13 mai 1792 : Charles Philibert de La Cour de La Gardiolle[Note 17]
Historique
Le régiment est formé par le marquis Louis de Nettancourt, capitaine au régiment de Vaubécourt, en vertu d'un ordre du 26 octobre 1629, au moment où Louis XIIIarme contreCharles-Emmanuel Ierduc de Savoie, certainement avec la compagnie que Louis de Nettancourt commandait dans le régiment de Vaubécourt, et probablement avec d'autres compagnies de ce corps corps, car la famille de Vaubécourt était une grande vendeuse de troupes.
En 1629, son uniforme comprend un habit, veste et culotte blancs, parements, revers, et collet cramoisi, patte en demi-écusson garni de 7 boutons, 3 en hauteur de chaque côté, et un à la pointe de dessous de la manche et du parement fermé par 6 petits boutons, 5 au revers et 3 au-dessous, boutons jaunes no 21. Chapeau bordé de galon blanc. Drapeau Vert pomme[1].
En 1638, il fait le siège de Saint-Omer. un jour qu'il était chargé de la garde de deux redoutes sur la gauche de Nieurlet, il est vivement attaqué et malgré une belle résistance la première de ces redoutes est emportée par l'ennemi. La seconde qui est conservée était défendue par le capitaine Claude de Nettancourt, qui remplaça, cette année, son frère à la tête du corps. A la fin de 1638, le régiment retourne en Lorraine et se se trouve aux prises de Blamont et de Lunéville, et se met en route, le 26 novembre, pour rallier l'armée du duc de Saxe-Weymar, occupée au siège de Brisach.
Depuis ce moment jusqu'au traité de Münster en 1648, le « régiment de Nettancourt » est constamment employé en Allemagne et se recrute dans ce pays. Il advint que le corps, au bout de peu de temps, ne compta plus dans ses rangs que des soldats de langue allemande. Aussi Mazarin voulut le congédier. Mais sur la menace du mestre de camp, qui n'était pas un sujet français, et qui annonçait l'intention de conduire le régiment au duc de Lorraine, il consentit à capituler et à mettre ce régiment sur le pied d'égalité avec les troupes weymariennes et suédoises, qui composaient la majeure partie de l'armée entretenue par la France, au delà du Rhin, et à lui accorder la paye étrangère, qu'il a conservée
jusqu'en 1687.
En sa qualité de régiment lorrain, le « régiment de Nettancourt » prit en même temps l'écharpe verte et des drapeaux verts marqués d'un losange blanc dans chaque quartier. Lorsque l'uniforme fut donné aux troupes, cette couleur verte a été rappelée dans l'habillement du corps qui, pendant longtemps, s'est ainsi distingué de tous les autres. Il avait habit et veste blanc ou gris-blanc, avec le collet et le parement vert clair ; boutons et galon de chapeau dorés ; 3 boutons sur le parement et 7 sur la poche, coupée en écusson. Ce n'est que sous Louis XV que la couleur distinctive verte est remplacée par la couleur rouge. En 1776, on lui donna les revers et les parements cramoisis avec le collet bleu de roi.
Dans les premiers jours de janvier 1640, il participe à ce fameux passage du Rhin, effectué au moyen de trente petits bateaux, et qui dura huit jours et huit nuits. Il est alors établi à Wetter,
et rejoint en mai l'armée du général suédois Bannier.
Le 17 janvier 1642, l'unité prend une part glorieuse à la défaite des Impériaux à Kempen(en) puis il occupe Kempen jusqu'à la belle saison. Il se trouve ensuite à la prise d'assaut de Nickenich et à quelques affaires secondaires, et il prend ses quartiers d'hiver dans le Brisgau.
En 1643, il sert en Souabe, sous le commandement du maréchal de Goësbriand, et il ouvre la tranchée devant Rothweil il fait des prodiges à l'assaut du 17 novembre et Rothweil capitule le 19. Goësbriand , mortellement blessé durant ce siège, est remplacé par le comte de Rantzaw, qui se fait battre à Dutlingen. Le régiment soutint à l'arrière-garde les efforts
du vainqueur.
Malgré sa composition allemande, le « régiment de Nettancourt », résiste aux séductions de Turenne, qui se déclarait contre la Cour. Cette conduite est peut-être la vraie cause de son maintien sur pied, dans un temps où tant d'autres corps étaient supprimés. Après la prise de Münster, il est appelé des bords du Rhin à l'armée de Flandre.
En 1652, il est aux ordres de Turenne, raccommodé avec Mazarin et fait le siège d'Etampes et combat au faubourg Saint-Antoine. Il se fait remarquer le jour où Turenne, cerné par l'armée lorraine dans son camp de Villeneuve-Saint-Georges, faillit être pris dans cette occasion, le « régiment de Nettancourt » avait
combattu à l'arrière-garde avec beaucoup de résolution.
Régiment de Dampierre (1652-1689)
Régiment de Dampierre
Guerre franco-espagnole - La Fronde
En 1653, devenu « régiment de Dampierre » le 18 décembre 1652, le régiment fait les sièges de Vervins, de Rethel, de Mouzon et de Sainte-Ménehould. Il se signale le 23 novembre au dernier de ces sièges, en emportant une demi-lune, et en mettant le même jour dans une affreuse déroute un gros corps de cavalerie du prince de Condé, qui voulait le forcer dans ses quartiers. Le régiment reste en garnison à Sainte-Menehould jusqu'à l'ouverture de la campagne de 1654.
En 1655, le « régiment de Dampierre » reparaît en Flandre et fait le siège de Landrecies durant lequel le mestre de camp, Henri du Val marquis de Dampierre, est contusionné par un boulet. Il sert encore cette année à la prise de Condé et de Saint-Ghislain.
Le régiment est alors envoyé en Champagne et était compris dans le nombre des corps qui devaient être licenciés. Cette mesure fut mal reçue par les officiers et soldats, qui étaient, on l'a vu, en grande partie allemands, et qui restèrent, malgré le commissaire des guerres, assemblées dans leurs quartiers. Ceux-ci se trouvaient placés autour des terres du marquis de Dampierre, qui fournissait à ses hommes le moyen de subsister. Les officiers surent enfin si bien faire valoir auprès de Mazarin les services du régiment, que celui-ci fut maintenu sur le pied de 4 compagnies de 100 hommes.
Guerre de Dévolution
En 1667, dans le cadre de la guerre de Dévolution, le « régiment de Dampierre » est porté à 11 compagnies par l'incorporation de 7 compagnies allemandes qui avaient été conservées comme garnisons de places. Pendant la campagne de Flandre, il demeure au camp assemblé sous Rocroi pour la sûreté de la frontière de Champagne.
Guerre de Candie
En 1669, dans le cadre de la guerre de Candie qui oppose la république de Venise à l'Empire ottoman depuis 1645, le colonel est envoyé avec les compagnies allemandes pour aller au secours de Candie, durant lequel le régiment fait des prodiges de valeur, en particulier à la sortie du 25 juin 1669, et durant lequel le mestre de camp Henri I du Val marquis de Dampierre est tuer. La portion du régiment de Dampierre qui l'avait suivi à Candie est complétement détruite, de sorte que le corps, devenu la propriété du fils, Henri II du Val comte de Dampierre se trouve réduit à 4 compagnies.
L'ordonnance de 1670, qui fixe le rang des régiments d'infanterie, assigne au « régiment de Dampierre » le no 23.
En 1674, 12 compagnies étaient en garnison à Grave, quand le général Rabenhaupt(en) vient mettre le siège devant cette place(en). C'est de ce siège que date surtout la réputation du corps. À la sortie du 30 août, une compagnie enlève à l'ennemi, en plein jour, 130 hommes et 3 drapeaux. Le 28 septembre, une autre compagnie prend ou tue 200 hommes aux Alliés. Après la capitulation de Grave, le gros du régiment est mis en garnison à Charleroi.
L'année suivante, il se distingue au combat de Seckingen et à la réduction de Kehl. Le « régiment de Dampierre » reste sur la rive gauche du Rhin pour protéger le passage de l'armée et détruire le pont. Le 16 septembre, des troupes de Strasbourg attaquent 9 escadrons français qui côtoyaient les glacis. Le régiment accourut au secours de la cavalerie et rejette les Strasbourgeois dans leurs chemins couverts.
En 1679, le régiment fait encore la campagne sur cette frontière, et se trouve au combat de Minden.
Guerre des Réunions
En 1684, il est engagé dans la guerre des Réunions et fait partie de l'armée de Roussillon, commandée par le maréchalde Bellefonds. Le 11 mai, il est au combat du Ter, et le 21, se trouvant le plus ancien régiment présent, il ouvre la tranchée devant Gérone. Le jour de l'assaut il est chargé d'une fausse attaque. L'ardeur des soldats la rendit réelle. Ils commencent par s'emparer de la demi-lune qui se trouvait devant eux et, pour arriver aux brèches, ils franchissent plusieurs fossés, un marais et un ruisseau guéable, mais dans lequel les Espagnols avaient mis des planches garnies de clous, et ils arrivent jusqu'à la place de la ville, où ils trouvent le peuple et la garnison réunis et résolus à se défendre. Malheureusement cet acte d'audace n'était pas entré dans le plan des généraux. Le régiment n'étant pas soutenu, il doit reculer devant une force supérieure. Le « régiment de Dampierre » est renvoyé dans le Roussillon pour se rétablir. Chemin faisant, le 18 juin, une compagnie de 100 hommes, détruit une bande de miquelets, aux environs de Campredon.
Le régiment reste en garnison à Perpignan jusqu'en 1686.
En 1690, le « régiment de Chappes » devient « régiment d'Humières » car son mestre de camp, membre de la famille d'Aumont, changea son titre et devint duc d'Humières, en épousant Anne-Louise-Julie de Crevant duchesse d'Humières, la fille du maréchald'Humières. Le régiment est appelé en Flandre, et combat à Fleurus.
En 1695, le régiment assiste au bombardement de Bruxelles tout en ayant dans le même temps quelques compagnies détachées à Dunkerque, qui est bombardée en juillet par les Anglais.
A leur retour en France, ils sont dirigés sur Béthune, désigné comme quartier d'assemblée et ils y sont rejoints par 400 hommes, dont une centaine venait de la défense de Bonn et les autres sortaient des hôpitaux ou des lignes de Gand, qui avaient servi de refuge aux hommes qui étaient parvenus à s'échapper de Liège.
En 1704 le « régiment de Charost » fait la campagne en Flandre, et il va sur le Rhin au-devant des débris de l'armée de Bavière.
En 1709, on le trouve, toujours avec le régiment de Navarre, à la prise de Warneton, et trois mois après il combat avec vigueur à Malplaquet. Sa brigade, placée dans les bois de la gauche, soutient le choc de deux grosses colonnes alliées, où se trouvaient les bataillons des Gardes anglaises. Le 2e bataillon du régiment ouvre sur l'une de ces colonnes un feu si vif, que ces Anglais se retirent hors de portée. Ils revinrent bientôt avec plus d'ordre et d'assurance, et osent planter leurs drapeaux sur les retranchements qui couvraient le régiment. Celui-ci leur en prit deux, et les repousse encore une fois, mais enveloppée bientôt par de nouvelles troupes, et demeurée seule sur le point où elle combattait, la « brigade de Charost » bat en retraite en s'ouvrant un passage à la baïonnette et rejoint le gros de l'armée. Là, le régiment fournit encore trois charges, dans l'une desquelles est tué, au milieu des débris du corps, le colonel Louis Joseph de Béthune, marquis de Charost. Le régiment se retire à Péronne et à Doullens.
Régiment de Béthune (1709-1712)
Guerre de Succession d'Espagne
En 1710, le lieutenant généralcomte Albergotti, qui avait été témoin de sa valeur à Malplaquet, le demanda pour la défense de Douai, dont il avait le commandement.
Le régiment, qui portait alors le nom de régiment de Béthune, s'efforça de justifier cette bonne opinion, pendant les 52 jours que dura le siège de Douai. Il se signale à la sortie du 8 mai, à la défense de la demi-lune et à l'assaut du 23 juin. Ce siège, qui se termina par la capitulation la plus honorable, coûta au corps plus de 300 hommes, si bien que pendant le reste de la campagne, il ne put fournir qu'un bataillon. Il prend ses quartiers d'hiver à Reims.
En 1711, il est envoyé sur le Rhin et il y demeure deux ans sur la défensive.
En 1732, le marquis du Saillant se fait appeler le comte d'Estaing. C'est donc sous le nom de « régiment d'Estaing », augmenté d'un 3e bataillon, qu'il fait partie, en 1733, de l'armée
du Rhin et engagé dans la guerre de Succession de Pologne.
En 1738, il est composé de 3 bataillons, 120 officiers, 2530 soldats, sergents et tambours avec 9 drapeaux, dont un blanc Colonel et 8 d'ordonnance tous verts, avec une losange blanche dans chaque carré et croix blanches. Son uniforme est composé d'un habit complet gris blanc, boutons de cuivre unis et ronds, et chapeau bordé d'or[3].
En 1739 et 1740, il est partagé entre les différentes villes des Cévennes.
En 1742 il est à Strasbourg, et c'est de là qu'il part au mois d'avril pour la Bavière et arrive en mai sur le Danube. 500 hommes, chargés de s'emparer d'un pont sur le fleuve aux environs du château
de Hickerberg, tombent dans une embuscade qui leur eût été funeste si le comte de Noailles n'était venu les dégager avec le reste du régiment. Le colonel charge cinq fois l'ennemi, rétablit l'ordre, et rentre au camp. Pendant les deux mois qui suivent, le « régiment de Noailles » est au camp de Nieder-Altach. En septembre, il se met en marche pour se rapprocher de la Bohême. Il achève la campagne sous le commandement du comte de Saxe, et se trouve à la prise de Plan, à l'attaque des défilés de Mehringen et de Falkenau, à la réduction d'Elnbogen, de Caden et à l'affaire de Closterlée. Il passe l'hiver aux environs de Deggendorf.
Dans les premiers jours de 1743 il se met en retraite et fait des combats d'arrière-garde, sauvant un jour, par son intrépidité, un parc de dix bouches à feu. Lorsqu'il arrive à Verdun, il ne compte plus que 500 hommes aux drapeaux. Le roi, satisfait de ses services, lui accorde des miliciens et il put se remettre en campagne. Il se trouve, à la bataille de Dettingen, à la gauche de la Maison du roi , et il y fait des prodiges de valeur. Le comte de Noailles, qui pendant toute la bataille voulait porter lui-même un des drapeaux de son régiment, eut deux chevaux tués sous lui. Il est devenu maréchal de France sous le nom de duc de Mouchy. Le régiment acheve la campagne de 1743 en Alsace et retourne prendre ses quartiers d'hiver à Verdun.
Au mois de juillet 1744, sous le nom de « régiment de Custine » , il passe en Alsace, combat à Augenheim, et termine la campagne devant Fribourg, où ses grenadiers eurent les éloges et les gratifications du roi[4]. C'est à ce siège que le colonel Marc Antoine marquis de Custines, au moment de monter à la tranchée avec les Gardes suisses, et interprétant le règlement à son avantage, voulut avoir le pas sur ces Gardes et être chef de tranchée, parce que les Gardes françaises n'étaient pas de service ce jour-là. Sa réclamation fut rejetée. La prise de Fribourg coûta 400 hommes au corps. Le régiment passe l'hiver à Fribourg .
En 1745, il fait encore campagne sur le Rhin, avant de prendre ensuite ses quartiers à Toul.
En 1747, il sort de Namur pour se rendre au camp de Malines et ralliant ensuite la grande armée, il assiste sans combattre à la journée de Lauffeld, et se met en route pour aller devant Berg-op-Zoom. Après avoir monté deux gardes à ce siège, il est chargé, avec le régiment de Touraine, de faire celui du fort de Rowers(en) durant lequel une compagnie de grenadiers se fait écraser en repoussant une sortie le 30 août. Après la prise du fort, le régiment revient devant Berg-op-Zoom, et le 16 septembre, le 1er bataillon monte à l'assaut du bastion de droite, pendant que les deux autres gardent les lignes en avant du fort de Rowers(en) et font de fausses attaques sur d'autres ouvrages extérieurs. Il achève cette campagne par la prise des forts situés sur l'Escaut entre Berg-op-Zoom et Anvers, et, en faisant capituler le fort Frédéric-Henri. Le « régiment de Custine » passe l'hiver à Namur, où il lève un 4e bataillon.
En 1748 il participe au siège de Maastricht. Il est placé avec deux autres régiments au château de Rasen, sur la rive gauche de la Meuse, et devait contribuer à l'attaque de Wyck. Il y perd 20 hommes, enterrés par l'explosion d'une mine. Après la capitulation de Maastricht, le « régiment de Custine » est cantonné autour de Limbourg, et il rentre en France au mois d'octobre son quatrième bataillon est réformé à Saint-Quentin, et les trois autres se rendent à Sarrelouis.
Cette même année, le « régiment de Saint-Chamond » prit part à toutes les opérations de cette campagne. Il se distingue particulièrement à la défense du pont de Weissenfels, le 30 octobre. Les Prussiens s'étant présentés en face de cette ville, elle est évacuée sur-le-champ par les troupes françaises. Les 2 compagnies de grenadiers du régiment, chargées de faire l'arrière-garde, étaient vivement pressées au passage du pont, dont l'ennemi voulait s'emparer. Les grenadiers leur tinrent tête pendant 20 minutes, donnant ainsi le temps d'incendier le pont et franchirent celui-ci à travers les flammes, au moment où il allait s'écrouler. La bataille de Rossbach termina cette campagne. Le régiment y appuyait sa droite à la gauche du régiment de Piémont et il y perdit 400 hommes. Les débris du régiment se retirèrent à Düsseldorf
En 1758, il rentre en France, et sont dirigés sur Lille ou ils arrivent le 18 avril. Quatre jours après on les fait partir pour Coutances. Les descentes que les Anglais exécutèrent sur plusieurs points forcent le corps à tenir la campagne jusqu'à l'automne. La bataille de Saint-Cast dégoûta enfin les Anglais de ces tentatives, et le régiment put se retirer à Alençon et s'y refaire .
Habit, veste et culotte blancs, parements, revers et collet cramoisis, pattes en demi-écusson garnies de sept boutons, trois en hauteur de chaque côté et un à la pointe, trois sur la manche, quatre au revers et quatre en dessous : boutons jaunes plats, avec le no 21. Chapeau bordé d'or.
Le « régiment de Dauphiné » se trouve réuni à Toulon en octobre 1787, et il est encore dans cette ville lors de l'émeute du 30 novembre 1789, où les amis de la liberté, irrités par l'imprudence de quelques officiers de la flotte, qui avaient affecté de mettre des cocardes noires à leurs chapeaux, s'emparèrent des postes et mirent en prison le comteAlbert de Rions, commandant de la marine. Le régiment, dans cette pénible circonstance, agit avec beaucoup de calme et de modération, ce qui lui valut, de la part du parti royaliste, de grossières injures et l'absurde accusation d'avoir encouragé les excès de la populace toulonnaise. Il ne lui fut pas difficile de se justifier, car il était alors commandé par le marquis de Mac-Mahon, et il produisit un certificat du comte de Rions, qui attestait sa discipline et son zèle pour le bon ordre. Une occasion se présenta bientôt de montrer qu'il avait été calomnié. Le 11 août 1790, une bande de la plus sordide canaille de Toulon s'emparait de M. de Castelet, commandant en second de la marine, et voulait sacrifier cet officier[7],[8]. M. de Castelet ne dut la vie qu'au courage de quelques soldats des « régiments de Dauphiné » et de Barrois, qui luttèrent pendant une heure contre une foule furieuse, et qui parvinrent enfin à faire entrer la victime dans le jardin de l'hôpital. Pendant ce temps, la générale battait dans la ville, les deux régiments couraient aux armes et force restait à la loi.
38e régiment d'infanterie de ligne ci-devant Dauphiné
Fusilier du 38e régiment d'infanterie de ligne ci-devant Dauphiné
Révolution française
L'ordonnance du 1er janvier 1791 fait disparaître les diverses dénominations, et les corps d'infanterie ne sont désormais plus désignés que par le numéro du rang qu'ils occupaient entre eux. Ainsi, 101 régiments sont renommés. Les régiments sont toutefois largement désignés avec le terme ci-devant, comme 38e régiment d'infanterieci-devant Dauphiné.
Au commencement de 1791, le régiment venait de quitter Uzès, où il était depuis six mois et où il avait lié amitié avec les habitants, pour se rendre à Nîmes. Le 14 février, des troubles éclatent à Uzès. Dans cette circonstance, les soldats, dictés par leurs sympathies et tenus en méfiance par l'émigration d'une partie des officiers, décident qu'ils agiront seuls. 230 hommes quittent Nîmes et volent au secours de leurs
amis d'Uzès. Les officiers les suivent et veulent user de sévérité. Il en résulte une insurrection complète. Les soldats se forment en une société particulière qui bientôt n'obéit plus à rien et résiste même aux décrets de l'Assemblée. La moitié de l'année 1791 se passe dans ce désordre. Enfin le régiment se soumet, au mois d'octobre, à l'ordre du ministre, qui l'envoyait à Belfort.
Ainsi disparaît pour toujours le 38e régiment d'infanterieci-devant Dauphiné, partageant le sort de tous ces vieux régiments qui depuis deux siècles avaient défendu si intrépidement la patrie contre toutes les coalitions.
Colonel de Conchard : État militaire de la France au milieu du XVIIIe siècle. - Les Régiments limousins et leur filiation jusqu'à nos jours, p. 84-89, Bulletin de la Société scientifique historique et archéologique du Périgord, 1919, tome 41 (lire en ligne) : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
↑Le régiment est formé par Louis marquis de Nettancourt qui est alors est capitaine au régiment de Vaubécourt nommé maréchal de camp le 7 juin 1638
↑Claude comte de Nettancourt de Villers est le frère du précédent mestre de camp Louis marquis de Nettancourt
↑Fils du précédent mestre de camp Claude de Nettancourt il meurt en hiver 1647. Son père reprend alors le commandement du régiment
↑Père du précédent mestre de camp, Claude de Nettancourt, qui était déjà mestre de camp de 1638 à 1645
↑Il est le premier des brigadiers d'infanterie. Son nom ouvre la liste des officiers nommés à ce grade le 7 mars 1668. Touché par un boulet au siège de Landrecies en 1655, il est tué durant le siège de Candie le 25 juin 1669
↑Fils d'Henri du Val marquis de Dampierre, précédent mestre de camp, et de Claude Charlotte de Galéan il nait à Hans (Marne), le 31 janvier 1665 et meurt le 10 février 1723 au même endroit
↑Louis François d'Aumont marquis de Chappes prend, en 1690, le titre de duc d'Humières, en épousant Anne-Louise-Julie de Crevant duchesse d'Humières, la fille du maréchald'Humières. Il devint brigadier le 3 janvier 1696, maréchal de camp le 29 janvier 1702, et lieutenant général le 26 octobre 1704.
↑Michel François chevalier de Béthune est le frère de Louis Joseph de Béthune marquis de Charost le précédent mestre de camp meurt à la fin de l'année 1711
↑Charles Philibert de La Cour de La Gardiolle est né le 11 décembre 1732 à Conqueyrac était lieutenant puis capitaine au régiment du Dauphiné. Étant le plus ancien officier du corps, il est nommé lieutenant-colonel le 25 juin 1791 afin de remplacé le précédent colonel qui avait démissionné avant d'avoir rejoint le corps. Il est mort le 17 octobre 1817, également à Conqueyrac