D barré (majuscule : Ꟈ (D), minuscule : ꟈ (d)), plus précisément D barré à travers la panse ou D barré à travers le contrepoinçon, ou D à petit trait couvrant, D barre médiane, est une lettre additionnelle de l’alphabet latin qui était utilisée parfois en latin pour la transcription de noms gaulois. Sa forme de D barre médiane a parfois été utilisée pour le D barré ‹ Đ đ › dans certains langues et est utilisée dans l’écriture cubeo, du daasanach, de l’emberá darién et du moro.
Cette lettre est formée d’un Ddiacrité avec une barre inscrite ; contrairement au D barré ‹ Đ đ › dont la barre traverse généralement le fût de la lettre, sa barre traverse le centre de la panse de la majuscule et de la minuscule.
Après avoir utilisé l'alphabet grec les Gaulois utilisèrent l'alphabet latin pour retranscrire leur langue (on parle alors de gallo-latin), mais conservèrent quelques lettres du précédent alphabet pour noter des sons inconnus du second, dont le thêta (Θ) qui serait l'origine de ce caractère. Le son correspond à la /ð/ et proviendrait de l'altération d'un 's' et d'un 'd' consécutifs (dans l'un ou l'autre sens). Il évoluera plus tard vers un double ou simple 's' barré ss, puis vers de simples 's' (signe d'une évolution de la prononciation) ; les Romains appelaient ce signe tau gallicum et lui prêtaient un pouvoir magique.
On le retrouve notamment dans plusieurs inscriptions avec le nom de la déesse Ꟈirona[1], ou dans les noms Aꟈꟈedomarus, Caraꟈꟈouna, Meꟈꟈignatius, Meꟈꟈilus, Meꟈꟈillus, Meꟈꟈirus, Meꟈꟈirius[2], Meꟈꟈulus, Meꟈꟈugnatius, Meliꟈꟈius, Teꟈꟈiatus[3], Teꟈꟈicnius[4],[5].
Facsimile d’une inscription épigraphique avec le nom TEꟇꟇIATUS.
Le nom ARAꟇꟇOVNA sur une tombe gauloise au Musées de la Cour d’Or, Metz.
D barre médiane
Le D barre médiane a été utilisé comme sigle pour defunctus, dicit, dies, domo[6] ou quingentaria[7],[8],[9] en latin sur des inscriptions épigraphiques.
Inscription CIL II 1269 (II 5352) de Villarrasa en Andalousie avec le D barré comme abréviation de dies.
Elle peut être considéré comme variante de la lettre D barré ‹ Đ, đ › dont la minuscule est barrée à travers son ascendante, ou la majuscule de celle-ci ou des lettres eth ‹ Ð, ð › et D hameçon ‹ Ɖ, ɖ › qui sont barrées uniquement à travers leurs fûts. Le D barré à travers le contrepoinçon peut parfois être barré à travers son fût comme ces majuscules, barré sur toute sa largeur ou barré dans sa courbe uniquement[13].
T. F. Mitchell utilise le d barré minuscule ‹ ꟈ › pour transcrire ذ et le d barré majuscule ‹ Ꟈ › pour transcrire ظ dans un ouvrage sur la prononciatin de l’arabe publié en 1990[15].
En daasanach, le d barré à travers la panse est utilisé. Sa majuscule à la même forme que le d barré (à travers l'ascendante) majuscule ‹ Đ ›, le eth majuscule ‹ Ð › ou que le d hameçon majuscule ‹ Ɖ ›[16].
Représentation informatique
Le D barré à travers la panse possède les codages Unicode suivants :
formes
représentations
chaînes de caractères
points de code
descriptions
capitale
Ꟈ
Ꟈ
U+A7C7
lettre majuscule latine d barré à travers la panse
minuscule
ꟈ
ꟈ
U+A7C8
lettre minuscule latine d barré à travers la panse
Notes et références
↑CIL XIII 3662, CIL XIII 4498, CIL XIII 11243, AE 1994 1256, AE 1994 1257
(en) Loren F. Bliese, A generative grammar of Afar, Summer Institute of Linguistics, University of Texas at Arlington, coll. « Summer Institute of Linguistics Publications in Linguistics » (no 65), (ISBN0-88312-083-6, lire en ligne)
René Cagnat, Cours d’épigraphie latine, Paris, Fontemoing, , 3e éd. (lire en ligne)
(de) W. Chassot von Florencourt, Beiträge zur Kunde alter Götterverehrung im Belgischen Gallien und in den Rheinischen Gränzlanden, Trier, (lire en ligne)
Henri d’Arbois de Jubainville, Études grammaticales sur les langues celtiques, Paris, Vieweg, (lire en ligne), p. 31-38
(en) James Chidester Egbert, Introduction to the study of Latin inscriptions, New York, American Book Company, (lire en ligne)
(en) D. Ellis Evans, Gaulish Personal Names: A Study of Some Continental Celtic Formations, Clarendon Press, , p. 410-420
(en) Michael Everson et Chris Lilley, Proposal for the addition of four Latin characters to the UCS (no N5044, L2/19-179), (lire en ligne)
(la) Ernst W.E. Hübner, Exempla Scripturae Epigraphicae Latinae, Berlin, Reimer, (lire en ligne)
(de) L. Lersch, « Neue römische Inschriften aus Bonn, Winterich an der Mosel, Cöln und Mainz, nebst einer epigraphischen Mittheilung aus Rom », Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden im Rheinlande, Verein von Altertumsfreunden im Rheinlande, vol. 2, , p. 83-108 (lire en ligne)
(es) Nancy L. Morse, J. K. Salser et Neva Salser, Diccionario ilustrado bilingüe : cubeo—español español—cubeo, Bogota, Editorial Alberto Lleras Camargo, (lire en ligne)
(dsh) Benedict Lokono Nyingole et Gosh Kwanyangʼ, Af Daasanach Tuony Mé Gáá Koonlé, SIL International, (lire en ligne)
(en) Lorna A. Priest, Revised Proposal to Encode Additional Latin Orthographic Characters, (lire en ligne)
(es) Dadyi Beđeada Ƀʌđia, Guía para docentes, República de Panamá, Ministerio de Educación - Dirección General de Educación, Unidad de Coordinación Técnica para la Ejecución de Programas Especiales en las Áreas Indígenas, Segundo Proyecto de Educación Básica / Banco Mundial, (lire en ligne)
(en) John Edwin Sandys, Latin epigraphy: an introduction to the study of Latin inscriptions, Cambridge, University Press, (lire en ligne)