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Simone Bartel

Simone Bartel
Simone Bartel en 1961.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Simonne Julienne Augusta Lacrampe-PeyroutetVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Simone BartelVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Conjoints
Barthélemy Tucat (d) (de à )
Gérard Dournel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Site web

Simone Bartel, née Simonne Lacrampe-Peyroutet à Lourdes, le , et morte à Malaussanne, le , est une chanteuse française.

Plusieurs fois lauréate du prix Charles-Cros, engagée, elle chante et met en musique avec son orchestrateur, André Grassi, de nombreux textes écrits par d'autres et reprend à son répertoire d'anciennes chansons véhiculant des valeurs qu'elle entend défendre.

Éléments biographiques

Famille

Simonne Lacrampe-Peyroutet voit le jour à Lourdes, le [1], son père, Bernard, est mécanicien pour la poste aérienne et sa mère, Suzanne, est infirmière. Elle a un frère, Roger[2]. Durant la guerre, son père est résistant au sein des FTP. Simone Bartel qualifie ses parents de libres penseurs, ce qui lui permet de s'émanciper très tôt de sa famille en fréquentant, dès l'âge de dix-huit ans, les auberges de jeunesse.

Choriste

En 1950, elle rejoint la chorale des auberges de jeunesse « Chantons au vent ». Encouragée par la chanteuse d'opéra Denise Dupleix, elle envisage de plus en plus sérieusement une carrière solo.

La même année, elle participe à la fondation du groupe Spartacus, compagnie de comédiens amateurs. Claude Quillian, l'assistant de Marcel Carné, aide la troupe à monter L'Homme et sa liberté de Chris Marker[2],[3],[4]. La troupe reçoit le « Prix des jeunes compagnies »[5],[2].

En 1951, elle rencontre Fréhel : « tu chantes bien petite tu sais qui je suis? et moi je répond "non". Je suis Fréhel ! Eh bien pour toi je vais te chanter « la valse bleue »[sic] »[2].

Chanteuse de cabaret

Amatrice confirmée, elle est alors à la croisée des chemins : arrêter ou se professionnaliser ? C'est cette seconde option qu'elle retient en prenant des cours de chant avec Odette Soumaille (leur collaboration durera vingt ans). Pour la première fois, elle débute au cabaret « L'Échanson ». C'est à cette époque qu'elle rencontre Roger Hanin et Gérard Darrieu qui l'aident à monter un spectacle à « L'Arlequin » à Saint-Germain-des-Prés[2]. Elle fréquente également Montmartre.

Dès 1955, Simone Bartel commence à se produire dans les cabarets « rive gauche » : Chez le p'tit père Moineau, à La Colombe, à L'Écluse, à La Peau de vache, à la Galerie 55, à la Rotisserie de l'Abbaye et au Port du Salut[2],[6].

En 1958, chez Milord l'Arsouille, elle chante aux côtés de Serge Gainsbourg. C'est à cette époque qu'elle enregistre ses premières chansons dont « Douze belles dans la peau » écrite par Serge Gainsbourg[2].

Une collaboration durable se noue avec André Grassi qui devient son orchestrateur[2].

Elle se produit également à la télévision, elle interprète ainsi Le Bal de Meudon à l'émission Discorama du 1er juillet 1960[7],[8]. En 1966, elle se produit en présence de Pierre Mac Orlan avec la chanson intitulée À Sainte-Savine[9].

Chanteuse engagée

Elle interprète de nombreuses chansons à texte dont les auteurs sont Serge Gainsbourg, Jean Anouilh, Paul Fort, Léo Ferré, Mac Orlan, Anne Sylvestre, Pierre Seghers, Luc Bérimont et se tient résolument à distance du Show-bizz[2]. Elle chante également pour les déshérités de la Terre, les ouvriers, les ouvrières et les anarchistes. On la retrouve en 1969, au Gala annuel du Monde Libertaire aux côtés de Claude Nougaro et de Marc Ogeret[10]. En 1970, elle chante les textes de Jean Baumgarten pour la paix au Viêt Nam[11], les quatre chansons font l'objet d'un disque édité en 1972 par le Cercle du disque socialiste[12].

Simone Bartel chante également en RDA, en Belgique, en Suisse, en Italie, en Algérie, à Hassi Messaoud. Elle chante à bord du France les chansons de son album « Chansons bêtes » écrites par Jean Anouilh : « un grand moment que de servir à ces passagers leur propre portrait, passé à la moulinette critique de Jean Anouilh, en temps réel et sur le plus luxueux bateau qui fut en Europe ! »[2].

En 1971, lors du Centenaire de la Commune de Paris, elle chante à la Gaîté-Montparnasse, accompagnée d'André Grassi, tout un répertoire de chansons communardes dont « La Commune »[13],[14], sur la musique de la chanson Les Carriers du chansonnier Pierre Dupont. Elle enregistre la même année certaines de ces chansons pour l'illustration sonore du film documentaire de long-métrage, La Commune de 1871, réalisé par Cécile Clairval-Milhaud[15],[16],[17].

Elle se produit à Besançon, en avec Marcel Mouloudji en soutien à la grève des ouvriers et des ouvrières de l'usine Lip[18],[19].

En , dans le cadre du Festival de Vaison-la-Romaine, elle joue, à Carpentras, le rôle d'Eurydice dans l'Antigone de Jean Anouilh, sous la direction de son mari Gérard Dournel[20],[21].

En 1975, dans le cadre de l'association Les amis de Louis Lecoin : le Réfractaire, elle prend part à un gala de solidarité aux réfractaires et insoumis[22].

Elle chante également une chanson sur le monde des mineurs, Le Grisou, chanson de Jules Jouy écrite en 1887 sur l’air du Furet du bois joli, extraite de l'album 33 tours Chansons du sang passé (Discothèque de Radio France)[23]. Simone Bartel écrit : « J’ai eu le bonheur de rencontrer Léo Ferré, qui m’a donné de très belles chansons ; Boris Vian, Boby Lapointe, Jean-Roger Caussimon… Avec Mac Orlan, quand je n’allais pas bien, je me rendais chez lui ; alors il me racontait des voyages qu’il n’avait jamais faits, comme il se doit, et il me remontait le moral. »[9]

Réception

Simone Bartel reçoit des critiques positives, parmi celles-ci :

« Simone Bartel se donne une allure de statue d'argile, délibérément neutre, avec des mouvements économes. Tout est dans la voix, dans ses émotions, ses violences, ses brisures. Elle ne parle pas d'elle, elle se sert de Brecht, Aragon, Caussimon, Montehus, Jean-Baptiste Clément - entre autres - pour chanter son regard sur l'humanité, sur la peur, la misère, l'amertume, la résignation, la révolte, la guerre. Sur l'indéracinable plaisir de vivre. Des chansons dites " à texte " qui se relient comme les épisodes d'une histoire toute simple, universelle. »

— Colette Godard, 1983[24].

« Simone Bartel est artiste parce que Simone Bartel a une âme. Ne croyez pas que ce soit courant. Ça n’est arrivé qu’à quelques-uns. Une dizaine en tout. Les grands. Nous ne nous connaissons pas. Ça m’est égal. Je ne veux pas la voir, je veux l’entendre. Pourquoi ? Parce que dans sa voix il y a non seulement le talent — trop de gens ont du talent — mais il y a quelque chose qui s’appelle tout bonnement la Vie. Et la vie c’est quoi ? Des choses aussi banales et aussi terribles que l’espoir, l’amour, la détresse, la poésie et, en général, tout ce qui vous transfigure, vous donne à vous aussi une âme et vous fait percevoir qu’au-delà de la minute présente, il existe un monde impalpable. Vaste et sauvage comme la Vie. »

— Louis Calaferte, 1961[25].

Galerie

Vie privée

Simone Bartel d'un premier mariage donne naissance à une fille, Danielle. Elle rencontre ensuite l'acteur et metteur en scène Gérard Dournel avec lequel elle a un fils, Bernard (qui chante avec elle et fait la couverture de son album de chants de Noël « Maman chante Noël avec moi »)[2].

Simone Bartel meurt à Malaussanne, le , à l'âge de 92 ans[1].

Distinctions

En 1966, Simone Bartel est lauréate du prix Charles Cros pour son album « Chansons du sang passé »[26],[27],[28]. Elle est une seconde fois lauréate du Prix Charles Cros en 1988 pour son disque : La Résistance, ses chants et ses poètes[29].

Discographie

Simone Bartel enregistre de nombreux disques[11], notamment :

Notes et références

Notes

  1. Le soir, elles donnent un récital de chansons françaises au Kurhaus de Scheveningen aux côtés de Serge Andreguy et de Yánnis Spanós (source:Nieuwe Leidsche Courant, 26 juni 1961, page 3, (lire en ligne).
  2. La chanson est reprise en 2016 dans un album intitulé « Serge Gainsbourg & friends » édité par Wagram Music à l'occasion des 25 ans de sa disparition (source : Serge Gainsbourg & friends, Bibliothèque.Paris.fr).
  3. Jean Anouilh préface l'album et explique comment il est devenu auteur de contes puis parolier grâce à André Grassi et Simone Bartel.
  4. Préfacé par Michel Rocard

Références

  1. a et b « LACRAMPE-PEYROUTET Simonne Julienne Augusta » Accès libre, sur deces.matchid.io (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j et k Simone Bartel, « Survol biographique », Autobiographie en ligne, 2013.
  3. Alain Resnais. Liaisons secrètes, accords vagabonds, Cahiers du cinéma, Paris, 2006, p. 214.
  4. Sylvie Lindeperg, « Nuit et Brouillard ». Un film dans l’histoire, Odile Jacob, 2007, Notes p. 30.
  5. Émile Copfermann, Le théâtre populaire pourquoi ?, La Découverte, (ISBN 978-2-348-02923-3, lire en ligne)
  6. Gilles Schlesser, Le cabaret « rive gauche » Archipel, 2006 682 pages (sans pagination) (ISBN 978-2-8098-1315-9).
  7. (en) chantal martineau, « Simone Bartel - Le bal de Meudon (1960) », sur pinterest.fr, (consulté le ).
  8. Discorama 01 07 1960 Simone Bartel.
  9. a et b « Bartel Simone », sur J'ai la mémoire qui chante (consulté le ).
  10. Affiche du Gala du Monde Libertaire.
  11. a et b « Encyclopédisque - Discographie : Simone BARTEL », sur www.encyclopedisque.fr (consulté le ).
  12. Michel Lequenne, Jean Péaud, notice BAUMGARTEN Jean, dit VERGER Jean, Le Maitron, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 décembre 2015.
  13. Le Mouvement social (Paris) et Institut français d'histoire sociale, Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale, Éditions de l'Atelier, (ISBN 978-2-7082-2855-9, lire en ligne), p. 123.
  14. Robert Brécy, La chanson de la Commune: chansons et poèmes inspirés par la Commune de 1871, Éditions de l'Atelier, (ISBN 978-2-7082-2855-9, lire en ligne).
  15. Interview de Cécile Clairval-Milhaud, les entailles de l'Histoire, dossier cinéma, sur commune1871.org, (lire en ligne).
  16. sTeinVAL productions, La Commune de 1871 de Cécile Clairval-Milhaud, (lire en ligne).
  17. bibliotheques.paris.fr, Film : La Commune de 1871, (lire en ligne), (EAN 3545020016275).
  18. François-Henri de Virieu, Lip : 100 000 montres sans patron, Calmann-Lévy (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-7062-0229-2, lire en ligne).
  19. Monique Piton, « Une-femme-a-l-heure-des-LIP C’est possible ! Une femme au cœur de la lutte des LIP (1973-1974) », CQFD, L'Échappée, 2015, 381 pages, page 106,‎ (lire en ligne).
  20. Antigone de Jean Anouilh, les archives du spectacles, 29 juillet 1974.
  21. BNF, Notice de spectacle, (ark:/12148/cb39468259p)
  22. Placard.ficedl Affiches
  23. « Le peuple de la nuit : le monde de la mine », sur France Culture, (consulté le ).
  24. Colette Godard, Le Monde, Simone Bartel au Théâtre de Paris, 14 janvier 1983.
  25. Louis Calaferte, Préface de l'Album « Chanson pour Margot », 1961, (lire en ligne).
  26. L'Essor, Une Lourdaise, Simone Bartel, Grand prix international du disque 1966 Charles Cros, 1966, (lire en ligne).
  27. On peut lire dans cet article du Monde intitulé « Mme Simone de Beauvoir préside la commission sur les femmes et la culture » du 10 janvier 1983 : « Madame Simone Bartel, grand prix de l'Académie Charles Cros ».
  28. On peut lire également dans ce livre de Gaston Malherbe Une Année, des femmes (1984) : « Simone Bartel, grand prix de l'Académie Charles Cros » (page 10).
  29. Simone Bartel, La Résistance, ses chants et ses poètes, 2013.
  30. La belle de mai sur Europeana
  31. Douze belles dans la peau sur BNF Gallica.
  32. Edwige Saint-Eloi, Serge Gainsbourg, ombres et lumières, City Edition, (ISBN 978-2-8246-4376-2, lire en ligne).
  33. La Comète sur BNF Gallica
  34. La Chanson pour Margot sur BNF Gallica
  35. La Chanson de l'été sur BNF Gallica
  36. Discogs Chansons du Sang Passé sur les Turpitudes et les Usages des Monarchiesdes Empires et des Républiques.
  37. Album Chansons bêtes de Jean Anouilh.
  38. lire la préface de Jean Anouilh.
  39. a b c d e f g h et i Notice Médiathèque du Morbihan.
  40. [PDF] Centre Jacques Sauvageot, documents audiovisuels, 2019.

Liens externes

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