En France, un institut universitaire de technologie (IUT) est une composante d’une université publique.
La finalité principale des études en IUT est de mener à un diplôme national correspondant à des compétences théoriques et pratiques, méthodologiques, permettant soit la poursuite d'études soit l'insertion professionnelle rapide, le plus souvent après une année de licence professionnelle. Les cours y sont assurés par des professionnels en activité au même titre que par des enseignants et des enseignants chercheurs.
Jusqu'en 2021, les IUT proposent une formation de deux années, le diplôme universitaire de technologie (DUT). À partir de septembre 2021, les étudiants d'IUT préparent un bachelor universitaire de technologie (BUT), qui peut délivrer le DUT en fin de deuxième année et conserve les mêmes caractéristiques, les mêmes filières et objectifs, mais se déroule sur trois années.
Histoire institutionnelle
Les instituts universitaires de technologie ont été créés en 1966 en application de la première tranche du plan du ministère de l’Éducation nationaleChristian Fouchet[1],[2]. Il s'agissait alors de répondre à la pression démographique et aux besoins importants en techniciens supérieurs qualifiés[3]. En s'ouvrent les quatre premiers IUT, à titre expérimental. Ils sont créés à Rouen (spécialité chimie), Nancy (spécialité biologie appliquée), Paris (spécialité électronique) et Toulouse (spécialité construction mécanique). Le décret du (décret n°66-27) institue ensuite les onze premiers IUT ; il prévoit vingt-cinq spécialités, mais seules quatorze sont mises en place durant les trois premières années. Ils sont créés par le décret n°66-653 dans les villes de Bordeaux, Grenoble, Lille, Montpellier, Nancy, Nantes (Angers), Orléans, Paris (Orsay et Cachan), Poitiers, Reims, Rennes, Rouen et Toulouse. Une place importante est ménagée dès le départ à des disciplines nouvelles comme l'informatique. Le succès fut immédiat. Les deux principaux problèmes furent de trouver des locaux et de recruter des enseignants, à cette époque de forte croissance démographique où la demande était supérieure à l'offre.
Les 24 spécialités de Bachelor Universitaire de Technologie
Année de création
Spécialités
1966
Chimie, Génie biologique (GB), Génie civil - Construction Durable (GCCD), Génie mécanique et productique (GMP), Génie électrique et Informatique industrielle (GEII), Gestion des entreprises et des administrations (GEA), Informatique.
1967
Métiers de la Transition et de l’Efficacité Energétiques (MT2E), Mesures physiques (MP), Information Communication, Carrières sociales (CS), Technique de commercialisation (TC).
1968
Génie chimique - Génie des procédés (GCGP), Science des données (SD).
1970
Hygiène, Sécurité, Environnement (HSE).
1971
Carrières juridiques (CJ)
1973
Management de la Logistique et des Transports (MLT)
1978
Génie industriel et maintenance (GIM)
1986
Qualité, Logistique Industrielle et Organisation (QLIO)
1992
Réseaux & Télécommunications (RT), Science et génie des matériaux (SGM)
1993
Métiers du Multimédia et de l'Internet (MMI)
1994
Gestion administrative et commerciale des organisations (GACO)
2000
Packaging Emballage et Conditionnement (PEC)
Réforme Licence-Master-Doctorat
Dans le cadre de la réforme LMD, un diplôme à Bac+3 a été pensé dans les années 1990 : un Diplôme national de technologie spécialisé (DNTS), ou une Licence universitaire de technologie (LUT), sans succès. La licence professionnelle (créée en 2000) semble avoir constitué la réponse institutionnelle au besoin d'un prolongement au DUT. En 2013, une spécialité a été supprimée, il en reste donc 24 en DUT. La liste des diplômes proposés, par IUT, est accessible sur le site du réseau des IUT[4].
Réforme des bachelors universitaires de technologie
À compter de la rentrée 2021[5], les IUT délivrent désormais une licence professionnelle sous le nom d'usage de « bachelor universitaire de technologie »[6]. Ce Bachelor permet donc aux IUT de s'intégrer dans le système Licence-Master-Doctorat. Le cadre de la formation reste national, mais comprend nécessairement 600 heures de projets tutorés et 22 à 26 semaines de stage réparti sur les trois années[7].
Comme le DUT, le BUT peut être obtenu par validation des acquis (VAE) de l'expérience.
Organisation
Les instituts universitaires de technologie sont des instituts internes aux universités.
Le directeur est élu par le conseil à la majorité absolue. Le conseil de l’IUT est composé des personnes ayant vocation à y enseigner (enseignants-chercheurs, les autres enseignants et les chargés d’enseignement) et des personnalités extérieures (représentant des collectivités territoriales, représentants des organisations syndicales d’employeurs et de salariés)[2].
L'inscription en IUT se fait via la procédure Parcoursup. Cependant, les BUT étant sélectifs, les candidats à l'inscription doivent remplir des exigences particulières, en termes de niveau ou de motivation. Les bacheliers professionnels et technologiques sont toutefois prioritaires dans tous les BUT. Depuis , il existe une formation en ligne ouverte à tous (MOOC gratuit) pour aider les candidats à concevoir leur dossier[10].
Arts - Commerce, économie - Droit et Science Politique - Enseignement - Ingénieur - Lettres et langues - Santé - Sciences humaines - Sciences et technologie
La vocation première des IUT est de préparer les étudiants à leur diplôme national le diplôme universitaire de technologie jusqu'en 2021, puis le bachelor universitaire de technologie après cette date. Les IUT proposent également la préparation de licences professionnelles (bac+3) ou, pour un petit nombre d'entre eux, de masters professionnels[11]. Certains IUT offrent la possibilité d'effectuer une « année spéciale », qui permet aux étudiants ayant suivi deux années d'études supérieures d'obtenir un DUT en un an.
Depuis leur création, les IUT privilégient une pédagogie associant théorie et pratique, désormais en vogue sous le nom de Learning by doing : les mises en situation (travaux pratiques, études de cas, stages, projets tutorés) et le recours aux professionnels y sont systématiques, mais toujours articulées à des questionnements marquant la dimension universitaire de la formation, et visent à garantir la capacité d'adaptation des jeunes diplômés[12].
Accueillant des bacheliers professionnels comme des bacheliers technologiques, les IUT leur ouvrent la possibilité de poursuivre des études longues (écoles de commerce, de communication, d'ingénieurs, classes préparatoires ATS...). En effet, la poursuite d'études après les BUT est massive, avec des variations selon les filières. Selon l'enquête nationale à trente mois portant sur les diplômés 2015[13], 10% s'insèrent immédiatement, et 70% poursuivent leurs études au-delà de la licence.
En 2005, selon un sondage de l'Institut français d'opinion publique (IFOP), les IUT sont perçus par la population comme la troisième voie professionnelle pour les jeunes, derrière les écoles de commerce ou d'ingénieur[14],[15].
Liste des IUT en France
Il existe 108 IUT[16], répartis sur 212 sites universitaires dans toute la France métropolitaine et en outre-mer[17].
↑à l'exemple de l'IUT de l'université Bordeaux-III et son master professionnel « spécialité d’ingénierie de l’animation territoriale », de l'IUT A de l'université Lyon-I et son master professionnel « génie des procédés alimentaires », ou de l'IUT de Sceaux de l'université Paris-XI et ses masters « gestion des organisations »
↑Pierre Benoît, Une histoire des Instituts Universitaires de Technologie, Paris, Garnier, (ISBN9782812446375)
http://www.iutenligne.net IUTenLigne, catalogue de ressources pédagogiques de l'Université Numérique Thématique pour l'enseignement technologique universitaire
Bibliographie
Pierre Poulain, « Genèse des départements d’informatique dans les IUT », Colloque sur l’Histoire de l’Informatique en France, Grenoble: INPG, 1988