Théâtre-Lyrique (1862-1871), Théâtre-Lyrique-Dramatique (1874), Théâtre-Historique (1875-1878), Théâtre des Nations (1879-1898/1957-1967), Théâtre Sarah-Bernhardt (1899-1940/1947-1957), Théâtre de la Cité (1941-1947), Théâtre de la Ville (1968-2023)
Il porta divers noms au fil des décennies : Théâtre-Lyrique de 1862 à 1871, Théâtre-Lyrique-Dramatique en 1874, Théâtre-Historique de 1875 à 1878, Théâtre des Nations de 1879 à 1898 puis de 1957 à 1967, Théâtre Sarah-Bernhardt de 1899 à 1940 puis de 1947 à 1957 ou encore Théâtre de la Cité de 1941 à 1947. Il est baptisé simplement « théâtre de la Ville » à partir de 1968 avant de porter à nouveau le nom de Sarah-Bernhardt depuis 2023.
Reconstruit à l'identique en 1874, sauf pour l'aménagement intérieur, il est rebaptisé successivement Théâtre-Lyrique-Dramatique (1874), Théâtre-historique (1875) puis théâtre des Nations en 1879, et abrite temporairement les troupes du Théâtre-Italien et de l'Opéra-Comique, avant que la comédienne Sarah Bernhardt n'en obtienne le bail de la Ville de Paris en 1898[4] et ne s'y produise à partir de 1899, lui donnant son nom. Le , les frères Vincent et Émile Isola prennent la direction du théâtre Sarah-Bernhardt. En 1935, ils s'associent à Louis Rozenberg dans la direction du théâtre en déficit.
Après la guerre, le théâtre reprend son nom de Sarah-Bernhardt sous la nouvelle direction d'A.-M. Julien[6]. Celui-ci y crée avec Claude Planson en 1954 le Festival d'Art dramatique de Paris. Bénéficiant de l'aide de l'UNESCO, de l'Institut international du théâtre et des ambassades concernées[7], il accueille entre autres Bertolt Brecht et son Berliner Ensemble et le Piccolo Teatro di Milano de Giorgio Strehler. Le théâtre est rebaptisé en 1957 théâtre des Nations. En 1966, la ville de Paris entreprend une importante restructuration de l'institution. La salle est fermée pendant deux ans pour permettre la reconstruction totale de l'espace intérieur sur les plans de Valentin Fabre et Jean Perrottet entre 1967-1968, avec notamment l'installation d'une structure moderne en gradins pouvant accueillir 987 spectateurs et la préservation de la façade et de la toiture, qui sont inscrites aux monuments historiques en 1990[8]. Contrairement au théâtre du Châtelet, la salle à l'italienne d'origine disparaît donc[3]. Il prend dès lors son nom actuel de théâtre de la Ville et sa direction est confiée à Jean Mercure.
Les fondations du théâtre actuelles ont été mises en place par Jean Mercure de 1968 au début des années 1980. Gérard Violette en prend la direction en 1985 et réoriente la programmation. Le théâtre s'ouvre alors à la danse contemporaine, qui occupe désormais une place majeure, ainsi qu'aux musiques du monde. Il devient en particulier l'institution essentielle de la promotion auprès du grand public de nouvelles formes de danses. Ce sera en particulier le lieu d'éclosion et de consécration de la nouvelle danse française et des chorégraphes contemporains belges, dont beaucoup de chorégraphies furent coproduites par le théâtre de la Ville.
En 1996, le théâtre de la Ville s'agrandit, avec une seconde salle de 400 places ouverte au théâtre des Abbesses, un lieu réhabilité par l'architecte belge Charles Vandenhove, et les artistes Daniel Buren et Olivier Debré qui a peint les fresques murales intérieures.
Le théâtre de la Ville n'avait pas connu de travaux d'envergure depuis 1968. À partir de , le site est fermé pour rénovation mais la programmation continue et se déploie à l'espace Cardin, au théâtre des Abbesses et chez 16 lieux partenaires à Paris et en Île-de-France. Initialement prévue en 2019, la date de réouverture est finalement repoussée à septembre 2023 en raison d'une pollution au plomb et à l'amiante sous-estimée. D'un coût initial de 26 millions d'euros, les travaux comprenaient notamment la reconfiguration du hall d'entrée et de la mezzanine[3],[10].
En juillet 2020, le théâtre signe une convention avec l'AP-HP pour intervenir dans sept hôpitaux de la ville. Les acteurs de la Troupe de l'imaginaire, formés à intervenir en milieu hospitalier, y font des consultations poétiques, musicales et dansées pour les patients[11].
Programmation
Le théâtre de la Ville programme une centaine de spectacles différents par an pour environ 400 représentations. Dans sa salle de la place du Châtelet, ainsi que dans la deuxième salle construite au 31, rue des Abbesses dans le 18e arrondissement dite « théâtre des Abbesses », l'institution qui dépend de la Ville de Paris développe à des prix accessibles (de 10 à 30 euros la place), une programmation selon quatre axes :
danse contemporaine, pour laquelle le théâtre de la Ville est probablement depuis plus de 20 ans le grand lieu en France et en Europe où les compagnies internationales se voient définitivement reconnues ;
théâtre, avec un parti pris moderne soit dans les textes (plusieurs programmations chaque année d'auteurs vivants) soit par la mise en scène ;
musique du monde, dont ce théâtre a été un pionnier en France et développe une programmation de qualité ;
musique de chambre.
Le Journal du théâtre de la Ville (ISSN0248-8248) est publié de manière bimestrielle (en général cinq numéros par an) par l'institution afin de présenter les spectacles à venir de la période concernée, faire un bilan artistique et de fréquentation de la dernière période écoulée, et ouvrir, dans une dernière partie, ses colonnes aux évènements en relation avec l'actualité du théâtre. Ce journal est envoyé aux abonnés ou disponible gratuitement dans les deux salles de l'institution. Le directeur de la publication du journal est le directeur du théâtre de la Ville.
Grands noms associés au théâtre de la Ville
Théâtre
La grande période théâtre de la salle date de l'époque de Sarah Bernhardt, lorsque le lieu portait son nom. Après guerre, la compagnie de Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud s'appropria la salle jusqu'en 1967. Le théâtre, dans un lieu devenu alors théâtre de la Ville, perdit ensuite sa préeminence, pour faire place aux autres formes du spectacle vivant. Sous la direction de Jean Mercure, le théâtre gestuel et burlesque n'est pas oublié. C'est ainsi qu'en 1973 est programmé le duo Philippe Avron et Claude Evrard, en 1974 les Colombaioni, en 1975 Bernard Haller et en 1981 Jean-Paul Farré. Durant l'époque contemporaine, de nombreuses créations posthumes des pièces de Bernard-Marie Koltès sont programmées pratiquement chaque année.
Danse contemporaine
Le théâtre de la Ville fait partie avec La Monnaie de Bruxelles, et la Brooklyn Academy of Music de New York des grands lieux de présentation et de soutien de la danse contemporaine mondiale. Depuis plus de trente ans, une trentaine de spectacles par an sont produits ou coproduit par l'institution parisienne qui en accueille fréquemment les créations mondiales ou les premières en France.
Le théâtre de la Ville aura permis la découverte en France de nombreux artistes indiens et pakistanais, tels que le grand Nusrat Fateh Ali Khan totalement inconnu en Occident avant sa révélation place du Châtelet, Zakir Hussain, mais aussi Angélique Ionatos ou Cesária Évora.
Musique classique
C'est dans ce théâtre qu'aura lieu le la première française de Oedipus der Tyrann de Carl Orff. À cette occasion, le peintre Lucas Suppin fera se rencontrer Carl Orff et Jacques Prévert, lesquels se vouaient une admiration artistique réciproque[12].
En 2007, le théâtre de la Ville a compté 220 000 spectateurs dont environ 14 000 abonnés, couvrant environ 60 % du budget artistique annuel, qui représente 4,5 millions d'euros sur un budget total de fonctionnement de 13 millions, la municipalité de Paris subventionant à la hauteur de 10,7 millions d'euros[9].
↑Ariane Bavelier, « Châtelet, théâtre de la Ville : à quand la fin de la dérive ? », Le Figaro, supplément « Le Figaro et vous », 16-17 avril 2021, p. 36 (lire en ligne).
Préfecture du département de la Seine. Direction des travaux, « Théâtre-Lyrique », dans Inventaire général des œuvres d'art appartenant à la Ville de Paris dressé par le service des beaux-arts, t. 1 Édifices civils, Paris, Imprimerie centrale des chemins de fer A. Chaix et Cie, (lire en ligne), p. 51-54
Geneviève Latour, Florence Claval (études réunies par), « Théâtre de la Ville », dans Les théâtres de Paris, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris. Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Association de la régie théâtrale, (ISBN2-905118-34-2), p. 115-118