Le quartier doit son nom à un pont construit au XIIIe siècle sur le grand bras de la Moselle, en
l’honneur d’un dénommé Thiefroid, Thieffrois, Thieffroy, Theffridu ou Tiffroy[1].
Histoire
Séparé de l’oppidum de Sainte-Croix par la rivière de la Moselle, il fut urbanisé dès l’époque romaine. Au Moyen Âge il est le siège de trois paroisses et d'une abbaye. Plus tard, c'est l'abbaye Saint-Clément, hors des murs de la ville jusqu'en 1552, qui s'y implante.
Quartier populaire, jusqu'à la rénovation de la fin des années 1960, il abrite alors un grand nombre d'immigrés venus d'Afrique du nord. A l'approche de la fin de la guerre d'Algérie, ce quartier est le lieu de la Nuit des paras. À la suite d'une rixe au dancing le Trianon de Montigny-lès-Metz entre des Algériens - peut-être membres du FLN - et des parachutistes qui rentrent d'Algérie, des coups de feu sont tirés. Le barman et un militaire sont tués. Les militaires crient vengeance. Dans la nuit du 23 au , un groupe de parachutistes se rend dans le quartier du Pontiffroy, battant parfois jusqu'à la mort des immigrés[2]. La "ratonnade de Metz", qui fit 4 morts et 27 blessés selon les sources officielles, rappelle la répression policière du 17 octobre 1961 à Paris.
Le Pontiffroy fit ensuite l’objet, dans les années 1960, d’un vaste projet de rénovation urbaine sous l’impulsion du maire de Metz de l’époque Raymond Mondon. Malgré une richesse architecturale et historique inestimable, le quartier ne sera pas épargné comme pourra l'être plus tard le quartier Outre-Seille, puisque toute la zone a été rasée, à l’exception de l’église Saint-Clément, l’abbaye Saint-Clément, et quelques rares immeubles. De l'église Saint-Livier datant des XIIIe et XVe siècles, subsistent des ruines, paradoxalement rendues visibles par la rénovation urbaine des années 1960-70 qui ont causé sa destruction partielle[3]. À la place devaient être érigées des barres fonctionnalistes caractéristiques de l’époque, mais le nouveau maire Jean-Marie Rausch stoppa le projet et des immeubles de quatre à huit étages furent bâtis progressivement. L’urbanisme sur dalle caractérise la zone, ménageant en de nombreux endroits un niveau inférieur dévolu aux parkings et à la circulation automobile, et un niveau supérieur piétonnier. Les immeubles d’habitations existent autour du quartier qui possède en son centre des commerces de proximité.
Aujourd’hui le Pontiffroy est un secteur densément peuplé, comptant près de 2 000 habitants[4]. C’est aussi un quartier administratif, avec l’hôtel de Police de Metz, la caisse d’allocations familiales et aussi l'hôtel de Région installé dans l’ancienne abbaye Saint-Clément où siège depuis 1983 le conseil régional de Lorraine. Le quartier est également connu pour la médiathèque qui y a été construite en 1977.
Gilles Taurand livre de ce quartier une description assez morne dans son roman Exécution d’un soldat en gare de Metz[5], où le protagoniste s’y rend durant l’hiver et y remarque un snack esseulé.
René Toine, « Le Pontiffroy, projet séduisant et coûteux », L’économie mosellane, 1972.
Bigard, Feuga, Guy, « Projet de rénovation du Pontiffroy », dans Renaissance du vieux Metz, no 6, 1972, pp. 5-14.
François Feuga, « L’opération du quartier Pontiffroy », dans Renaissance du vieux Metz, no 7, 1972, pp. 13-38.
Dominique Ginestois, « La rénovation du quartier Pontiffroy à Metz », La Voix lorraine, 16 et , pp. 12-13* « Metz. Importantes démolitions au Pontiffroy. », dans Renaissance du vieux Metz, no 13, 1973, pp. 52-55.
« Une grande décision : la nouvelle bibliothèque centrale sera construite au Pontiffroy », dans Vivre à Metz, , n° 6, pp. 29-33.
Gérard Schlemaire, « Fouilles de sauvetage au Pontiffroy à Metz en 1976. Sites S4 à S11 », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine, t. LXXVIII, 1978, pp. 41-63.
Marie-Dominique Waton, « Metz, Pontiffroy (Moselle) : sauvetage 1983-1985 », Revue archéologique de l’Est et du Centre Est, janvier-, pp. 75-97.
« Bibliothèque-médiathèque du Pontiffroy », Vivre à Metz, no 115, , pp. 22-27.