La région est le noyau originel de la Moldavie. Elle faisait partie de la Țara de Sus (« Haut-Pays »), en opposition à la Țara de Jos (« Bas-Pays »), zone sud, aux altitudes plus basses, de la Moldavie. Elle fut cédée en 1775 par le sultan de Constantinople, suzerain des hospodars de Moldavie, aux Habsbourg d’Autriche en remerciement pour leur neutralité dans la guerre russo-turque de 1768-1774 et au mépris du traité de vassalité liant la Moldavie à l’Empire ottoman, qui garantissait l’intégrité territoriale de la Moldavie. Le prince de Moldavie, Grigore Ghica, proteste contre la cession de ce territoire moldave, si bien que l’Autriche fait pression sur le sultan, afin de le destituer. Les Ottomans vont plus loin : ils le font décapiter le .
Le nom de Bukowina fut donné par les Habsbourg à cette partie du Haut Pays en 1775 lors de l’annexion de la région à leur empire. C’est un nom slave signifiant « hêtraie ». L’équivalent en allemand : das Buchenland, utilisé plutôt en poésie, signifie « pays des hêtres ».
Officielle sous la domination autrichienne, la dénomination die Bukowina, dérive d’un terme polonais, choisi parce que de 1775 au milieu du XIXe siècle, la Bucovine fut intégrée à son voisin, le royaume de Galicie et de Lodomérie, territoire polonais annexé trois ans auparavant par l’Autriche. Or le gouvernement de la Galicie-Lodomérie était, selon la volonté explicite des Habsbourg, administré par des fonctionnaires de l’Empire et par la noblesse polonaise locale. Vienne encouragea la noblesse polonaise à administrer et peupler aussi la Bucovine, afin d’accroître l’influence du catholicisme (religion des Habsbourg et des Polonais) face à l’orthodoxie des Moldaves[1].
Histoire
Histoire ancienne
L’implantation humaine date du paléolithique, mais, en dehors des vallées des principaux cours d’eau (Siret, Ceremuș, Prut, Moldova…), elle a été sporadique en raison des variations du climat et d’invasions venues des steppes de l’Est (peuples de cavaliers nomades), les deux phénomènes étant liés. La végétation aussi a évolué selon ces aléas : lors des périodes plus humides à peuplement sédentaire, les forêts (codri), les prés (pășuni) et les cultures (ogoare) progressaient, tandis que lors des périodes froides ou sèches à passage de peuples nomades, elles reculaient. À chaque période défavorable, les populations autochtones, à commencer par les Gétodaces et parmi ceux-ci, les Carpiens (qui ont laissé leur nom aux Carpates, carpa signifiant « roche » en thrace) et en finissant par les Moldavesroumanophones actuels, se sont réfugiées en amont des vallées (plus arrosées en raison de leur altitude), puis, les pluies revenues, ont repeuplé le pays en creusant des puits et en refondant des villages et des villes, tout en assimilant au passage les minorités installées lors des invasions[2].
L’avant-dernière grande invasion ayant dépeuplé le pays (mentionné comme loca deserta ou terra sine incolis sur les cartes de l’époque) fut celle des Tatars/Mongols au XIIIe siècle, puis le repeuplement moldave s'est effectué au XIVe siècle à partir de la Marmatie (qui a légué à la Bucovine et à la Moldavie ses armoiries à tête d'aurochs). Les populations locales de Bucovine se sont structurées en petits duchés slavo-roumains appelés « canesats » ou « kniezats », en référence aux chefs guerriers slaves (les kniaz), ou bien « romanies » ou « valachies » en référence à la population romanophone. Ces « canesats » sont vassaux des royaumes voisins : soit la Hongrie soit la Galicie-Volhynie, cette dernière ultérieurement intégrée au royaume de Pologne-Lituanie au XIVe siècle. Dans la future Bucovine, le principal duché est celui de Baia (la « mine ») aux sources de la rivière Moldova (qui donnera son nom au pays appelé en français « Moldavie »).
Noyau de la Moldavie
À partir du milieu du XIVe siècle, la région devient le noyau de le principauté de Moldavie, avec la cité de Suceava comme capitale en 1388 (ce voïvodatroumanophone, vassal mais autonome, est différent des voïvodies polonaises, qui ne sont que des provinces du royaume de Pologne, mais l’historiographie polonaise moderne grand public ne s’embarrasse pas de telles nuances). Au début du XVe siècle, le voïvode moldave cède au roi polonais la Pocoutie, région voisine de la future Bucovine, mais en même temps, cesse d’être vassal de la Pologne. Le voïvode Étienne le Grand et ses successeurs sur le trône de Moldavie font construire les fameux monastères, dont la renommée est due à la conservation exceptionnelle des fresques non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur : Moldovița, Humor, Sucevița, Arbore, Pătrăuți, Probota, Suceava et Voroneț[4]. Avec leurs fresques polychromes, ces monastères sont un des trésors culturels de la Roumanie moderne, et une des sources de revenus de l’Église orthodoxe roumaine.
Pendant les deux siècles qui suivent, la région fait partie du voïvodat de Moldavie, bientôt vassal de l’Empire ottoman. Elle est fréquemment victime des incursions des Tatars, des Cosaques, des Polonais, des Russes en 1769, et des Autrichiens en 1774.
La période autrichienne
La monarchie des Habsbourg cherchait depuis 1772 (annexion de la Galicie) à s'assurer une liaison terrestre entre celle-ci et la Transylvanie. Après la paix de Koutchouk-Kaïnardji mettant fin à la guerre russo-turque de 1768-1774, un traité austro-ottoman du permet aux Autrichiens d’occuper la partie nord de la Moldavie, dès lors appelée Bucovine. Pour justifier son annexion de ce territoire, la monarchie des Habsbourg invoque le statut de terra nullius : puisque la principauté de Moldavie était « schismatique » et tributaire de l'Empire ottomanmusulman, ce n'était donc pas un Etat souverain européen pouvant participer aux négociations entre nations[5]. La nouvelle frontière austro-moldave marque sur le terrain une suite de « dents de scie » orientées tantôt est-ouest, tantôt nord-sud : aucune contrainte topographique ne l’explique, mais les archives en dévoilent la raison : à chaque « bakchich » autrichien, la commission ottomane chargée de tracer cette frontière s’enfonçait plus loin vers l’est en territoire moldave, mais à chaque protestation du hospodarGrigore III Ghica elle revenait vers le sud-ouest, de crainte que la colère du sultan ottomanAbdülhamid Ier, dont la Moldavie était tributaire, ne s’abatte sur elle. L’arbitraire absolutiste aboutit à la mort du hospodar moldave, décapité pour avoir protesté[6],[7].
Entre les populations autochtones soumises au servage, et les colons plus favorisés, les frictions restent d’abord modérées, les différentes cultures se développent côte à côte et la renaissance culturelle roumaine va de pair avec le développement de la culture ukrainienne (dite alors ruthène) qui, en Bucovine, est plus florissante que partout ailleurs dans l’actuelle Ukraine, grâce au réseau d’établissements scolaires ruthènes, développé dans les campagnes sous l’égide de l’Église grecque-catholique ukrainienne, que les Habsbourg favorisent au détriment des orthodoxes. Les Allemands catholiques et les Juifs sont les principaux vecteurs et bénéficiaires de l’essor économique du pays ; la culture juive se développe : au XIXe siècle, les bourgs de Sadagura et de Vyjnytsia deviennent des centres du hassidisme avec des dynasties hassidiques locales. Néanmoins, la Bucovine, éloignée des centres économiques d’Europe centrale, reste, au sein de l’Autriche-Hongrie, très « provinciale ».
Pendant les guerres antibolchéviques soviéto-polonaise de 1919-1921 et hungaro-roumaine de 1919, les autorités polonaises et roumaines, soutenues respectivement par les missions françaises Faury et Berthelot, craignent que le Russie soviétique et la Hongrie bolchévique ne fassent leur jonction à travers la Bucovine, la Pocoutie et la Ruthénie : la 8e division roumaine des généraux Jacob Zadik et Nicolae Petală, et la 4e division polonaise du général Franciszek Kraliczek-Krajowski prennent donc position dans la région, tout en déclarant qu'elles « n’intervenaient pas contre l’armée ni le peuple ukrainien ni ses représentants dont les propriétés, la sécurité, les institutions et leur fonctionnement seraient respectées[12] ».
Au Traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919, la Bucovine est reconnue comme roumaine, ce que les Ukrainiens locaux acceptent faute de mieux, car cela leur évite la guerre civile russe, la terreur rouge, les réquisitions, la collectivisation et les famines qui sévissent en Ukraine soviétique. Dans l’entre-deux guerres, l’ambiance multiculturelle et tolérante de cette « Douce Bucovine » est mise à mal par la crise économique des années 1930 qui réveille la rancœur des Roumains les plus pauvres, jadis marginalisés sous le régime autrichien, et dont certains adhèrent aux idées nationalistes de la « Garde de fer », fondée par Kornelius Zielinski, un jeune noble polonais de Bucovine devenu nationaliste roumain et ayant changé son nom en Corneliu Zelea Codreanu.
La Bucovine du nord change de mains deux fois pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier en juin 1941 quand le général Petre Dumitrescu la reprend pour le compte de la Roumanie d’Antonescu avec la troisième armée roumaine, et en mars 1944, quand l’Armée rouge reprend le territoire pour l’Union soviétique. La population subit de lourdes violences mais la ville de Cernăuți-Tchernivtsi, bien que quasi-vidée de ses habitants, est épargnée par les bombardements et en sort presque intacte.
Sous le régime Antonescu, la majeure partie de la communauté juive de Bucovine est anéantie par les déportations vers l’Ukraine, au-delà des fleuves Dniestr et Boug, dans la Podolie annexée par le régime Antonescu et rebaptisée Transnistrie, où les Juifs de Bucovine meurent en masse de froid, de la dysenterie et du typhus, avec les Juifs de Bessarabie et des Roms. Le « Schindler local », Traian Popovici, maire de Cernăuți, un « juste » totalement oublié hors d’Israël, réussit à sauver 20 000 Juifs, la moitié de la communauté de sa ville. Ces personnes deviennent soviétiques en 1944, et leurs descendants vivent aujourd’hui dans la diaspora. Pour mener à bien ses sauvetages, Traian Popovici a dû se justifier auprès d’Antonescu en usant d’arguments économiques [15] : ses lettres sont à présent utilisées dans des buts polémiques pour contester sa qualité de « juste » — dans le même ordre d’idées, Oskar Schindler, membre du parti nazi, a lui aussi usé d’arguments économiques[16].
Après la guerre
À l’issue de la guerre, le partage de la Bucovine entre l’URSS et la Roumanie est reconnu par le traité de paix de Paris en 1947, bien que la Bucovine n’eût pas été revendiquée par Staline avant 1940, car elle n’avait pas, comme la Bessarabie, fait partie de l’Empire russe. La Bucovine du nord, devenue l’oblast de Tchernivtsi, fait partie de la République socialiste soviétique d'Ukraine, tandis que le sud de la province, formant le département (Județ) de Suceava en 1968, fait partie de la Roumanie communiste : cette division de la région est restée en place jusqu’à nos jours, entre les États modernes d’Ukraine et de Roumanie. Selon la correspondance entre le ministre Krouglov et Staline, citée par Nikolai Bugai, environ 60 000 Roumains ont été déportés hors de Bucovine de juillet 1940 à juin 1941 et 253 000 Roumains entre 1944 et 1955[17]. La lutte de maquisards roumains contre les Soviétiques dura toutefois jusqu'en 1958[18]. Les survivants ont été divisés arbitrairement en deux communautés par l’administration soviétique : ceux vivant à l’est de Tchernivtsi ont été classés « Moldaves » (et il leur était impossible de quitter l’URSS), les autres ont été classés « Roumains » et avaient le droit de demander à émigrer en Roumanie. Après la dislocation de l'URSS, un monument a été érigé à la mémoire des victimes[19].
Depuis l’occupation de la Bucovine du nord, la politique soviétique d’épuration ethnique vise, comme dans d’autres régions récemment annexées (Bessarabie, ouest de l’Ukraine, Pays baltes), à déporter les autochtones et à les remplacer par des colons russes et ukrainiens, ces derniers venus de l'Est ukrainien et souvent russophones. Les populations roumanophones sont de plus en plus minoritaires. Selon le recensement officiel de 2001, leur nombre étant aujourd’hui de seulement 173 000 personnes sur 908 500 habitants.
Une minorité roumaine compacte habite encore le sud de l'oblast de Tchernivtsi : dans quatre raions, elle représente une proportion significative selon le recensement de 2001 :
La Bucovine a donné de nombreux personnages aux cultures de la Roumanie, de l’Autriche et de l’Ukraine, mais à l'international, ce sont deux écrivains et poètes de langue allemande, Paul Celan (1920-1970) et Gregor von Rezzori (Răzoare, 1914-1998) qui sont les plus connus. Ce dernier, citoyen autrichien presque toute sa vie, exprimait le point de vue des Habsbourg sur sa Bucovine natale, selon lequel c’était « une ancienne province turque » et « une terre de personne » (terra nullius), tandis que les siècles et les héritages de son passé moldave sont passés sous silence. D’autres ouvrages décrivent la période austro-hongroise comme un temps idyllique, ignorant la dure condition des autochtones moldaves à l’époque, qui, de ce fait, y apparaissent comme des brutes inexplicablement xénophobes[20].
En outre, la Bucovine donna à la culture roumaine l’écrivain et historien Zamfir Ralli-Arbore (1848-1933) et l’actrice Maria Forescu (1875-1943), à l’Autriche l’économiste Joseph Schumpeter (1883-1950), à l’Allemagne et l’Angleterre le metteur en scène Friedrich Zelnik (1895-1950) et à la politique ukrainienne le premier ministre Arseni Iatseniouk (né en 1974).
↑Ion Nistor, (ro) Istoria bisericii din Bucovina (« Histoire de l'église de Bucovine »), Socec, Bucarest 1916, et (de) Der nationale Kampf in der Bukovina (« La lutte nationale en Bucovine »), Cernăuţi 1918.
↑Gheorghe Postică, Civilizaţia veche din Moldova (« L'ancienne civilisation de Moldavie »), éd. Ştiinţa, Chişinău 1995, (ISBN5-376-01634-X).
↑Nicolae Chetraru, Din istoria arheologiei Moldovei, ed. Știința, Chișinău 1994, (ISBN5-376-01636-6) ; les cartes nationalistes russes ou ukrainiennes montrent la Rus' de Kiev s'étendant jusqu'en Moldavie ([1], [2]), les autres montrent les Bulgares, les Valaques, les Iasses, les Pétchénègues, les Coumans conformément aux sources.
↑Sept des ensembles plus représentatifs sont inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco
↑(en) Tomasz Kamusella, Central Europe in the Distorting Mirror of Maps, Languages and Ideas in The Polish Review vol. 57, no 1, p. 33-94, University of Illinois Press on behalf of the Polish Institute of Arts & Sciences of America 2012, [3]file 62 ; voir aussi Gregor von Rezzori, Maghrebinische Geschichte in : Lacques Lajarrige, Gregor von Rezzori, études réunies, Centre d'Études et de Recherches Autrichiennes de l'Université de Rouen, Mont-Saint-Aignan 2003.
↑Veinstein et Mihnea Berindei, L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
↑Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN2-9520012-1-9).
↑E. Turczynski, (de) « Geschichte der Bukowina in der Neuzeit. Zur Sozial- und Kulturgeschichte einer mitteleuropäisch geprägten Landschaft » in Studien der Forschungsstelle Ostmitteleuropa an der Universität Dortmund n°14, Wiesbaden, 1993
↑K. Scharr, (de) « Historische Region Bukowina. Entstehen und Persistenz einer Kulturlandschaft » in Thede Kahl, Michael Metzeltin, Mihai-Răzvan Ungureanu (ed.), Rumänien, Raum und Bevölkerung. Geschichte und Geschichtsbilder. Kultur. Gesellschaft und Politik heute. Wirtschaft. Recht und Verfassung. Historische Regionen, Wien, Münster, 2006, (ISBN3-7000-0593-8).
↑Ion Nistor, (ro) Istoria Bucovinei (« Histoire de la Bucovine »), Ed. Humanitas, Bucarest 1991.
↑Philippe Henri Blasen in : Analele Bucovinei, 1/2014
↑Nikolaï Théodorovitch Bougaï, (ru) Informations des rapports de Béria et de Krouglov à Staline, éd. de l’Acad. de sciences de Moldavie nr. 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай, «Выселение произвести по распоряжению Берии…» in: «О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50-е годы», Исторические науки в Молдавии, no 1, Кишинев 1991, 1.0), Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581 («Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии: Лагеря, принудительный труд и депортация» Германия, Эссен 1999, 1.3), et « La question de la déportation des peuples d'URSS dans les années 1930 et 1940 » dans Revue d'histoire de l'URSS 1989 («К вопросу о депортаций народов СССРв 30-40ш годах», ИСССР 1989).
↑Le 13 juin 1941, des unités du NKVD patrouillèrent dans les rues de Cernăuți à la recherche de « bourgeois », de « sionistes », d’« espions roumains » et d’« ennemis du pouvoir soviétique ». Ils arrêtèrent ainsi 3 800 personnes, dont près de la moitié de Juifs. Les « coupables » furent déportés en Sibérie, mais restèrent d’abord trois jours à la gare dans des wagons fermés : [4].
↑Radu Ioanid, La Roumanie et la Shoah : Destruction et survie des Juifs et des Tsiganes sous le régime Antonescu, 1940-1944, Paris, éditions de la Maison des sciences de l'Homme, 2002, p. 203.
↑Nikolaï F. Bugaï, Les Déportation des peuples d'Ukraine, de Biélorussie et Moldavie, Essen, Hg. v. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, 1999, p. 567–581.
↑Résistance paysanne et maquis en Roumanie de 1945 à 1965, Georges Diener : Les maquis organisés contre l’administration communiste instaurée par les soviétiques le 6 mars 1945 trouvèrent ainsi en Bucovine un terrain psychologique et géographique favorable car les populations s’étaient déjà plus ou moins habituées à ces hommes armés qui avaient investi les montagnes où ils trouvaient refuge sous d’épaisses toisons de sapins. Les maquisards, qui agirent dans la clandestinité de juillet 1945 à janvier 1958, étaient pourtant différents des partisans antisoviétiques par leur appartenance sociale, leurs mobiles, leurs actions mais surtout leur statut, puisque les premiers s’assimilaient à des soldats combattant aux ordres de leur armée, alors que les seconds étaient des maquisards en situation des plus irrégulières, agissant dans la plus totale clandestinité.