Surnommée « la ville aux sept collines », la cité a construit sa renommée sur le développement de son industrie et de son artisanat : elle est devenue l'un des centres de fabrication de la dentelle (avec son festival international), des armes (Manufacture d'armes) et de l'accordéon (Accordéons Maugein).
Étirée sur plus de trois kilomètres dans l'étroite et tortueuse vallée de la Corrèze, Tulle étage ses vieux quartiers au flanc des collines dominant la rivière, tandis qu'émerge, du cœur de la cité, l'élégant clocher de pierre de la cathédrale Notre-Dame.
Les limites communales de Tulle et celles de ses communes adjacentes.
Troisième ville du Limousin, derrière Limoges et Brive-la-Gaillarde, Tulle est située dans une partie très encaissée de la rivière Corrèze, à sa confluence avec plusieurs de ses affluents, la Solane et la Céronne en rive droite, et la Saint-Bonnette et la Montane en rive gauche[2]. Elle s'étire sur une bande très étroite, longue de plusieurs kilomètres du nord-est (près du stade) au sud-ouest (au-delà de la gare). Elle est située à la croisée de plusieurs voies de communication :
Point de rencontre entre le Sud-Ouest de la France et le Massif central, Tulle est l'ancienne capitale du Bas-Limousin[3], dont les limites correspondent approximativement à l'actuel département de la Corrèze.
La ville est située au nord de l'isoglosse du « cha/ca » et au sud de l'isoglosse du « ja/ga », dans une zone de transition progressive du dialecte occitan limousin (rencontré dès Seilhac) au dialecte languedocien (rencontré dès Nonards).
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,8 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15,1 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 125 mm, avec 12,4 jours de précipitations en janvier et 7,4 jours en juillet[6]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 12,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 236,1 mm[7],[8]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[9].
Statistiques 1991-2020 et records TULLE (19) - alt : 235m, lat : 45°14'32"N, lon : 1°44'25"E Records établis sur la période du 01-01-1957 au 02-11-2023
Source : « Fiche 19272001 », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/11/2023 dans l'état de la base
Urbanisme
Panorama de la ville de Tulle.
Typologie
Au , Tulle est catégorisée petite ville, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[10].
Elle appartient à l'unité urbaine de Tulle, une agglomération intra-départementale dont elle est ville-centre[11],[12]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Tulle, dont elle est la commune-centre[Note 1],[12]. Cette aire, qui regroupe 43 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[13],[14].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (42,3 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (46,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (28,5 %), zones urbanisées (24,2 %), zones agricoles hétérogènes (21,7 %), prairies (20,6 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,9 %)[15].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
TuT' Agglo est le réseau de transport en commun de la Communauté d'agglomération Tulle Agglo qui dessert les 44 communes du territoire autour de 3 lignes urbaines et d'un service de transport à la demande.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Tutela en 894, in Tutelensi ecclesia peu après, puis de Tuella en 1030 (dans cette dernière forme, le -t- intervocalique s'est déjà amuï), Tutella en 1180, Tuela en 1186, Tulla en 1346-48[17].
Ce nom de lieu évoque la divinité romaine Tutela, chargée d'assurer la conservation, la protection du lieu, sans doute au point de passage de la Corrèze d'une très ancienne route entre Armorique et Méditerranée[17]. Cependant, aucune trace de sa vénération n'a été trouvée sur place. D'autre part, le -t- intervocalique ne s'est pas amuï dans le toponyme Tudeils (Corrèze) qui proviendrait de l'anthroponyme latin Tutelius[18].
Les origines de la ville sont encore aujourd'hui sujettes à débat mais il semblerait que l'actuel puy Saint-Clair, un éperon rocheux aux pentes abruptes séparant la vallée de la Corrèze de celle de la Solane, ait constitué un emplacement idéal pour l'établissement d'un oppidum gaulois. Depuis longtemps, il semblerait que la ville ait été un carrefour important sur la route entre Armorique et Méditerranée et sur celle entre Aquitaine et Massif central qui toutes deux franchissaient la Corrèze par un gué en ce lieu.
Avec l'occupation romaine, le lieu aurait été aménagé en nécropole et un temple en l'honneur de Tutela[Note 2], puissance divine romaine à laquelle on confiait la protection des personnes, des choses et surtout des lieux, aurait été bâti. C'est de cette déesse romaine, protectrice des voyageurs qui empruntaient le gué, que proviendrait le nom de la ville. Le temple de Tutela devait se trouver dans le quartier du Trech, dont le nom désigne la traversée d'une rivière. Le réel pôle urbain de la région se déplaça quelques kilomètres au nord, sur la commune de Naves et le site de Tintignac, devenu lieu de croisement entre les voies romaines reprenant les anciens itinéraires de l'époque celte.
Fondation historique
L'époque mérovingienne aurait vu la christianisation de la ville et l'établissement de trois lieux de culte dédiés à saint Martin, saint Pierre et saint Julien. La ville n'entre officiellement dans l'Histoire qu'avec la transformation au VIIe siècle de l'église dédiée à saint Martin en un monastère sous l'impulsion de Calmine, déjà fondateur du monastère de Mozat en Auvergne. Autour des lieux de culte commencent à se grouper les habitants du pays et Tulle redevient un pôle urbain, un statut perdu depuis la conquête romaine.
La ville est pillée à plusieurs reprises par les Vikings, bien que située à plusieurs centaines de kilomètres de la mer, et c'est à l'occasion de l'un de ces saccages, en 846, que le premier monastère est détruit. Pour prévenir les habitants de la ville de l'arrivée des Vikings, un poste de surveillance est bâti sur un promontoire rocheux à Cornil, à quelques kilomètres en aval de la Corrèze. Le lieu était pourtant considéré comme sûr par beaucoup d'églises de la côte atlantique qui y avaient envoyé leurs reliques pour les préserver des pillages, notamment celles de saint Clair, de saint Lô ou de saint Baumard. Le monastère est par la suite reconstruit mais disparaît au XIe siècle. En 1989, des fouilles entreprises sous la nef de l'actuelle cathédrale ont permis de dégager les vestiges d'une absidiole datant de l'époque carolingienne ainsi qu'un portail polylobé d'influence mozarabe.
Moyen Âge
Cathédrale Notre-Dame de Tulle.
De nouvelles constructions sont entreprises pour l'abbaye, désormais dédiée à saint Martin et convertie à la règle bénédictine au XIe siècle. En visite à Tulle en 1095, le pape Urbain II lui accorde sa protection. La première pierre de la nouvelle abbatiale est posée en 1130 mais l'édifice n'est terminé que deux siècles plus tard. La flèche du XIIe siècle culmine à une hauteur de 75 mètres, faisant d'elle la plus haute du Limousin. En 2005, lors de la construction aux abords de la cathédrale, des fouilles ont permis la mise au jour du mur nord de l’église médiévale de Saint-Julien, la découverte d'un cimetière et de 3 sarcophages en granit datant du Haut Moyen Âge[19]. Par ailleurs, on peut toujours admirer le cloître gothique, le seul conservé en Limousin.
En 1317, le pape Jean XXII crée le diocèse de Tulle en détachant cinquante-deux paroisses du diocèse de Limoges et l'abbatiale devient cathédrale. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais prennent la ville en 1346 avant d'en être chassés un mois plus tard par le comte d'Armagnac, subissant coup sur coup deux sièges éprouvants au cours desquels les habitants sont réduits à la famine. En 1370, la ville prend le parti du roi de France, Charles V, ce qui lui vaut une exemption d'impôts et l'anoblissement de plusieurs familles bourgeoises. Mais en 1373, le duc de Lancastre se présente devant la ville et exige qu'on lui en ouvre les portes, et, en l'absence de quelconque commandement, c'est une assemblée représentative de la population qui est réunie et qui décide de s’exécuter pour se prémunir d'un nouveau saccage. Le pardon du roi de France pour cette trahison a lieu en 1375.
La peste noire touche la ville en 1348 et, le soir du , dans le désespoir, les autorités religieuses et de la ville décident d'organiser une procession derrière une statue de saint-Jean pour faire cesser ce qui était considéré comme un fléau divin. La peste cessant peu après, les Tullistes promirent de renouveler cette procession tous les ans, par une confrérie de pénitents gris la veille, et de pénitents blancs le jour anniversaire même[20] ; elle est encore aujourd'hui perpétuée et appelée « procession de la Lunade »[Note 3].
Au début du XVe siècle, la ville est victime de ceux que l'on appelle les « routiers », des brigands comme Jean de La Roche qui incendia la ville en 1426 ou Rodrigue de Villandrando à qui la ville dut verser une forte rançon afin d'être épargnée en 1436. En 1430, l'évêque reconnaît le pouvoir de trente-quatre prud'hommes, aussi appelés « boniviri » et dotés de pouvoirs militaires et financiers mais qui s'occupaient en réalité des affaires de la communauté de façon officieuse depuis le XIIIe siècle. En 1443, Charles VII réunit à Tulle les États généraux du Bas-Limousin.
La ville est divisée entre l'Enclos, le quartier autour de l'abbatiale où résident les nobles, les bourgeois et les clercs, et la ville haute, où réside la plus grande partie de la population, autour du château, située sur le puy Saint-Clair et qui se caractérise, toujours aujourd'hui, par ses ruelles étroites et pentues, parfois en escaliers. Au XIVe siècle, plusieurs familles nobles (Saint-Martial de Puy-de-Val, Rodarel de Seilliac...) commencent à étendre la ville sur la rive gauche de la Corrèze, en face de la Cathédrale, dans le quartier de l'Alverge, sur la route de l'Auvergne. Le XVe siècle voit la ville s'étendre à l'extérieur de ses remparts, dans des faubourgs situés le long des routes vers l'Aquitaine et le Midi (la Barrière et le Pilou), vers Limoges et Paris (la Barussie, le Trech, le Fouret, la Rivière) et vers l'Auvergne (l'Alverge et le Canton).
Époque moderne
La place de la cathédrale.
L'abbaye est pratiquement désaffectée avec la sécularisation de 1514. L'évêque se fait construire un château et le réfectoire devient le siège du tribunal. En 1566, le roi Charles IX dote la ville d'une mairie et d'un consulat venant définitivement réduire le pouvoir de l'évêque.
Au cours des guerres de Religion, Tulle tient pour les catholiques ; la ville résiste une première fois aux huguenots en 1577, mais les troupes du vicomte de Turenne prennent une sanglante revanche en 1585. Ils mettent la ville à sac et la dévastent, après un assaut que le poète protestant Agrippa d'Aubigné a relaté.
Au XVIe siècle, les nobles et bourgeois de Tulle se livrent à une véritable compétition architecturale dont subsistent aujourd'hui des bâtiments aux façades finement ouvragées dans un style Renaissance comme l'hôtel de Lauthonye (1551), l'hôtel de Ventadour ou la maison Loyac aussi surnommée « maison de l'Abbé » et décrite par Prosper Mérimée en 1838. Au XVIe siècle, un collège fut créé et en 1620, l'enseignement fut confié aux Jésuites. En 1670, la ville fut dotée d'un hôpital général.
De nombreuses congrégations religieuses s'installent dans la ville, les Récollets (1601), les Clarisses (1605), les Feuillants (1615), les Ursulines (1618), les Bernardines (1622), les Visitandines et les Carmes (1644) ainsi que les Bénédictines en 1650. En 1705, la sœur Marcelline Pauper fonde à Tulle une maison de la congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers, pour soulager la misère du peuple et apprendre à lire aux enfants.
À partir du XVIIe siècle, de nouvelles activités économiques apparaissent, les moulins sur la Corrèze et la Solane servant ainsi à produire du papier par exemple. L'artisanat de la dentelle se développe et le « poinct de Tulle » se développe jusqu'à voir sa renommée devenir mondiale, le tulle étant fréquemment utilisé pour les robes de mariées notamment. C'est aussi le début de l'industrie de l'armement à Tulle avec l'établissement d'une manufacture en 1691 résultant de la collaboration entre le maître-arquebusier Pauphile et le financier Fénis de Lacombe[21]. La fabrique d'armes à feu deviendra manufacture royale en 1777.
Les mutilations de la cathédrale et des bâtiments abbatiaux seront très importantes pendant la Révolution car, converties en manufacture d'armes, toutes les ferrures, y compris les fers de soutènement de la coupole, sont arrachés pour récupération, ce qui provoque l'effondrement de la coupole, du chevet, du transept et de la galerie nord du cloître en 1796. Le palais épiscopal, deux églises paroissiales et plusieurs chapelles dans les faubourgs sont détruites au cours de la Révolution. L'église est rouverte au culte en 1803 mais ne retrouvera son titre de cathédrale qu'en 1823 tandis que la coupole ne sera jamais reconstruite, la nef étant simplement close et l'espace dégagé servant à l'aménagement d'une promenade le long de la Corrèze sur l'actuel quai Edmond-Perrier.
Époque contemporaine
Du XIXe siècle au début du XXe siècle
Façade du théâtre des sept collines à Tulle, dans le style art nouveau.
Au cours du XIXe siècle, la physionomie de la ville de Tulle évolue beaucoup. Le quartier de Souilhac accueille la gare en 1871 et la ville est alors reliée au réseau national de chemin de fer via Brive-la-Gaillarde. En parallèle, ce quartier accueille de nouvelles industries, notamment la manufacture d'armes à feu. En 1886, celle-ci est nationalisée et s'installe dans le nouveau quartier de Souilhac, le long de la Céronne, une rivière qui lui fournira de l'électricité avec la construction d'une centrale hydroélectrique en 1888. À partir de 1917, les trains passant sur les voies toutes proches alimenteront la centrale thermique en charbon au niveau de l'actuel Centre socio-culturel. Jusqu'à 5 000 employés vont travailler à la "Manu'" comme on la surnomme alors. Véritable poumon économique de la ville, elle influe sur la composition sociale de la population tulliste qui se teinte d'une forte coloration ouvrière.
La jonction urbaine entre le quartier ouvrier de Souilhac et le quartier historique de la Cathédrale se fait par l'urbanisation de l'actuelle avenue Victor-Hugo. Comme dans beaucoup d'autres villes françaises inspirés par les rénovations du baron Haussmann à Paris, la fin du XIXe siècle voit la ville s'ouvrir avec notamment le percement de l'actuelle avenue du Général-de-Gaulle dans le quartier du Trech ou l'agrandissement de la place de la Cathédrale. Des travaux sont entrepris au même moment pour limiter les fréquentes inondations et assainir la ville en enfouissant la Solane[22] qui coulait jusqu'alors aux pieds des bâtisses. La ville se dote aussi de nouveaux bâtiments publics incombant à son rôle de préfecture et de principale ville du département avec par exemple la construction de la mairie (ancien évêché), de la préfecture, de l'Hôtel Marbot (ancien grand séminaire), du palais de Justice, de la poste, de la halle-gymnase (actuelle salle Latreille) et du lycée Edmond-Perrier, dont beaucoup dans un style art nouveau. Achevé en 1899, le théâtre est un monument d'Anatole de Baudot, la première réalisation de ce genre au monde en ciment armé[23].
Tulle devient une ville de garnison à partir de 1841 où un régiment d'infanterie s'installe dans l'ancienne caserne située sur le Champ-de-Mars, à l'emplacement actuel de la cité administrative, le long de la Corrèze. À la fin du XIXe siècle, la caserne de la Botte est construite et le couvent des Récollets est transformé en caserne. En 1907, la ville accueille le 100e régiment d'infanterie, auparavant en garnison à Narbonne et déplacé à cause de son soutien à la révolte des vignerons du Languedoc[24].
À partir du début du XXe siècle, la ville commence à s'étendre sur les très escarpés versants de la vallée et l'urbanisation s'étend.
En 1912, le grand séminaire devient l'Hôtel Marbot (actuel conseil départemental) et accueille en son sein l'école des enfants de troupe.
Grande terre de résistance, la Corrèze est victime depuis le début de l'année 1944 d'une sévère répression des autorités allemandes dont sont aussi victimes les civils.
Le , les Francs-tireurs et partisans (FTP) dirigent une première attaque sur la ville au cours de laquelle les nazis abattent 18 garde-voies à la gare. Le , les SS de la division Das Reich commandée par le général Heinz Lammerding rentrent dans Tulle, libérée la veille par les FTP. Par rétorsion et pour terroriser la population d'une des « capitales du maquis », les SS procèdent à une rafle de 3 000 hommes dans la ville, qu'ils réunissent dans la manufacture d'armes. Cent hommes sont désignés parmi les raflés, 99 d'entre eux sont ensuite pendus aux balcons de la ville. Les nazis désignent ensuite 149 autres hommes en vue d’être déportés : 101 vont en périr.
Lammerding, responsable des deux massacres de Tulle et d'Oradour, n'a jamais été extradé en France par l’Allemagne, bien que condamné. Tous les 9 juin, une grande procession d'hommage est organisée entre la place de la Gare, puis celle de Souilhac — autour de laquelle furent pendus les otages — et le champ des Martyrs, la décharge sur la route de Brive où leurs corps furent jetés.
Depuis 1973, le centre-ville est doté d'une tour, la tour de la cité administrative, composée de 22 niveaux et d'une hauteur de 86 m (côté rivière).
XXIe siècle
Aujourd'hui, Tulle, préfecture de la Corrèze et évêché, n'est plus le siège d'une manufacture d'armes. Jusque dans les années 1980, celle-ci avait été le premier employeur du Limousin mais l'entreprise publique Giat Industries, devenue Nexter, a opéré de multiples restructurations au cours des dernières décennies jusqu'à réduire le site historique de production de Tulle à 120 employés. Un musée des armes est créé en 1979 par le personnel de la manufacture[26].
Le , le président nouvellement élu, François Hollande, maire de Tulle entre 2001 et 2008, prononça sur la place de la Cathédrale son premier discours en tant que président de la République française, attirant plusieurs milliers de personnes dont quelque 400 journalistes français et étrangers et plusieurs hélicoptères[27].
Politique et administration
Tendances politiques et résultats
Les personnalités exerçant une fonction élective dont le mandat est en cours et en lien direct avec le territoire de Tulle sont les suivantes :
Tulle est le chef-lieu du département de la Corrèze[36] et abrite le siège du conseil général de la Corrèze[37] ainsi que la préfecture de la Corrèze. Tulle était jusqu'en 2015 le chef-lieu de quatre cantons mais à partir du redécoupage effectif au , la ville de Tulle forme à elle seule un canton, le canton de Tulle, tandis que les communes composant les anciens cantons de Tulle-Campagne-Sud et Tulle-Campagne-Nord sont répartis entre le canton de Naves et le canton de Sainte-Fortunade.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[39],[Note 4].
En 2021, la commune comptait 13 992 habitants[Note 5], en diminution de 2,77 % par rapport à 2015 (Corrèze : −0,86 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La commune est la deuxième ville la plus peuplée du département, derrière Brive-la-Gaillarde bien que celle-ci ne soit que sous-préfecture : la population de Brive était inférieure à celle de Tulle au moment de la constitution des départements (5 847 à Brive en 1793 contre 9 662 habitants à Tulle). Le pic de population a été atteint en 1975, avec 20 100 habitants. Depuis la fin des années 1970 la population décline avec une stabilisation autour des 15 000 habitants depuis la fin des années 1990.
Économie
Industrie et artisanat
L'économie industrielle et artisanale tulliste est en déclin depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, notamment sous l'effet du processus de désindustrialisation. Malgré tout, certaines activités perdurent :
Dentelles de Tulle. L'association Diffusion et Renouveau du Poinct de Tulle a été créée pour conserver ce patrimoine et le faire connaître en France[42].
Manufacture d'accordéonsMaugein, la dernière en France. Elle a employé jusqu'à 200 personnes, mais n'en compte plus aujourd'hui que 19, produisant tout de même 600 accordéons par an.
Borg-Warner[43] : équipementier automobile américain installé sur la ZAC de la Montane (env. 360 emplois[44]).
Manufacture d'armes (manufacture royale créée en 1777[45]) dans le quartier de Souilhac, à proximité de l'usine Maugein. Le site a employé jusqu'à 4 700 ouvriers pendant la Première Guerre mondiale et a fonctionné à plein régime dans l'entre-deux guerres et au début de la guerre froide. Dans les années 1990, après la chute du mur de Berlin, la « Manu » a fermé ses portes[46], mais le site est toujours consacré à des activités dépendant du ministère de la Défense[47] : l’imprimerie de la Défense, les réparations militaires et la production des armes (Nexter qui emploie actuellement 500 personnes).
Tulle est le siège de la chambre de commerce et d'industrie de Tulle et Ussel et du service de l'emploi pénitentiaire (chargé de gérer le compte de commerce et les ateliers de la Régie industrielle des établissements pénitentiaires). La CCI gère l’aérodrome d’Ussel-Thalamy, la zone industrielle de Tulle-Est et la Maison du pôle interrégional bois.
En 2018, le montant total des dettes dues par la commune de Tulle était de 21,7 millions d'euros après un pic à 30,7 millions d'euros en 2009 du fait des conséquences de la crise financière de 2007-2010. Sa capacité de désendettement est évaluée à 6,8 ans en 2018, en forte diminution depuis 2007 où elle était estimée à 14,9 ans[48].
Patrimoine civil et religieux
Jusqu'à récemment, la ville de Tulle disposait de deux musées : le musée du Cloître et le Musée des armes, ouvert en 1977, mais dont la muséographie, inchangée depuis son installation, ne correspondait plus aux attentes des visiteurs d’aujourd’hui — il est fermé depuis plusieurs années[49].
La ville de Tulle s'est donc engagée dans un projet de restructuration de ses musées municipaux qui vise à regrouper un sein d'un nouveau bâtiment des collections aujourd'hui dispersées ou non visibles. Le projet scientifique et culturel de la future Cité de l'accordéon et des patrimoines de Tulle[50] a été validé en 2019[51]. Les travaux sont en cours dans plusieurs bâtiments des anciens locaux de la Banque de France[52] qui, en avril 2024, accueilleront un parcours permanent autour de trois thèmes : l'accordéon, la dentelle en poinct de Tulle et l'histoire de la manufacture d'armes de Tulle[49],[51].
La cathédrale actuelle, place Monseigneur-Bertheaud, a été construite à partir du XIIIe siècle, à l’emplacement d’une abbaye mérovingienne dont les titulaires avaient acquis la dignité épiscopale. Les retards pris dans la réalisation de l'édifice firent évoluer les plans par rapport à ceux initialement prévus, passant du plan classique bénédictin et du style roman au style gothique. Jouxtant la cathédrale se trouve le cloître du XIIIe siècle.
Le cloître de Tulle est une des parties restantes des bâtiments de l’antique abbaye Saint-Martin-et-Saint-Michel.
Dès 1819, les lieux deviennent un musée départemental ; le musée du Cloître de Tulle est fondé officiellement en 1893 par Émile Fage, président de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze. Situé au cœur de la cité médiévale, le musée, devenu municipal à partir de 1904, abritait des collections reflétant la vie, les passions, les découvertes et l'histoire des Tullistes et de leur région. On pouvait y voir une collection de taques de cheminée (XVIe – XVIIIe siècle) et une exposition de sculptures d'art religieux ou populaire sur bois, d'armes à feu, de faïences et de porcelaines.
Ancienne chapelle Notre-Dame-de-Miséricorde, appelée à tort Saint-Jacques, avenue Victor Hugo, (XVIIIe siècle)[53] ; façades et toitures inscrites comme monument historique[54].
Ancienne chapelle de l'École des enfants de troupe, chemin des Enfants de Troupe[55].
Chapelle du cimetière Le Puy-Saint-Clair (ancienne chapelle des pénitents bleus).
Chapelle de l'Hôpital (ancienne chapelle de la Visitation) édifiée en 1743[56], inscrite comme monument historique[57].
Chapelle de l'établissement scolaire Sainte-Marie-Jeanne-d'Arc, rue Marc Eyrolles.
Ancien couvent des Bernardines (XVIe siècle), rue du Fouret, aujourd'hui maison particulière ; inscrit comme monument historique[58].
Église Saint-Jean (ancienne chapelle des pénitents blancs), rue Pasteur.
Église Saint-Pierre de Timme, avenue de la Bastille, (ancienne chapelle des Carmes déchaussés) (XVIIe siècle), classée comme monument historique en 1987[59].
Maison de Loyac, appelée autrefois maison de l'abbé, (XVIe siècle) ; c'est l'édifice civil le plus remarquable de Tulle. Façade sur la place classée comme monument historique[65], la maison et son intérieur sont inscrits comme monument historique[66].
Maison des Seilhac (XVIIe siècle), inscrite comme monument historique[67].
Lycée Général et technologique Edmond-Perrier : héritier du lycée de Tulle, réalisé par l'architecte Anatole de Baudot de 1884 à 1887, le lycée Edmond-Perrier est un établissement d'enseignement secondaire et supérieur, technologique et général pouvant accueillir 1 100 élèves environ ; le nom du lycée a été adopté en 1923 en hommage à un illustre zoologiste tulliste, Edmond Perrier ; le lycée propose des CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles, E3A, CCP, Mines Ponts, Centrale-Supélec, ENS, X) section PCSI/PC ouvertes au début des années 2000 ;
Lycée professionnel René-Cassin[71] : baccalauréats professionnels Restauration (option cuisine ou service) / Gestion Administration / Métiers de la Sécurité / Métiers de l'électricité ; CAP Menuisier fabricant de menuiserie, mobilier et agencement / Préparation et réalisation d’ouvrages électriques ; BEP Hôtellerie-Restauration ;
Les Concerts du cloître Tulle[78] : créée en 1967, cette association, plus ancienne structure de spectacle vivant de la Corrèze, donne des concerts au théâtre, dans les églises aux environs de Tulle et participe à la vie culturelle de la cathédrale Notre-Dame et à la mise en valeur de son patrimoine
La médiathèque intercommunale de Tulle qui a ouvert ses portes le
Le théâtre des 7-Collines (scène nationale de Tulle-Brive)
La salle des Lendemains-qui-Chantent (musiques actuelles)
Le conservatoire à rayonnement départemental
Le quai de la République à Tulle.
Manifestations culturelles
Festival Les Nuits de Nacre (accordéon), créé en 1982 par Alexandre Juan. Il est aujourd'hui organisé par l'association La Cité de l'accordéon. Il se déroulait chaque année durant le mois de septembre ; désormais, il a lieu fin juin-début juillet pour lancer l'été.
Festival O'les Chœurs (musiques actuelles), festival de musique, de cinéma et d'expositions créé en 1997 et organisé par l'association Elizabeth My Dear. Se déroulant en octobre-novembre, il se compose d'une partie in (les 1er, 2 et 3 novembre) et d'une partie off.
Festival musical Du bleu en Hiver Jazz(s) en Tête, programmation mélangeant le jazz avec le rock, le blues et injecté çà et là d'électro. Organisé par la scène conventionnée de Tulle, Les 7-Collines, il se déroule tous les ans fin janvier[79].
Festival international de dentelle de Tulle, en août.
Festival Balad'Oc, en juin, consacré à la culture occitane.
Concours international de photo, organisé chaque année le dernier week-end d'octobre. Cette manifestation est suivie du festival d'art photographique de Tulle, d'une durée de 15 jours, en novembre. Ces deux rendez-vous sont organisés par le Photo club ASPTT Tulle[80].
Biennale européenne d'histoire locale à Tulle et en Corrèze, créée en 2018. Présidée par l'historien Jean Boutier, la première édition s'est tenue du 10 au 12 septembre 2021[81]. Dans le cadre d'une réflexion sur « l'apport des territoires et des acteurs locaux à la construction de nos sociétés, dans une Europe ouverte sur le Monde[81] », la Biennale 2021 avait pour thème « Les années 50 en Europe ».
Sports
En 1996, Tulle accueille l'arrivée d'une étape du Tour de France partie de Super-Besse (Puy-de-Dôme). Tulle avait déjà accueilli une arrivée d'étape du Tour en 1976 (étape Ste Foy la Grande - Tulle) remportée par le Français Hubert Mathis. Cette étape avait également vu l'abandon de Bernard Thévenet.
Depuis le début des années 2000, plusieurs équipements sportifs ont été créés ou réhabilités. Le gymnase Victor-Hugo et la plaine de jeux ont été restaurés en 2002, un skatepark a été créé en , et un centre aquarécréatif ainsi qu'un boulodrome couvert ont été ouverts en 2003.
Le Sporting club tulliste[84], club de rugby à XV fondé en 1904, demeure emblématique dans le paysage sportif tulliste. Le SCT a évolué pendant 42 années consécutives en première division et a compté parmi ses rangs plusieurs internationaux tels que Michel Yachvili, Jean-Claude Berejnoï, Roger Fite et Jean-Pierre Fauvel. Le SCT réalise l'exploit, durant les matchs de poules du championnat de France 1965/1966 de gagner tous les matchs sur son terrain mais surtout de ne laisser marquer aucun point à ses adversaires.
En 1980, le SCT parvient aux 1/4 de finale du championnat de France de 1re division et joue contre le CA Brive (distant de 30 km à peine) à Clermont Ferrand. Le score est de 19-19 à la fin du temps réglementaire pour les deux clubs corréziens ! Brive l'emportera finalement 22-19 après prolongations grâce à un drop de son ouvreur J.-F. Thiot.
Union cycliste corrézienne : club cycliste fondé en 1970 organisateur d'épreuves cyclistes et école de VTT pour les jeunes
Handball Club Tulle Corrèze
Cercle des Nageurs tullistes
Cercle des Boxeurs tullistes
Club de danse Eve y Danse
Le Carreau tulliste, club de pétanque
Club subaquatique tulliste, club de plongée
Aéroclub de Tulle, club d'aviation
Philatélie
Un timbre postal, d'une valeur de 0,50 euro, représentant la cathédrale de Tulle a été émis le 21 juin2003[96].
En , un nouveau timbre postal d'une valeur de 0,66 € a été émis à l'occasion du 70e anniversaire du massacre par les SS, de 99 victimes par pendaison le .
Médiathèque
En 2007, la construction d’une médiathèque est décidée pour 9 millions d’euros[97], somme à laquelle il faut ajouter des dépenses annuelles d’exploitation de 21 personnes[98]. Elle porte le nom d'Eric Rohmer, réalisateur né à Tulle.
France 3 Pays de Corrèze émet sur Tulle. Elle propose, en guise de décrochage local dans le 19/20, une édition consacrée à la Corrèze depuis des studios situés à Brive.
Télim TV était la chaîne locale privée du Limousin. Elle a cessé ses programmes le après des difficultés financières suivies d'une liquidation judiciaire[107].
Il y a deux émetteurs TNT sur Tulle, afin de couvrir correctement la ville[108] :
Tulle 1 situé à la Bachellerie, au sud de Tulle. Il appartient à l'opérateur TDF.
Tulle 2 situé aux Treize Vents, à l'est de la ville. Il y a deux sites : l'un appartient à TDF (multiplexes R1, R2, R3 et R6) et l'autre à Towercast (multiplexes R4 et R6).
Films
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En a été diffusé pour la 1re fois un épisode de la collection Meurtres à... intitulé Meurtres en Corrèze dont l'action se situe notamment à Tulle, avec la procession de la Lunade en toile de fond.
Jacques Salles (1949-), producteur français, qui a passé son enfance à Naves.
Laurent Seigne (1960-), joueur et entraîneur de rugby à XV.
Adrienne Servantie (1907-2000), actrice (de 1958 à 1981) née rue du Chandon dans le quartier du Trech, et connue pour son rôle dans Mon oncle de Jacques Tati (1958).
Eustorg de Beaulieu (1495-1552), poète, compositeur, prêtre puis pasteur français, venu à Tulle pour y gagner sa vie (il donnait des leçons de musique) et écrire plusieurs poèmes et rondeaux.
Robert Caulet (1906-1984) professeur de dessin au lycée Edmond-Perrier, résistant, dirigeant du Front National, président du CDL de Corrèze à la Libération.
Marie Lafarge (1816-1852), jugée et condamnée par la Cour d’assises de Tulle pour le meurtre de son époux, Charles Lafarge.
Jules Lafue (1887-1971), trésorier payeur général, maire de Tulle de 1944 à 1947, nommé avec sa fille Madeleine Juste parmi les nations par l'institut Yad Vachem, pour avoir abrité plusieurs réfugiés juifs dans la Trésorerie générale qui lui servait d’habitation pendant la Seconde Guerre mondiale.
↑Tutela était invoquée non seulement à Rome et en Espagne, mais aussi en Gaule, et notamment à Vesunna (Périgueux). Son culte s'est conservé jusqu'au déclin du paganisme. D'après Marcel Villoutreix, Noms de lieux du Limousin ; Paris, Christine Bonneton éditeurs, 1995.
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑G. Guiraudet, « La révolte des vignerons de 1907 », bulletin no 2 de la SSH, 1992, en ligne sur le site Sommieres et son histoire, consulté le .
↑Pierre Calvas, « Les généraux de l’OAS à la prison de Tulle : réalités et rumeurs », Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines, (ISSN2108-6907, lire en ligne, consulté le ).
↑En 1969, sous l’impulsion d’Alain Savary, la SFIO fusionne avec l'Union des clubs pour le renouveau de la gauche pour créer le Parti socialiste, lors du congrès d'Issy-les-Moulineaux en 1969.
↑Salviat, Paul et Quincy, Gilles. « Un édifice religieux de Tulle tombé dans l’oubli : la chapelle Notre-Dame de Miséricorde », Lemouzi, no 143, , p. 55-76 ; no 144, p. 119-130, ill.
↑Construit de 1899 à 1902 par les architectes Auberty et Anatole de Baudot précurseurs pour la mise en œuvre des voûtes minces en ciment armé (toiture en dôme).