Position de base des variantes anti-Grünfeld (avec d4 joué)
On appelle variantes anti-Grünfeld des ouvertures d'échecs. Il s'agit de dispositifs blancs visant à empêcher les méthodes habituelles de développement adverse après, entre autres, la suite de coups 1. d4 Cf6 2. c4 g6, annonçant la volonté des Noirs de jouer une défense est-indienne ou une défense Grünfeld[1],[2]. Parmi ceux-ci on trouve notamment :
Déviations au 3e coup
3. h4!?
Il y a de nombreux exemples de défenses Grünfeld où les Blancs poussent agressivement leur pion h vers le roi adverse[3]. « La nouvelle génération de programmes basés sur les réseaux neuronaux nous a fait reconsidérer l'avancée du pion-Tour dans presque chaque position. Par exemple, dans les parties d'AlphaZero, nous voyons souvent le pion h s'avancer résolument jusqu'en h6 précocement dans l'ouverture »[4],[5]. Ainsi, une ligne adoptée par AlphaZero contre la défense Grünfeld consiste en : 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 d5 4. cxd5 Cxd5 5. Cf3 Fg7 6. e4 Cxc3 7. bxc3 c5 8. Fe3 Da5 9. Dd2 Cc6 10. Tb1 a6 11. Tc1 cxd4 12. cxd4 Dxd2+ 13. Rxd2 e6 14. Fd3 Fd7 15. e5 0-0 16. Tb1 b5 17. h4 Ce7 18. h5 Fc6 19. h6![6]. AlphaZero s'assure ainsi que le Fou en h8 ne bouge plus jamais. Il ne lui reste plus qu'à échanger les pièces noires encore actives pour gagner en ayant juste un Fou de plus.
Dans la variante 3. h4 - comme le montrent les deux exemples ci-dessous - la partie transpose souvent (au choix des Noirs) dans une autre ouverture que la défense Grünfeld[7].
Cette ouverture est appelée anti-Grünfeld par David Hooper et Kenneth Whyld dans leur ouvrage The Oxford Companion to Chess (Oxford University Press, 2e édition, 1992, (ISBN0-19-866164-9), page 467).
Comme dans l'exemple ci-dessous, la partie peut transposer dans « une mauvaise position de la défense est-indienne où les Blancs ont perdu le contrôle de la case vitale d4 »[13].
Bruce Pandolfini, dans son ouvrage Chess Thinking appelle anti-Grünfeld la variante 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. f3[16] et variante Néo-Grünfeld la ligne 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. g3 Fg2 4. Fg7 d5[17]. Mais d'autres sources appellent aussi 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. f3 d5 Néo-Grünfeld[18]. Le point commun entre ces deux variates est en tout cas que 1. d4 Cf6 2. c4 g6 est suivi de 3... d5 sans le coup 3. Cc3 (lequel correspond aux codes ECO [D80] à [D99]).
La suite de coups où, plutôt que 3. Cc3, les Blancs jouent 3. g3 et les Noirs répliquent par 3...d5 porte plusieurs appellations : défense néo-Grünfeld[22], variante de Kemeri[23] ou encore variante du fianchetto de la défense Grünfeld proprement dite[24]).
On peut noter que l'ouvrage de référence Nunn's Chess Openings[27] ne fait figurer dans les déviations au 3e coup que 3. f3 et 3. g3.
Déviations au 4e coup
Il y a 3 lignes principales après 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 d5[28] : la variante d'échange 4. cxd5 (codes ECO [D85] à [D89]), la variante des 3 Cavaliers 4. Cf3 ([D90] à [D99])[29] et la variante 4. Ff4[30]. Le coup 4. f3 transpose le plus souvent dans la ligne 3. f3. Les lignes 4. Fg5 (code ECO [D80]) et 4. e3 sont des variantes secondaires mais pas rares.
Larry Kaufman, dans The Kaufman repertoire for Black and White, accorde son attention aux 3 lignes inhabituelles suivantes : 4. h4?!, 4. g4?! et 4. Da4+, qui ont toutes trois aussi pour code ECO D80. Boris Avrukh[31] traite également 4. Db3, mais cet ordre de coups transpose généralement dans le système russe de la défense Grünfeld (1.d4 Cf6 2.c4 g6 3.Cc3 d5 4.Cf3 Fg7 5.Db3 dxc4 6.Dxc4 0-0 7.e4)
Parmi les lignes principales après 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 d5 que constituent la variante des 3 Cavaliers (4. Cf3) et la variante d'échange (4. cxd5), on trouve tout d'abord comme déviations au 5e coup le coup 5. h4!?, spécialité du Grand-maître Timour Gareïev[38].
Voici d'autre part deux "fausses" variantes d'échange ([D85]), c'est-à dire deux variantes où les Blancs ne jouent pas le coup 5. e4 de la variante d'échange proprement dite de la défense Grünfeld :
Le coup 5. Fd2 a pour but de jouer 5...Fg7 6. e4 Cxc3 7. Fxc3[41]
Enfin, la curieuse Attaque Nadanian(en) 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 d5 4. cxd5 Cxd5 5. Ca4!? a pour but de contrôler la case c5 (le coup ...c7-c5 libérerait le jeu des Noirs) et de jouer e4 pour chasser le Cavalier de d5, regagnant ainsi le tempo perdu en jouant deux fois le Cavalier de b1.
↑Il est à noter qu'aussi bien Aleksandr Khalifman (dans le volume 1 de la série Opening for White according to Kramnik) et Larry Kaufman (dans The Kaufman repertoire for Black and White) appellent aussi variantes anti-Grünfeld des lignes de jeu apparentées au début Réti où les Blancs ne jouent pas d4 : 1. Cf3 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 d5 suivi de 4. cxd5 Cxd5 ou 4. Da4+.
↑Les Blancs ne peuvent pas éviter l'est-indienne lorsque les Noirs jouent le coup ...d6 au lieu du coup ...d5 de la Grünfeld.
↑Le livre « Game Changer » de Matthew Sadler et Natasha Regan consacre un chapitre entier à cette manœuvre d'AlphaZero : « Attacking the King : the march of the Rook's pawn » (chapitre 9).
↑Annotation de Peter Heine Nielsen dans le n° 2019#8 de la revue New in Chess, page 16.
↑Ce livre très ambitieux, écrit par une équipe d'experts sous la direction de John Nunn, qui est largement considéré comme l'un des meilleurs auteurs échiquéens, vise à couvrir en un seul volume toutes les ouvertures. La majorité des parties citées y date des années 1990 (le livre a été publié en 1999).
Carsten Hansen, The Basman-Williams Attack: An innovative approach to dealing with the King's Indian and Grünfeld Indian defenses, Éd. CarstenChess, 2021, (ISBN978-8-7938-1264-2), 142 pages ;
Timothy Taylor, Beating the King's Indian and Grünfeld, Everyman Chess, 2006, (ISBN978-1-8574-4428-5), 224 pages ;
Alan L. Watson, Alekhine's Anti-Gruenfeld Attack: A White Repertoire Against the Indian Defenses, Chess Enterprises, 2002, (ISBN978-0-9454-7058-8), 174 pages.