La cathédrale Saint-Pierre de Saintes est l'un des principaux édifices religieux de Saintes, deuxième plus grande agglomération du département de la Charente-Maritime, en France.
La cathédrale Saint-Pierre est classée monument historique depuis 1862. Le cloître canonial qui lui est attenant est classé monument historique à son tour le [2].
Historique
La cathédrale actuelle succède à un sanctuaire paléochrétien érigé sous l'épiscopat de l'évêque Palladius au VIe siècle. Au XIe siècle, ce dernier est ravagé par un incendie. Quelques années plus tard, l'évêque Pierre de Confolens (1112-1127) fait dresser les plans d'un nouvel édifice dont seul témoigne le croisillon sud, doté d'une coupole sur pendentifs et de murs doublés d'arcades en plein cintre à l'extérieur. Au XIIIe siècle, on adjoint à la cathédrale un cloître canonial et le logis des chanoines.
À l'aube du XVe siècle, la cathédrale romane est cependant dans un profond état de délabrement. En 1420, l'effondrement partiel de ses voûtes cause la mort d'un homme, ce qui détermine les autorités religieuses à envisager la reconstruction totale de l'édifice. Les travaux débutent peu après, durant l'épiscopat de l'évêque Guy de Rochechouart.
Au sanctuaire roman succède un édifice de style gothique flamboyant, toujours en chantier lors de la visite du roi Louis XI en 1472. La nouvelle cathédrale s'élève alors sur trois niveaux, un triforium marquant la limite entre les arcades et les fenêtres hautes. La trace d'une toiture à comble haut est toujours visible de nos jours à l'arrière de la tour. Atteignant presque l'horloge, son faîte atteignait les 39 m de hauteur.
Exception faite du clocher, l'édifice est presque achevé lorsque éclatent les guerres de Religion. En 1568, les troupes huguenotes conduites par François de Coligny d'Andelot saccagent la cathédrale, martelant le portail et brisant en deux la statue de Charlemagne située à droite de celui-ci. De même, une partie des chapelles rayonnantes du chœur sont détruites ou mutilées et le mobilier est pillé. Après quoi, ordre est donné de saper les piliers de la nef, provoquant son effondrement.
La reconstruction de la nef intervient dès 1585. Cependant, faute de moyens, celle-ci n'est reconstruite qu'aux deux tiers de sa hauteur initiale, ce qui explique la présence d'arcs-boutants donnant sur le vide. Les voûtes à croisée d'ogives ne sont pas remontées, mais remplacées par une voûte d'arêtes en brique (ôtée en 1926). Seuls les collatéraux sont de nouveau dotés de voûtes à croisée d'ogives.
Une seconde campagne de reconstruction intervient sous l'épiscopat de Louis de Bassompierre (1648-1676) et de son successeur Guillaume de La Brunetière du Plessis-Gesté (1677-1702). Le chœur est ainsi reconstruit à partir de 1660 et doté d'une voûte lambrissée évoquant une coque de navire renversée. Recouverte d'un enduit en plâtre, elle est dégagée au cours d'une campagne de restauration menée dans les années 1970.
La cathédrale ne souffre pas de la période révolutionnaire. Il n'en est pas de même pour le prélat qui est à sa tête depuis 1781. En 1791, l'évêque Pierre-Louis de la Rochefoucauld est arrêté pour avoir refusé de prêter le serment constitutionnel. Emprisonné à la prison des Carmes avec plus d'une centaine d'autres ecclésiastiques, il est l'une des victimes des massacres de Septembre, le [3].
Le , le dôme a été endommagé par un incendie lors de travaux de rénovation[4].
Description générale
Le clocher
L'un des éléments les plus remarquables de la cathédrale Saint-Pierre est son clocher-porche, lequel domine le paysage urbain de l'ancienne capitale saintongeaise. Dominant les toits de la ville de près de 58 m, il devait à l'origine supporter une flèche en pierre qui l'aurait fait culminer à 96 m. Demeuré inachevé à la suite des guerres de Religion, il est couvert d'un dôme en cuivre lui conférant une silhouette atypique. Un escalier à vis torte datant du XVe siècle permet de rejoindre la plate forme sommitale.
Les cloches
Le clocher abrite quatre cloches : trois cloches de volée et un braillard :
Pierre (bourdon) : do3 1 750 kg fondu en 1834 par les fondeurs Gouyot à Breuvannes (Haute-Marne) ;
Marie : ré3 1 240 kg fondue en 1875 par Guillaume, fondeur à Angers ;
Louis : mi3 892 kg fondu en 1875 par Guillaume, fondeur à Angers.
Le braillard (cloche de forme peu haute et très évasée) est situé sous la coupole au sommet du clocher. Fixe, il sert uniquement de timbre à l'horloge.
Sans nom : mi3 500 kg environ, fondu en 1855 par Lanoaille Dumas, fondeur à Saintes.
Le portail occidental est formé d'une ogive en arc brisé à quatre voussures sur lesquelles se déploient des représentations d'anges, d'apôtres et de figures de l'ancien testament. Ces sculptures se répartissent en quatre anges de chaque côté, puis cinq personnalités (évêques, bâtisseurs…), puis six personnalités (chevaliers, évêques…) et enfin sept apôtres.
La nef
La nef de quatre travées a été sévèrement endommagée durant les guerres de religion. Reconstruite aux deux tiers de sa hauteur initiale dans la dernière partie du XVIe siècle, elle a perdu son triforium et ses voûtes à croisée d'ogives. Une charpente laissée apparente couvre l'ensemble depuis 1926. La nef est bordée de bas-côtés eux-mêmes cantonnés de chapelles latérales couvertes d'une voûte sexpartite. De larges baies à remplage flamboyant rappellent l'édifice du XVe siècle.
Le portail occidental est représentatif de la sculpture gothique tardive dans le sud-ouest de la France.
Installées sur une tribune dominant la nef, les grandes-orgues ont été placées dans la cathédrale en 1626[5]. Œuvre de l'organier Jehan Ourry, elles ont été reprises au XVIIIe siècle. Les dimensions du buffet sont de 3,34 m de hauteur sur 6,24 m de largeur et 1,57 m de profondeur. Il se caractérise par un décor rocaille comprenant une statue du roi David jouant de la harpe.
Le buffet est classé monument historique depuis 1943[6], l'orgue en lui-même l'est depuis 1973.
Tandis que l'absidiole du croisillon sud a été conservée, accueillant un retable du XVIIIe siècle, celle du croisillon nord a été abattue durant le saccage de la cathédrale par les armées réformées.
Trésor et chœur
Le croisillon sud permet l'accès au cloître canonial, l'un des rares de ce type à être conservé en France. Seules subsistent de nos jours les galeries sud et ouest, lesquelles accueillent quelques pierres tombales de chanoines.
Un bâtiment annexe permet également d'accéder au trésor de la cathédrale, l'un des plus importants de la région Poitou-Charentes[7]. Parmi les pièces exposées se trouvent un calice en argent ciselé du XVIIIe siècle, réalisation de l'orfèvre François-Daniel Imlin, un tableau du XVIIIe siècle représentant la conversion de sainte Eustelle, un crucifix en argent présentant un décor rocaille daté de 1776, ou encore des burettes en porcelaine du XVIIIe siècle[8].
Le chœur de la cathédrale est couvert d'une voûte lambrissée en forme de coque de navire renversée. Bordé d'un déambulatoire, il ne conserve que quatre des quinze chapelles rayonnantes d'origine, les autres ayant été démolies par les huguenots. Parmi les chapelles subsistantes, la chapelle axiale — dite « chapelle de la Psalette » — intègre des éléments du gothique tardif et des motifs préfigurant la Renaissance. Réalisée entre 1515 et 1520, elle abrite les tombeaux de deux doyens du chapitre[9].
L'élément central du chœur est le ciborium, réalisé au XIXe siècle à partir de matériaux récupérés du mobilier de l'abbaye aux dames. Il se compose de quatre colonnes de marbre rouge supportant un entablement en forme d'hémicycle. Offertes à la cathédrale par Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, elles ne sont assemblées de manière à former un maître-autel à baldaquin qu'en 1822 du fait de la précarité des finances de l'église à cette époque. Réalisé par le marbrier Penaud, le maçon Morisson, l’ébéniste Fragnaud et le peintre doreur Riche, l'œuvre est achevée en 1826[10].
Les chapelles
La chapelle des âmes du purgatoire, outre son autel elle abrite un monument aux morts de la Première Guerre mondiale et deux tableaux classés : un Moine en prière du XVIIIe siècle et La Vierge Marie intercédant pour les âmes du purgatoire.
La chapelle axiale, chapelle de la Psalette, dite des Tourette, famille qui a participé à sa construction en style gothique tardif et des motifs préfigurant la Renaissance. Réalisée entre 1515 et 1520, elle abrite les tombeaux de deux doyens du chapitre[9].
La cathédrale est le siège d'un pèlerinage à Notre-Dame-du-Miracle, dont la statue est située à la croisée du transept. Ce culte d'origine médiévale fait suite à une apparition présumée de la vierge dans la cathédrale. Demeuré vivace jusqu'à la révolution, le culte est solennellement réintroduit le par l'évêque coadjuteur du diocèse de La Rochelle et Saintes, Xavier Morilleau[7].
Bienfaiteurs et visiteurs célèbres
Le pape Urbain II célèbre la messe de Pâques dans l'ancienne cathédrale en 1096.
Le duc d'Anjou et roi d'Espagne Philippe V, assiste à la messe de Noël en 1700.
Parmi les bienfaiteurs et visiteurs de l'ancienne cathédrale[7] :
Le , la cathédrale Saint-Pierre de Saintes participe pour la première fois à l'évènement européen[11] (organisé par l'archidiocèse de Luxembourg), la Nuit des Cathédrales[12]. L'évènement local fait l'objet d'une annonce à la télévision, sur le plan national. La chaîne France 3 consacre un reportage au sein de l'émission Midi en France, le vendredi . Une vidéo du comité d'organisation, placé sous l'autorité du diocèse de La Rochelle et Saintes, retrace la soirée sur Wat TV[13].
Ouvrage
Un ouvrage sur la cathédrale de Saintes est sorti et a été présenté le [14], date de la Nuit des Cathédrales (voir plus haut). Le livre aux Éditions Picard est signé par huit auteurs, dont des chercheurs du CNRS.
Fermeture pour travaux
Le , la cathédrale fait l'objet d'un arrêté municipal de fermeture totale pour travaux[15]. Cet arrêté fait aujourd'hui[Quand ?] l'objet de contestations politiques, reprises au plan national[16]. Il est mis en avant une discordance entre le décret ministériel NOR/IOC/D/11/21246/C du et l’arrêté municipal de la ville de Saintes, dès lors que la partie jugée à risque ne concerne à peine un sixième de l’édifice et qu'aucun élément n’est tombé.
Galerie d'objets classés
Ensemble de mobilier faisant l'objet d'un recensement dans la base Palissy.
Baldaquin de l'autel principal.
Saint Pierre et le coq.
Dédicace à Guitard du XVIe siècle.
Orgues de tribune.
Jesus au jardin des oliviers.
La sainte famille, peinture du XIXe siècle.
La résurrection de Tabias par st-Pierre, peinture du XIXe siècle.
Réouverture
La cathédrale est de nouveau ouverte au public le , après 16 mois de fermeture. Pour l'occasion, de nombreux événements sont organisés les et [17], dont une messe solennelle présidée par Bernard Housset, évêque du diocèse de La Rochelle et Saintes.