Le 3e régiment d'infanterie de marine (couramment abrégé 3e RIMa) est une unité de l'armée de terre des forces françaises. C'est l'un des régiments les plus anciens des troupes de marine. Ce régiment fait partie des « Quatre Grands » également appelés « Quatre Vieux » de l'infanterie de marine qui tenaient autrefois garnison dans chacun des quatre ports militaires français, prêts à embarquer : le « Grand Un » à Cherbourg, le « Grand Deux » à Brest, le « Grand Trois » à Rochefort et le « Grand Quatre » à Toulon. Le « Grand Trois » a participé activement aux expéditions lointaines du XIXe siècle en Afrique, en Amérique, en Océanie et en Orient. Surnommé aussi « 3e de marine », il a fait partie de la « Division Bleue » qui s'illustra à la bataille de Bazeilles les et . Le sous-lieutenant Joseph Gallieni fut blessé dans ses rangs lors de ces combats.
Création et différentes dénominations
1854 : Le 3e régiment d'infanterie marine est stationné à Rochefort
1900 : Le 3e régiment d'infanterie de marine prend l'appellation de 3e régiment d'infanterie coloniale, il ne dispose plus de compagnies ou bataillons dans les colonies
1914 : Le 3e régiment d'infanterie coloniale est toujours caserné à Rochefort. Il appartient à la 3e brigade coloniale ; 3e division d'infanterie coloniale
Historique des garnisons, combats et batailles du 3e RIMa
Par manque de renseignements historiques très précis, il est difficile d'établir un tableau exhaustif des pertes au combat du 3e de marine depuis sa création[1].
lors de la campagne de Cochinchine en 1859-61, les pertes estimées pour les douze compagnies engagées à Ki-Hoa (Tonkin) s'élèvent à 587 morts ;
au cours de la guerre de 1870-71, les pertes estimées sont de 964 morts ;
pendant la grande guerre, le régiment perd 4 617 hommes ;
durant le deuxième conflit mondial, en 1940, 405 morts sont recensés en un mois.
Les origines des régiments d'infanterie de marine sont celles de l'ancienne « infanterie coloniale », qui trouve elle-même sa source dans l'infanterie de marine du XIXe siècle, et dans les « compagnies de la mer » créées par Richelieu en 1622. Après leur dissolution à la chute de l'Empire en 1815, réapparaissent sous la Restauration, respectivement en 1818 et 1822, l’artillerie de marine et l’infanterie de marine (surnommées respectivement les « bigors » et les « marsouins[2]»). Alors que sous l'Empire les troupes de marine avaient été employées comme unités de ligne, la Restauration les affecta à la Marine. Puis une ordonnance de Louis-Philippe reconstitua en 1831 deux régiments d'infanterie de marine, les dissociant à nouveau des marins, sous la forme du 45e et du 51e régiment d'infanterie de ligne, ainsi que du 16e régiment d'infanterie légère, qui tenaient à cette époque garnison aux colonies. Une nouvelle ordonnance portant la date du créa un troisième régiment de l'arme. Chaque régiment dut compter trente compagnies actives, dont quatre de grenadiers, quatre de voltigeurs et vingt-deux du centre, un état-major et une compagnie hors rang. Le 1er régiment reçut comme garnisons Brest, Cherbourg et la Guadeloupe ; le 2e Brest, Rochefort et la Martinique ; le 3e Toulon, Cayenne, le Sénégal et l'île Bourbon (île de la Réunion actuelle).
Ainsi l'origine du 3e RIMa remonte à 1831. Avec l'actuel 2e RIMa, il est le plus ancien des "quatre vieux". Rochefort est sa garnison de 1838 à 1946 :
Il participe à la campagne du Sénégal de 1833 à 1835.
Il fait partie de l'expédition de la Plata en 1840 (débarquement à l'île de Martin-Garcia).
Il est aux opérations d'Océanie de 1843 à 1846 (aux îles Marquises).
Napoléon III réorganisa, par un décret de 1854, l'infanterie de marine en créant quatre régiments ayant pour ports d'attache : le 1er à Cherbourg, le 2e à Brest, le 3e à Rochefort et le 4e à Toulon.
Guerre de Crimée et lors de l'expédition de la Baltique (1854)
Pour la première fois, le 3e de marine combat sur le sol de la patrie. Les et le , engagé au sein de la Division Bleue, le 3e RIMa se sacrifie à Bazeilles dans un combat contre les Prussiens, jusqu'à la « dernière cartouche ».
Au , le 3e régiment de marche d'infanterie de marine fait partie de l'armée de Châlons.
Avec le 2e régiment de marche d'infanterie de marine du colonel Alleyron, le 3e sous les ordres du colonel Lecamus forme la 2e brigade aux ordres du général Charles Martin des Pallières. Cette 2e brigade avec la 1re brigade du général Reboul, trois batteries de 4, deux batteries de 4 et une de mitrailleuses du régiment d'artillerie de marine, une compagnie du génie constituent la 3e division d'infanterie commandée par le général de division De Vassoigne. Cette division d'infanterie est intégrée au 12e corps d'armée ayant pour commandant en chef le général de division Lebrun.
Selon la loi du et des dispositions antérieures non abrogées, un décret du contresigné par les ministres de la Guerre et des Colonies organise l'infanterie coloniale.
Chine (1900).
Les régiments coloniaux de France sont stationnés dans les garnisons les 3e et 7e RIC à Rochefort. Le deux brigades, la 1re comprenant les 1er et 3e régiments d'infanterie coloniale se trouvent entièrement à Cherbourg.
Il s'est également illustré pendant la grande guerre, à la bataille de Rossignol, dans la Marne, et à Beauséjour avant d'être engagé sur le front d'Orient jusqu'en juin 1919.
Serbie : Le Sokol, Dobropolje, Kravitza. Action qui vise à couper en deux l'armée bulgare dans la vallée de Dobropolje puis à exploiter cette percée (Manœuvre d'Uskub) vers Prilep et la vallée de la Strumitza. Attaque massive du 3e RIC qui a surpris l'ennemi dans tous les points forts du terrain. Citation à l'ordre de l'armée.
Durant ces cinq années de guerre, le 3e a perdu 4 750 hommes.
Le 3e régiment d'infanterie coloniale est l'un des trois régiments d'infanterie de la 1re division d'infanterie coloniale. Cette division est placée en réserve de la 2e armée qui doit en premier lieu protéger la ligne Maginot d'une manœuvre tournante.
Combats dans la région de Bouzanville et Beaumont-en-Argonne. Au sein du 21e corps, mouvement au nord de la meuse pour intercepter l'ennemi. C'est ainsi qu'en 1870 et 1914, le 3e se trouve pour la troisième fois dans la même région et contre le même ennemi pour de durs combats. À l'issue, il protège la retraite de la 1re DIC sur la Saulx. Durant ces combats, le 3e perdit 500 hommes. Le 3e RIC est cité à l'ordre de l'Armée.
1940 : selon les conditions de l'armistice le 3e RIC est dissous.
1944 : bataillons formés à partir de maquis du sud-ouest qui donneront naissance au 3e RIC. Actions contre l'armée allemande en Dordogne. Occupation de Bergerac et entrée dans Bordeaux refoulant 2 000 soldats allemands. Ses unités participent aux opérations d'Afrique du Nord.
De 1945 à nos jours
En 1955-1957 : il participe, sous forme de bataillons de marche, aux opérations de Tunisie, du Maroc et d'Algérie.
Absorbés par d'autres régiments coloniaux, ces bataillons ne portent plus en 1957 l'insigne du 3. Le , le 3e RIC est transformé en centre d'instruction du 3e RIC qui devient celui du 3e RIMa, le .
Transformé selon le format "motorisé" depuis janvier 1969, a été le premier régiment entièrement professionnalisé. Avec le DEVOM (Détachement d'Engagés Volontaires pour l'Outre-Mer) destiné à prendre, pendant quinze mois, la relève du 2e R.E.P au Tchad. Le 3e régiment d'infanterie de marine a, depuis cette date participé à toutes les actions extérieures.
Il est le premier régiment français entièrement professionnel en 1973.
1978-1980 : Opération Tacaud au Tchad. Au cours de cette opération, le 3e RIMa perd quatre tués et douze blessés. Le régiment reçoit alors une citation à l'ordre de l'Armée[4].
1991 : participation à la guerre du Golfe, dans la division Daguet. Le régiment reçoit une nouvelle citation à l'ordre de l'Armée.
1995 : le 3e RIMa s'illustre dans la reprise du poste Sierra Victor situé aux abords du pont de Verbanja à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine[5],[6]. Cette action, menée par le capitaine Lecointre, commandant la 1re compagnie (les "Forbans") et par le lieutenant Heluin, à la tête de la première section, sort les casques bleus français de la FORPRONU de leur position passive. Pour la première fois, ceux-ci ripostent à une action hostile à leur encontre. Deux hommes sont tués au cours de cette opération, et 17 autres blessés.
1995-1996: participation aux derniers essais nucléaires à Mururoa.
2002 : le régiment est déployé au Kosovo (Mitrovica) dans la TF-MN North d' à et forme d'abord le BIMOTO 9, avant de constituer le BatFra 1 avec la réorganisation des forces et la disparition du BiMéca.
2003 : au déclenchement de l'alerte Guépard, le régiment est projeté à Bunia en République démocratique du Congo (province de l'Iturie) de juin à septembre 2003 dans le cadre de (l'opération Artémis/Mamba) sous l'égide de l'Union Européenne. Il constitue le GTIA avec la CCL (compagnie de commandement et de logistique), la 2e compagnie du capitaine Baudouin et la 3e compagnie du capitaine Laîné, les fameux "chats maigres". Il est renforcé d'une batterie de M120 du 11e RAMa, d'un escadron du 1er régiment hussard parachutiste et d'une compagnie de combat de génie du 6e régiment de génie. Un GFS du COS est également présent à Bunia.
2009 : le 3e RIMa arme le GTIA Kapissa depuis le , pour six mois. Au , le GTIA a mené quatre opérations majeures ("Mille sabords", "Tonnerre de Brest", "Bourgerie" et "Sand storm"). Ses pertes sont de cinq tués et de neuf blessés[7].
2023- : colonel Emmanuel Nielly, désigné pour être le 126e chef de corps.
(*) Ces officiers sont devenus par la suite généraux de brigade.
(**) Ces officiers sont devenus par la suite généraux de division.
(***) Ces officiers sont devenus par la suite généraux de corps d'armée
(****) Ces officiers sont devenus par la suite généraux d'armée.
Traditions
Drapeau
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Son drapeau porte les inscriptions suivantes qui rappellent les campagnes dans lesquelles il a été engagé[9].
de la croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures avec une palme (Golfe 1991) ;
de la croix de la Valeur militaire avec deux palmes et une étoile de vermeil (Tchad 1978, Afghanistan 2012, RCA 2015) ;
Bien que ne figurant pas parmi les médailles cousues sur la cravate, le 3e RIMa est titulaire de la médaille commémorative de Serbie.
Le 3e RIMa s'est vu remettre à titre exceptionnel le , la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918 pour sa participation à la Première guerre mondiale (alors qu'il ne remplit pas les conditions établies en 1915).
Insigne du 3e régiment d'infanterie marine
Une ancre de marine avec l'inscription Bazeilles, un aigle dessus, devant lui le chiffre 3 (insigne homologué G.2479). En 1975, lors d'une inspection régimentaire, le colonel Jean Joubert chef de corps du 3e régiment d'infanterie de marine remarque une ébauche représentant l'insigne actuel réalisée par le sergent-chef Marc De Muynck de la 3e section de la 3e compagnie, il décide alors la création du nouvel insigne du 3e RIMa.
Devise du 3e régiment d'infanterie marine
"Debout les Morts", attribuée par une tradition orale à une expression de l'adjudant Jacques Péricard, héros de la Première Guerre mondiale, que ladite tradition fait membre du 3e RIC[11] (en fait, Péricard est du 95e régiment d'infanterie, dont la devise est également Debout les Morts à partir de 1919).
En Serbie, tireur de précision avec son FRF2.
VAB missiles hot.
Insigne de bras droit de la 9e B.I.Ma.
Fête
La fête des troupes de marine : est célébrée à l'occasion de l'anniversaire des combats de Bazeilles. Ce village qui a été quatre fois repris et abandonné sur ordres, les et le .
Cri de guerre
"Et au Nom de Dieu, vive la coloniale" : ce cri de guerre termine les cérémonies intimes qui font partie de la vie des régiments. Les "marsouins" et les "bigors" ont pour saint patron Dieu, lui-même. Son origine est une action de grâce du révérend père Charles de Foucauld (Charles Eugène de Foucault de Pontbriant), missionnaire catholique, explorateur, géographe et linguiste, voyant arriver à son secours les unités coloniales un jour où il était en difficulté avec une tribu locale[12].
Chants
Nombre de chants militaires évoquent l'infanterie de marine[13].
Ils sont pratiqués par le 3e RIMa.
Le régiment aujourd'hui
Garnison
Basé aujourd'hui à Vannes dans le Morbihan, le régiment possède deux autres sites pour l'entraînement et la formation des marsouins : le fort de Penthièvre situé sur la presqu'île de Quiberon et la caserne Bourgoin dans la forêt de Meucon.
Le 3 est composé d'environ 1 300 hommes et femmes :
4 compagnies de combat d'infanterie : 1re compagnie ("les forbans"), 2e compagnie ("les chameaux"), 3e compagnie ("les chats maigres") et la 4e compagnie ("les scorpions"). La 5e compagnie ("les dragons") fut dissoute en juillet 2022.
1 compagnie d'éclairage et d'appui.
1 compagnie de combat antichar longue portée (mise en sommeil en 2008).
1 compagnie de commandement et logistique.
1 compagnie d'instruction (fusionnée dans la compagnie de commandement et logistique en 2011).
2 compagnies de réserve, la 6e compagnie ("les sangliers") et la 7e compagnie ("les béliers").
Erwan Bergot, La coloniale du Rif au Tchad 1925-1980, imprimé en France : , n° d'éditeur 7576, n° d'imprimeur 31129, sur les presses de l'imprimerie Hérissey.
Le soleil se lève sur nos blessures de « Collectif : Debout marsouins ! », recueil de témoignages de blessés du 3e RIMa.
Historique du 3e régiment d'infanterie coloniale pendant la guerre 1914-1919, Rochefort-sur-Mer, impr. Norbertine, , 125 p., lire en ligne sur Gallica.
↑ De 1822 à 1846, ces troupes connaissent d'importantes vicissitudes, sans cesse réorganisées, voire désorganisées. Cf. Troupes de marine : les traditions.
↑Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
↑"Edition Chronologique n° 45 du 29 octobre 2010".Le Ministère de la Défense instruction n°1515/DEF/EMA/OL/2 du 23 septembre 1983, modifiée, sur les filiations et l'héritage des traditions des unités; décision n°010318/DEF/CAB/SDBG/CPAG du 15 juillet 2008 portant création d'une commission des emblèmes. Art 1er. L’inscription "Koweït 1990-1991" est attribuée aux drapeaux et étendards des formations des armées énumérées ci-dessous. 2e R.E.I, 1er R.E.C, 6e R.E.G, 3e R.I.Ma, 1er R.P.I.Ma, 11e R.A.Ma, 4e Régiment de dragon, 1er Régiment de Spahis, 6e Régiment de Commandement et de Soutien, 1er R.H.C, 3e R.H.C, puis les formations de l'Armée de l'Air les 5e, 7e, 11e escadre de chasse, la 33e escadre de reconnaissance et les 61e et 64e escadre de transport. Le présent arrêté sera publié au bulletin officiel des armées, Hervé Morin.