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Isabelle de Gélieu est la fille du pasteur Jonas de Gélieu et de son épouse Marguerite-Isabelle Frêne, elle-même fille du pasteur Théophile-Rémy Frêne. Elle apprend à lire et écrire à la cure de Lignières et, à l’âge de dix ans, convainc son père de lui apprendre le latin, langue peu enseignée aux jeunes filles du XVIIIe siècle. À l’âge de treize ans, sa famille l’envoie à Bâle pour y apprendre l’allemand au pensionnat de sa tante Esther Mieg.
De retour à Colombier où son père est pasteur depuis 1790, elle prend contact avec Isabelle de Charrière en 1795. Cette dernière reconnaît son talent et lui donne des leçons d’anglais. Avec Madame de Charrière, Isabelle de Gélieu publie en 1797 la traduction française du roman Nature and Art d’Elizabeth Inchbald.
Quelque temps après, Isabelle commence à écrire personnellement un roman intitulé Louise et Albert ou Le danger d’être trop exigeant. Ce roman est publié à Lausanne en 1803. La même année, Ludwig Ferdinand Huber, le traducteur des œuvres d’Isabelle de Charrière, publie une traduction allemande approximative dans le journal Flora, Teutschlands Töchtern geweiht von Freundinnen und Freunden des Schönen Geschlechts. (Flora, Dédiée aux filles de l’Allemagne par des amis et amies du beau sexe).
Forcée par sa famille à se marier, elle rompt sur les instances d’Isabelle de Charrière les fiançailles prévues par ses parents. Mais, en 1801, elle épouse le pasteur Charles-Ferdinand Morel de Corgémont, candidat d’Isabelle de Charrière et de son grand-père Frêne.
Mère de trois enfants, Isabelle peine à assouvir ses ambitions littéraires. En outre, son ménage souffre de difficultés conjugales, consécutives à la crise économique des années 1820 dans laquelle son mari perd la fortune familiale.
Dès 1820 Isabelle Morel-de Gélieu commence à traduire en français des œuvres de la littérature allemande, dont le Manuel des mères de Pestalozzi, l’Alamontade de Zschokke, le roman historique Gertrud von Wart oder Treue bis in den Tod du pasteur suisse Johann-Conrad Appenzeller et le roman Annette und Wilhelm de Kotzebue. Elle publie aussi un recueil de vers de Schiller. Elle traduit également des décrets du gouvernement du canton de Berne et de l’église protestante du canton.
À la suite des mouvements révolutionnaires de 1830, la maison des Morel s’ouvre aux réfugiés démocrates de Suisse et de Pologne, mais Isabelle est déchirée entre la tradition royaliste de sa famille neuchâteloise et ses propres idées libérales et démocrates, partagées par son mari.
En 1833 elle tombe malade d’un cancer du sein et meurt en 1834.
Œuvre
Poésie : La cascade de Norange et Réponse à Mme de Charrière 1795[1].
Complainte de David sur la mort de Saül et de Jonathan. Poésie inédite de M"" Morel.(s.d.)[2]
La Nature et l'art. Roman par Mistriss Inchbald. Nouvelle traduction par Mlle de G*** et Mme de C***, Paris 1797 (= Neuchâtel, Louis Fauche-Borel)[3]
Louise et Albert ou Le Danger d'être trop exigeant, Lausanne, Hignou, 1803[4], Nouvelle édition Neuchâtel, Nouvelle revue neuchâteloise, 1999. 166 p. (ISBN9782880800055)[5]
Albrecht und Luise, eine schweizerische Erzählung nach dem Französischen der Madame ****. Übersetzung von Ludwig Ferdinand Huber. In Flora, Teutschlands Töchtern geweiht von Freundinnen und Freunden des Schönen Geschlechts, IV (1803), p. 68-170[6]
Avant-propos du livre du pasteur Théophile-Rémy Frêne 1727-1804, Cléobule ou Pensées diverses d'un Pasteur de campagne publiées après sa mort. 1807[7],[8]
Gertrude de Wart ou l’épouse fidèle. Roman historique; traduit de l’allemand de M. Appenzeller, par Mme Morel, Paris, A. Eymery, 1818[9].
Manuel des Mères de Pestalozzi, traduit de l’allemand. Genève, J.J. Paschoud, 1821[10]
Annette et Wilhelm, ou la Constance éprouvée, traduit de l'allemand de Kotzebue, par Mme Morel. Paris, L. Tenré, 1821. 2 vol.
Choix de pièces fugitives de Schiller, trad. de l'allemand par Mme Morel. Paris, Le Normant père, 1825[11]. nouvelle édition Hachette, 2013.
Journal 1819-1834. Éd. François Noirjean; Jorge Da Silva, préface Caroline Calame. Neuchâtel, Livreo-Alphil, 2020 469 p. (ISBN9782889302529)
Bibliographie
1863 - Fréderic-Alexandre-Marie Jeanneret, James-Henri Bonhôte, Biographie Neuchâteloise, Le Locle, Eugène Courvoisier, 1863, tome 2, p. 123-131[12].
1888 - Samuel Schwab, Biographies erguélistes: Bénédict Alphonse Nicolet de St-Imier, Isabelle Morel-de Gélieu de Corgémont, Nicolas Béguelin de Courtelary. Berne, K.-J. Wyss, 1888. 32 p.
1896 - Samuel Schwab, Isabelle Morel-de Gélieu. 1779-1834. In: Sammlung bernischer Biographien. Hrsg. von dem Historischen Verein des Kantons Bern. Schmid, Francke & Cie, Zweiter Band, 1896. p. 234-240[13]
1924 - Jules-Émile Hilberer, Une famille jurassienne distinguée: la famille de Gélieu. Actes de la Société jurassienne d'émulation, 1924, Vol.29, p. 27-49[14]
1935 - Ed Freudiger, À propos d'œuvres inédites de Mme Morel de Gélieu. Actes de la Société jurassienne d'émulation, 1935, Vol.40, p. 83-90[15]
1959 - Gabrielle Berthoud, Neuchâteloises du siècle de Voltaire et de Rousseau. In: Musée Neuchâtelois, 46 (1959), p. 97-114[16].
1968 - Henry-Louis Henriod, Une famille neuchâteloise du XVIe au XIXe siècle les Gélieu. Der Schweizer Familienforscher = Le généalogiste suisse, 01 October 1968, Vol.35 (7-9), p. 77-93[17]
1971 - Dorette Berthoud, Mme de Charrière et Isabelle de Gélieu, Actes de la Société jurassienne d'émulation 1971, p. 51-101[18]
1973 - Dorette Berthoud, Le Journal d'Isabelle Morel-de Gélieu, Actes de la Société jurassienne d'émulation 1973, p. 9-50[19].
1974 - Florian Imer, Rose de Gélieu et les siens. Actes de la Société jurassienne d'émulation, 1974, Vol.77, p. 235-356[20]
1989 - Alfred Schnegg, Une autre Isabelle. Isabelle de Gélieu. In: Lettre de Zuylen et du Pontet, 14 (1989), p. 3-5.
1989 - Susan Klem Jackson, Disengaging Isabelle. Professional rhetoric and female friendship in the correspondence of Mme de Charrière and Mlle de Gélieu. In: Eighteenth-Century Life, 13, (1989), 1, p. 26-41.
1994 - Daniel Maggetti, À la frontière de la vie et du roman. La correspondance d'Isabelle de Charrière et d'Isabelle de Gélieu, in Isabelle de Charrière, une Européenne, Isabelle de Charrière en son siècle. Hauterive-Neuchâtel, Gilles Attinger, 1994, p. 255–269
1996 - Valérie Cossy, "Nature & Art" d'Elizabeth Inchbald dans la "Bibliothèque Britannique" et dans l’œuvre d'Isabelle de Charrière (1796-1797). Annales Benjamin Constant 18-19 (1996), p. 73-90
1998 - Caroline Calame, Isabelle de Gélieu, Femme de lettres, dans Biographies Neuchâteloises, tome 2, Hauterive 1998 p. 122-127
1999 - Caroline Calame, Commentaire à propos de la réédition de « Louise et Albert », Neuchâtel 1999
1999 - Caroline Calame, À propos de la réédition de Louise et Albert ou le danger d'être trop exigeant d'Isabelle de Gélieu. In: Lettre de Zuylen et du Pontet, 24 (1999), p. 17-18.
2001 - Maud Dubois, Le roman sentimental en Suisse romande (1780-1830). In: Annales Benjamin Constant. 25 (2001), p. 161-246[21].
2004 - Yvette Went-Daoust, Correspondance des deux Isabelle. Réalité et fiction. In: Lettre de Zuylen et du Pontet, 29 (2004), p. 4-8.
2014 - François Noirjean, Le journal d'Isabelle Morel-De Gélieu 1819-1834. In: Revue historique neuchâteloise, 151(2014) no 1-2, p. 43-59
2018 - Valérie Cossy, Tolérance et louvoiement selon Isabelle de Charrière. Traduire Elizabeth Inchbald au village quand on est femme des Lumières. in: Angela Sanmann (ed.), Fémin/in/visible. Women authors of the Enlightenment: übersetzen, schreiben, vermitteln. Lausanne, Centre de traduction littéraire de Lausanne, 2018. p. 103-124[22]
2020 - Maxim Nougé, Entretien avec François Noirjean sur le livre Isabelle Morel-De Gélieu. Journal (1819-1834). Magazine historique. Le Quotidien Jurassien. 8 juin 2020[23].
2020 - Caroline Noth, Isabelle de Gélieu (1779-1834) et le change linguistique en Suisse à la fin du XVIIIe siècle.Université de Lausanne, 2020
2021 - Laurent Tissot, Sylvane Messerli, Claude Hauser, Un foyer intellectuel et artistique dans le Jura bernois, 1780-1850, Charles-Ferdinand Morel et Isabelle Morel-de Gélieu. Neuchâtel, Alphil-Presses universitaires suisses, 2021. (ISBN978-2-88930-375-5)