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Ady Steg

Adolphe Steg, dit « Ady Steg », né le à Nizni Verecky (alors en Tchécoslovaquie[1],[2] et aujourd'hui en Ukraine) et mort le [3] à Paris (France), est un professeur agrégé de médecine français.

Professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) d'urologie à l'hôpital Cochin, membre titulaire de l'Académie nationale de médecine, membre du Conseil économique, social et environnemental, membre du Collège de la Haute autorité, il est grand officier de la Légion d'honneur et grand-croix de l'ordre national du Mérite.

Éléments biographiques

Enfance

Ady Steg est né le , dans un shtetl situé dans les Carpates de Ruthénie, une région du jeune État tchécoslovaque. Il nait au sein d'une famille juive orthodoxe[4]. Son père, Mordechai (Martin) Steg, né le à Bistra (Autriche-Hongrie), quitte le village pour Paris en 1928, et y fait venir le reste de la famille (sa femme Feige née Mayer et quatre enfants : Henri, Adolphe (Ady), Bitia (Albertine) et Malka (Rachel) en 1932. Ils habitent au 12, rue de Cotte dans le 12e arrondissement de Paris.

Ady Steg fait ses études primaires à l'École élémentaire des Hospitalières-Saint-Gervais dans le quartier du Pletzl et secondaires à l'École Maïmonide (Boulogne-Billancourt)[5] et au lycée Voltaire à Paris.

Seconde Guerre mondiale

Son père, Martin Steg, est interné[6], comme des milliers de juifs étrangers, à Beaune-la-Rolande, avant d'être déporté à Auschwitz par le convoi no 5 en date du [7],[8]. Il survivra à la déportation[9] et retournera à Paris.

En , élève au lycée Voltaire, Ady Steg porte l'étoile jaune. Ce qui suscite, a-t-il dit, « l'émotion ou la consternation » de ses camarades, mais aussi la réaction de son professeur de lettres, M. Binon, qui ce jour-là, fait étudier le célèbre texte de Montesquieu De la tolérance[10].

Prévenu la veille au soir par un camarade de lycée, dont le père avait échangé avec une personne de la préfecture, il échappe à la rafle du Vel’ d’Hiv, le à Paris, la famille s'étant cachée dans un appartement inoccupé et voisin du leur, avec l'aide de la concierge[11]. Avec des faux papiers et grâce à un passeur, il arrive à franchir la ligne de démarcation et gagner la zone libre, avec sa sœur Albertine.

Il est sauvé par l'abbé Glasberg et son frère Vila Glasberg[12], qui l'hébergent au "château" de Bégué, à Cazaubon, dans le Gers. Par la suite l'abbé Glasberg l'envoie au collège de Sarlat, en Dordogne.

Ady s'engage dans les FFI de Sarlat, puis au 3e Bataillon d'Armagnac dans le Gers.

Carrière

Les activités du professeur Ady Steg ne sont pas seulement dans le domaine médical, mais aussi au service de la communauté juive très éprouvée par la Shoah.

Docteur en médecine

Il fait ses études de médecine et se spécialise en urologie dans le service du professeur Pierre Aboulker à l'hôpital Cochin. Il est interne des hôpitaux de Paris en 1953, chef de clinique en 1957, chirurgien des hôpitaux de Paris en 1966. Il succède au professeur Aboulker et est nommé professeur titulaire de la chaire d’urologie et chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin (1976-1990).

Il est élu président de la Société française d’urologie en 1986, président de l'Association française d’urologie (1987-1989)[13], et secrétaire général de l’Association européenne d’urologie (1984-1992)[14].

Il est membre de l’Académie de chirurgie à partir de 1981 et est élu membre titulaire de l'Académie nationale de médecine le [15].

Il a notamment opéré le président François Mitterrand de son cancer de la prostate, en et en .

Leader de la communauté juive

Il remplit de nombreuses responsabilités au service de la communauté juive. Il est le président de l'Union des étudiants juifs de France, vice-président de l'Union mondiale des étudiants juifs (en), membre du comité directeur du Fonds social juif unifié, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF, 1970-1974)[16], et enfin président de l'Alliance israélite universelle (1985-2011) et président honoraire à partir de 2011[17].

Il est membre du Comité d’honneur français de la Fondation France-Israël, membre d’honneur du Conseil d’administration de la Fondation pour la mémoire de la Shoah[18].

Il est également vice-président de la Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France — mission Mattéoli[19].

Autres fonctions

Ady Steg et Elie Wiesel

Elie Wiesel met en exergue à son ouvrage Et où vas-tu? : « Pour Ady Steg allié et ami E.W. »[23]

Famille

Ady Steg est marié à Gilberte Nissim[24], médecin gynécologue, elle-même ancienne résistante[25], morte le 26 septembre 2021.

Il a deux fils, Jean-Michel Steg, né en 1953[26] à Paris, Senior Advisor de la banque d'affaires américaine Greenhill & Co. (en), et Philippe Gabriel Steg, né en 1959 à Paris, professeur de cardiologie à l'université Paris-Diderot depuis 1994, cardiologue à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, chercheur à l’unité INSERM U-698.

Sa sœur Bitia (Albertine) Cherki (décédée en 2020), habitait à Jérusalem en Israël et est la mère du rabbin Ouri Cherki. Son autre sœur, Rachel Malka Zucker (1923-2009), habitait à Haïfa en Israël. Son frère aîné, Henri (Yerihim Hayim), (1922-2016), résidait à Paris en France et avait été membre de la résistance, et militant actif de la LICA devenue depuis la LICRA.

Distinctions et honneurs

Documentaire

  • Isabelle Wekstein, Ady Steg, un parcours juif, une histoire française[31], film documentaire (2023), France 2, 14 janvier 2024

Notes et références

  1. (en) Professeur Adolphe "Ady" Steg. geni.com.
  2. Franck Nouchi, « La mort d’Ady Steg, professeur d’urologie », Le Monde, no 23724,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  3. « Décès d’Ady Steg, médecin juif et important responsable communautaire », Times of Israel, 11 avril 2021.
  4. (en) The 450 years of history of the Steg Family
  5. Pr. Ady Steg. "Celui qui marche, intègre...", judaisme.sdv.fr.
  6. Le motif d'internement indiqué sur la fiche de la police était : « En surnombre dans l'économie nationale » (allocution de Jacques Chirac du 5 décembre 1997)
  7. Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Paris, Beate et Serge Klarsfeld éditeurs, 1978.
  8. Serge Klarsfeld, Mémorial de la Déportation des Juifs de France, nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms, FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France) éditeurs, 2012.
  9. « Memorial de la Deportation des Juifs de France One-Step Search Results », sur stevemorse.org (consulté le )
  10. Discours de Jacques Chirac lui remettant les insignes de Grand-Officier de la Légion d'honneur, 26 février 2001
  11. Ady Steg, un parcours juif, une histoire française, documentaire d'Isabelle Wekstein-Steg, 2023 (témoignage à 11'37'').
  12. Vila Glasberg, alias Victor Vermont, resistant, arrêté par la Gestapo le 16 août 1943, déporté et assassiné.
  13. 1896-2006 100 congrès français d'urologie
  14. (en) www.uroweb.org
  15. Décret du 29 novembre 2000 portant approbation d'une élection à l'Académie nationale de médecine
  16. www.crif.org/fr/crif/histoire
  17. « Etablissement scolaire Georges Leven - Collége Lycée Georges Leven, Alliance israélite universelle » (consulté le )
  18. « Page d'accueil », sur Fondation pour la Mémoire de la Shoah (consulté le )
  19. Arrêté du 25 mars 1997 relatif à la mission d'étude sur la spoliation durant l'Occupation des biens appartenant aux juifs résidant en France (lire en ligne)
  20. Décret du 23 novembre 1995 portant désignation d'un membre au Conseil économique et social
  21. Arrêté du 27 septembre 2002 portant nomination à la Commission nationale consultative des droits de l'homme
  22. Décret du 8 septembre 2007 portant nomination des membres de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité
  23. Elie Wiesel. Et où vas-tu?. Seuil, Paris, 2004. (ISBN 2-02-067761-X).
  24. Née en 1924 à Salonique (Grèce)
  25. Voir Gilberte Nissim sur le site AJPN
  26. « Jean-Michel Steg - Who's Who », sur www.whoswho.fr (consulté le )
  27. Décret du 30 décembre 2000 portant élévation aux dignités de grand'croix et grand officier (lire en ligne)
  28. Voir Discours de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur l'œuvre, la carrière et l'engagement du Professeur Adolphe Steg, Paris, le 26 février 2001
  29. Décret du 13 mai 2005 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier (lire en ligne)
  30. Simon Louvet, « À Paris, l'APHP remplace le nom d'un collaborateur de Vichy par celui d'un médecin résistant juif », sur ActuParis,
  31. « Ady Steg, un parcours juif, une histoire française », Le Monde, 14 janvier 2024.

Liens externes

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