Le recteur de la cathédrale est le père Pierre Marie Leroy.
Histoire
Elle porte le nom de Notre-Dame et saint Vaast, premier évêque et saint patron d'Arras.
Une église abbatiale reconstruite au XVIIIe siècle
L'actuelle cathédrale est en fait l'ancienne église abbatiale de l'abbaye Saint-Vaast, une grande abbaye urbaine dont les origines remontent au VIIe siècle. Au Moyen Âge, Arras était la plus grande ville de la riche province d'Artois. Parmi les nombreuses églises gothiques qui parsemaient Arras, les deux plus importantes étaient l'abbatiale Saint-Vaast située au cœur de la ville et l'ancienne cathédrale Notre-Dame-en-Cité[3], grande cathédrale gothique aujourd'hui totalement disparue qui était située dans le quartier de la Cité, à l'ouest de la vieille ville. Ces deux grandes églises qui dominaient la ville se faisaient une perpétuelle concurrence architecturale, malgré le fait que l'ancienne cathédrale était la plus importante.
L'abbaye est entièrement reconstruite à partir de 1745 dans le style classique à la mode à cette époque, y compris l'église abbatiale, ce qui en fait un ensemble monumental parmi les plus vastes entrepris au XVIIIe siècle en France. Les travaux de l'église ne commencent réellement que vers 1766 selon le plan de Pierre Contant d'Ivry[3], qui reprend pour Arras les grandes lignes du plan de l'église de la Madeleine de Paris. Ils cessent en 1792, sous la Révolution, lorsque les moines sont contraints de quitter leur abbaye.
L'église est à cette période couverte dans sa totalité mais non voûtée, sauf le transept nord. L'abbaye et son église déclarées bien national sont alors occupées par l'armée qui y installe un hôpital, ce qui préserve l'édifice. En 1802, le nouvel évêque concordataire, Hugues de La Tour d'Auvergne, cherche une église pour en faire sa cathédrale. L'ancienne cathédrale Notre-Dame-en-Cité ayant été très endommagée par les spéculateurs de matériaux n'étant plus utilisable, ses ruines sont rasés à partir de 1804 sur ordre de Napoléon[4].
L'église abbatiale devient cathédrale au XIXe siècle
En 1804, l'empereur attribue l'église de l'ancienne abbaye Saint-Vaast au diocèse pour servir de cathédrale. En 1806, François Verly, architecte impérial, est nommé pour achever l'édifice. Après plusieurs projets devant modifier le caractère du bâtiment, le ministre des Cultes décide en 1812 de la faire achever selon le plan initial de Contant d'Ivry. Les travaux commencent effectivement en .
Le roi Charles X visite le chantier. Fier de sa cathédrale, Hugues de La Tour d'Auvergne-Lauraguais déclare qu'il s'agit d'une « production toute moderne, mais riche de l'élégance, de la grâce et de l'harmonie de la Grèce antique »[3]. Les travaux sont interrompus en 1833, pour des raisons budgétaires. La chapelle de la Vierge est cependant achevée et inaugurée en 1848. Plusieurs projets de tours sont établis, mais aucun n'aboutit. En 1870, il est finalement décidé de ne pas construire de tour[5]. L'humidité du sol a joué dans cette décision[3].
La cathédrale d'Arras dévastée pendant la Grande Guerre
La décoration est refaite dans un style néoclassique plus sobre que l'original (murs blancs, statuaire issue partiellement de l'église Sainte-Geneviève de Paris, devenue entre-temps le Panthéon). Cependant, la chapelle axiale conserve encore aujourd'hui son aspect originel.
La façade principale et la cathédrale en ruine (1918).
Ruines en 1917.
Ruines en 1918.
Ruines en 1918.
Le , un obus cause de nouveaux dégâts, rapidement réparés[7].
Plan et élévation
L'église est construite selon un plan traditionnel en forme de croix latine, formant un vaisseau de 102 mètres de long, qui se compose d'une nef (26 mètres de largeur en comptant les collatéraux) formée de six travées, d'un transept puis d'un chœur qui se compose de quatre travées. Elle est suffisamment vaste pour pouvoir accueillir, à l'origine, tous les moines de l'abbaye[3]. Cet ensemble est flanqué de collatéraux en bas-côtés séparés par de colossales mais douces colonnes corinthiennes, qui constituent l'unique support d'un grand entablement saillant faisant tout le tour de l'édifice à mi-hauteur du vaisseau. Cet entablement supporte à son tour une très haute claire-voie percée de grandes fenêtres qui, ajoutées aux fenêtres des collatéraux, fournissent une grande luminosité à l’édifice.
Dimensions
longueur totale de l'édifice : 116 m
longueur du transept : 56 m
largeur du transept : 28 m
largeur de la nef : 28 m
largeur du chœur : 28 m
hauteur sous voûte : 32 m
hauteur de la coupole à la croisée du transept : 38 m[3].
En verre blanc, les vitraux favorisent la luminosité de l'intérieur de l'édifice[3]. L'ensemble est voûté, les vaisseaux centraux (nef, transept et chœur) en pseudo-coupoles sur des arcs doubleaux, portant la hauteur des voûtes à 32 mètres. Le chœur est séparé de la nef par une petite coupole sur pendentifs, marquant la croisée du transept. Un haut dôme éclairé était prévu à cet endroit, expliquant le triplement des colonnes devant le supporter autour de la croisée, mais il ne fut pas construit. Les bas-côtés de la nef sont couverts en berceau. Le déambulatoire est percé d'oculi[3].
Chose remarquable pour cette époque et pour l'architecture classique, à l'extérieur de l'édifice les voûtes sont maintenues par tout un réseau de grands arcs boutants parfaitement apparents. Ce qui signifie que toute la structure de l'édifice, notamment la légèreté des voûtes et l'ouverture de la claire voie, sont en fait de conception gothique, alors même que l'art gothique est si souvent considéré comme décrié voire méprisé au siècle des Lumières.
Cela a permis d’évider les murs et baigner véritablement de lumière l'intérieur du vaisseau. Cette église est en fait un des rares manifestes à cette échelle en France des concepts architecturaux et esthétiques en vogue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qui avaient été énoncés par Soufflot : associer la lumière et la légèreté du gothique avec l'esthétique classique issue de l'Antiquité grecque, soit une évolution et une francisation achevée de l'art classique après l'introduction de celui-ci à la Renaissance.
Le chœur est éclairé par des vitraux, où l'on peut reconnaître les armes du cardinal de la Tour-d'Auvergne, premier évêque d'Arras après la Révolution, ou encore celles de Dom Vigor de Briois, abbé de Saint-Vaast entre 1749 et 1780[7].
Un très haut clocher unique était prévu à l'origine, à l’arrière du chevet, abritant à sa base la chapelle axiale à l’arrière du cœur, selon une configuration assez fréquente dans l'architecture religieuse du XVIIIe siècle, mais seule fut construite la base de ce clocher, juste de quoi abriter la chapelle axiale, la chapelle de la Vierge, qui est couverte d'une petite coupole. Les cloches sont donc situées dans un édicule posé sur le narthex de la chapelle, entre le déambulatoire et celle-ci.
L'énorme façade extérieure présente la superposition de deux ordres corinthiens et un fronton triangulaire. Elle paraît simple et austère, un péristyle y était prévu à l'origine. Selon les documents des archives diocésaines et ceux des archives départementales, la façade occidentale était terminée lorsque Napoléon décida que l'église abbatiale deviendra la cathédrale du diocèse. L'architecte François Verly nommé par le préfet pour achever l'édifice a proposé de modifier cette façade. Il a fait plusieurs projets qui seront rejetés par le conseil aux bâtiments du ministère. La façade est donc restée telle qu'elle fut construite avant 1792.
Vue du chœur et de l'abside. Les fermes en béton armé sont composées de deux arbalétriers, d'un entrait, d'un entrait retroussé et d'un poinçon.
Vue d'un des bras du transept. On aperçoit l'extrados des arcs doubleaux en pierre de taille entre les voûtes en voile mince.
Orgues
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Le grand orgue de la tribune, qui compte 76 jeux sur quatre claviers, est sorti des ateliers de la maison Roethinger de Strasbourg en 1937. Son montage débute en 1938 mais est interrompu par la guerre et le matériel non installé est entreposé dans les caves de cathédrale lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui l'endommage fatalement. André Roethinger reprend son installation en 1960 pour l'achever en 1962[8],[3].
L'instrument est actuellement en ruines : les vitraux ayant été supprimés, des chutes d'eau ont endommagé les sommiers, les tuyaux de bois ainsi que la transmission.
Composition
I - Positif 61 notes
Montre 8'
Bourdon 8'
Flûte creuse 8'
Salicional 8'
Prestant 4'
Flûte douce 4'
Nazard 2 2/3'
Quarte 2'
Tierce 1 3/5'
Plein-Jeu IV
Cymbale IV
Trompette 8'
Cromorne 8'
Clairon 4'
II - Grand-Orgue 61 notes
Montre 16'
Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Flûte harmonique 8'
Prestant 4'
Grosse Tierce 3 1/5'
Nazard 2 2/3'
Doublette 2'
Quarte 2'
Tierce 1 3/5'
Plein-Jeu IV-VI
Cymbale IV
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'
III - Récit 61 notes
Quintaton 16'
Diapason 8'
Flûte traversière 8'
Gambe 8'
Voix céleste 8'
Prestant 4'
Flûte triangle 4'
Doublette 2'
Plein-Jeu IV
Cymbale IV
Cornet V
Bombarde 16'
Trompette 8'
Basson-Hautbois 8'
Voix humaine 8'
Clairon 4'
IV - Solo 61 notes
Bourdon 16'
Grand Principal 8'
Quintaton 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Plein-Jeu IV
Cornet III-V
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'
Pédale 32 notes
Principal 32'
Principal 16'
Grosse Flûte 16'
Soubasse 16'
Grosse Quinte 10 2/3'
Principal 8'
Flûte 8'
Bourdon 8'
Principal 4'
Grosse Flûte 4'
Doublette 2'
Grosse Fourniture VI
Sesquialtera II
Bombarde 32'
Bombarde 16'
Basson 16'
Trompette 8'
Clairon 4'
Les tuyaux de façade s'affaissent, des cadavres de volatiles sont disséminés dans l'instrument et des insectes ravageurs ont attaqué le bois. Sa restauration, qui ne semblait pas être à l'ordre du jour, est attribuée à la suite d'un appel d'offres de la DRAC Hauts-de-France à l'entreprise PLET de Troyes en 2021. Trois ans de travaux sont prévus.
L'orgue de chœur a été repris puis installé par Victor Gonzalez. Il est en bon état et composé comme suit :
Tirasses GO et Récit. Accouplement Rec/GO en 16, Rec/GO en 8. Appels Anche Récit et Mixtures.
Œuvres
Sculptures
Maître-autel réalisé par Georges Saupique : il s'agit d'une large table de granit noir du Labrador reposant sur trois piliers en bronze doré. Ces derniers sont ornés de sculptures inspirées de l'art paléochrétien (Les Colombes, La Transfiguration, L'Agneau ou encore Les Trois Agneaux)[3].
Dans la nef sont exposées huit statues de saints en marbre réalisées dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Elles étaient originellement destinées à l'église Sainte-Geneviève de Paris mais lorsqu'en 1885 cette dernière devint le Panthéon, l'État les transféra à Arras. Elles représentent :
Pots à feu au croisement de la nef et des bras du transept[3].
Autel-retable du XVIIe siècle dans l'ancienne chapelle Saint-Louis[3].
Autel-retable du XVIIe siècle dans l'ancienne chapelle Saint-Jérôme. Autour du tabernacle, des statuettes d'anges représentent la Foi et l'Espérance[3].
Gisant de l'abbé de Saint-Vaast Jean Sarazin dans l'ancienne chapelle Saint-Jérôme[3].
Statues du gouverneur Philippe de Torcy et de son épouse Suzanne d'Humières, réalisées dans la deuxième moitié du XVIIe siècle[3].
Tête de Christ issue du calvaire d'Arras, dans la chapelle du déambulatoire. Il s'agit d'une copie, l'original, datant de la première moitié du XVIIIe siècle, étant conservé dans le trésor de la cathédrale[3].
Garniture du maître autel comprenant une croix et six chandeliers réalisées par Poussielgue-Rusand (ancienne maison Choiselat-Gallien). Elle provient de l'ancienne église Sainte-Geneviève de Paris, devenu Panthéon en 1885[18]. La précédente garniture, déjà réalisée par Choiselat-Gallien[19], est dispersée entre la cathédrale et d'autres églises[20].
↑Choiselat-Gallien et Poussielgue-Rusand (Paris), Catalogue des bronzes pour les églises et des vases sacrés, (lire en ligne), p. 5 et planche 4 (chandelier n°8).
Alain Nolibos, Arras : De Nemecatum à la communauté urbaine, éditions La Voix du Nord,
Thierry Dehay, archiviste à la ville d'Arras, et Delphine Vasseur, La Grande Reconstruction, Arras, la ville nouvelle à l'époque Art déco, éditions Degeorge, 2018.
Delphine Hanquiez et Laurence Baudoux-Rousseau, Les cathédrales d'Arras du Moyen Âge à nos jours, éditions Atelier Galerie d'Art, 2021.