Le Calaisis a une géographie très similaire à la Flandre voisine, tout comme cette dernière, c'est un polder, il fait d'ailleurs partie de la plaine maritime flamande avec le Westhoek.
Une grande partie de la surface du Calaisis se compose de zones humides. Le territoire se divisait grossièrement en hautes terres dans l’ouest et le bas pays de l’Est[1]. Sa superficie est difficile à cerner à cause des limites qui n’étaient pas clairement définies, en raison des terres marécageuses et des cours d’eau artificiels[1] qui changeaient constamment, mais s’étendaient de Gravelines presque à Wissant et couvraient environ 52 km2[2]. En outre, les Français récupéraient sans cesse de petites parties de leur territoire, en particulier dans le sud-ouest[2].
Lorsque le roi d’Angleterre eut disposé des six bourgeois de Calais, il envoya ses deux maréchaux et Wauthier de Masny prendre possession de la ville et du château, avec ordre de mettre en prison les chevaliers qui avaient défendu la place, et de faire partir simplement tout le reste de la ville, hommes, femmes et enfants, voulant repeupler la ville de purs Anglais. Il ne resta dans Calais qu’un prêtre et deux vieillards, connaissant les lois et ordonnances de Calais, pour reconnaître les limites des terres et des biens. Édouard donna à la reine Philippa les maisons et les biens de Jean d’Aire, l’un des six bourgeois auxquels elle avait sauvé la vie. Il fit aussi don à Wauthier de Masny, au baron de Stafford, à lord Cobharn et à quelques autres, de plusieurs des hôtels et propriétés de la ville conquise. Nombre de bijoux et d’ornements, de flacons d’or et d’argent, de meubles et de linge de toute espèce, provenant du pillage de Calais finirent dans les maisons anglaises.
Le , Édouard publia une ordonnance pour inviter ses sujets d’Angleterre à venir peupler sa nouvelle conquête, en promettant de grandes franchises à ceux qui s’y établiraient. Trente-six riches bourgeois et sages hommes, leurs femmes et leurs enfants, et plus de trois cents hommes de moindre condition, répondirent à son appel. Le nombre croissait toujours car le roi donna et scella beaucoup de libertés et de franchises. Le roi de France compensa les Calaisiens expulsés de leur perte par une ordonnance du leur concédant « toutes les forfaitures, les biens et héritages qui lui échoiraient pour quelque cause que ce fût. » Il leur accorda également tous les offices vacants dans ses domaines et dans ceux de ses fils. Ses successeurs, les rois Jean le Bon et Charles Ier, s’inquiétèrent aussi de pourvoir au sort des anciens habitants de Calais, comme le montrent plusieurs de leurs édits[3].
En 1453, à la fin de la guerre de Cent Ans, le Calaisis était la seule partie du territoire français encore aux mains des Anglais. Facile à ravitailler et à défendre par voie maritime, Calais dépendait, en l’absence de tout moyen de défense naturel, de fortifications entretenues et mises en place à grands frais. Sa principale défense fut néanmoins la convoitise des Français et Bourguignons rivaux qui, briguant chacun la ville, préféraient encore la voir aux mains des Anglais plutôt que celles de leurs rivaux. Avec la division des Pays-Bas bourguignons entre la France et l’Espagne, les circonstances politiques avaient évolué de telle façon que la restitution par l’Angleterre, en 1550, de la zone autour de Boulogne prise par Henri VIII en 1544, a ouvert les abords de Calais[2].
Le Calaisis est resté sous domination anglaise jusqu’à ce que, à la suite de préparatifs secrets, 30 000 troupes françaises, menées en 1558 par François de Lorraine, duc de Guise, reprennent la ville le 7 janvier 1558, mettant fin à 211 ans d’occupation anglaise. La perte de Calais a été reconnue par le traité de Cateau-Cambrésis signé avec l’Angleterre les 2 et . Toutefois, les conséquences de la perte du Calaisis ne furent pas aussi graves qu’on aurait pu le craindre, car à cette époque, l’Angleterre, sous le règne de Marie Ire, concentrait son commerce sur les Pays-Bas[4].
↑ a et b(en) Eve Darian-Smith, Bridging divides : the Channel Tunnel and English legal identity in the new Europe, University of California Press, , 77 p. (ISBN0-520-21610-5, lire en ligne).
↑ ab et c(en) George Amelius Crawshay Sandeman, Calais under English Rule, 114 p. (lire en ligne).
↑Le héros de la reddition de Calais, Eustache de Saint-Pierre, revint à Calais avant le départ d’Édouard pour l’Angleterre, le 10 octobre 1347, en laissant Jean de Montgommery comme gouverneur de la ville, et un Lombard, Aimery de Pavie, pour garder le château. Édouard, par des lettres du 8 octobre 1347, lui accorda une pension considérable et pour lui et pour ses héritiers, ses biens et maisons dans la ville de Calais, en considération des services qu’il rendrait pour maintenir le bon ordre dans la ville et veiller à sa garde. Les faveurs du roi Édouard profitèrent au seul Eustache de Saint-Pierre car, lorsqu’il mourut, quatre ans après, en 1351, ses héritiers, qui étaient demeurés fidèles au roi de France, furent privés de ses biens.
↑(en) Theodor Dumitrescu, The early Tudor court and international musical relations, England, Ashgate Publishing Limited, , 330 p. (ISBN978-0-7546-5542-8, lire en ligne).
François Guizot, Édouard III et les bourgeois de Calais, ou les Anglais en France, Hachette, 1854.
Jacques Barthélemy Lefebvre, Histoire générale et particulière de la ville de Calais et du Calaisis ou pays reconquis, Paris, G.F. Debure le jeune, 1766.