Windhoek (prononcé en anglais : /ˈwɪndhʊk/, en afrikaans : /ˈvəntɦuk/, en allemand : /ˈvɪnthʊk/ ; anciennement en allemand : Windhuk) est une ville d'Afrique australe, capitale de la république de Namibie depuis son indépendance en 1990, après avoir été celle de la colonie allemande puis sud-africaine du Sud-Ouest africain. Située dans le centre de la Namibie à 1 700 m d'altitude, elle est la plus grande ville du pays et son centre politique, culturel, économique, financier et social.
Windhoek depuis 1920 et le mandat sud-africain sur l'ancienne colonie allemande du Sud-Ouest africain.
Histoire
La région autour de Windhoek est déjà habitée par les San il y a plusieurs milliers d'années[2]. La présence de sources d'eaux chaudes jaillissant de roches volcaniques garantit un apport d'humidité dans une région aride. Jonker Afrikaner, chef des Oorlams, fuyant la colonisation de la région du Cap, fonde la ville de Winterhoek dans les années 1840[3]. Jonker Afrikaner quitte la région en 1852[4].
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les Boers, de la colonie du Cap, construisent une église en pierre pouvant accueillir jusqu'à 500 personnes et servant également d'école. À cette époque, Carl-Hugo Hahn et Franz Heinrich Kleinschmidt, de la Société des missions du Rhin, sont également actifs comme missionnaires à Windhoek. La jeune ville commence peu à peu à se développer, mais elle est détruite par la guerre entre les Namas et les Héréros. Lorsque Hugo Hahn visite Windhoek en , il ne trouve « rien d'autre que des chacals et des pintades entre des arbres fruitiers négligés »[5].
En 1878, le Royaume-Uni annexe les îles et les côtes autour de Walvis Bay, et les incorpore à la colonie du Cap en 1884, mais ne s'intéresse pas à l'arrière-pays. Grâce au travail de la Société des missions du Rhin et à l'acquisition de terres par Franz Adolf Eduard Lüderitz, un commerçant, tout un territoire de l'Afrique du Sud-Ouest allemande est proclamé zone sous protection allemande en 1884. Otjimbingwe est choisi comme siège administratif de cette colonie, dans un premier temps, mais dès 1890, Curt von François, alors capitaine des forces allemandes, décide d'établir Windhoek, situé au centre de la colonie, comme nouveau siège administratif[6]. Windhoek est aussi considérée comme une zone tampon stratégique avec les ennemis Namas et Hereros. Curt von François, issu d'une vieille famille française huguenote émigrée en Allemagne après l'abolition de l'Édit de Nantes, fait construire un fort[7],[8]. Dès le début de son histoire, les populations blanche et noire vivent séparées. Avec l'afflux de la population rurale et l'augmentation de l'immigration, principalement en provenance de l'Empire allemand et de l'Afrique du Sud, la population passe à environ 11 000 habitants en 1916.
L'ère coloniale allemande se termine à Windhoek en , pendant la Première Guerre mondiale[9]. Les troupes sud-africaines, sous drapeau britannique, occupent la ville. Au cours des années suivantes, cette partie de l'Afrique alors appelée Sud-Ouest africain, est administrée par un gouvernement militaire, puis, à partir de 1921, par l'Union d'Afrique du Sud sous un Mandat de la Société des Nations, de type C[10]. La population allemande devient moins importante dans la période d'après-guerre.
À la suite de la crise économique mondiale des années 1930, et de nouveau après 1955, de grands projets sont réalisés comme l'asphaltage des routes et la construction de barrages et de pipelines pour répondre à la demande croissante en eau. Un certain nombre d'écoles et d'hôpitaux sont également construits. Beaucoup de ces projets sont réalisés par des travailleurs recrutés dans l'Ovamboland, une région du nord, proche de la frontière avec l'Angola. Après consultation avec l'administration du Sud-Ouest africain, mais sans consultation de la population locale, le gouvernement sud-africain, qui commence à mettre en place l'apartheid sur le territoire, décide de créer de nouvelles banlieues dans le nord-ouest de la ville et de reloger tous les habitants noirs de leurs quartiers résidentiels. Cette décision provoque des manifestations et des émeutes dans la première quinzaine de , avec plus d'une dizaine de morts au sein de la population noire, dont une femme, Anna Mungunda[4],[11],[12].
Ces événements, qui sont entrés dans l'histoire comme le soulèvement de Old Location (nom de l'ancien quartier vidé de sa population noire), ont été un point crucial dans l'histoire de la Namibie. De nombreux dirigeants comme Sam Nujoma, Moses Garoëb, ou encore Clemens Kapuuo y ont participé. Ces événements ont constitué une raison majeure, pour une partie de la population, de se libérer de la domination étrangère et d'acquérir son indépendance. Sam Nujoma est arrêté à la suite du soulèvement, puis contraint à l'exil. La SWAPO est fondée en 1960[11].
Immédiatement après le soulèvement, entre trois et quatre mille habitants quittent leurs maisons par crainte de nouvelles émeutes policières. Les structures de la vie sociale de l'ancien quartier, Old Location, sont détruites jusqu'à sa fermeture définitive en 1968, pour devenir le nouveau quartier de Hochland Park. La nouvelle banlieue noire au nord-ouest de Windhoek prend le nom de Katutura.
En 1961 et 1963, les petits chantiers navals de Klein Windhoek et de Pokkiesdraai sont fermés et la politique d'apartheid du gouvernement se poursuit sans relâche[13].
Conformément aux négociations de la conférence de la Turnhalle (1975-1977), un parlement est élu au suffrage universel en 1978, l'apartheid aboli en 1979 et un gouvernement autonome mis en place en 1980.
Avec l'indépendance effective de la Namibie, obtenue en 1990, Windhoek demeure la capitale du nouvel État et le siège du premier gouvernement indépendant, sous l'égide de Sam Nujoma. Dès 1990, l'avenue principale de Windhoek, la Kaiserstrasse, est rebaptisée Independence Avenue[14]. La ville est alors toujours très ségréguée, la majorité de la population résidant dans le township de Katutura. Le nouveau maire, élu en 1992, est Björn von Finckenstein.
L'indépendance du pays donne également à la ville un nouvel élan et un taux de croissance démographique important.
Géographie et démographie
Située à 1 650 m d'altitude, la ville et son agglomération comptent 431 000 habitants (2022). Les blancs et les métis (basters en Namibie) forment 33,3 % de la population.
Depuis 1981, l'évolution démographique de Windhoek a été :
Histogramme de l'évolution démographique de Windhoek
Histogramme
1981
96 057
1991
147 056
2001
233 529
2011
325 858
2016
395 000
2020
431 000
On y distingue le centre-ville, les quartiers principalement blancs, le quartier métis de Khomasdal et le township noir de Katutura où vivent la majorité des habitants de la ville.
Située au centre du pays, Windhoek est la porte d'entrée des touristes au carrefour des routes se dirigeant vers Swakopmund et les dunes du désert du Namib à l'ouest, vers le parc d'Etosha au nord, et vers Fish River Canyon et Lüderitz au sud.
Climat
Windhoek est située dans une région semi-désertique. Les journées d'été sont très chaudes mais les nuits fraiches.
Les mois printaniers de juin, juillet et août sont les moins pluvieux.
Moyenne mensuelle des plus hautes et basses températures
Mois
Jan
Fév
Mar
Avr
Mai
Juin
Juil
Aoû
Sep
Oct
Nov
Déc
Temp. les plus hautes °C
31
29
28
26
23
21
21
24
27
29
30
31
Temp les plus basses °C
18
17
16
13
9
7
7
9
12
15
16
17
Precip (mm)
78
80
79
38
7
1
1
1
3
12
27
42
Transport
Deux autoroutes transafricaines traversent Windhoek:
L'aéroport d'Eros de plus faible capacité traite les vols de courte distance et les vols charters.
Architecture
L'artère principale qui va du nord au sud est Independence Avenue (plus connue pendant 100 ans sous le nom de Kaiser-Strasse) et croise au centre de la ville l'artère secondaire, Sam Nujoma Drive (ancienne Curt von François). En 1928, Kaiser Strasse fut la première rue pavée de la capitale suivie 10 ans plus tard par Gobabis road.
Independence Avenue et la rue piétonne Post Str. concentrent les boutiques et les restaurants du centre ville (Gatheman Haus).
Tout proche, sur Robert Mugabe Av. (ex-Leutwein Strasse), L'église luthérienne de Windhoek (1910), véritable symbole de la capitale namibienne, domine la ville au côté du vieux fort allemand (Alte Feste) et de la statue équestre du cavalier du Sud-Ouest (Reiterdenkmal) datant de 1912. Aussi proche, le Tinten-Palast (1913) est le siège du parlement et du gouvernement. Plusieurs statues sont disséminées dans la ville dont celles de Curt von François (1965) et de chefs tribaux, anticolonialistes ou anti-apartheid comme Hendrik Witbooi, Hosea Kutako et Theofilus Hamutumbangela.
Dans les environs immédiats se succèdent des villas coloniales de type allemand (villa Lanvers), la cathédrale Ste Mary et la vieille gare de la ville.
Politique et administration
Administration municipale
La ville est dirigée par un conseil de quinze membres élus au suffrage universel. Depuis les élections des 26 et , le conseil comprend onze membres de la SWAPO, trois du RDP et un de la NUDO. Depuis les élections municipales de , la ville est dirigée par une coalition de 5 partis d'opposition à la SWAPO[17]. Job Amupanda, élue sous les couleurs de Affirmative Repositioning, un mouvement issu de la SWAPO et affilié à la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, a été élue maire de la ville le .
Liste des maires
1909–?
Gustav Voigts (1866-1934)
1911–1916
Peter Müller (1873-1934)
1916–1920
Johann Robert Schmalz (1871-1940)
1920–1922
Peter Müller
1927–1928
Joseph Wood
1928-1939
John Christian Theodor Meinert (1886-1946)
1941-1946
Marie Elizabeth May Bell
...
...
1954–1955
Willem Hendrik Immelman
1956–1957
Hermanus Johannes Steyn
1957–1961
Jacobus van Deventer Snyman
1961–1963
Stefanus Johannes Spies
1963–1965
Jack Louis Levinson
1965–1968
Samuel Davis
1968-1969
Con Katzke
1969–1971
Joachim Bernhard Hermann von Prittwitz und Gaffron (1929-2013)
Leonora van den Heever (1926- ), première femme juge d'Afrique du Sud et la première femme à être nommée juge de la Cour suprême d'appel d'Afrique du Sud
↑(en) Rukee Tjingaete, « Guerilla Movements' influence on the growth of the new Social Movements in the Periphery: a study of the SWAPO women », Namnet Digest, via Hartfort Web Publishing, vol. 95, no 11, (lire en ligne)
↑(en) Wade C. Pendleton, Katutura, a place where we stay : life in a post-apartheid township in Namibia : Katutura before and now, Gamsberg Macmillan,
↑J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 2012-2013
↑Daniel Thomas du Plessis Viljoen (1892-1972) était un enseignant, un fermier et un homme politique sud-africain, membre du Sénat et administrateur du Sud-Ouest africain de 1953 à 1963. Il est l'un des fondateurs du Daan Viljoen Game Park situé à l'ouest de Windhoek et destiné à préserver l'écosystème.
↑Bernhard von Bülow (1849-1929) est un ancien secrétaire aux affaires étrangères et chancelier allemand. Il est à l'origine de la révocation de l'ordre de Lothar von Trotha d'exterminer les Hereros.
↑Frans Aupa Indongo est un homme d'affaires issu d'un milieu pauvre, propriétaire de Continental Enterprises et président de Frans Indongo Trust.
↑Magistrat et secrétaire au Sud-Ouest africain dans les années 50 et 60
↑Kurt Dinter (1868-1945) était un botaniste allemand
↑Stephanus ("Fanie") Johannes du Plessis (1930-2001) était un athlète sud-africain qui a participé aux jeux olympiques de 1956 et 1960. Il fut deux fois médaillé d'or pour le lancer du disque aux jeux du Commonwealth en 1954 et 1958.
↑Anton Lubowski (1952-1989) était un avocat né à Luderitz. Membre la communauté blanche du Sud-Ouest africain, il fut un élément emblématique pour la SWAPO souvent alors décrit comme un mouvement ovambo ou uniquement noir. Lubowski fut assassiné quelques mois avant l'indépendance de la Namibie
↑Joseph Mukwayu Ithana (1938-2008) est un vétéran de la lutte armée pour l'indépendance de la Namibie et un membre de la SWAPO dont il fut le trésorier.
↑Peter Nanyemba (mort dans un accident de voiture en avril 1983 en Angola) était le commandant militaire de l'Armée populaire de libération nationale de la Namibie (PLAN) et le secrétaire à la Défense de la SWAPO
↑Né en 1924, Herman Andimba Toivo ya Toivo fut membre fondateur de l'Ovamboland People's Congress (OPC) en 1957 et incarcéré pendant plus de 20 ans sur l'île pénitencier de Robben Island pour ses activités en faveur de l'indépendance du Sud-Ouest africain. Libéré en 1984, il devint secrétaire général de la SWAPO, député à l'assemblée constituante de la Namibie (1989-1990) puis à l'Assemblée nationale (1990-2004), ministre de l'Énergie (1990-1999), ministre du Travail (1999-2002) et ministre des Prisons (2002-2006)
↑Mort à Windhoek en 1997, Eliaser Tuhadeleni, membre de la SWAPO et combattant de l'armée populaire de libération nationale de la Namibie, incarcéré sur l'île pénitencier de Robben Island.
↑Moses Tjitendero (mort en 2006) fut membre de l'assemblée constituante et le premier speaker de l'assemblée nationale de Namibie après l'indépendance. Il exerça cette fonction de 1990 à 2005.
↑Le révérend Michael Scott (1907–1983) était un activiste britannique anti-apartheid, pétitionnaire en 1958 aux Nations unies pour l'indépendance du Sud-Ouest africain au côté du chef Hosea Kutako et du Captain Hendrik Samuel Witbooi (1906-1978).
↑Peter Müller (1873-1934) fut maire de Windhoek de 1911 à 1916 et de 1920 à 1922 ainsi que membre de l'assemblée législative (1926-1934)
↑Bernt Carlsson (1938-1988) était un social démocrate suédois, conseiller d'Olof Palme, secrétaire général adjoint aux Nations unies et membre de la commission sur la Namibie (1987-1988). Il est mort dans l'attentat de Lockerbie
↑Mandume Ndemufayo (1894-1917) était un roi Ovambo
↑Oscar Wilhelm Stübel (1846-1921), chef de l'administration coloniale à Berlin (1900-1905) responsable du Sud-Ouest africain
↑Karl Werner Rudolph List était un homme d'affaires de Windhoek, fondateur de South West Breweries et président de Ohlthaver and List Group, détenteur de Namibia Breweries Limited.
(de + en + nl) N. Mossolow, Windhoek damals / Die Windhoek van weleer / This was old Windhoek, SWA, 1965, 143 p.
(en) Rolf Brockmann et Gunther Christoph Dade, Katutura : excursions into Windhoek's township, Klaus Hess Verlag, Windhoek, Göttingen, 2006, 183 p. (ISBN978-3-933117-03-8)
(en) Ferdinand Lempp, Windhoek: 40 photos, Afrika-Verlag, Windhoek, 1957
(en) Marion Wallace, Health, power and politics in Windhoek, Namibia, 1915-1945, P. Schlettwein Publ., Bâle (Suisse), 2002, 312 p. (ISBN978-3-908193-11-1) (texte remanié d'une thèse de doctorat de Sciences Humaines, University of London, 1997)
(en) Helmut Zur Strassen, Windhoek, Purnell, Le Cap, New York, 1975, 46 p.
(fr) Elisabeth Peyroux, Windhoek capitale de la Namibie : changement politique et recomposition des périphéries, Karthala, Paris ; IFRA, Johannesbourg, 2004, 373 p. (ISBN2-84586-486-8) (texte remanié d'une thèse de doctorat de géographie, Paris-10, 2000)
(fr) Christophe Sohn, Changement gestionnaire et recompositions urbaines post-apartheid : la question foncière à Windhoek (Namibie), université Louis-Pasteur, Strasbourg, 2003, 733 p. (thèse de doctorat de géographie)