Il s'oriente vers le journalisme d'investigation, enquêtant notamment sur l'affaire Robert Boulin, et sur les pratiques du groupe Bolloré au Cameroun. Le groupe l'attaque d'ailleurs en justice dans plusieurs procédures à partir de cette date : Collombat est condamné pour diffamation en 2010 ; Bolloré est condamné pour procédure abusive en 2019.
Benoît Collombat est grand reporteur au sein de la rédaction de France Inter depuis 1994. Il a couvert des évènements tels le tsunami en Asie, les guerres en Ulster, en Irak, les évènements en Iran, la chute de Milosevic en Serbie ou encore la révolte des réfugiés de Lampedusa et les inondations en Espagne, et effectue dès lors de nombreux travaux d'investigation.
En , Benoît Collombat enquête sur la disparition en Polynésie française du journaliste d’investigation Jean-Pascal Couraud, dit JPK. Son enquête « Des requins en eaux troubles - contre-enquête sur l’affaire JPK » est diffusée sur France Inter dans le magazine Interception et le site de la chaîne[1].
En 2009, après la polémique suscitée par le livre de Pierre Péan titré Le monde selon K, mettant notamment en cause l’activité de consultant de Bernard Kouchner au service de potentats de la « Françafrique », au Gabon et au Congo-Brazzaville, Benoît Collombat réalise l'enquête « Les affaires africaines du Docteur Kouchner »[6] diffusée sur France Inter et sur franceinter.com où il publie pour la première fois les fameux rapports.
Il apporte également de nouveaux éléments dans l'enquête sur le naufrage du Joola[7] au Sénégal, en septembre 2002, la plus grande catastrophe maritime civile.
En août2010, Benoît Collombat publie une nouvelle et retentissante enquête sur Éric de Sérigny, l’un des conseillers d’un ministre alors très en vue, Éric Woerth, nouvel élément de l’affaire Bettencourt. Poursuivant son enquête sur l’affaire Bettencourt, il publie quelques jours après d’autres éléments sur un nouveau volet sur lequel Eric Woerth pourrait avoir à se justifier : l’affaire Wildenstein.
En 2003, il réalise pour France Inter une contre-enquête sur le sujet, intitulée Affaire Boulin, un homme à abattre[8], prélude au livre du même nom qui sortira en 2007, quatre ans plus tard[9]. Cette contre-enquête va permettre de relancer toute l'affaire et de mettre en lumière des témoignages qui n'avaient encore jusqu'ici pas été entendu. Il apporte, à nouveau, des éléments inédits (témoignages et documents) sur l'affaire Boulin en . Son enquête « Affaire Boulin : ces nouveaux témoins qui parlent d'assassinat » est diffusée sur France Inter et reprise dans la presse[10].
Reportage sur les affaires de Bolloré au Cameroun (2009 - ...)
En , il réalise un reportage en Afrique « Cameroun : l’empire noir de Vincent Bolloré »[11] diffusé dans le cadre du magazine Interception[12] sur France Inter. Des témoignages inédits de camerounais décrivant la face cachée des pratiques de Bolloré au Cameroun, où le groupe contrôle en grande partie le port autonome de Douala, les chemins de fer et des plantations de palmiers.
Pour ce reportage Benoît Collombat et France Inter sont attaqués en diffamation par le groupe Bolloré devant le tribunal correctionnel de Paris. Le groupe Bolloré attaque le journaliste sur l'ensemble de son reportage[13]. Les audiences ont eu lieu en [14] et [15].
« En poursuivant en diffamation France Inter, Vincent Bolloré veut faire "un exemple" » écrit Rue 89[16] qui assiste aux audiences. Le le tribunal correctionnel de Paris condamne Benoît Collombat et Jean-Paul Cluzel, alors directeur de publication de France Inter, à 1 000 euros d'amende[17] et à verser solidairement à Bolloré un euro de dommages. Benoît Collombat est condamné pour « diffamation publique » envers Vincent Bolloré et Bolloré SA au motif unique de leur avoir imputé sans preuve suffisante « de ne pas respecter les engagements financiers pris lors de la concession de la Camrail ». Il est exonéré des autres points d'accusations. Le tribunal reconnait comme étant de bonne foi la description des conditions de logement « indignes » des employés de la société Socapalm ainsi que du non-respect de la sécurité minimale des employés de Socapalm[18]. Pareillement, le tribunal reconnaît que les allégations sur l'influence du groupe Bolloré sur le clan du Président Biya ainsi que l'aide financière que ce groupe apporterait à certains relais d'opinion importants au Cameroun (dont la Fondation Chantal Biya) « relèvent du libre débat d'opinion sur un sujet d'intérêt général[19]».
En 2015, Collombat participe à un ouvrage collectif, Informer n'est pas un délit, paru aux éditions Calmann-Lévy, alors sous la direction de Florence Sultan. Le texte de Collombat décrit notamment une stratégie du groupe Bolloré dans ses procédures judiciaires envers les médias.
Le groupe Bolloré porte alors à nouveau plainte contre Collombat et Sultan mais en mai 2019 est condamné pour « procédure abusive » à son encontre, la 17e chambre correctionnelle, spécialisée dans les délits de presse, ayant jugé que Benoît Collombat doit être relaxé, et le groupe Bolloré condamné pour « abus de constitution de partie civile ».
Ce dernier doit verser la somme de 9 000 euros au journaliste, « en réparation du préjudice moral causé par cette action, qui a entraîné une procédure de plusieurs années »[20].
Bolloré fait appel en 2020, mais la Cour d'appel confirme le jugement de 1ère instance. En 2021, alors que le groupe est devenu indirectement actionnaire de la maison d'édition[Note 1] la Cour de cassation, saisie toujours par Bolloré, ordonne un nouveau procès en appel[21].
Autres collaborations
En 2011-2012, Benoît Collombat travaille en collaboration avec David Servenay pour Les Inrocks où ils tiennent un blog Carnets d'enquêtes.
Il fait partie des membres bénévoles du comité éditorial de Disclose[22]. Dans ce cadre, il est convoqué par la Direction générale de la Sécurité intérieure en mai 2019[23]. Un communiqué de la Ligue des droits de l'homme (France), en date du 14 mai 2019, relaie dix-sept ONG qui dénoncent des menaces de poursuites judiciaires pesant sur les journalistes Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, du média d’investigation Disclose, ainsi que Benoît Collombat, de la cellule investigation de Radio France, qui ont enquêté sur la présence d’armes françaises dans le conflit au Yémen et qui sont entendus par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « compromission du secret de la défense nationale » ouverte par le parquet de Paris après le dépôt d’une plainte par le ministère des Armées[24].
Benoît Collombat est cité dans Le Système B, un documentairefrançais, créé par l'ONG Reporters sans frontières et diffusé en , qui fut très médiatisé car il a appelé « l'État, le CSA, l'Autorité de la concurrence et le législateur à intervenir » et dénoncé des « pratiques représentent un véritable danger pour la liberté de la presse, mais aussi pour la démocratie »[29] et alerté contre la censure répétée d'enquêtes dans différents médias du groupe industriel et de services de Vincent Bolloré[30],[31],[32],[33],[29],[34],[35],[36], mais visant aussi d'autres médias, par un usage massif des poursuites judiciaires, afin de décourager au maximum les enquêtes sur « ses activités africaines », qui « représentent un tiers du chiffre d'affaires » du groupe Bolloré.
Il a par ailleurs soutenu le journaliste Denis Robert lors de sa mise en examen dans l'affaire Clearstream en 2006, soulignant le paradoxe des poursuites contre celui qui « avait permis une meilleure compréhension des rouages de la société Clearstream »[37] grâce à ses révélations dans le livre Clearstream, l’enquête, publié en .
Prix Goretta en 2006, pour un reportage pour le magazine "Interception" consacré à la fin de vie, intitulé « Je vous tire ma révérence »[43] ;
Prix international de l'enquête 2008 du CFJ[44] (Centre de formation des journalistes), catégorie radio, pour l’enquête sur l'affaire JPK « Des requins en eaux troubles».
Avec Thomas Borrel, Amzat Boukari Yabara, Thomas Deltombe (dir.), L'empire qui ne veut pas mourir : Une histoire de la Françafrique, Seuil, , 1008 p. (ISBN978-2-02-146416-0)
↑AFP, « Bolloré condamné pour procédure abusive contre un journaliste : un troisième procès ordonné », Sud Ouest, (ISSN1760-6454, lire en ligne, consulté le )
↑Alexandre Berteau, « « Disclose », le nouveau média d’investigation en quête de mécènes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Le Monde, AFP, Reuters, « Armes françaises au Yémen : trois journalistes convoqués par la DGSI », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b"Liberté de la presse : que montre le documentaire de Reporters sans frontières sur le groupe Bolloré ?" le 15/10/2021 sur France Télévisions[1]
↑"RSF dénonce les «méthodes brutales» de Vincent Bolloré dans les médias" dans Le Figaro le 14 octobre 2021 [2]
↑"Reporters sans frontières dénonce les méthodes de Vincent Bolloré contre l’information" par Aude Dassonville, dans Le Monde le 14 octobre 2021 [3]
↑"Vidéo. Vincent Bolloré : un documentaire de Reporters sans frontières dénonce ses « méthodes brutales »", par l'Agence France-Presse reprise le 14/10/2021 par le quotidien régional Sud Ouest[4]
↑"Europe 1 ne digère pas la patte Bollo" le 22 juin 2021 dans Libération[5]
↑"Le Système B." : un documentaire de Reporters sans frontières dénonce les méthodes de Vincent Bolloré" par Maxime Tellier, le 14/10/2021 sur France Culture[6]
↑“Le Système B”, un docu choc sur la méthode Bolloré contre la liberté d’informer" par Richard Sénéjoux le 14/10/21 dans Télérama[7]
↑"Concentration des médias : une commission et des propositions sur la table" par Aude Carasco, le 24/11/2021 dans La Croix