Joseph Valentin Duc est un chanteur français, fort ténor de l'Opéra. Il est connu pour son répertoire à l'Opéra de Paris, au Théâtre des Arènes à Béziers et des tournées mondiales qui l'ont conduit de Monte-Carlo à Saint-Pétersbourg, de Baltimore à Séville...
Fils de Valentin Duc (ou Duch) et de Marie Fabre, originaires de Tignes (Royaume de Savoie), il est le troisième d'une lignée de huit enfants. Ces parents s'installent à Béziers en 1850[5], y rejoignant une branche des Duc précédemment établie (Jean Duc, négociant, époux Anne-Marie Gayraud, et Laurent Duc, homme de peine, époux Marie Peronne)[6]. Dans le Tableau de recensement de la classe 1878, il est noté postillon de profession à cette date[7]. Il quitte Béziers en 1879 pour son service militaire à Rochefort. Sa pratique de l'escrime a du favoriser son aisance sur scène lors d'interprétations dans l'opéra historique. Il est repéré par Cazeaux.
Quittant l'Opéra en 1893, il réside alors à Béziers "villa Frescaty" au 29 rue des Saint-Simoniens[10]. Il y restera jusqu'à sa mort le . Bien que résidant en ville, il n'a chanté au Grand-Théâtre que lors de manifestations exceptionnelles. Jamais, il n'a appartenu à la troupe permanente[11].
Carrière
Formation
Avant son Conseil de révision en 1878 (tirage au sort en 1879), ses études musicales ont surement eu lieu à Béziers dans le cadre orphéonique[12], et éventuellement dans les chœurs ou petits rôles du Grand-Théâtre de Béziers. En 1882, il est admis au Conservatoire de Paris, dans la classe de chant de M. Bussine et dans la classe d'opéra de M. Obin[13] (1er accessit à la fin de la première année). Il est pensionnaire de la Ville de Béziers dès 1882[14].
Sorti du Conservatoire de Paris le , Valentin Duc obtient le premier prix de chant devant un jury présidé par Ambroise Thomas et composé de Massenet, Delibes, Guiraud, etc. généralement encensé par la presse (malgré un article très négatif du Le Figaro)[15].
Il obtient, dans la même promotion, le premier prix d'opéra devant le même jury complété par quelques interprètes (Auguste Vitu dans Le Figaro du prend le contrepied de son article précédent)[16].
Valentin Duc y débute dans Arnold de Guillaume Tell (). Il chante Eleazar de La Juive (1885), Raoul des Huguenots (1886), Rodrigue du Cid (1886), Robert dans Robert le diable (1888), Jean dans Le Prophète (1889, Rhadamès de Aïda (1890), Vasco dans L'Africaine (1890), un rôle dans Sigurd (1890), et enfin Zarastra dans Le Mage (1891).
Il y crée Karloo dans Patrie ! (1886).
Après l'incendie des décors de l'Opéra en 1893, il quitte la troupe[17] pour entamer ses tournées mondiales.
Tournées en province et à l'étranger
D'après les dossiers des directions du Grand-Théâtre de Béziers[18], les articles de L'Hérault (1884-1891) et son importante correspondance familiale par carte-postale[19], nous pouvons arrêter cette liste :
: concert au bénéfice des pauvres à Béziers (Grand-Théâtre).
: passage dans Les Huguenots, concert-récital à Béziers (Grand-Théâtre), il chante à l'église et au bénéfice des pauvres.
: passage dans Guillaume Tell, concert-récital à Béziers (Grand-Théâtre).
: concert-récital à Béziers (Grand-Théâtre).
: passage dans La Juive à Béziers (Grand-Théâtre).
: en représentation à Béziers (Grand-Théâtre) avec la troupe de Montpellier, il chante Le Cid de Massenet.
1895: Tournée Uruguay et Argentine (Montevideo et Buenos Aires): Il chante en italien : Aida, Gli Ugonotti; Guglielmo Tell, L´Ebrea et L´Africana.
: tournée en Italie - Parme, Turin, Rome, Naples, Bologne, Florence, Monaco-Monte-Carlo (« Grand succès hier dans Guillaume [Tell] je chante encore mardi et j’espère être à Béziers jeudi »), Nice - Marseille.
26 et : il chante Kratos lors de la création de Prométhée[22].
: « Je suis allé à Bakou donner un concert où j’ai eu un grand succès ». Il prévoit de partir pour Karkov pour une dizaine de jours et 2 représentations avant le retour à Paris.
: en rentrant de Russie, Varsovie, Cologne, Hanovre.
: il chante Ave verum de Pessard lors de l'inauguration du grand-orgue d'Agde.
: Vichy (« Je partirai mercredi à 4h pour Béziers où j’arriverai à 6 h jeudi matin. Je passerai 3 ou 4 jours »). Il chante dans Guillaume Tell.
: Séville – Cadix. Il prévoit d'être dans 10 jours à New York puis La Havane et Mexico.
: il chante Renaud lors de la première représentation d' Armide[23] au Théâtre des Arènes, devant plus de 12 000 spectateurs. Le , la deuxième représentation d' Armide est interrompue par la pluie dès le premier acte, il chante donc à nouveau le lendemain[24].
Déjanire en 1898 au Théâtre des Arènes à Béziers (reprise à l'Odéon en [26] : "Mlle Armande Bourgeois, à la voix superbe et M. Duc, brave enfant du pays, tenaient magistralement les rôles de choriphées."[27]
Renaud dans Armide en 1904 au Théâtre des Arènes à Béziers : "Les honneurs de la journée sont revenus à M. Duc, qui figurait Renaud. [...] c'est du style le plus pur, le plus sobre et le plus juste, avec une tenue et une simplicité parfaites, que M. Duc a chanté..."[29] et "Valentin Duc était en possession de tous ses moyens. Il a nuancé avec goût les motifs de tendresse, et sa belle voix a éclaté vibrante dans les passages de force. Il a partagé le triomphe de sa partenaire Félia Litvinne."[30] Pour la deuxième représentation, "À la fin de l'œuvre, une colossale ovation a été faite à Félia Litvinne et Valentin Duc par 8000 spectateurs."[31]
Les Hérétiques en 1905 au Théâtre des Arènes à Béziers : "Le ténor aimé des Biterrois, Valentin Duc, a donné avec une aisance étonnante son fameux ut dièze au duo du premier acte. Malgré une véritable tempête de vent, les voix si claironnantes, si puissantes de M. Duc et de Mlle Mazarin dominaient l'immense amphithéâtre. M. Duc a remporté un beau succès. [...] M. Hérold et M. Levadé sont venus féliciter les artistes, notamment M. Duc et Mlle Mazarin."[32]
La Vestale en 1906 au Théâtre des Arènes à Béziers : "M. Duc à la voix encore éclatante, sut donner au rôle de Licinius la fougue qu'il comporte."[33]
Après une interprétation de La Juive, à Paris, dans la presse parisienne : "La réapparition de M. Duc ne fut pas seulement triomphale, elle fut aussi un enseignement. Elle apprit à la nouvelle génération ce qu'était cette race à peu près disparue du fort ténor."[34]
Valentin Duc, par J. Benque photographe à Paris (vers 1890).
Valentin Duc, représentations de Déjanire, 1898-1899.
Portrait de Valentin Duc en costume de scène.
Portrait de Valentin Duc, après 1907.
Discographie
Il n'existe pas d'enregistrement sonore connu de Valentin Duc, à la différence d'autres ténors biterrois de cette époque (par exemple Agustarello Affre, ou Léon Escalaïs pour le narbonnais).
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Bibliographie
Larousse du XIXe s., 2e supplément.
Stéphane Wolff, L'opéra au Palais Garnier (1875-1962). Paris, 1962.
Jacqueline Gachet, Les représentations lyriques aux arènes de Béziers de 1898 à 1911. Paris, 1976 (dir. : Jacques Chailley).
Janine et Alex Bèges, Mémoire d'un théâtre. Béziers, Société de Musicologie du Languedoc, 1987.
Michel Viala, Mémoire en images Béziers. St.-Cyr-sur-Loire, éd. Alan Sutton, 2003 ; t. 2, p. 93 et 96 : Valentin Duc.
Pierre Clerc, Dictionnaire de biographie héraultaise, t. 1 : A-G, art. Valentin Duc, p. 724. Presses du Languedoc, 2012.
Alex Bèges, Jacqueline Pech, Un siècle de spectacles, de divertissements & de plaisirs à Béziers (1860-1960) - Théâtres, Cinémas, Concerts, Cafés. XXIVe Cahier de la Société Archéologique, Scientifique & Littéraire de Béziers, 2012 (pour ses nombreuses références et biographies d'artistes).
Déjanire dans le dossier "Un siècle de créations d’opéras à Paris" sur Resmusica mentionnant l'œuvre, les compositeurs et la démesure au Théâtre des Arènes.
Notes et références
↑Archives Municipales de Béziers, Registre des naissances 1858, acte n° 41 et Registre des décès de 1915, acte n° 303.
↑ a et bStéphane Wolff, L'opéra au Palais Garnier (1875-1962), Paris, 1962.
↑Le Moniteur des Théâtres, hebdo. n° 39 du 20 novembre 1898 (Chronique en Une d'Henri Piquet) ; L'Éclair n° 745 du 14 novembre 1898 citant les termes élogieux d'Henri Fourquier et Alfred Bruneau parus dans Le Figaro et de M. Fourcaud dans Le Gaulois. L'Éclair en ligne.
↑Archives Municipales de Béziers, 1 D 67- 1 D 68, registres des délibérations du Conseil Municipal.
↑Le Figaro, 23 juillet 1885 lire en ligne sur Gallica et Petit Journal, 24 juillet 1885.
↑Le Figaro et Le Télégraphe, 31 juillet 1885 lire en ligne sur Gallica puis Voltaire et L'Intransigeant, 1er août 1885.
↑Livret de Déjanire, Théâtre des Arênes, Béziers, 1895, p. 15.
↑*Janine et Alex Bèges, Mémoire d'un théâtre. Béziers, Société de Musicologie du Languedoc, 1987, p 211-214 sur les troupes de passage (tiré de : Archives Municipales de Béziers, 2 R).
↑Archives privées ; Archives Municipales de Béziers, Fi.
↑Le Théâtre, n° 9 de septembre 1898, article d'Adolphe Aderer pp. 2-6 ; Archives Municipales de Béziers, 2 R 7 : Livret officiel.
↑Le Monde des Artistes, 23 juillet et 3 septembre 1899, article de G. Michel-Quatrefages.
↑Le Temps, 6 septembre 1904, p. 4 : article de Pierre Lalo "La Musique, Aux Arènes de Béziers, première représentation d'Armide" lire en ligne sur Gallica
↑L'Éclair, 30 août 1904, "Armide aux Arènes de Béziers."
↑Le Moniteur des Théâtres, hebdo. n° 39 du 20 novembre 1898 (Chronique en Une d'Henri Piquet) ; L'Éclair n° 745 du 14 novembre 1898 citant les termes élogieux d'Henri Fourquier et Alfred Bruneau parus dans Le Figaro et de M. Fourcaud dans Le Gaulois. L'Éclair en ligne.
↑Le Monde des Artistes, 3 septembre 1899, article de G. Michel-Quatrefages.
↑Le Temps, 6 septembre 1904, p. 4 : article de Pierre Lalo "La Musique - Aux Arènes de Béziers, première représentation d'Armide" lire en ligne sur Gallica
↑L'Éclair, 28 août 1904, article de Marius Decavata. L'Éclair en ligne.
↑L'Éclair, 31 août 1904, article de Marius Decavata (Carnet Méridional). L'Éclair en ligne.