C'est Helen Scott, grande prêtresse du cinéma français aux États-Unis, qui fait part à Miloš Forman d'une nouvelle politique de production du studio Universal. Après le succès d'Easy Rider, qui avait rapporté gros aux studios, Universal voulait se lancer dans des films « plus difficiles, à risques, mais à moins d'un million de dollars ». Hélas pour Miloš Forman, le budget estimé de Taking Off dépassait le cahier des charges. C'est finalement un jeune « fou de cinéma », Michael (Mike) Hausman, issu d'une riche famille new-yorkaise (qui l'avait mis à la porte) qui réunit la somme nécessaire. Avec une réduction des coûts à son maximum, le film coûta finalement 810 000 dollars.
À l'été 1970, le tournage pouvait commencer. Un tournage « en famille », comme le raconte Miloš Forman, lui-même : « Aucune vedette, aucune barrière, ni coiffeur, ni maquilleur, ni loge, ni caravane ».
Le film fit une belle carrière en Europe (Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 1971[1]), mais obtint tout juste un succès d'estime aux États-Unis. Après des années d'oubli, où l'on a même cru que le négatif du film était perdu, Taking Off ressort en France, le .
Kathy Bates, dont c'est la première apparition au cinéma, relate ses débuts notamment dans Interview magazine en 2007 : « j'habitais à New York en 1970 avec ma colocataire Gail. Elle préparait le dîner pour Milos Forman et John Guare qui écrivaient le scénario du premier film américain de Milos, Taking Off. Ils ont demandé à Gail si elle connaissait des jeunes femmes qui écrivaient leurs propres chansons et jouaient de la guitare. Gail a répondu : "Oh, Bobo le fait", c'était mon surnom à l'époque. Je suis donc allée à Greenwich Village et j'ai joué ma chanson And Even the Horses Had Wings» (Et même les chevaux avaient des ailes). Milos m'a mis dans le film. J'ai été payée 5 dollars pour la journée »[2].