Du fait de la profession de son père Gildo (1898-1978), inspecteur d'une société d'assurances, il passe son enfance dans différentes villes. Il fait ses débuts au théâtre à l'âge de quatre ans au théâtre Donizetti de Bergame.
Revenu à Crémone en 1936, il y trouve, à quatorze ans, un emploi de comptable chez Negroni(it), célèbre usine crémonaise de charcuterie. Durant son temps libre, il joue avec d'autres amateurs dans une pièce sur l'après-travail.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, appelé sous les drapeaux, il organise de nombreux spectacles de variétés pour ses camarades. Après l'armistice du , il retourne à Crémone où il travaille comme archiviste, mais peu après, il est incorporé dans la marine de la République de Salò, servant en Ligurie occidentale. En 1945, sa passion pour le spectacle lui fait cependant abandonner ce travail et s'installer à Milan. Une fois installé, il participe à une soirée pour amateurs organisée au Teatro Puccini, grâce à laquelle il est engagé par la compagnie théâtrale de Wanda Osiris. En 1950, il fait ses débuts au cinéma dans un film réalisé par Mario Mattoli, Les Cadets de Gascogne, aux côtés de Walter Chiari. En 1955, il participe au film La moglie è uguale per tutti(it), où il ne joue pas avec sa propre voix mais se fait doubler par Carlo Romano.
Duo Tognazzi-Vianello
En 1951, il rencontre Raimondo Vianello avec qui il forme un duo comique très populaire. Ils travaillent pour la Rai de 1954 à 1959 dans l'émission de variétés Un due tre(it) ; le personnage gouailleur d'Ugo et celui plus raffiné de Raimondo s'accordent pour produire un spectacle comique très apprécié[1]. La satire d'Un due tre va jusqu'à égratigner les présidents de la République et du Conseil, provoquant la censure. L'émission s'achève le , lorsque le duo Tognazzi-Vianello décide de tourner en dérision un incident survenu la veille à La Scala et ignoré par les principaux médias : Giovanni Gronchi, président de la République, à la suite d'une tentative de geste galant avec une dame, trébuche alors qu'il prend place à côté du président français De Gaulle. Le duo a répété la scène à la télévision : Vianello retire la chaise sur laquelle s'asseoit Tognazzi, qui tombe au sol, et Vianello lui lance : « Pour qui te prends-tu ? ». Tognazzi répond : « Eh bien, tôt ou tard, tout le monde peut trébucher ». Le même soir, Ettore Bernabei supprime l'émission de la grille des programmes et le directeur du bureau de Milan est renvoyé[2],[3],[4].
En 1968, il joue dans la coproduction italo-française Barbarella aux côtés de Jane Fonda, dans un rôle secondaire.
Très attaché à sa terre et à sa ville, il se rendait souvent au stade Giovanni-Zini de Crémone pour encourager l'équipe crémonaise du président Domenico Luzzara, son ami et premier compagnon d'étape. Tognazzi lui-même faisait souvent des blagues en dialecte crémonais pour ses personnages. Légendaires sont ceux, nombreux dans le film La Marche sur Rome (1962) de Dino Risi. Dans le film qui l'a lancé dans le cinéma satirique, Mission ultra-secrète (1961) de Luciano Salce, son personnage est originaire d'Azzanello, une petite ville de la province de Crémone.
Les trilogies à succès et le passage à la réalisation
Il apparaît dans la trilogie Mes chers amis (1975, 1982, 1985), où il incarne le comte Raffaello Mascetti, un noble déchu contraint de vivre dans une extrême pauvreté. Son rôle dans la trilogie La Cage aux folles (1978, 1980, 1985) marquera l'apogée de son succès, aux côtés de Michel Serrault, celui-ci représentant l'archétype de l'homosexuel efféminé et Ugo Tognazzi, celui d'un homosexuel masculin et posé, directeur d'un cabaret sur la Côte d'Azur.
En 1979, il a participé à l'une des farces médiatiques les plus sensationnelles de l'histoire de l'Italie : il a accepté d'être photographié menotté par de faux carabiniers. C'était un canular organisé par l'hebdomadaire satirique Il Male. De fausses éditions de Il Giorno, La Stampa et Paese Sera[6] « sortent » avec des titres annonçant l'arrestation de l'acteur en tant que chef (« grand-père ») des fameuses Brigades rouges. La plaisanterie a été organisée à la suite des arrestations massives pour le Procès du 7 avril. La presse a affirmé que les « chefs occultes » des Brigades rouges avaient simulé la dissolution de Potere operaio afin de poursuivre, sous le nom d'Autonomia Operaia leurs activités subversives. La une d'Il Male a repris la nouvelle dans une tournure satirique, en commentant : « On recherche Vianello, le duo [qu'il formait avec Tognazzi] a simulé la dissolution de l'époque de Un due tre ». Se justifiant de cette farce, Tognazzi a déclaré rétrospectivement qu'à une époque marquée par un climat politique morose et tragique, il n'avait fait que revendiquer « le droit à la connerie ».
Dans les dernières années de sa vie, l'acteur a souffert de dépression. Il est mort dans son sommeil à l'âge de 68 ans d'une hémorragie cérébrale le à Rome[7]. Il est enterré dans le cimetière de Velletri. Vingt ans plus tard, sa fille Maria Sole lui a consacré le documentaire Ritratto di mio padre, tandis que pour le centenaire de sa naissance, son fils Ricky lui a dédié son documentaire biographique La voglia matta di vivere.
Vie privée
Famille
Tognazzi a eu trois partenaires et quatre enfants. En 1954, il s'est fiancé à une danseuse britannique d'origine irlandaise qu'il croise dans une revue théâtrale, Pat O'Hara, avec qui il a eu son premier fils Ricky ; la relation s'est terminée en 1961, lorsqu'il a rencontré Margarete Robsahm, une actrice norvégienne et sa partenaire dans Le Souteneur, qu'il a épousée en 1963. L'année suivante naît Thomas, nommé d'après le nom de famille de sa mère, qui deviendra producteur et réalisateur ; avec Margarete, l'acteur vit pendant trois ans entre l'Italie et la Norvège.
Il a ensuite épousé en 1972 l'actrice Franca Bettoja, qu'il avait rencontrée en 1965. Le couple vit à Velletri dans une grande maison, ouverte par la suite au public pour des initiatives culturelles[8]. Ils ont deux enfants, Gianmarco(it) en 1967 et Maria Sole en 1971. Les quatre frères et sœurs ont toujours été en excellents termes les uns avec les autres ; Ricky, Gianmarco et Maria Sole ont toujours été proches de leur père, surtout Ricky, tandis que Thomas, qui a continué à vivre avec sa mère Margarete, a toujours fait la navette entre l'Italie et la Norvège pour garder le contact avec le reste de la famille.
Sa passion pour le football
L'acteur était un fervent supporter de l'Associazione Calcio Milan et il est resté également proche de l'équipe de sa ville natale, l'Unione Sportiva Cremonese. Dans une interview de 1986, il déclare :
« Je suis un supporter du AC Milan depuis ma naissance. Pour moi, Milan a d'abord été la mère, puis la fiancée et enfin la femme. J'ai cependant trompé ma femme et il y a donc eu trahison. Quand le Cremonese est monté en Serie A, je n'ai pas pu m'empêcher de me joindre aux célébrations de la ville ; j'étais amoureux, je partageais mon temps entre ma femme et ma maîtresse et j'étais terriblement gêné quand les deux équipes jouaient l'une contre l'autre[9] »
Sa passion pour la cuisine
« Dans ma maison à Velletri, il y a un énorme frigo qui échappe aux règles de la société de consommation. Ce n'est pas un "philcone", un spectaculaire réfrigérateur à ventre blanc polaire. Il est en bois, et occupe un mur entier de la grande cuisine. Depuis les quatre petites fenêtres, on peut épier l'intérieur et apprécier la vue des saucisses, des fromages et des quartiers de veaux et de bœuf accrochés majestueusement aux crochets brillants. Ce réfrigérateur est la chapelle de ma famille[10]. »
Tognazzi était notoirement passionné de cuisine et de gastronomie et aimait cuisiner et préparer des dîners pour ses proches et ses amis. Il a lui-même déclaré à plusieurs reprises qu'il avait « la cuisine dans le sang », affirmant qu'il aurait préféré devenir un grand expert culinaire plutôt que de se consacrer à une carrière d'acteur et, ironiquement, qu'il considérait le métier d'acteur comme une sorte de violon d'Ingres par rapport à la cuisine[11].
« Après avoir préparé un dîner, ma plus grande satisfaction est l'approbation de mes convives. Et en cela, tout bien considéré, je ne fais que reproduire ce que j'appréciais au théâtre et qui maintenant, avec le cinéma, me fait défaut : le contact direct avec le public[10] »
Amateur de cuisine authentique ou de plats raffinés, il avait une conception romantique et nostalgique de l'art culinaire, à la recherche de saveurs anciennes. Pour lui, la cuisine était une véritable expression culturelle et, dans ses idées, à côté des ingrédients, les ustensiles, les plats, les décorations, les noms des aliments et, bien sûr, les convives à table avaient une grande importance. Il est également l'auteur d'un livre de recettes intitulé Il rigettario. Fatti misfatti e menu disegnati al pennarello, publié par Fabbri Editori en 1978, et divers autres livres de cuisine.
1956 : Giro a segno, variations sur le Giro d'Italia, avec Tognazzi et Vianello, avec Franca Tamantini, orchestre de Cosimo di Ceglie, mise en scène d'Alberto Gagliardelli
1957 : Sarò breve, divagazioni présenté par Ugo Tognazzi, avec Lauretta Masiero, par Scarnicci et Tarabusi, mis en scène par Eros Macchi
1960 : Augusto, comédie de Raymond Castans, mise en scène de Guglielmo Morandi
↑(it) « Ugo Tognazzi », sur giffonifilmfestival.it : « [...] la comicità più popolaresca e sanguigna di Ugo e quella più raffinata e "inglese" di Raimondo si compenetrano a vicenda con ottimi risultati comici. »
↑(it) « Ugo e il Milan », sur ugotognazzi.com : « Sono milanista dalla nascita. Il Milan per me è stato prima la mamma, poi Ia fidanzata e poi la moglie. La moglie però si tradisce e quindi tradimento c'è stato. Quando la Cremonese è passata in serie A non potevo non partecipare ai trionfi cittadini, ero innamorato, mi dividevo tra moglie e amante con grande imbarazzo quando giocavano fra loro. »
↑ a et b(it) Ugo Tognazzi, L'abbuffone. Storie da ridire e ricette da morire, Rizzoli, , p. 205