Sangatte est une petite station balnéaire, qui comprend également le hameau de Blériot-Plage. Elle abrite une plage de 8 km de sable fin[1]. Elle est située près du site naturel du cap Blanc-Nez.
Carte interactive (cliquer sur la carte).
Le territoire de la commune est limitrophe de ceux de quatre communes et de la Manche :
Sangatte est une commune littorale. Sa faible altitude et la faible largeur du cordon dunaire font qu'elle est une des communes susceptibles d'être dans cette région parmi les premières inondées par la mer en cas de submersion marine induite par un aléa météorologique inhabituel ou à la suite d'un petit tsunami (risque faible dans cette région). Les sols sont limoneux à limoneux-argileux et reposent sur une craie fissurée.
Le niveau marin a beaucoup fluctué depuis 100 000 ans[2]. Le territoire communal surplombait la vallée qui séparait la France de l'Angleterre durant la dernière glaciation, était littoral à l'époque gallo-romaine et sous la mer à l'époque de Charlemagne.
En cas de sécheresse ou de déficit d'alimentation de la nappe d'eau douce, le biseau salé peut avancer et remonter sous les terres agricoles. Il empêche les grands arbres de pousser et s'il remonte trop peut nuire à l'agriculture par salinisation des terres. Le cordon dunaire fragilisé par les chemins et divers aménagements a fait l'objet dans les années 1990 d'un important programme de consolidation.
La commune abrite une curiosité géomorphologique : la « falaise de Sangatte »[3], non parallèle au littoral (angle moyen de 30°[4]), et qui comporte une sorte de relique de plage suspendue, signalées vers 1850 par Prestwich et rapidement considérée comme une falaise fossile du « Pléistocène moyen marin » voir de l'interglaciaire précédent (hypothèse abandonnée à la fin du XIXe siècle), bordant les zones envahies par la mer durant la transgression flandrienne[5],[3] (pendant de la formation d'Herzeele, autre gisement représentatif de cette époque[3]. Quelques indices de traces d'occupation préhistorique du paléolithique ont été trouvés en 1864, au pied de la falaise[6], sur un ancien niveau marin correspondant probablement à la « phase récente du complexe interglaciaire holsteinien (320 000 ans) »[6]. Cette falaise fossile étant presque située dans l'axe de la « flexure de Sangatte » (faille immergée dans le Pas de Calais, bordée de structures sous-marines dites « Rouge Riden » et « Quénocs »), on pourrait penser, comme le fait Sommé[4] qu'elle est peut-être aussi la résultante d'une tectonique active[7], et un indice d'activité sismique régionale récente[4]. Et en effet, la partie du littoral située entre le cap Gris-Nez et Sangatte montre une géométrie de détail qui se superpose globalement avec les trois directions tectoniques principales qui affectent la couverture sédimentaire régionale :
des directions N020-N040
des directions N100-N110 reconnues à grande échelle par l’analyse du système de joints dans la craie (Vandycke & Bergerat, 1992 ; Colbeaux et al., 1993),
la direction N090 (orientation de petites failles et plis surtout visibles dans le Jurassique (Lamarche et al., 1998).
L'analyse gravimétrique de cette partie de la région montre une anomalie devant Calais, mais pas de décalage altitudinal dans le socle paléozoïque sous-jacent à Sangatte[8], et la coupe NW-SE passant par le cap Blanc-Nez ne recoupe pas de faille de couverture[9].
À la falaise fossile de Sangatte (qui n'est pas du tout parallèle à la falaise actuelle) correspond une plage fossile située entre la plaine maritime et les collines du Boulonnais. Cette "plage" intrigue depuis longtemps les géologues et géomorphologues, mais aussi des préhistoriens. La géologie de Sangatte pose un problème depuis le XIXe siècle en raison principalement du caractère inhabituel de ses horizons repères, beaucoup moins nets qu'ailleurs dans les séquences du nord du pays où l'on distingue habituellement mieux les paléosols de rang interglaciaire, horizons périglaciaires et grandes fentes de gel. À proximité deux buttes reliques de l'époque tertaires dites Les Noires-Mottes ont pu par leur érosion compliquer la morphologie du site en épaississant les dépôts de pente périglaciaire qui ont formé l'essentiel du sédiment continental observé à Sangatte[10].
La stratigraphie géologique et pédologique (micromorphologique des horizons repères pédostratigraphiques) de cette ancienne plage a été précisée à l'occasion de la préparation des travaux du tunnel sous la Manche (formations pléistocènes)[10]. Un « troisième cycle glaciaire-interglaciaire » a été mis en évidence « dans la partie terminale de la couverture continentale qui fossilise l'ancien niveau marin » ce qui a conduit à remettre en question la datation de cette plage fossile (elle pourrait en réalité dater de la même époque que celle de la zone supérieure de la « Formation d'Herzeele, attribuée à l'Holsteinien et au stade isotopique 9 des sondages océaniques »)[10].
C'est dans la commune que le watergang de Sangatte, d'une longueur de 6,72 km, prend sa source et se jette dans le canal des Pierrettes au niveau de la commune de Calais[12].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,6 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 13 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 866 mm, avec 12,7 jours de précipitations en janvier et 7,9 jours en juillet[13]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Marck à 14 km à vol d'oiseau[15], est de 11,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 737,1 mm[16],[17]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[18].
les « paysages des falaises d’Opale », qui concernent 30 communes, s’étendent le long de la côte, d’Équihen-Plage à Sangatte, sur une bande d’environ 50 kilomètres de long et d’un maximum de 5 kilomètres de large, l'autoroute A 16 étant la frontière à l'est. Ils sont constitués, d’une part, par les falaises d’Opale où se trouve le grand site des Deux Caps qui, avec le cap Blanc-Nez, culmine à 150 mètres, ces falaises offrent un belvédère sur le détroit du Pas de Calais avec la possibilité de voir les côtes d’Angleterre, et d’autre part, vers l’intérieur des terres, avec les paysages littoraux qui jouxtent ceux des coteaux calaisiens et du pays de Licques, d'un paysage alternant collines, vallons et bocages.
L’occupation des sols se répartit en 43 % de cultures pour les paysages arrière-littoraux, 20 % de sols artificialisés, 20 % de prairies et forêts et 10 % de plage.
Les crans constituent une des particularités de ces côtes à falaises. Les crans sont des vallées suspendues qui se sont retrouvées le « nez en l’air », soit du fait de l’affaissement du détroit du Pas de Calais[Note 3], soit par la baisse du niveau de la mer[Note 4] comme le cran d’Escalles, le cran Mademoiselle, le cran Poulet, le cran Barbier, le cran des Sillers, le cran de Quette et le cran aux Œufs, situés, eux, sur la commune d’Audinghen[20].
les « paysages des dunes de la mer du Nord » concernent 23 communes du Nord et du Pas-de-Calais avec trois pôles d’attraction que sont Calais à l'ouest et Dunkerque à l’est et, dans une moindre mesure, Gravelines au centre où se trouve le delta du fleuve côtier l’Aa. On y distingue trois parallèles : la frange côtière avec son cordon dunaire ; l'ancienne route nationale 1 et l'Autoroute A16.
Ces paysages sont composés d’un cordon dunaire de 60 km typique des paysages nordiques et que l’on retrouve aux Pays-Bas et en Belgique. Ce cordon littoral datant du VIIIe siècle s’est constitué durant la dernière transgression marine et joue un rôle de digue en protégeant la plaine maritime de l’invasion de la mer. Sa taille n’excède pas, en largeur, quelques centaines de mètres et, en hauteur, une dizaine de mètres.
Une particularité de ces paysages est la présence de moëre (marais en flamand), point le plus bas du territoire français, avec une altitude de −4 m. leur assèchement est entrepris dès 1619 par 23 moulins à vent qui vont pomper l’eau et l’acheminer vers la mer par des watringues. Ces polders, terres gagnées sur la mer, ainsi constitués sont les plus anciens de l’Europe du Nord.
Les cultures ne représentent que 35 % de ces paysages des dunes de la mer du Nord.
Concernant l'activité humaine, à l’ouest de ces paysages se trouve : la région de Calais, avec le tunnel sous la Manche et l'activité portuaire de Calais tournée vers l’Angleterre ; à l’est, la zone urbaine de Dunkerque et ses installations portuaires et, au centre, la zone de Gravelines avec son port de plaisance et sa centrale nucléaire.
Sur le plan de la biodiversité, on y observe de nombreux déplacements d’oiseaux marins, côtiers ou terrestres ainsi que des phoques veau-marin installés sur les bancs de sable[21].
Dans ce cadre, la commune est située sur cinq espaces protégés :
le parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale, d’une superficie de 132 499 ha réparties sur 154 communes, géré par le syndicat mixte d'aménagement et de gestion du parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale[23] ;
la dune de Fort-Mahon, d'une superficie de 53,811 ha, site naturel protégé et géré par le conservatoire du littoral avec la participation du conseil général Eden 62[26] ;
la plaine de Sangatte, site protégé par un arrêté de protection de biotope, d'une superficie de 17,83 ha[27].
Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique
L’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire.
Le territoire communal comprend deux ZNIEFF de type 1[Note 5] :
le site du Cap Blanc-Nez, mont d’Hubert, mont Vasseur et fond de la Forge. Ce site marque la fin de la partie nord des collines de l'Artois sur laquelle se trouve l'unique falaise crétacique culminant à plus de 150 mètres[28] ;
les dunes de Blériot-PLage, d’une superficie de 368 ha et d'une altitude variant de 0 à 15mètres[29].
Le réseau Natura 2000 est un réseau écologique européen de sites naturels d’intérêt écologique élaboré à partir des directives « habitats » et « oiseaux ». Ce réseau est constitué de zones spéciales de conservation (ZSC) et de zones de protection spéciale (ZPS). Dans les zones de ce réseau, les États membres s'engagent à maintenir dans un état de conservation favorable les types d'habitats et d'espèces concernés, par le biais de mesures réglementaires, administratives ou contractuelles[31].
Sur la commune, un site Natura 2000 de type B est défini en site d'importance communautaire (SIC) : les falaises et pelouses du cap Blanc-Nez, du mont d'Hubert, des Noires Mottes, du fond de la Forge et du mont de Couple, d'une superficie de 728 ha dont 40 % de superficie marine, avec une altitude maximum de 162 mètres[32].
Urbanisme
Typologie
Au , Sangatte est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[33].
Elle appartient à l'unité urbaine de Calais[Note 6], une agglomération intra-départementale regroupant six communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 7],[34],[35]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Calais, dont elle est une commune de la couronne[Note 8],[35]. Cette aire, qui regroupe 45 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[36],[37].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[38]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[39].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (64,6 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (57,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
terres arables (51 %), zones urbanisées (16,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (12,5 %), prairies (9,6 %), zones agricoles hétérogènes (3,9 %), eaux continentales[Note 9] (3,7 %), zones humides côtières (2,1 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,4 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,1 %)[40]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
La commune est desservie par les lignes 3, 5 et Div'in du réseau Imag'in de Calais.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Sangata en 1118[42]; Samgatha en 1137; Sangata en 1210; Saines Clayte en 1245; Sanghette en 1292; Zantgate en 1331; Sangathe en 1436; Sandgate en 1546; Sandegates en 1556; Sangate en 1617; Sangatte en 1681; Santgate en 1739; Sangatte en 1810[43],[44].
Du germanique sant « sable »[42] ou sanda « sable »[44] (comprendre de l'ancien néerlandais *sant « sable » qui poursuit le vieux saxon, vieux frison sand) et du néerlandais gat « passage »[42] ou germanique gata « ouverture, voie d'accès »[44] (comprendre ancien néerlandais *gata « passage », qui poursuit le vieux saxon, vieux frison *gata issu du germanique occidental *gata postulé par l'existence du vieux haut allemandgazza, apparenté au germanique occidental gat > vieux saxon, vieux frison gat « accès, ouverture »), d'où le sens global de « passage / voie d'accès ensablé(e) / sableux (-euse) ».
Homonymie avec Sandgate (Angleterre, kent, Sandgate 1256[46]), toponyme d'origine [anglo-]saxonne signifiant « trouée, ouverture menant sur le littoral sablonneux »[46].
Remarque : il n'est pas possible de dire si ce toponyme est une formation plus ancienne, de type anglo-frisonne ou [anglo-]saxonne qui se perpétue en ancien néerlandais, car les formes les plus anciennes du toponyme ne remontent qu'au début du XIIe siècle.
Histoire
Premières occupations
Sangatte a été considérée par des historiens et chercheurs comme un ancien port naturel. Des pièces gauloises en or ont été retrouvées ainsi que des monnaies romaines datant des premiers siècles de notre ère[47].
Des fouilles effectuées en 1863-1864 ont révélé que des mottes, d'une hauteur allant jusqu'à environ un mètre, situées sur Sangatte (de même que sur la commune voisine d'Escalles) étaient des tumulus, où ont été retrouvés des ossements, d'abord considérés comme pouvant dater des Gaulois[48]. Hypothèse non confirmée par la suite, en revanche ont été mis au jour dans une des mottes, des instruments, tels que des haches de silex évoquant l'âge de la pierre[49].
Moyen Âge et époque moderne
Vers 1175, le comte de Guînes Baudouin II de Guînes, a fait construire dans les marais de Sangatte un solide château fort avec une haute tour, des fossés, malgré la résistance et l'opposition des cités de Boulogne, Wissant, Calais, Mercq (Marck), détenues par le comte de Boulogne. Le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, y voit une volonté d'entraver la libre possession des biens évoqués et va vouloir riposter en construisant un château à Ostrowic (devenu Ostruy, sur la commune actuelle de Réty) pour abolir le nom et la force de celui de Sangatte mais les gens de Guînes et de Sangatte vont empêcher sa construction[50].
Manassès de Guînes, fils de Baudouin II de Guînes, détient Rorichove, sur la commune actuelle de Sangatte, du fait de son mariage avec Aélis de Thiembronne, héritière de Guillaume de Thiembronne. Manassès et Aélis vont donner des terres dépendant de leur possession de Rorichove dont certaines possessions se situaient à Andres et d'autres à Éperlecques à l'abbaye Saint-Médard d'Andres[51].
Baudouin de Guînes (°v.1240 †?), fils de Baudouin III de Guînes, et frère d'Arnould III, comte de Guînes, est seigneur de Sangatte. En 1280, Baudouin et son frère Arnould III, comte de Guînes, concluent un accord pour déterminer la part de Baudouin dans l'héritage paternel : Baudouin reçoit d'Arnould sept cents livrées de terre (une livrée de terre est une superficie qui rapporte une livre de rente par an)[52].
En 1308, une enquête a été faite par P. d'Hangest, bailli de Gisors puis de Rouen, au sujet d'un débat existant entre le comte d'Eu et de Guînes, décédé, et sa femme, d'une part, et Robert de Guînes, seigneur de Sangatte, d'autre part; cette requête, sans doute liée à l'héritage des comtes de Guînes, a été mise en garde de loi, parce que l'héritier de ce dernier était encore mineur[53], (Jean III de Brienne, comte d'Eu et de Guînes, avait récupéré le comte de Guînes vendu par Arnould III au roi, Robert de Guînes, fils probable de Baudouin et neveu ou petit-neveu d'Arnould III avait élevé des prétentions sur l'héritage des comtes de Guînes).
En 1347, l'armée de Philippe de Valois a stationné sur Sangatte, trop longtemps selon Jean Froissart, en tout état de cause elle n'a pu empêcher le roi d'Angleterre Édouard III qui assiège alors Calais de prendre Calais[54].
En 1360, le roi de France cède le territoire aux mains des Anglais (traité de Brétigny).
Le , le duc de Guise arrive à Calais avec son armée et conquiert dès son arrivée le fort Nieulay et Sangatte[56].
L'année 1614 est marquée par une invasion marine : la mer endommage la digue de Sangatte et submerge toute la basse ville dite de St Pierre. Elle se répand jusqu’à Guînes, « malgré le soin qu’on eut de fermer les brèches aussi vite que possible »[56].
Le , la mer poussée par un violent orage menace à nouveau la digue et le cordon dunaire. Elle fait ce jour-là à Calais aux digues et glacis du fort Nieulay « trois brèches par lesquelles elle entre dans le pays sur la largeur de 28 toises et sur une de hauteur pendant douze marées consécutives »[56]. Le , la mer crève à nouveau la digue (construite en 1599 par Dominique de Vic alors gouverneur de Calais) et s'engouffre dans une brèche large de dix toises.
Époque contemporaine
L'église de Sangatte, reconstruite en 1868, a connu de nombreux dommages, causés par des tempêtes ou orages et des obus reçus notamment lors de la Libération en 1944[57]. Des fouilles réalisées en 1868, puis en 2015, ont mis en évidence à l'emplacement d'un ancien cimetière des tombes datant des époques médiévale et moderne[58],[59].
Le , Louis Blériot est le premier à traverser la Manche, en décollant au lever du soleil, condition exigée par le Daily Mail qui est à l'origine du défi et lui remettra la somme de 25 000 francs-or mise en jeu. La traversée s'effectuera en 37 minutes, reliant le hameau Les Baraques, près de Calais, et Douvres, aux commandes du Blériot XI. Un monument en hommage à Louis Blériot est inauguré le aux Baraques, hameau qui prendra conformément à la délibération du conseil municipal de Sangatte du , le nom de l'aviateur et s’appelle désormais Sangatte-Blériot-Plage[60].
Première Guerre mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, Sangatte fait partie en 1917-1918 d'un commandement d'étapes basé à Fréthun, puis à Coulogne c'est-à-dire un élément de l'armée organisant le stationnement de troupes, comprenant souvent des chevaux, pendant un temps plus ou moins long, sur les communes dépendant du commandement, en arrière du front. Sangatte a donc accueilli des troupes de passage[61]. La commune dépend également du commandement d'étapes de Guînes[61]. Le , une bombe incendiaire est retrouvée sur la plage, Calais est prévenu pour faire le nécessaire[incompréhensible],[62]. À cette date, parmi les troupes accueillies sur le bourg, figure un bataillon de tirailleurs sénégalais, soit plus de1000 soldats[63].
Batterie Lindemann et premier camp de Sangatte
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis érigent sur les hauteurs de Sangatte au lieu-dit les Noires Mottes, la batterie Lindemann (en hommage au commandant du cuirassé Bismarck coulé en 1941). Un camp de l'organisation Todt est installé à Sangatte le temps des travaux, à partir de , avec des déportés belges dont une partie étaient juifs[64].
Les trois canons de 406 mm « Anton », « Bruno » et « Cesar » sont mis hors d'état de nuire par les troupes canadiennes en 1944.
Fortunes de mer
La plage de Sangatte a été le théâtre de nombreuses fortunes de mer : en 1962 le liberty-ship Costas Michalos s'échoue et se brise en deux : l'épave est toujours visible à marée basse. En 1995 c'est le ferry Stena Challenger qui s'échoue et qui est renfloué le lendemain.
Le tunnel sous la Manche
Sangatte est particulièrement connue pour être à l'une des extrémités du tunnel sous la Manche. Elle est aussi un lieu de passage de migrants voulant se rendre au Royaume-Uni.
En 1999, sous le gouvernement Jospin et en accord avec les autorités préfectorales, est créé un centre d'hébergement et d'accueil d'urgence humanitaire administré par la Croix-Rouge. Ce centre, connu sous le nom de centre de Sangatte est installé dans une ancienne usine d'Eurotunnel et possède un équipement limité prévu pour accueillir environ 200 personnes. Or les besoins de la population de migrants (principalement Afghans, Iraniens, Irakiens, Kurdes et Kosovars) sont tels qu'on a compté jusqu'à environ 1 600 personnes hébergées dans des conditions, par conséquent, précaires et sources de tensions y compris avec la population locale. En , le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, sous la pression du ministère britannique de David Blunkett, ordonne sa fermeture et son démantèlement[65], mais le problème reste entier pour le Calaisis : de nouveaux immigrés illégaux continuent d'affluer malgré la fermeture définitive du centre le [66]. Les migrants sont dispersés depuis à divers endroits du littoral dans des abris de fortune.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[77]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[78].
En 2021, la commune comptait 4 842 habitants[Note 10], en évolution de +1,59 % par rapport à 2015 (Pas-de-Calais : −0,76 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 34,6 %, soit en dessous de la moyenne départementale (36,7 %). De même, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 23,3 % la même année, alors qu'il est de 24,9 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 2 355 hommes pour 2 497 femmes, soit un taux de 51,46 % de femmes, légèrement inférieur au taux départemental (51,50 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[81]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,5
90 ou +
0,8
5,3
75-89 ans
6,2
16,9
60-74 ans
16,8
22,2
45-59 ans
22,9
18,9
30-44 ans
20,1
14,7
15-29 ans
13,5
21,5
0-14 ans
19,7
Pyramide des âges du département du Pas-de-Calais en 2021 en pourcentage[82]
La commune est équipée de salles et terrains de sport, d'un club nautique, de courts de tennis (intérieur et extérieur) ouverts qu'aux licenciés, d'un boulodrome.
La piste cyclable « La Vélomaritime », partie côtière française de la « Véloroute de l’Europe - EuroVelo 4 », qui relie Roscoff en France à Kiev en Ukraine sur 5 100 km, traverse la commune, en venant de Peuplingues pour desservir Calais[86],[87].
Les 213 cabanons de Blériot-Plage, érigés selon une tradition commencée au XIXe siècle par des vacanciers et menacés de destruction en 2020 pour non respect de la loi littoral, alors que ses propriétaires évoquent un « patrimoine culturel » à défendre[89].
Le mémorial d'Hubert Latham sur la route du cap Blanc-Nez.
L'épave du Costas Michalos au lieu-dit le Dos d'Ane.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑La DREAL distingue, dans la région Nord-Pas-de-Calais, quatre grandes familles de paysages : ceux du Haut Pays, Bas Pays, Littoraux et d’interface. Ces grandes familles de paysages comprennent 21 grands paysages régionaux.
↑Depuis la dernière glaciation, la mer a remonté de plus de 100 m de hauteur dans cette région. Lors de la dernière déglaciation, le détroit a été rouvert il y a 9 000 ans environ
↑Les ZNIEFF de type 1 sont des secteurs d’une superficie en général limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’association d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du milieu du patrimoine naturel régional ou national.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite de banlieue lorsqu'elle n'est pas ville-centre, à savoir que sa population est inférieure à 50 % de la population de l’agglomération ou de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Calais comprend une ville-centre et cinq communes de banlieue.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
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↑Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1865-1866, onzième volume, p. 285-286, lire en ligne.
↑Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1865-1866, onzième volume, p. 288-293, lire en ligne.
↑André Du Chesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy et de quelques autres familles illustres, Paris, 1632, p. 70, lire en ligne.
↑Alphonse Wauters,Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, 10 volumes en 11 tomes, Bruxelles, 1866 à 1904. Tome VI, Année 1280.
↑Alphonse Wauters,Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, 10 volumes en 11 tomes, Bruxelles, 1866 à 1904. Tome VIII, Année 1308.
↑Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1865-1866, onzième volume, p. 286, lire en ligne.
↑Georges Dupas, Histoire de Gravelines, porte de Flandre et de ses hameaux, des origines à la Libération, Westhoeck éditions, 1981, avec Patrick Oddone comme collaborateur, p. 34.
↑ ab et cJ. Goutier, Éphémérides sur l'histoire de Calais et de ses environs.
↑Tristan Moriceau, « Sangatte – Saint-Martin de Sclives », ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia, (ISSN2114-0502, lire en ligne, consulté le )
↑Journal du commandement d'étapes de Guînes, juillet-décembre 1917, p. 63, lire en ligne.
↑Journal du commandement d'étapes de Guînes, juillet-décembre 1917, p. 70, lire en ligne.
↑Bulletin d'information de MEMOR (Mémoire de l'Occupation et de la Résistance en zone interdite), no 10, octobre 1989, Les "camps de Juifs" dans le Boulonnais (1942-1944), Actes de la table ronde de Boulogne sur Mer, 24 septembre 1988, p. 10 à 13.
↑Bruno Mallet, « Sangatte : Moulières, digue, plaine de loisirs... Un mandat marqué par les gros dossiers : Suite de notre série sur les bilans des maires, avec aujourd’hui Guy Allemand. Arrivé au fauteuil de maire en 2006 à la suite du décès d’André Ségard, il achève son premier mandat complet. Qui pourrait être suivi d’un autre, puisqu’il a décidé de se représenter lors des municipales de mars », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑M. L. (CLP), « Réélu maire à Sangatte, Guy Allemand fait une virulente mise au point au premier conseil : Après avoir, comme le veut la loi, fait lecture du procès-verbal des élections, Guy Allemand a laissé la présidence de ce premier conseil municipal de la nouvelle mandature à Francine Thorel, doyenne de l'assemblée et opposante de la liste d'Henrique Ramos. », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑H.P. (CLP), « Sangatte : Guillaume Pondesserre, 10 ans, élu maire du conseil municipal des enfants : Âgé de 10 ans, Guillaume Pondesserre, vient d’être élu à la tête du conseil municipal des jeunes à la mairie de Blériot-plage. Campagne électorale, urne, carte d’électeur, bulletins de vote, isoloir... Les élections se passent comme pour les adultes. », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑Darianna Myszka, « La base Tom-Souville à Sangatte, paradis des sports nautiques sur la Côte d’Opale », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑Fédération française de randonnée, GR 120 : De la Flandre à la baie de Somme, Hauts-de-France, imprimerie Corlet, coll. « Topoguides », 2022 pages totales=96 (ISBN978-2-7514-1221-9)
↑Stéphane Kovacs, « À Blériot-Plage, les chalets menacés de destruction », Le Figaro, 27-28 février 2021, p. 9 (lire en ligne).