Simonne Lacrampe-Peyroutet voit le jour à Lourdes, le [1], son père, Bernard, est mécanicien pour la poste aérienne et sa mère, Suzanne, est infirmière. Elle a un frère, Roger[2]. Durant la guerre, son père est résistant au sein des FTP. Simone Bartel qualifie ses parents de libres penseurs, ce qui lui permet de s'émanciper très tôt de sa famille en fréquentant, dès l'âge de dix-huit ans, les auberges de jeunesse.
Choriste
En 1950, elle rejoint la chorale des auberges de jeunesse « Chantons au vent ». Encouragée par la chanteuse d'opéra Denise Dupleix, elle envisage de plus en plus sérieusement une carrière solo.
La même année, elle participe à la fondation du groupe Spartacus, compagnie de comédiens amateurs. Claude Quillian, l'assistant de Marcel Carné, aide la troupe à monter L'Homme et sa liberté de Chris Marker[2],[3],[4]. La troupe reçoit le « Prix des jeunes compagnies »[5],[2].
En 1951, elle rencontre Fréhel : « tu chantes bien petite tu sais qui je suis? et moi je répond "non". Je suis Fréhel ! Eh bien pour toi je vais te chanter « la valse bleue »[sic] »[2].
Chanteuse de cabaret
Amatrice confirmée, elle est alors à la croisée des chemins : arrêter ou se professionnaliser ? C'est cette seconde option qu'elle retient en prenant des cours de chant avec Odette Soumaille (leur collaboration durera vingt ans). Pour la première fois, elle débute au cabaret « L'Échanson ». C'est à cette époque qu'elle rencontre Roger Hanin et Gérard Darrieu qui l'aident à monter un spectacle à « L'Arlequin » à Saint-Germain-des-Prés[2]. Elle fréquente également Montmartre.
En 1958, chez Milord l'Arsouille, elle chante aux côtés de Serge Gainsbourg. C'est à cette époque qu'elle enregistre ses premières chansons dont « Douze belles dans la peau » écrite par Serge Gainsbourg[2].
Elle se produit également à la télévision, elle interprète ainsi Le Bal de Meudon à l'émission Discorama du 1er juillet 1960[7],[8]. En 1966, elle se produit en présence de Pierre Mac Orlan avec la chanson intitulée À Sainte-Savine[9].
Simone Bartel chante également en RDA, en Belgique, en Suisse, en Italie, en Algérie, à Hassi Messaoud. Elle chante à bord du France les chansons de son album « Chansons bêtes » écrites par Jean Anouilh : « un grand moment que de servir à ces passagers leur propre portrait, passé à la moulinette critique de Jean Anouilh, en temps réel et sur le plus luxueux bateau qui fut en Europe ! »[2].
Elle chante également une chanson sur le monde des mineurs, Le Grisou, chanson de Jules Jouy écrite en 1887 sur l’air du Furet du bois joli, extraite de l'album 33 tours Chansons du sang passé (Discothèque de Radio France)[23].
Simone Bartel écrit : « J’ai eu le bonheur de rencontrer Léo Ferré, qui m’a donné de très belles chansons ; Boris Vian, Boby Lapointe, Jean-Roger Caussimon… Avec Mac Orlan, quand je n’allais pas bien, je me rendais chez lui ; alors il me racontait des voyages qu’il n’avait jamais faits, comme il se doit, et il me remontait le moral. »[9]
Réception
Simone Bartel reçoit des critiques positives, parmi celles-ci :
« Simone Bartel se donne une allure de statue d'argile, délibérément neutre, avec des mouvements économes. Tout est dans la voix, dans ses émotions, ses violences, ses brisures. Elle ne parle pas d'elle, elle se sert de Brecht, Aragon, Caussimon, Montehus, Jean-Baptiste Clément - entre autres - pour chanter son regard sur l'humanité, sur la peur, la misère, l'amertume, la résignation, la révolte, la guerre. Sur l'indéracinable plaisir de vivre. Des chansons dites " à texte " qui se relient comme les épisodes d'une histoire toute simple, universelle. »
« Simone Bartel est artiste parce que Simone Bartel a une âme. Ne croyez pas que ce soit courant. Ça n’est arrivé qu’à quelques-uns. Une dizaine en tout. Les grands.
Nous ne nous connaissons pas. Ça m’est égal. Je ne veux pas la voir, je veux l’entendre. Pourquoi ? Parce que dans sa voix il y a non seulement le talent — trop de gens ont du talent — mais il y a quelque chose qui s’appelle tout bonnement la Vie. Et la vie c’est quoi ? Des choses aussi banales et aussi terribles que l’espoir, l’amour, la détresse, la poésie et, en général, tout ce qui vous transfigure, vous donne à vous aussi une âme et vous fait percevoir qu’au-delà de la minute présente, il existe un monde impalpable. Vaste et sauvage comme la Vie. »
Simone Bartel d'un premier mariage donne naissance à une fille, Danielle. Elle rencontre ensuite l'acteur et metteur en scène Gérard Dournel avec lequel elle a un fils, Bernard (qui chante avec elle et fait la couverture de son album de chants de Noël « Maman chante Noël avec moi »)[2].
Simone Bartel meurt à Malaussanne, le , à l'âge de 92 ans[1].
Distinctions
En 1966, Simone Bartel est lauréate du prix Charles Cros pour son album « Chansons du sang passé »[26],[27],[28]. Elle est une seconde fois lauréate du Prix Charles Cros en 1988 pour son disque : La Résistance, ses chants et ses poètes[29].
Discographie
Simone Bartel enregistre de nombreux disques[11], notamment :
La Résistance, ses chants et ses poètes. Liberté j'écris ton nom, Adès.
1989 :
La Révolution Française : chants et chansons des rues et des salons
Notes et références
Notes
↑Le soir, elles donnent un récital de chansons françaises au Kurhaus de Scheveningen aux côtés de Serge Andreguy et de Yánnis Spanós (source:Nieuwe Leidsche Courant, 26 juni 1961, page 3, (lire en ligne).
↑La chanson est reprise en 2016 dans un album intitulé « Serge Gainsbourg & friends » édité par Wagram Music à l'occasion des 25 ans de sa disparition (source : Serge Gainsbourg & friends, Bibliothèque.Paris.fr).
↑Jean Anouilh préface l'album et explique comment il est devenu auteur de contes puis parolier grâce à André Grassi et Simone Bartel.
↑Michel Lequenne, Jean Péaud, notice BAUMGARTEN Jean, dit VERGER Jean, Le Maitron, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 décembre 2015.
↑Monique Piton, « Une-femme-a-l-heure-des-LIP C’est possible ! Une femme au cœur de la lutte des LIP (1973-1974) », CQFD, L'Échappée, 2015, 381 pages, page 106, (lire en ligne).