La sextine est une forme poétique, composée de six sizains, dont les mots en fin de vers restent les mêmes, mais répartis selon un ordre différent : mathématiquement parlant, il s'agit d'une permutation d'ordre 6[1]. Elle se termine par une tornada (demi sizain reprenant les six mots des rimes).
Comme l'a montré Paolo Canettieri, l'ordre de permutation 6-1-5-2-4-3 correspond à la répartition des points sur les dés: la première sextine est l'œuvre du troubadourArnaut Daniel, qui était en fait un grand joueur de dés[2].
Forme particulière du canso, elle fut notamment utilisée par Dante et Pétrarque, qui fixèrent son nom[3], puis Luís de Camões, Ferdinand de Gramont, Ezra Pound, Joan Brossa, Serge Pey (dans son hommage à Jérôme Bosch) et Louis Zukofsky[1].
Système de la sextine selon Arnaut Daniel. À gauche, l'ordre des rimes de la première strophe. Au centre, le système de rotation des rimes appliqué à chaque strophe. À droite, l'ordre des rimes des cinq strophes suivantes.
En 1610 (publication en 1614) Claudio Monteverdi mit en musique , sous le nom de La Sestina, une canzone de deuil, se présentant sous la forme d'un cycle de six madrigaux à 5 voix. Le titre complet est : Lagrime d'amante al sepolcro dell'amata (« Larmes de l'amant sur la tombe de l'aimée »). L'auteur des vers est le littérateur Scipione Agnelli. Le cycle compte parmi les grandes œuvres de Monteverdi.