereau, direction. Enregistrée en 1999 à St. Vincent de Roquevaire (Bouches-du-Rhône). Sigean: Solstice, 1999. SOCD 163. 1 CD.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée en 1955 à Notre-Dame de Paris (Liszt, Vierne, Dupré) et en (Symphonie improvisée) à la Symphony Hall, Boston. Sigean: Solstice, 2000. SOCD 177/8. 2 CD.
Cochereau: La Légende.
Symphonie en Improvisation; Treize improvisations sur des versets de Vêpres; Boléro improvisé sur un thème de Charles Racquet pour orgue et percussion.
Pierre Cochereau, Orgue. Michel Cals et Michel Gastaud, percussion (Boléro improvisé). Enregistrée en (Symphonie, Treize improvisations) et en (Boléro improvisé) à Notre-Dame de Paris. Sigean : Solstice, 2007. SOCD 237. 1 CD.
Collection Grandes Orgues Vol. 4: Messiaen/Cochereau.
Olivier Messiaen : Extraits de la "Nativité du Seigneur"; Le banquet céleste; Apparition de l’église éternelle (); Symphonie en improvisation ().
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée à Notre-Dame de Paris. France: Philips, 1995. Philips 446 642-2. 1 CD.
Pierre Cochereau improvise sur des Noëls aux grandes orgues de Notre-Dame de Paris.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée entre 1969 et 1973 à Notre-Dame de Paris. Sigean : Solstice, 1997. SOCD 152. 1 CD.
Pierre Cochereau : 12 Improvisations inédites.
Tournée d'été en 1969 au positif Philippe Hartmann.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée entre le et le . Sigean : Solstice, 2002. SOCD 200/1. 2 CD.
Collection Grandes Orgues Vol. 16 : Cochereau joue Cochereau, Improvisations 1.
Improvisations sur “Alouette, gentille alouette” () ; Suite à la française sur des thèmes populaires ; Boléro sur un thème de Charles Racquet, pour orgue et percussion ()[19].
Pierre Cochereau, Orgue. Michel Cals et Michel Gastaud, Percussion (Boléro). Enregistrée à Notre-Dame de Paris. France: Philips, 1996. Philips 454 655-2. 1 CD.
Collection Grandes Orgues Vol. 17 : Cochereau joue Cochereau, Improvisations 1.
Treize improvisations sur des versets de Vêpres () ; Berceuse à la mémoire de Louis Vierne ; Variations sur « Frère Jacques » ().
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée à Notre-Dame de Paris. France : Philips, 1996. Philips 454 656-2. 1 CD.
Pierre Cochereau : Deux grandes improvisations en concert.
Suite de Danses ; Prélude, Adagio et Choral Varié.
Pierre Cochereau, Orgue. Michel Cals et Michel Gastaud, Percussion (Suite de Danses). Enregistrée entre le (Suite) et le (Prélude, Adagio et Choral Varié) à Notre-Dame de Paris. Sigean: Solstice, 1985. FYCD 118. 1 CD.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée entre 1968 et 1984 à Notre-Dame de Paris et à Chartres Cathédrale (Introduction, Choral et Variations sur un thème donné par P. C., ). Sigean: Solstice, 1992. SOCD 94/6. 3 CD.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée le et le à la Chiesa Parrocchiale à Magadino, Italie. Bologna, Italie : Ermitage, 1996. ERM 176-2. 1 CD.
Pierre Cochereau improvise en concert à Notre-Dame de Paris.
15 Versets sur Ave Maris Stella ; Variations sur un Noël.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée le (Versets) et le (Variations) à Notre-Dame de Paris. Sigea n: Solstice, 1989. FYCD 127. 1 CD.
Improvisations sur des thèmes de Pâques à Notre-Dame de Paris.
Symphonie en 4 mouvements (); Introduction, Choral, Fugue et Variations (); Prélude, Adagio, Fugue et Choral Varié ().
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée à Notre-Dame de Paris. Sigean : Solstice, 2003. SOCD 206. 1 CD.
Pierre Cochereau : L'organiste liturgique.
Quatre Messes improvisées (Entrée, Offertoire, Communion et Sortie).
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée entre et à Notre-Dame de Paris. Sigean : Solstice, 2003. SOCD 226. 1 CD.
Noël à Notre-Dame de Paris.
Pierre Cochereau, Orgue. Maîtrise de Notre-Dame. Jehan Revert, direction. Enregistrée en mars et à Notre-Dame de Paris. Sigean : Solstice, 1994. SOCD 906. 1 CD.
Les offices du dimanche à Notre-Dame de Paris.
Office de Laudes; Grand’Messe; Vêpres.
Pierre Cochereau, Orgue. Maîtrise de Notre-Dame/Chorale de la Cathédrale. Jehan Revert, direction. Enregistrée le et le à Notre-Dame de Paris. Sigean : Solstice, 1988. FYCD 019. 1 CD.
Pierre Cochereau : L'art de l'improvisation.
30 pièces pour servir de présentation à l'orgue de Notre-Dame.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée entre le et le à Notre-Dame de Paris. Sigean: Solstice, 1999. FYCD 059. 1 CD.
Œuvres de Otto Barblan et Henri Gagnebin.
Otto Barblan: Toccata op. 23; Fantaisie op. 16; Chaconne op. 10 sur BACH. Henri Gagnebin : Toccata; Dialogue et Passacaille. Pierre Cochereau en Interview avec Gérard Delatena.
Pierre Cochereau, Orgue. Enregistrée en à Notre-Dame de Paris. Wiesbaden, Allemagne : Motette Ursina. Motette M 10350. 1 LP.
↑Pierre-Paul Lacas, « Cochereau Pierre (1924-1984) », dans Dictionnaire des Musiciens : Les Dictionnaires d'Universalis, (ISBN9782852291409, EAN9782852291409).
↑ France. « Décret du M. Pierre Cochereau est nommé directeur du conservatoire national supérieur de musique de Lyon » [lire en ligne (page consultée le )].
Norbert Düchtel : In memoriam: Pierre Cochereau. Musica sacra 104, no. 3 (1984), p. 142. ISSN 0179-356X
Anthony Hammond: Pierre Cochereau: Organist of Notre Dame. UK 2012, Eastman Studies in Music, (ISBN978-1580464055)
Brigitte de Leersnyder (éd.) : Pierre Cochereau (1924-1984). L'Orgue : Cahiers et mémoires, numéro spécial de la revue trimestrielle L'Orgue 1989. Association des Amis de l'Orgue (ISSN0030-5170).
Michel Robert : Pierre Cochereau et l'improvisation, un compositeur de l'instant, éditions Delatour France, 2024 (ISBN978-2-7521-0473-1).
François Sabatier : Pierre Cochereau, in Guide de la musique d’orgue, édité par Gilles Cantagrel. Paris, Fayard, 1991, p. 274-276.
Martin Welzel : Organist an Notre-Dame de Paris. Eine Erinnerung an Pierre Cochereau (1924–84) – zum 90. Geburtstag und 30. Todestag. Organ – Journal für die Orgel 17, no. 4 (2014), p. 42–45.
Martin Welzel : Pierre Cochereau. Eine Würdigung zum 100. Geburtstag und 40. Todestag. Musica sacra 144, no. 5 (2024), p. 296–297.