Issu d'une famille originaire de Saint-Nicolas-des-Bois, près d'Alençon, son père, Thomas Mercier, dit « La Haye » (1729-1819), était écuyer, fourrier des logis de la Reine puis procureur du duc de Montmorency, et devenu un riche fabricant et négociant de toiles et surtout de dentelles : le fameux « point d'Alençon ». Un de ses biographes dira que sa fortune avait « une origine bizarre et qui donna fort à causer aux commères normandes ».
Mercier reprend en 1798, à la mort de son oncle, la direction de la fabrique du point d'Alençon fondée par son père en 1760. Il ouvre par la suite une filature à vapeur de coton, de chanvre et d'étoupe, première installation de ce type à Alençon.
Vers 1825, il installe les premiers tissages mécaniques permettant ainsi à l'industrie toilière de se redresser. Malgré ses efforts, le secteur périclitait. Il eut beau, vers 1830, tenter de ranimer la production de la manufacture de dentelle installée dans son château de Lonrai (que son père avait racheté, le , au duc de Montmorency), en faisant appliquer du point d'Alençon sur un tulle mécanique, il se retrouva, dès 1844, très endetté.
Son activité professionnelle l'avait conduit au sein du conseil des manufactures. On le retrouve ensuite président du tribunal de commerce (par intermittence de 1818 à 1847).
Membre du conseil municipal d'Alençon depuis 1804, l'Empereur l'appela au poste de maire de la ville en 1808. Mercier reçoit Napoléon Ier en 1811 : il obtint de ce dernier un décret autorisant la construction d'un palais de justice et l'installation d'un lycée pour deux cents pensionnaires. Le jour du départ de Napoléon, il invite les conseillers en espérant que les souverains « ne pourront voir dans cette démarche du conseil municipal qu'une nouvelle preuve du sincère et respectueux attachement qu'il leur porte ».
Pourtant, Mercier, fait baron de l'Empire en 1811, ira offrir ses services à Louis XVIII, après l'abdication de Fontainebleau (). Quatre jours plus tard, les membres du conseil municipal « spontanément réunis sous la présidence de M. le baron Mercier, maire, [...] jurent amour, respect et fidélité inviolable » au roi restauré. De plus, le conseil fit débaptiser les places « Bonaparte » (actuelle « Foch ») et « Napoléon » (actuelle « Marguerite de Lorraine ») pour leur substituer les noms de « Bourbon » et de « Saint-Léonard ». Le maire est alors fait chevalier de la Légion d'honneur.
À une époque où les édiles municipaux ne savent plus à quel souverain se vouer, le conseil alençonnais avec Jacques Mercier à sa tête, jura « obéissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur » de retour de l'Île d'Elbe (1815).
En 1820, il fait voter l'établissement du champ de foire d'Alençon (inscrit parmi les sites classés en 1933) sur l'ancien cimetière Saint-Blaise. À l'origine de la construction de la halle aux blés, il y fit construire à proximité d'élégantes maisons de commerce (1828) ainsi qu'un théâtre, démoli en 1951.
Maire provisoire du au , il est démissionnaire, étant élu député le précédent, mais il est immédiatement nommé par le préfet membre de la commission municipale.
Député de l'Orne
Après le retour de Gand de Louis XVIII, il vécut quelques années éloigné de la politique. Ses idées libérales le désignèrent au renouvellement quinquennal du , au choix de ses concitoyens ; mais il échoua dans le 1er arrondissement de l'Orne (Alençon) : avec 129 voix contre 164 à l'élu, M. Thiboult-Dupuisac. Il fut plus heureux aux élections du , et fut élu député par 131 voix[3] contre 99 voix à M. Château-Thierry-Dubreuil. Il siégea dans l'opposition constitutionnelle et vota l'adresse des 221 contre le ministère Polignac.
Réélu le par 145 voix[4] contre 112 à M. de Chambray ; le par 145 voix[5] contre 39 voix au comte Bonet, il contribua à l'établissement de la Monarchie de Juillet, vota pour les ministres, et obtint de nombreuses faveurs pour sa famille. Cette attitude le fit échouer aux élections du avec 107 voix contre l'élu, M. Libert.
Le baron Mercier revint alors à l'opposition et fut de nouveau et successivement réélu dans son arrondissement le , par 135 voix[6] ; le , par 137 voix[7] ; le , par 147 voix[8] contre 124 voix à M. Druet-Desvaux.
Il siégea obstinément à gauche, repoussa l'adresse de 1839, combattit le ministère Molé, vota contre la dotation du duc de Nemours, pour les incompatibilités et l'adjonction des capacités, contre l'indemnité Pritchard.
Bien que sa situation professionnelle fût des plus difficiles (il se retrouve, dès 1844, très endetté), il se porta néanmoins candidat à l'Assemblée constituante, le , dans une élection partielle dans l'Orne, il échoua avec 4 143 voix, contre 10 619 à l'élu, M. de Vaudoré, 9 734 à Louis-Napoléon Bonaparte, 7 853 à Hippolyte Passy et 6 248 à M. Berryer-Fontaine.
Il se rallia alors à la politique du prince-président et fut élu député au Corps législatif, dans la 1re circonscription de l'Orne, avec l'appui officiel, le , par 25 514 voix[9] contre 2 432 à Pierre-Louis Roederer et 541 à Jacques-Matthieu-Louis Druet-Desvaux. Ardent impérialiste, il soutint énergiquement le pouvoir, déclara, le , que « si le ministère de la Police n'existait pas, il faudrait l'inventer », et répondit un jour au président qui l'interrompait : « Mais laissez-moi donc parler, moi, je ne suis pas de l'opposition ». Réélu, le , par 17 969 voix[10], il ne cessa de figurer parmi les fidèles du Second Empire.
Il mourut un mois après avoir été renversé par une voiture en sortant du Corps législatif et fut inhumé au cimetière de Lonrai.
Paul de Chazot remplaça Mercier à l'Assemblée.
Vie familiale
Jacques fut l'unique fils de Thomas Mercier, dit La Haye (, Saint-Nicolas-des-Bois-, Lonrai), écuyer, fourrier des logis de la Reine et procureur du duc de Montmorency, riche fabricant et négociant de toiles et surtout de dentelles, issu du premier mariage de ce dernier avec sa cousine Anne Françoise Mercier (1750-1776).
Il épousa le (Noisy-le-Grand) Olympe Madeleine Le Couteleux de La Noray du Molay (, Paris- (ou 1867), Alençon), fille de Barthélémy Jean Louis Le Couteulx de La Noraye
(, Paris-, Noisy-le-Grand), banquier, directeur de la banque Le Couteulx à Paris, Secrétaire de la chambre et du cabinet du Roi.
Pierre Louis Lucien (, Alençon-, Aignan), 3e baron Mercier, sous-préfet de Mortain (), sous-préfet d’Yvetot (), sous-préfet de Langres (), sous-préfet de Châteaudun (), sous-préfet de Saintes (), secrétaire général de la préfecture de la Gironde (), sous-préfet de Vienne (Isère) (), sous-préfet de Saint-Denis (-), chevalier de la Légion d'honneur, marié avec Athénaïs Delecey de Récourt, dont :
Pierre Thomas Marie Antoine (, Langres), 4e baron Mercier, Capitaine au 2e régiment de cuirassiers, chevalier de la Légion d'honneur, marié le avec Charlotte Joséphine Marie Suzanne de Reyniac, dont :
Pierre Rieul Marie Joseph Antoine (né le , Senlis) ;
Jean Albert Marie Joseph Vincent (né le , Lunéville) ;
ainsi qu'une fille ;
et deux autres garçons ;
Adélaïde Gabrielle (née le ), mariée en 1847 avec Paul Guibourg (né le ), sous-préfet de Béthune (-1853), sous-préfet de Fontainebleau (-), chevalier de la Légion d'honneur ;
Sophie Madeleine (, Alençon-, Paris), mariée le avec Charles Just Houël, président du tribunal de Louviers ;
Charles Oscar (, Alençon-, Brest), receveur des finances, marié le avec Antoinette Potier, dont :
un fils ;
Anne-Camille (, Alençon--Paris), mariée le (Lonrai) avec Nelzir Allard (, Parthenay--Paris), polytechnicien (1815), général de divisiondu génie, Député des Deux-Sèvres (1837-1848), président de section au Conseil d'État sous le Second Empire, Chevalier (), officier (), commandeur (), puis Grand officier de la Légion d’honneur (), dont postérité.
Alain Champion, Dictionnaires des rues et monuments d'Alençon, Publié par Éd. Cénomane, Le Mans, 2003, 319 p. (ISBN2-905596-87-2), (ISBN978-2-905596-87-1).