Le chant grégorien est le chantliturgique officiel et ordinaire de l'Église catholique. Issu du chant vieux-romain et du chant gallican, il reste pratiqué de nos jours dans un certain nombre d'églises paroissiales, de monastères ainsi que par des musiciens professionnels.
C’est un chantsacré anonyme. Il est destiné à soutenir le texte liturgique en latin. Sa composition variait afin d'adapter aux niveaux de connaissance musicale du soliste, de la schola cantorum, des célébrants et des fidèles.
Il doit se chanter a cappella et à l'unisson, sans accompagnement harmonisé, car, surtout selon l'étude de Franz Liszt[o 1], toute harmonisation modifie la structure de cette musique[w 1].
C'est une musique déployée d'après le rythme verbal, qui prend son origine dans le texte sacré latin, et qui favorise l'intériorisation et la conscience des paroles chantées. D'où, la traduction reste impossible[w 1]. Ses formes musicales sont très variées et en prose[w 2], par opposition à la cadence régulière de la musique issue de la Renaissance. Tout comme ceux que le pape Pie X qualifia[1], le texte est premier. La musique, secondaire, l'orne, l'interprète et en facilite l'assimilation[w 1].
Il s'agit d'une synthèse des anciennes traditions européennes, par exemple, les poésies très fleuries en vieux-latin ainsi que les chants romano-franc, synagogal, byzantin. Il est également le fondateur de toute la musique occidentale, tant religieuse que profane[2].
Ce chant est généralement considéré, depuis le cérémonial de Clément VIII publié en 1600, comme « chant liturgique par excellence de l'Église »[b 1], parfois en raison de son origine attribuée à saint Grégoire. Il s'agit du premier sommet de la musique occidentale, composé sous l'influence de la Renaissance carolingienne. En 1895 à Venise, le cardinal Giuseppe Sarto, futur pape Pie X, affirma à ses disciplines sur ce sujet : « la musique sacrée, par son étroite union avec la liturgie et avec le texte liturgique, doit posséder au plus haut degré ces vertus : sainteté, vérité de l'art et universalité. Appuyée sur ces règles solides, l'Église a créé la double forme de son chant : la grégorienne, qui a duré environ un millénaire, et la classique polyphonie romaine, dont Palestrina fut l'initiateur au XVIe siècle[t 1].»
Cent ans plus tard, la thèse du cardinal Sarto fut scientifiquement confirmée, à la suite d'études approfondies[ii 1]. Il faut remarquer que cette qualité était issue d'une autre invention de la Renaissance carolingienne, la notation à la base des textes, laquelle assurait sa transmission avec précision.
Alors que depuis le XIVe siècle l'écriture de la musique occidentale utilise une notation discontinue, plaçant les notes importantes au début des groupes, les notations anciennes usent de graphismes continus dont la première note, moins importante, commence l'élan vers le sommet, avec une bonne continuité[e 1].
Selon les études sémiologiques, les mélodies les plus correctes du chant grégorien se trouvent dans les notations du Xe siècle. Toutefois, ces dernières manquent de précision de la hauteur. Car les premiers notateurs carolingiens auraient pour but de raffiner l'expression, en profitant de la variété des graphies neumatiques[k 1].
Alors que la musique savanteoccidentale a évolué progressivement, de la Renaissance au XVIIe siècle, vers le système tonal permettant des modulations, mais qui n'utilise que deux modes(majeur et mineur[w 3]), le plain-chant grégorien, antérieur à cette évolution, s'est maintenu dans la modalité grégorienne riche de quatre modes qui avec leurs déclinaisons aboutissent théoriquement à un total de huit modes. Mais en dépit de l'échelle diatonique, le chant fut tellement développé que les modes grégoriens sont en réalité « en nombre indéfini »[w 4]. Il en résulte que les huit modes traditionnels (octoéchos) sont trop simples pour classifier ces compositions variées. Or, les octoéchos avaient pour but d'éviter une classification trop compliquée, à la base du critère facile avec la note finale. Il s'agit des intervalles concernant les deux au-dessus ainsi que celui immédiatement au-dessous[w 5]. Chant composé sans notation, l'intervalle demeure la clef principale pour apprendre le système des modes[4] :
Finalement, Dom Jean Claire retrouva le mode archaïque[ds 1] qui ne compte que trois cordes-mères[6] et qui manque de demi-ton, à savoir l'anhémitonique[s 1] :
Ainsi, un chant grégorien de la communion In splendoribus[t 4] (VIIIe siècle) ne se compose que des cinq degrés : ré 3½ fa sol la 3½ do. De plus, ce moine y trouva encore la cellule-mère[ds 1] qui se caractérise des intervalles reliant les degrés voisins[ii 2] :
sol 2½ la 3½ DO
la 3½ do 2½ RÉ
do 2½ ré 2½ MI
Ces modes archaïques se retrouvent plus souvent dans les cantillations anciennes, à savoir la lecture chantée des paroles de Dieu, et plus connues comme psalmodie. En général, l'échelle du mode était très limitée tandis qu'un seul de ces degrés assurait l'unité architecturale. Tous les autres jouaient le rôle d'ornements. Dans les manuscrits les plus anciens, la corde principale et celle de la finale étaient identiques. Cette caractéristique ancienne se conserve toujours, dans les chants évolués, en tant que teneur[s 3].
Le découvert des cordes-mères contribua, par exemple, à analyser la composition de l'hymneTe Deum.
« Le Te Deum est une longue hymne de louange, en prose, traditionnellement située vers la fin de la liturgie nocturne. Mais son usage s'est étendu aux occasions solennelles d'action de grâce.
Son origine a été longuement discutée depuis un siècle. Une légende avait longtemps affirmé que le Te Deum avait été composé par saint Ambroise et saint Augustin, le jour du baptême de ce dernier (à Milan en 386). En réalité, l'analyse du texte et de la musique montre qu'il s'agit d'une œuvre composite, élaborée de façon progressive, par additions successives. Les spécialistes attribuent aujourd'hui la rédaction finale de cette hymne à Nicétas, évêque de Rémésiana (Roumanie méditerranéenne actuelle), à la fin du IVe ou au début du Ve siècle.
La première partie (jusqu'à Paraclitum Spiritum) est très semblable à une anaphore eucharistique : c'est une louange trinitaire adressée au Père. Elle contient d'ailleurs le triple Sanctus. La mélodie est visiblement construite sur la corde la (= corde-mère RÉ), avec une légère montée de la teneur à si, des accents à do, et des ponctuations à sol. On est tout proche d'une modalité archaïque.
La deuxième partie (de Tu rex gloriæ à sanguine redemisti) est une louange au Christ rédempteur. Le changement littéraire s'accompagne d'une modification musicale. La corde reste la, simplement accentuée au degré supérieur (si), avec des ponctuations à la quarte grave mi. Le verset Æterna fac... servait de conclusion.
La troisième partie (Salvum fac (sic, Æterna fac cum sanctis)... jusqu'à la fin) marque un nouveau changement littéraire et musical. C'est une suite de supplications, composée pour l'essentiel de versets de psaumes. La mélodie utilise principalement la corde-mère MI, reconnaissable à la cellule-mère do-ré-MI et aux développements récitatifs sur sol ; elle revient par moments à la mélodie de la deuxième partie. C'est la section la moins homogène de l'œuvre, probablement la dernière entrée dans la composition. »
Au contraire des modes, il n'existe aucune continuité du rythme entre le chant grégorien et la musique moderne, à l'exception de l'hymne issue du chant ambrosien.
Dans la notation de la musique contemporaine, la valeur de note est si rigoureuse, comme 1, ½, ¼, ⅛ ou bien ⅓, que le système de notation adapte à la polyphonie. Au regard du chant grégorien, il n'y a aucune symétrie stricte[w 6]. Certes, on distingue les neumes légers et rapides des neumes longs et importants. Mais, il est difficile de fixer exactement la durée de chaque neume. Ce sont le texte latin ainsi que son accentuation qui déterminent la valeur de note. On parle donc de rythme verbal[w 7]. Or, s'il faut suivre rigoureusement les neumes anciens, il reste encore assez de marge d'interprétation sur la durée et les nuances[w 8].
D'ailleurs, Dom Eugène Cardine remarquait que ce rythme verbal avait besoin de groupement libre des neumes, sans mesure[v 2].
Possédant le même caractère que la séquence, l'hymne reste une véritable exception du chant grégorien. Celle-ci, telle les Veni Creator Spiritus et Pange lingua, adopte en effet le texte non biblique mais aussi mesuré et la mélodie mesurée. Il s'agit d'une contradiction du rythme verbal. Dans le vieux fonds[h 1], répertoire le plus ancien, il y a une trace que les compositeurs carolingiens tentèrent d'établir le répertoire d'hymne en prose et non mesurée. Toutefois, cette manière fut abandonnée[w 9].
Dans son Dictionnaire de liturgie, Dom Robert Le Gall souligne que, pour une interprétation authentique, il faut d'abord une bonne compréhension du latin et de son accentuation, ensuite celle de la fonction rythmique et mélodique des neumes et enfin celle de la modalité. Luigi Agustoni et Johannes Berschmans Göschl aboutissent à la même conclusion : la connaissance du texte latin est obligatoire pour tous les membres de schola tandis que la compétence des neumes n'est pas nécessairement indispensable, à l'exception des chefs de chœur et des solistes[ii 3]. En résumé, le chant grégorien est un chant liturgique particulier. Johannes Overath[8] l'exprima en quelques mots : « On ne chante pas dans la liturgie, on chante la liturgie[9] ».
Décret signé par saint Grégoire à la suite d'un Concile tenu en 595
(Auparavant, les diacres de Rome étaient chargés de donner en solo le chant très orné du psaume responsorial, après la première lecture.)
Depuis quelque temps, dans notre sainte Église de Rome à la tête de laquelle il a plu à la divine Providence de me placer, une habitude tout à fait condamnable a été prise qui consiste à choisir des chantres pour le service de l'autel. Mais ces chantres, promus diacres, n'accomplissent de service qu'en chantant, tandis que, dans le même temps, ils laissent à l'abandon le ministère de la Parole et la charge de la distribution des aumônes. Il en résulte, la plupart du temps, que, pour promouvoir aux ordres sacrés on recherchait les jolies voix, et on négligeait de rechercher des personnes menant une vie convenable à cet état. Le chantre, devenu diacre, charmait certes les fidèles par sa voix, mais irritait Dieu par sa conduite. C'est pourquoi j'ordonne par le présent décret que, dans l'Église romaine, il soit interdit aux ministres d'autel sacré de chanter, mais qu'ils se contentent de lire l'Évangile à la messe. J'ordonne que le chant des psaumes et la proclamation d'autres lectures soient accomplis par les sous-diacres à moins que l'on ne soit forcé de recourir à des clercs appartenant aux ordres mineurs. Que ce qui voudraient s'opposer à cette décision soient anathèmes (traduction par Dom Daniel Saulnier)[h 2].
Le nom de chant grégorien est issu d'une histoire légendaire rattachée au pape Grégoire le Grand († 604). Cette attribution donnait une grande autorité à ce chant.
Selon la légende, saint Grégoire était compositeur de ce chant et fondateur de la schola grégorienne.
En fait, les études récentes indiquent qu'au IVe siècle environ à Rome, la schola remplaça les solistes, et qu'elle pratiquait le chant papal, vieux-romain[e 2]. De plus, d'après d'un décret de ce pape (voir ci-dessus), il existait le chant de soliste, élaboré durant six cents ans.
Il est assez probable que cette légende naquit d'après la politique de Charlemagne, inspirée par la lettre d'Adrien Ier. Car vers 800, un poème Gregorius præsul (Évêque Grégoire) apparut dans un certain nombre de manuscrits, jamais à Rome, mais dans l'empire carolingien : « L'évêque [de Rome] Grégoire digne par le nom comme par les mérites s'éleva à l'honneur suprême. Il rénova les monuments des anciens pères et composa [le texte de] ce petit livre d'art musical en faveur de la schola des chantres pour l'année liturgique[h 3]. » Si l'auteur demeure anonyme, l'objectif était évident : revendiquer que ce livre est celui de la messe authentique de Rome, texte composé par bienheureux Grégoire le Grand[h 3].
En effet, faute de notation, la connaissance reste très limitée. Avec son hypothèse, l'Institut de recherche et d'histoire des textes propose, depuis 2018, plusieurs origines plus anciennes[10]. Ainsi, à la fin du VIIIe siècle, déjà existait le prototype des huit catégories du chant (octoéchos), qui était bien structuré et jamais trouvé dans ni le chant vieux-romain ni le chant gallican[ds 2].
L'invention de Guido d'Arezzo de la notation en quatre lignes[w 11], vers 1030, contribua à ce phénomène, car le chant oralement conservé devint définitivement musique écrite et facilement transmissible[e 3].
Enfin, au XIIe siècle, le chant grégorien était omniprésent dans toute l'Europe. Le dernier qui résistait n'était autre que le chant vieux-romain, chant papal. Finalement, c'était Innocent III qui décida, au début du XIIIe siècle, l'adoption du chant grégorien[h 4]. Le chant grégorien se caractérise, malgré cette immense expansion, de son immense uniformité parmi les manuscrit, jusqu'au XVIIe siècle. Ainsi, Dom André Mocquereau s'aperçut qu'il n'y a pas de différence entre un manuscrit d'Ivrée du XIe siècle et celui du XVIIe siècle dans la même région[e 4].
Par ailleurs, l'invention d'Arezzo, indication précise de la hauteur dans la notation, permettait que l'on lance la création de la polyphonie[11],[12]. À la suite de la parution de l'Ars Nova, le pape français Jean XXII dut dénoncer sa décrétale Docta Sanctorum Patrum, afin de défendre le chant grégorien en 1324[13].
D'abord, ceux qui avaient retrouvé douze modes grecs insistèrent que le chant grégorien qui ne compte que huit tons soit vieilli et démodé[b 2]. Or en 1610, dans l'optique de défendre le chant grégorien, Pierre Maillart établit théoriquement l'autonomie de l'octoéchos, avec son livre Les tons ou discours sur les modes de musique[h 5]. Malgré cela, il restait encore un problème. Il restait la tendance à utiliser les termes grecs, tel le Dorien[14].
Ensuite, il s'agissait des genres ou intervalles des tons. Les néo-grecs de la Renaissance comptaient trois types de genres, diatonique, chromatique et enharmonique, alors que les huit modes de l'Église ne comportent qu'un seul intervalle de demi-ton. Car en raison de sa composition selon l'ambitus en octave, le chant grégorien n'avait besoin que d'un seul demi-ton[h 6]. De plus, de nombreux chants grégoriens ont tendance à éviter le demi-ton, à l'exception de l'ornement[h 7]. Donc, en dépit de sa beauté, le chant grégorien n'employait que, pour sa composition, le genre diatonique[15]. Or, à cette époque-là, la polyphonie, par exemple celle de Roland de Lassus et surtout celle de Carlo Gesualdo, profitait de l'échelle chromatique, déjà très développée[b 2].
La troisième contestation était celle du rythme. Inspirée par la musique de la Grèce antique, la musique mesurée à l'antique était en train d'apparaître en France[b 3]. D'ailleurs, l'invention de l'imprimerie contribua à améliorer la connaissance des textes classiques. Par conséquent, ceux qui apprenaient que le latin classique était une langue quantitative trouvèrent une incohérence entre la mélodie grégorienne selon le latin accentué et la quantité syllabique des textes. Dès la fin du XVIe siècle, le chant grégorien était violemment attaqué avec cette règle de la « quantité »[b 3].
Cette version, très peu musicale, fut également publiée en France, au titre de l'Édition de Digne, tout d'abord à Toul en 1624, puis à Paris en 1671, à Lyon en 1691, à Grenoble en 1735, enfin à Avignon en 1788[17]. Le remaniement était soumis par de mauvaises doctrines des humanistes. D'après la quantité syllabique, furent déplacées des syllabes brèves chantées sur des notes longues ainsi que des syllabes longues chantées sur des notes brèves. De sorte que furent perdues la pureté et la beauté de l'ancienne version, notamment la splendeur des lignes mélodiques[b 4].
Pourtant, selon les vœux du concile, le pape Clément VIII fit publier en 1600 la première édition du cérémonial, dit cérémonial de Clément VIII, dans lequel l'Église confirma solennellement que le chant grégorien est le chant liturgique par excellence[b 1].
Situation en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, entre décadence et restauration
Restauration du chant grégorien vers la version authentique I. (XIXe siècle)
À la suite de la Révolution, le déclin de la liturgie était si avancé que la tradition du chant grégorien fut rapidement oubliée. En effet, c'était le chant liturgique en latin qui subit sévèrement sa disparition, quoique les offices aient officiellement été rétablis à partir de Pâques en 1802, le 18 avril[b 5].
En 1847, Félix Danjou découvrit une notation vraiment importante du XIe siècle. Il s'agissait d'une double notation alphabétique et neumatique, donc pierre de Rosette musicale. Dorénavant, les neumes anciens ne sont plus indéchiffrables. C'est pourquoi Louis Lambillotte publia en 1851 ses fac-similés du cantatorium de Saint-Gall. Cette découverte donna naissance à l’Édition rémo-cambraisienne sorti en 1851, duquel la rédaction avait été effectuée par la commission ecclésiastique de Reims et de Cambrai[w 13].
En 1876, Michael Hermesdorff[19] publia sa deuxième version de graduel, pour la première fois en duplex[w 13].
Dom Pothier fixa de principales règles d'exécution en 1880 dans son œuvre Mélodies grégoriennes. Il était également, jusqu'à sa disparition, le collaborateur de la Revue du chant grégorien, fondée en 1892 à Grenoble. L'année 1882 était marquée par le Congrès européen d'Arezzo duquel Dom Pothier réussit à convaincre les participants. Néanmoins, Rome ne modifia point son soutien en faveur de l'édition de Ratisbonne, faussement attribuée à saint Grégoire et à Palestrina. Malgré cela, l'abbé Charles Couturier créa une schola grégorienne en 1882 et fit publier le Liber gradualis en 1883, et Dom André Mocquereau fut nommé direction de la schola[pc 3].
Ce successeur, ancien violoncelliste[t 6], développa sa propre théorie de rythmique grégorienne. À la suite de la création de la Paléographie musicale, consacrée à la phototypie de principaux manuscrits, notamment en analysant 219 manuscrits du répons-graduelJustus ut palma entre les IXe et XVIIe siècles [32], il battit scientifiquement Ratisbonne. S'il restait encore de nombreux opposants, le Vatican commença à réfléchir. De fait, en octobre 1891, le pape Léon XIII ordonna à la Congrégation des rites de revoir le règlement du 14 septembre 1884, attribué à l'édition de Ratisbonne[pc 4].
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la restauration du chant grégorien commençait aussi à enchanter quelques compositeurs contemporains. Le 5 juin 1878, Franz Liszt écrivit à son ancienne fiancée Carolyne de Sayn-Wittgenstein : « À mon humble avis, les meilleurs et les plus solides résultats obtenus jusqu'à présent sont ceux du plain-chant grégorien à l'abbaye bénédictine à Solesmes[o 2]. »
Restauration du chant grégorien vers la version authentique II. (XXe siècle)
En 1901, le privilège de l'édition de Ratisbonne expira[20]. Après quoi Léon XIII expédia le 17 mai le bref Nos quidem à l'abbé Paul Delatte de Solesmes, afin de féliciter leurs travaux[21]. Ensuite de quoi il fit étudier un premier projet d'une commission internationale, proposée par le congrès d'Arrezzo en 1882[w 14].
Enfin, il promulgua, le 25 avril, un motu proprio en faveur d'une édition officielle du chant réservée à l'Église universelle, Édition Vaticane[h 8]. Pour cet objectif, une commission pontificale présidée par Dom Pothier fut fondée à Rome[h 8].
En faveur de la qualité de célébration en grégorien, l'Église a besoin des maîtres de chapelle ainsi que des chefs de chœur. C'est la raison pour laquelle le pape Pie X fonda en 1910 l'École supérieure de chant grégorien et de musique sacrée. En 1931, celle-ci devint Institut pontifical de musique sacrée équivalant d'autres universités pontificales, en raison de sa fonction importante.
Toujours à Rome, des religieux français sortirent en 1911 la Revue grégorienne destinée aux exécutants et aux spécialistes. Si celle-ci et la Revue du chant grégorien durent cesser leur publication pendant les deux guerres mondiales, Dom Joseph Gajard rétablit celle de la Revue grégorienne en 1946, grâce à une collaboration avec l'Institut grégorien de Paris. Cet institut, enfin attaché à l'Institut catholique en 1968, avait été créé en 1923 tandis qu'au Mans, la Schola Saint-Grégoire était née en 1938 à l'initiative de Dom Gajard.
L'idée de l'édition critique de ce chant était assez ancienne. En 1882 lors du Congrès européen d'Arezzo, les participants discutaient sur l'Édition critique et scientifique de livres de plain-chant[22].
Dans les années 1940, Dominique Delalande, prêtre de l'ordre des Prêcheurs, souhaitait remanier leur graduel dominicain édité en 1254, d'après les matériaux plus anciens. Avec cette intention, il fréquenta l'atelier de la Paléographie musicale de l'abbaye de Solesmes entre 1942 et 1945. Malheureusement à cause de la guerre, cette dernière qui ne comptait que deux moines ne pouvait pas l'assister effectivement dans son projet. Mais le père Delalande put sortir en 1949 son œuvre aux Éditions du Cerf, Le Graduel des Prêcheurs : vers la version authentique du Graduel grégorien : recherches sur les sources et la valeur de son texte musical[o 3].
Puis en 1948, Higinio Anglés visita l'abbaye de Solesmes en faveur d'une édition critique du graduel romain[o 4]. Sans délai, une équipe de cinq moines y fut formée. Cette dernière, si dynamique, acheva, dans la deuxième moitié du XXe siècle, de nombreuses découvertes grâce auxquelles le chant grégorien rétablit sa propre nature[k 2].
Depuis le XIXe siècle, l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes développait traditionnellement ses théories rythmiques sous la direction de Dom André Mocquereau. Or, Dom Eugène Cardine s'aperçut que, dans les neumes les plus anciennes, il existe une immense diversité, ayant pour but de préciser les finesses d'expression. Aussi la Paléographie musicale était-elle dorénavant consacrée aux neumes, qui fonctionnaient en tant qu'« enregistrement écrit. »[t 7].
Dans les années 1950, cette nouvelle science intermédiaire entre la paléographie et l'esthétique avait besoin de son propre nom, car le terme provisoire « diplomatique grégorienne » ne représentait pas de caractéristique scientifique. Finalement, la dénomination sémiologie fut adoptée en 1954[t 8].
Période postconciliaire
Certes, le IIe concile du Vatican admettait la priorité du chant grégorien pour la célébration chantée en latin. Néanmoins, à la suite de l'usage des langues nationales, ce chant fut normalement éliminé de la pratique liturgique paroissiale, sauf auprès d'un certain nombre d'églises autorisées[c 2].
Le pape Paul VI lui-même qui connaissait l'usage de la langue courante :
« Ce n'est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe. Pour quiconque connaît la beauté, la puissance du latin, son aptitude à exprimer les choses sacrées, ce sera certainement un grand sacrifice de le voir remplacé par la langue courante. Nous perdons la langue des siècles chrétiens, nous devenons comme des intrus et des profanes dans le domaine littéraire de l'expression sacrée. Nous perdons ainsi en grande partie cette admirable et incomparable richesse artistique et spirituelle qu'est le chant grégorien. Nous avons, certes, raison d'en éprouver des regrets et presque du désarroi ; par quoi allons-nous remplacer cette langue angélique ? C'est un sacrifice d'un prix inestimable. Pour quelle raison le faisons-nous ? Qu'est-ce qui vaut davantage que ces très hautes valeurs de notre Église ?[c 3] »
— Extrait d'un discours du pape Paul VI présentant le nouveau rite de la messe, le 26 novembre 1969[23]
Il fallait s'adapter à cette situation. Le Saint-Siège dut interrompre le projet de l'édition critique du graduel depuis 1948[o 5].
Au contraire, les politiciens et les gouvernements commencèrent à soutenir ce patrimoine culturel, en profitant du fruit de la sémiologie. Ainsi, en tant que ministre, Jacques Duhamel fit tenir plusieurs centres pour la formation, ouverts en 1975[k 3]. Peu avant, des moines de Solesmes avaient assisté à la messe des obsèques de Georges Pompidou en avril 1974, selon la volonté de ce président[k 3]. Notamment, du 5 décembre 1980 au 15 janvier 1981 le ministère de la culture organisa une exposition Le Chant grégorien, Une tradition millénaire à la Chapelle de la Sorbonne[24].
De nos jours, encore réévaluation et restauration
L'année 2003 était le centenaire du motu proprio de Pie X. Le 22 novembre, même jour et fête de la patronne de la musique sainte Cécile, Jean-Paul II publia son chirographe dans lequel il soulignait que « Le chant grégorien continue donc d'être aujourd'hui encore un élément d'unité de la liturgie romaine. », en confirmant sa priorité dans les célébrations chantées en latin, attribuée par le concile[25]. Symboliquement, la messe des obsèques de ce pape fut célébrée, le 8 avril 2005, accompagnée du chant grégorien du chœur de la chapelle Sixtine ainsi que de celui du collège Mater ecclesiæ[26].
« L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine. C’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales par ailleurs, doit occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique »
« Le trésor de la musique sacrée sera conservé et cultivé avec la plus grande sollicitude. Les scholae cantorum seront assidûment développées, surtout auprès des églises cathédrales. Cependant les évêques et les autres pasteurs veilleront avec zèle à ce que, dans n’importe quelle action sacrée qui doit s’accomplir avec chant, toute l’assemblée des fidèles puisse assurer la participation active qui lui revient en propre. »
— Sacrosanctum Concilium, §114
En réalité, l'usage de quelques chants liturgiques en latin est toujours recommandé depuis le Vatican II, surtout en faveur de la célébration internationale[32],[33].
En ce qui concerne les paroisses, certaines parties de l’ordinaire de la messe (Kyrie, Gloria, Credo, Pater noster, Sanctus, Agnus Dei) sont parfois chantées en grégorien, mélangées aux chants liturgiques en langue vernaculaire. Cet emploi, recommandé par Paul VI[33], est prescrit par la constitution Sacrosanctum concilium sur la liturgie[34]. Le cardinal Robert Sarah considère cette façon comme enrichissement mutuel parmi plusieurs rites[35].
Depuis le Moyen Âge, l'enseignement est toujours la principale manière de la transmission du chant grégorien. En raison des caractéristiques particulièrement esthétique et théologique, sa fonction demeure encore indispensable. Par ailleurs, l'enseignement du chant grégorien en dehors des monastères eut lieu au XIXe siècle. Dès le soutien du pape saint Pie X, la priorité est donnée à la formation de maîtres de chapelle ou de chefs de chœur.
L'ensemble Consortium Vocale de la cathédrale d'Oslo (luthérien) exécutent de nos jours le chant grégorien en latin[36].
Dans le cadre de festivals et de concerts
À côte de l'usage liturgique stricto sensu, de nombreux ensembles vocaux, tant en Europe que dans d'autres continents, présentent de nos jours le chant grégorien également sous forme de concerts, d'interventions au cours de festivals d'art sacré, de veillées de prière, de concerts-lecteurs et conférences.
En Europe, on soutient régulièrement des festivals exclusivement consacrés au chant grégorien :
Le chant grégorien se distingue par sa caractéristique rituelle. C'est pourquoi, dans les années 1980, Maurice Fleuret, créateur de la fête de la musique, défendait vivement son usage liturgique[k 3].
Harmonisation et accompagnement du chant grégorien
Le chant grégorien fut initialement composé à l'unisson ou en solo, étant donné qu'aucune notation accompagnée n'existe dans les manuscrits anciens. De plus, ce chant possède une forte caractéristique monodique. C'est la raison pour laquelle Franz Liszt renonça, dans les années 1860, à l'harmoniser, après avoir profondément étudié ce sujet[o 1].
Chant grégorien contemporain
Un ensemble vocal de chant grégorien s'appelle généralement une schola grégorienne, issue de la Schola cantorum (au pluriel scholæ), qui était, à l'origine, le chœur de chantres. Parfois chorale universitaire, cette schola a tendance à étudier les manuscrits avec la sémiologie ou la théologie[39]. L'usage du graduale triplex ou du graduale duplex, qui emploient les neumes, devint, chez eux, habituel. La création des chœurs est si dynamique que l'on en trouve actuellement dans toute l'Europe, même dans les pays où s'est éteinte la tradition de la liturgique catholique romaine. Une autre tendance est l'évolution des chœurs de femmes, qui n'était pas étrange au début du Moyen Âge[40].
↑p. 483 et 491 ; d'ailleurs, le Sacre de Napoléon et de Joséphine fut tenu le 2 décembre 1804. En dépit de la présence du pape Pie VII, la célébration en latin manquait de chant grégorien mais avec des œuvres pour orchestre et chœur de Nicolas Roze et de Giovanni Paisiello (p. 496-497).
Abbaye Notre-Dame de Fontgombault, L'actualité du chant grégorien, pour la conférence tenue à la cathédrale de Luçon (Vendée), le 30 septembre 2012, à l'occasion d'une journée grégorienne, prononcée par un moine de l'abbaye
Daniel Saulnier, Session de chant grégorien II, La mélodie : une approche de la modalité, l'Antiphonaire monastique, Session inter-monastique tenue à l'abbaye Notre-Dame du Bec, les 3 - 9 septembre 2004 [lire en ligne]
Daniel Saulnier, Session de chant grégorien III, Sémiologie : le torculus, l'Antiphonaire monastique, Session inter-monastique tenue à l'abbaye Notre-Dame de Maylis, les 5 - 9 septembre 2005 [lire en ligne]
↑p. 31 - 37 ; grâce aux litanies et aux prières dédiées à Charlemagne, ce manuscrit est exactement daté avant le couronnement de ce souverain à Rome en 800.
↑p. 22-23 même document ; selon Susan Rankin, professeur de la musique médiévale de l'université de Cambridge, les meilleures études de Solesmes sont celles de Dom Jean Claire sur la « modalité archaïque » ainsi que celles de Dom Eugène Cardine sur la « sémiologie musicale », grâce au « dynamisme propice aux recherches historiques, développées à l'abbaye après la seconde guerre mondiale. »
Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, Études grégoriennes (Actes du colloque de Royaumont : Manuscrits notés en neumes en Occident (29 - 31 octobre 2010), tome XXXIX, Solesmes 2012, (ISBN978-2-85274-207-9) 315 p.
↑p. 244-245 ; Nicolas Dufetel, L'atelier grégorien de Franz Liszt ; le musicien catholique composa enfin plusieurs œuvres utilisant le chant grégorien, tel l'oratorio Christus, tandis que, dans sa bibliothèque, se trouvaient beaucoup de correspondances de tous les personnages favorisant la restauration du chant grégorien : Prosper Guéranger, Félix Danjou, Louis Lambillotte, Louis Niedermeyer, Félix Clément, Edmond de Coussemaker.
Luigi Agustoni et Johannes Berchmans Göschl, Introduction à l'interprétation du chant grégorien, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2001 (ISBN978-2-85274-203-1) 288 .p
↑p. 7 : « D'un point de vue historique et scientifique — aujourd'hui bien documenté — on peut toutefois entendre par « chant grégorien », au sens strict, le résultat global d'un sommet dans la création du chant liturgique, fixé vers la fin du premier millénaire. Les documents liturgiques et musicaux des IXe – Xe siècles révèlent un tempérament spirituel et une culture musicale qui parviennent à conjuguer une haute pertinence de célébration et un extraordinaire raffinement esthétique.
Eugène Cardine, Première année de chant grégorien, cours aux étudiants de l'Institut pontifical de musique sacrée de Rome, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, , 86 p. (ISBN978-2-85274-183-6)
↑p. 22 : « Lorsque la syllabe ne porte qu'une note — un punctum — ce punctum est un neume ; lorsqu'elle porte deux — podatus ou clivis — ce podatus ou cette clivis sont un neume ; lorsque, bien souvent, elle en porte quatre, cinq, dix, vingt ou davantage, l'ensemble de ces notes ne forme encore qu'un seule neume dont le rythme est précisé par la façon dont les notes sont groupées ou séparées. [...] On peut donc, désormais, affirmer que le neume est essentiellement rythmique. »
Eugène Cardine, Vue d'ensemble sur le chant grégorien, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, , 31 p. (ISBN978-2-85274-236-9) (extrait des Études grégoriennes, tome XVI, 1977)
Pierre Combe, Histoire de la restauration du chant grégorien d'après des documents inédits, Solesmes et l'Édition Vaticane, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, , 488 p.
Luigi Agustoni et Johannes Berchmans Göschel, Introduction à l'interprétation du chant grégorien : principes fondamentaux, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2001, (ISBN978-2-85274-203-1) 288 p[41].
Jacques Viret, Le chant grégorien et la tradition grégorienne, 2e édition, L'Âge d'Homme, Lausanne 2001 (ISBN978-2-8251-3238-8) 528 p.
Eugène Cardine, Vue d'ensemble sur le chant Grégorien, La Froidfontaine et Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2002 (ISBN2-85274-236-5) 31 p.
Daniel Saulnier, Le chant grégorien, 2e édition, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2003 (ISBN2-85274-243-8) 128 p.
Hervé Courau, Chant grégorien et participation active, Pierre Téqui, Paris 2004 (ISBN978-2-7403-1136-3) 48 p.
Jacques Viret, Chant grégorien, collection B.A.-BA, Pardès, 2004 (2e édition: 2012), (ISBN978-2-86714-336-6) 128 p.
Maurice Tillie (éd.), Le chant grégorien redécouvert : Précis de chant grégorien, Théorie et pratique, 2e édition, Éditions C.L.D., Chambray-lès-Tours 2004 (ISBN978-2-85443-454-5) 367 p.
Enrique Merello-Guilleminot, Introduction à la théorie et à l'exécution du chant grégorien, Pierre Téqui, Paris 2007 (ISBN978-2-7403-1329-9) 102 p.
Alicia Scarcez, L'antiphonaire 12 A-B de Westmalle dans l'histoire du chant cistercien au XIIe siècle. Introduction historique, analyse, facsimilés, tableaux et index avec CD-ROM, Brepols, Turnhout, 2011 (ISBN978-2-503-53670-5) 868 p.
Traditions Monastiques, Laus in Ecclesia, apprendre le chant grégorien, manuel officiel de la Schola Saint-Grégoire, Le Mans 2011 (ISBN978-2-87810-091-4) 352 p. avec CD
Les Amis du Chœur grégorien de Paris, Rencontres grégoriennes, Chant grégorien, acte liturgique : du cloître à la cité, Paris, avril 2011, Les Amis du Chœur grégorien de Paris, Paris 2011 (ISBN978-2-909799-02-5) 217 p.
Jacques Viret, Le chant grégorien, version enrichie, Eyrolle, Paris 2012 (ISBN978-2-212-86883-8) 208 p.
Jean Parisot, Accompagnement modal du chant grégorien (édition 1914), Hachette Livre BNF, Paris 2018 (ISBN978-2-01-995715-5) 176 p.
Jean-François Goudesenne, Émergences du Chant Grégorien : Les strates de la branche Neustro-insulaire (687-930), Série Musicalia Antiquitatis & Medii Aevi 1, 2 tomes, Brepols, Turnhout, 2018 (ISBN978-2-503-57978-8) 530 p.[42]
Jacques Guilmard, L'origine du chant grégorien, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, Solesmes 2020 (ISBN978-2-85274-326-7) 344 p.
1930 : Solesmes 1930, Chœur bénédictin de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes sous la direction de Dom Joseph Gajard, Abbaye Saint-Pierre EAN13:826596024134[45]
↑Ainsi, l'origine de la première chanson populaire française Le Roy Renaud était l'hymne Ave Maris Stella ; Louis-Jean Calvet, p. 32, 2013 [1] et Paul-Augustin Deproost [2].
↑Dans l'optique d'adapter aux niveaux de connaissance musicale, parmi les solistes, schola, célébrants et fidèles.
↑Dom Daniel Saulnier, Les modes grégoriens (1997), p. 21 et 45
Sœur Marie-Emmanuel Pierre, Cantabo Domino (2005), p. 245 et 246
↑Revue de la musique religieuse, populaire et classique, tome IV, p. 44, 1848 [3]
↑Pierre Guillot et Louis Jambou, Histoire, humanisme et hymnologie : mélanges offerts au professeur Edith Weber, , 410 p. (ISBN978-2-84050-065-0, lire en ligne), p. 357.
↑Daniel Saulnier, Chant grégorien, p. 103 - 107, 2003
↑Officiellement, c'était un décret déclaré par la Sacrée congrégation des rites le 8 janvier 1904 qui révoqua les privilèges des éditions de Ratisbonne (Gregorio Maria Sunol, Introduction à la paléographie musicale grégorienne, p. 420, Desclée 1935).
↑Le Mouvement Theologique Dans le Monda Contemporain, 260 p. (lire en ligne), p. 23.
↑Charles-Émille Ruelle,Le congrès européen d'Arezzo, p. 12, 1884 [10]
↑« Les fouilles ont montré l'existence dans des basiliques du Ve et même du IVe siècle, d'un emplacement pour la schola, et parfois même de deux, l'un pour la schola des virgines, l'autre pour celle des clercs. » (Jean Claire, Saint Ambroise et la psalmodie, Études grégoriennes, tome XXXIV, 2006-2007, p. 17
Pada tahun 1879, Wundt mendirikan laboratorium psikologi pertama di dunia di Universitas Leipzig, Jerman.[1] Psikologi sebagai ilmu yang bisa diteliti secara ilmiah dan berdiri secara madiri sebagai satu bidang kajian, mulai diakui sejak berdirinya laboratorium psikologi pertama pada tahun 1879 di University of Leipzig, Jerman. Laboratorium terbentuk atas inisiator Wilhem Wundt yang merupakan seorang Dokter dari Jerman yang memiliki ketertarikan terhadap riset psikofisik mengenai pros...
Jacob Kuyper (ca. 1883) Jacob Kuyper (Rotterdam, 21 september 1821 – Den Haag, 3 februari 1908, ook geschreven als Jacob Kuijper[1]) was aardrijkskundige en cartograaf. Hij was vanaf 1846 controleur, hoofdcontroleur en ontvanger der belastingen in verschillende plaatsen, grotendeels in Amsterdam. Tevens was hij in 1873 medeoprichter van het Koninklijk Nederlands Aardrijkskundig Genootschap (KNAG). Hij publiceerde meerdere aardrijkskundige werken, kaarten en atlassen: Atlas der werel...
C. Farris Bryant Cecil Farris Bryant (* 26. Juli 1914 im Marion County, Florida; † 1. März 2002 in Jacksonville, Florida) war ein US-amerikanischer Politiker und von 1961 bis 1965 der 34. Gouverneur von Florida. Inhaltsverzeichnis 1 Frühe Jahre und politischer Aufstieg 2 Gouverneur von Florida 3 Weiterer Lebensweg 4 Literatur 5 Weblinks Frühe Jahre und politischer Aufstieg Farris Bryant besuchte die University of Florida und studierte anschließend bis 1938 an der Harvard University Jura...
American politician Augustus S. PorterUnited States Senatorfrom MichiganIn officeJanuary 20, 1840 – March 3, 1845Preceded byLucius LyonSucceeded byLewis Cass14th Mayor of DetroitIn office1838 – March 14, 1839Preceded byHenry HowardSucceeded byAsher B. Bates Personal detailsBorn(1798-01-18)January 18, 1798Canandaigua, New YorkDiedSeptember 18, 1872(1872-09-18) (aged 74)Niagara Falls, New YorkPolitical partyWhigSpouses Sarah A. Mansfield (m. 1822;...
Artikel ini membutuhkan rujukan tambahan agar kualitasnya dapat dipastikan. Mohon bantu kami mengembangkan artikel ini dengan cara menambahkan rujukan ke sumber tepercaya. Pernyataan tak bersumber bisa saja dipertentangkan dan dihapus.Cari sumber: Gazebo – berita · surat kabar · buku · cendekiawan · JSTOR (September 2019) Gazebo di Ohio, Amerika Serikat. Gazebo di Citatah, Padalarang. Gazebo adalah salah satu fasilitas[1] dengan ruang-ruang ter...
Bilateral relationsMongolia–Yugoslavia relations Mongolia Yugoslavia Mongolia–Yugoslavia relations were historical foreign relations between Mongolian People's Republic and now split-up Socialist Federal Republic of Yugoslavia. Formal bilateral relations between Mongolia and Yugoslavia were established on 20 November 1956.[1] This was the period of normalization of Yugoslav relations with other Eastern Bloc countries which were either suspended or significantly strained after the ...
Artikel ini sebatang kara, artinya tidak ada artikel lain yang memiliki pranala balik ke halaman ini.Bantulah menambah pranala ke artikel ini dari artikel yang berhubungan atau coba peralatan pencari pranala.Tag ini diberikan pada November 2022. Al-Harits V bin JabalahRaja Ghassaniyah, Patrisius Romawi, dan Filarkhos SarakenBerkuasak. 528 – 569 MPendahuluJabalah IVPenerusal-Mundzir IIIKematian569AyahJabalah IV Al-Ḥarits bin Jabalah (Arab: الحارث بن جبلة), juga disebut seba...
Untuk Kenedy BNN RI, lihat Kenedy Polri. KenedyInformasi pribadiLahir12 November 1964 (umur 59)Cirebon, Jawa BaratAlma materAkademi Kepolisian (1988)Karier militerPihak IndonesiaDinas/cabang Kepolisian Negara Republik IndonesiaMasa dinas1988—2022Pangkat Inspektur Jenderal PolisiNRP64110590SatuanReserseSunting kotak info • L • B Irjen. Pol. (Purn.) Drs. Kenedy, S.H., M.M. (lahir 12 November 1964) adalah seorang Purnawirawan Polri yang sebelumnya menjabat sebagai ...
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English writer and media personality (1901–2000) DameBarbara CartlandDBE DStJCartland in 1987BornMary Barbara Hamilton Cartland(1901-07-09)9 July 1901Edgbaston, Birmingham, EnglandDied21 May 2000(2000-05-21) (aged 98)Hatfield, Hertfordshire, EnglandResting placeHatfield, Hertfordshire, EnglandOccupationNovelistPeriod1925–2000GenreHistorical Romance, contemporary romanceSpouse Alexander McCorquodale (m. 1927; div. 1933) Hugh McCo...
Law enforcement in the United States Law Courts Corrections Separation of powers Legislative Executive Judicial Jurisdiction Federal Tribal State County Local Military Legal context Criminal procedure Reasonable suspicion Probable cause Miranda warning Arrest Arrest warrant Searches and seizures Terry stop Actual innocence Criminal investigation Criminal psychology Prosecution U.S. Attorney State attorney general State's attorney and district attorney Lists of law enforcement agencies Federal...
Film Titel Reality Produktionsland USA Originalsprache Englisch Erscheinungsjahr 2023 Länge 85 Minuten Stab Regie Tina Satter Drehbuch Tina Satter,James Paul Dallas Produktion Brad Becker-Parton,Riva Marker,Greg Nobile,Noah Stahl Musik Nathan Micay Kamera Paul Yee Schnitt Ron Dulin,Jennifer Vecchiarello Besetzung Sydney Sweeney: Reality Winner Josh Hamilton: Agent Garrick Marchánt Davis: Agent Taylor Reality ist ein US-amerikanischer Spielfilm von Tina Satter aus dem Jahr 2023. Die Pre...
Unincorporated community in Georgia, U.S. Georgia State Route 140 in Arnold Mill Arnold Mill is an unincorporated community in Fulton County, in the U.S. state of Georgia.[1] It is included in article about Historic mills of the Atlanta area. History A variant name is Arnold.[1] A post office called Arnold was established in 1883, and remained in operation until 1903.[2] The community was named after Givens White Arnold, a pioneer citizen.[3] References ^ a b U...
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Security and defence of a nation state National defense redirects here. For other uses, see National defense (disambiguation). For other uses, see National security (disambiguation). President of the United States Ronald Reagan in a briefing with US National Security Council staff on the Libya bombing on 15 April 1986 Security measures are taken to protect the Palace of Westminster in London, UK. The heavy blocks of concrete are designed to prevent a car bomb or other device being rammed into...
Australian rules footballer (born 1995) Australian rules footballer Lewis Taylor Taylor in April 2019Personal informationNickname(s) Squizzy[1]Date of birth (1995-02-17) 17 February 1995 (age 28)Original team(s) Geelong Falcons (TAC Cup)Draft No. 28, 2013 national draftHeight 173 cm (5 ft 8 in)Weight 79 kg (174 lb)Position(s) Midfielder / ForwardClub informationCurrent club SydneyNumber 28Playing career1Years Club Games (Goals)2014–2019 Brisban...
American hurdler Danielle CarruthersCarruthers at the 13th World Championships in Athletics in Daegu. Medal record Women's athletics Representing the United States World Championships 2011 Daegu 100 m hudrles Danielle Carruthers (born December 22, 1979) is an American hurdler who was a silver medalist in the 100-meter hurdles at the 2011 World Championships in Athletics. Her personal best time is 12.47 seconds, set at that competition. Hailing from Paducah, Kentucky, she first beca...
Sawahan TimurKelurahanRSUP M. Damil Padang Sawahan TimurNegara IndonesiaProvinsiSumatera BaratKotaPadangKecamatanPadang TimurKode Kemendagri13.71.02.1004 Kode BPS1371050034 Luas-Jumlah penduduk-Kepadatan- Sawahan Timur adalah salah satu kelurahan di Kecamatan Padang Timur, Padang, Sumatera Barat, Indonesia. Kelurahan ini terbentuk dari penggabungan 2 kelurahan lama yang terdiri dari Kelurahan Simpang Haru Utara dan Jati Tanah Tinggi. Kantor Kelurahan Sawahan Timur berlokasi di Jalan Kamp...