Souvent qualifié d'« inventeur du langage », René de Obaldia écrit des textes qui sont presque tous empreints d'humour fantastique, de fantaisie et d'imagination. Il est membre de l'Académie française de 1999 à sa mort.
Biographie
Jeunesse
René de Obaldia naît le à Hong Kong (au couvent Saint-Paul), où son père, José Clemente de Obaldía[1], est consul du Panama. À sa naissance, on ne lui donne que quelques heures à vivre[2].
Madeleine Peuvrel, mère de René de Obaldia, revient ensuite en France avec ses trois enfants. Elle confie le garçon en nourrice à des ouvriers, sa grand-mère Honorine l'élevant, alors qu'elle s'inscrit aux cours Pigier[2].
Élu à l'Académie française le au fauteuil 22, succédant à Julien Green, il en devient le doyen d'âge après la mort, le , de Félicien Marceau, jusqu'à sa mort en 2022. Il y avait été reçu le par Bertrand Poirot-Delpech[5]. Le , il fut le deuxième académicien à atteindre l'âge de cent ans, après Claude Lévi-Strauss (Fontenelle étant mort à 99 ans et 11 mois), puis, le , le plus vieil académicien depuis le début de l'institution, dépassant Lévi-Strauss[6],[7], et le premier à fêter ses cent-un, puis cent-deux, puis cent-trois ans.
Dans ses œuvres, selon le journaliste Jérôme Garcin, « on [...] parle l'obaldien vernaculaire (c'est une langue verte, savante et bien pendue, qui se décline en alexandrins, calembours et parodies). On y tient que l'absurde est plus sérieux que la raison. On y pratique un doux anarchisme. On y croise, selon la saison, Queneau, Jarry, Ionesco et Giraudoux[13]. » En plus de ces auteurs, Obaldia a par ailleurs lui-même avoué avoir été fortement influencé par Jacques Audiberti, Roger Vitrac et Witold Gombrowicz[14]. Il réfute pour autant cette catégorisation d'auteur de l'absurde, préférant celle du mystère, car "si la vie est absurde, c'est vraiment trop absurde"[15].
Au début de son poème Innocentines (1969), Obaldia est l'auteur de ce vers utilisé dans les exercices d'articulation : « Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »[3].
Publications
Poésie
1949 : Midi (poèmes)
1969 : Innocentines : poèmes pour enfants et quelques adultes, Paris, Grasset, 226 p. (BNF35204461) ; réédition, Paris, Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2002 (ISBN2-246-01554-5)
1996 : Sur le ventre des veuves (poèmes)
2006 : Fantasmes de demoiselles, femmes faites ou défaites cherchant l'âme sœur (poèmes)
2010 : Le Secret (poème)
Romans et proses diverses
1952 : Les Richesses naturelles (récits-éclairs)
1955 : Tamerlan des cœurs (roman)
1956 : Fugue à Waterloo suivi de Le Graf Zeppelin ou La Passion d’Émile, Paris, Julliard, 259 p. (BNF32492793) (récits)
Théâtre, vol. 3, Paris : Grasset, 1967. (ISBN2-246-00445-4). Sept impromptus à loisir.
Théâtre, vol. 4. Paris : Grasset, 1968, 216 p. (ISBN978-2-246-81357-6). Réunit : Le Damné, Les Larmes de l'aveugle, Urbi et Orbi.
Théâtre, vol. 5. Paris : Grasset, 1973, 242 p. (ISBN2-246-15281-X). Réunit : Deux femmes pour un fantôme, La Baby-sitter, Classe terminale, Le Banquet des méduses.
Théâtre, vol. 6. Paris : Grasset, 1975, 248 p. (ISBN2-246-00256-7). Réunit : ...Et à la fin était le bang, Monsieur Klebs et Rozalie.
Théâtre, vol. 7. Paris : Grasset, 1981, 260 p. (ISBN2-246-23521-9). Contient : Les Bons Bourgeois, Grasse matinée.
↑Lors de sa publication et de ses représentations, cette œuvre de l'académicien, l'une de ses plus jouées, se révèle comme étant une parodie de westerns[18]
Références
↑Who's Who in France, dictionnaire biographique, 1992-1993. Éditions Jacques Lafitte, 1992.
↑ ab et cRené de Obaldia, « Le jour où je suis né », Paris Match, semaine du 6 au 12 avril 2017, page 126.
↑Jérôme Garcin, « Le roi René », Le Nouvel Observateur, 4 décembre 2008.
↑G.-D. Farcy, « Obaldia sous le signe de Gombrowicz, ou pour une dramaturgie de la forme et de l'immaturité », Études françaises, vol. 9, n° 2, 1973, p. 146-161 (lire en ligne).
↑ a et b(en) Edward Forman, « The Dictionnary », dans Edward Forman, Historical Dictionary of French Theater, Scarecrow Press, , 336 p. (lire en ligne), page 185.
↑ a et bGilbert François, « Aristophane et le théâtre moderne. », L'antiquité classique, vol. Tome 40, no fascicule 1, , pages 68, 69 et note 83 (DOI10.3406/antiq.1971.1612, lire en ligne).
↑Hélène Catsiapis, « Les objets au théâtre. », Communication et langages, vol. 43, no 1 (3e trimestre), , page 78 (DOI10.3406/colan.1979.1316, lire en ligne, consulté le ).
Anne C. Murch, « Réflexions sur le théâtre de René de Obaldia », Études françaises, vol. 7, n° 2, mai 1971, p. 181-190 (lire en ligne).
Gérard-Denis Farcy, Encyclobaldia : Petite encyclopédie portative du théâtre de René de Obaldia. Paris : Nouvelles éditions JMP, 1981, 105 p. (ISBN2-85893-051-1).
Gérard-Denis Farcy, « Obaldia sous le signe de Gombrowicz, ou pour une dramaturgie de la forme et de l'immaturité », Études françaises, vol. 9, n° 2, mai 1973, p. 146-161 (lire en ligne).
Nahid Shahverdiani (sous la dir. d'Henri Béhar), Les Espaces dramatiques dans le théâtre de René de Obaldia, Paris, université Paris-III, , 381 p. (SUDOC055967965).
Nathalie Macé, « Genousie de René de Obaldia : de l'invention fantaisiste d'une langue à la question de la communication humaine », Théâtres du monde, Cahier hors-série no 5, La Comédie et l'étranger (dir. Jean-Claude Ternaux), Avignon Université, 2020, pp. 213–225 (ISSN1162-7638).